jean christian valero écrivait:
-------------------------------------------------------
> La mode ne doit pas être un secteur que vous avez
> fréquenté, 3000 déclenchements/jours ne signifient
> pas 3000 fichiers livrés, sauf pour quelques
> branquignols qui se font vider vite fait lol.
> Ce type de commande ne concerne pas uniquement la
> com, le problème n'est pas là, il existe toute
> sorte de secteur demandeur. Je parle d'une
> commande studio de 3000 photos livrées avec un
> cahiers de charges précis, pas d'un vrac de
> doublons inutiles comme dans un reportage non
> édité.

Je ne vois vraiment pas ou est le problème,
Cette conversation ne se situe pas vis à vis de votre propre travail,
Et abordait le problème du déclenchement facile en numérique,
Mais cette pratique de déclenchement très abondant existait déjà en argentique,
Tous les grands labo parisien vous le confirmeront.

Ensuite pour les livraison, c'est autre chose, personne n'a dit le contraire.

> Concernant le reportage podium de défilé de mode
> par exemple, un secteur que vous connaissez
> bien(lol) est particulièrement organisé et
> rationalisé. Certains photographes ne font que les
> looks, d'autres que les sacs, quand d'autres ne
> shootent que les chaussures. Et il faut tenir la
> cadence, comme un vrai ouvrier, sans autre choix
> que d'éxécuter une tâche répétitive et déterminée
> par d'autres.

Bien sûr, personne ne contestera cette description des faits, mais tout ne se passe pas en défilé, il y a beaucoup de travail en "studio", pour alimenter la presse magazine, les catalogues, les sites internet, la plv, les volumes sont énormes, les cadences également.

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No Pasaran
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Henri Gaud écrivait:
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> Je ne vois vraiment pas ou est le problème,
> Cette conversation ne se situe pas vis à vis de
> votre propre travail,
> Et abordait le problème du déclenchement facile en
> numérique,
> Mais cette pratique de déclenchement très abondant
> existait déjà en argentique,
> Tous les grands labo parisien vous le
> confirmeront.

C'est aussi ce que je dis dans mon premier post sur ce fil, cela étant les volumes ont explosé avec le num, l'échelle du nombre de photos prises est la centaine de milliard / an.

Hej, hej,

Vous oubliez aussi la seule "industrie" en photographie où les cadences des prises de vue sont (en équipe) supérieures à ce que vous citez.

Pour ordre d'idée du temps (lointain) où j'y travaillais, c'étais plusieurs dos 350-135 / jour.

(;OP)))))))

Cordialement B.

Men den vackraste stunden i livet var den när du kom...

Arne écrivait:
-------------------------------------------------------
> Hej, hej,
>
> Vous oubliez aussi la seule "industrie" en
> photographie où les cadences des prises de vue
> sont (en équipe) supérieures à ce que vous citez.
>
> Pour ordre d'idée du temps (lointain) où j'y
> travaillais, c'étais plusieurs dos 350-135 /
> jour.
>
> (;OP)))))))
>
> Cordialement B.

;-))))

Je crois pas que l'on ai tenté de faire un inventaire des secteurs photographiques aux cadences infernales.
Mais on est très souvent surpris quand on est par hasard en contact avec un secteur photo loin de notre pratique.
L'Opéra de Paris a une très forte demande d'image, les photographes qui y travaillent, produisent des quantité d'image. Dans la photographie scientifique il y aussi des secteurs qui bouffent beaucoup d'image.
La mission Apollo c'était assez modeste, mais c'était des photos d'amateur ;-)))

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No Pasaran
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Dans mon boulot spécifique on travaillait à faire une seule image. J'ai même passé jusqu'à un mois de travail pour réaliser UNE image. Absolument tout ce qu'il y a avait devant l'objectif je l'ai fabriqué, et j'ai fabriqué en plus un châssis spécial de mon invention pour incruster une photo de ciel dans le fond. C'était un vrai métier. Je l'aimais et j'étais fait pour çà.

D'autre part le mitraillage au moteur pour les sujets mouvants a toujours donné statistiquement un avantage. En mitraillant dans le tas il y en a toujours une qui est meilleure, mais c'est le hasard qui prend la photo pas l'opérateur . Pour moi il n'y avait aucun hasard alors cette pratique contribue à me dégoûter de la photo car on n'a aucun mérite à faire çà.

Le numérique a fortement détruit la notion de mérite. Et je soupçonne ceux qui choisissent de retourner en arrière en shootant à la chambre en argentique de s'en servir comme prétexte pour pouvoir dire "regardez, je fais ce que les autres ne savent pas faire" et palier leur déficience créative, car la créativité aujourd'hui est dans l'énorme potentiel numérique. Si énorme qu'elle fait peur de mettre son talent à l'épreuve de cette totale liberté de création.

Je pense qu'au contraire on a autant de mérite sinon plus à réussir en numérique.
Sur les milliards d'images produites tous les jours, combien "méritent" qu'on s'y arrête?

Je dirais même que dans cette pléthore diarrhéique d'images, il faut être super doué pour en sortir une qui scotche tout le monde.

L'outil numérique accessible à tous va peut-être paradoxalement faire éclore une nouvelle aristocratie photographique.

On peut écrire des niaiseries sur une carte postale avec un Montblanc:
" Ici, il fait beau et chaud
Baisers de Trouville"

Pardon les Trouvillois

Mais aussi écrire un roman digne d 'un prix littéraire avec un Bic

Il me semble avoir vu de ci de là sur des sites dédiés à la photo des images numériques d'amateurs qui méritent le détour et pondre des choses quelconques avec une chambre ( et le premier qui me montre du doigt ......)

[www.flickr.com]


[www.flickr.com]

(°_°)



Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/09/2011, 09:51 par bokey shutter.

jean écrivait:
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> Je pense qu'au contraire on a autant de mérite
> sinon plus à réussir en numérique.
> Sur les milliards d'images produites tous les
> jours, combien "méritent" qu'on s'y arrête?

Que veut dire réussir ????
Je crois que cela n'a rien à voir avec la dichotomie argentique / numérique.

> Je dirais même que dans cette pléthore diarrhéique
> d'images, il faut être super doué pour en sortir
> une qui scotche tout le monde.

Faut-il une image qui scotche tout le monde pour réussir,
Certe non, il faut tout simplement une image qu'un client vous achète,
C'est très très simple.

> L'outil numérique accessible à tous va peut-être
> paradoxalement faire éclore une nouvelle
> aristocratie photographique.

Plutôt un âge d'or, mais sans aristocrate, juste une multitude de direction de travail, et une multitude de variation d'un médium qui était devenu trop monolithique sous la tutelle des multinationales du secteur.

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No Pasaran
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Henri,

Arrête un peu de parler tout le temps "client".
On peut aussi créer en photo, inventer, imaginer, délirer.
Tout le monde n'a pas ta vision mercantile des choses.

Tiens une chose me revient à l'esprit; j'avais tenté de l'évoquer dans le fil de feu Jacqueline Moizan !!

Il y a quelques jours, je suis allé à Marseille pour voir l'expo à la Vieille Charité sur les peintres orientalistes, et comme ma culture je l'étale pas comme de la confiture car les médecins m'interdisent la confiture, je vais un peu avant à la FNOUC acheter un livre sur le sujet. J'en trouve un beau et soldé, tellement peu cher que ça vaut pas le coup de le voler.
Grand format, doré sur tranche, belles reproductions: donc je me met en jambe pour Marseille.

Mon érudition toute fraiche me permet de faire les gros yeux au gros con qui clame tout fort : "Au moins en ce temps là on savait dessiner" en occupant tout l'espace devant un tableau de Delacroix ( je suis même sur que son petit fils à la maternelle, fait des Picasso à tour de bras)

Une fois passé ces digressions, j'en reviens au livre d'images :

L'auteur, l'éditeur et puis en bas de page en tout petit : imprimé en RDC: je suppose que c'est pas le Congo mais bien la République Populaire de Chine. Déjà qu'ils avaient l'encre, maintenant ils ont les ofset !

Question : tu le fait ça toi Henri : l'impression en Chine; Ok ne me gifle pas, je plaisante. Mais comme le répète en boucle ma copine : "C'est la fin d'un monde "

[www.flickr.com]


[www.flickr.com]

(°_°)



Modifié 2 fois. Dernière modification le 02/09/2011, 16:11 par bokey shutter.

" imprimé en RDC: je suppose que c'est pas le Congo mais bien la République Populaire de Chine. "

Non, c'est imprimé au rez-de-chaussée

jean écrivait:
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> Henri,
>
> Arrête un peu de parler tout le temps "client".
> On peut aussi créer en photo, inventer, imaginer,
> délirer.
> Tout le monde n'a pas ta vision mercantile des
> choses.

Je parlais de photographie professionnelle,
Qui n'existe que grâce à des clients.

Sans client, pas de professionnels.

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No Pasaran
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<<Question : tu le fait ça toi Henri : l'impression en Chine; Ok ne me gifle pas, je plaisante. Mais comme le répète en boucle ma copine : "C'est la fin d'un monde "

Non, je n'imprime pas en Chine, mais en France et en Belgique.

Mais ce n'est pas si simple d'imprimer en Chine, le delta économique n'est pas si important que cela, il faut un très grand nombre de titre, avoir prévu des délais important, et des tirages autour de 5000 ex (lié au parc machine Chinois).
Il faut aussi envoyer un Européen signer les bons à tirer, les Chinois n'ayant pas la même vision des couleurs que les Européens.

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No Pasaran
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<<Arrête un peu de parler tout le temps "client".
On peut aussi créer en photo, inventer, imaginer, délirer.
Tout le monde n'a pas ta vision mercantile des choses.>>

un professionnel peut créer, inventer, imaginer mais pas trop délirer....sinon on lui refuse le boulot
l'amateur a le monopole du droit à rater sa photo

Henri Gaud écrivait:
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les Chinois n'ayant pas la même vision des couleurs que les Européens.

ah je comprend mieux pourquoi les dentistes qui font faire leurs prothèses en Chine utilisent des teintiers Jacob et Delafon

bokey shutter écrivait:
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> des teintiers Jacob et Delafon
—

C'est donc ça un goût de chiotte ?

Que n'aimez vous pas dans la photo numérique ?

Tout devient tellement plus simple de faire des tirages ! De retour de Montier en Der, je constate que le tirage numérique est omniprésent. Aucun tirage argentique. Quelques images en argentique, numérisées et imprimées en jet d'encre.
L'ordinateur a remplacé la machine. On vous sort un tirage en quelques secondes qu'on vous vendra 100 euros en 30x40, qu'on pourra dupliquer x fois juste en appuyant sur une touche et ainsi gagner x fois 100 euros. Jackpot ! A quoi bon se prendre la tête à plonger les mains dans le révélateur et à masquer avec ses mains. Et en plus c'est beau.

Bon je suis défaitiste ce matin. Le tirage traditionnel c'est prendre son temps, c'est artisanal, ça a les imperfections de l'être humain.

YM



Modifié 1 fois. Dernière modification le 21/11/2011, 06:49 par Yann M.

Le dessin ou la peinture présentent la supériorité incontestable sur la photo de mieux transmettre l'interprétation originale de l'auteur, de pouvoir modifier des proportions, de mettre l'accent sur des détails qu'il juge importants, d'ignorer ce qui le gêne, de faire des éclairages impossibles ou une synthèse de plusieurs points de vue, avec une technique graphique maîtrisée l'artiste a totale liberté d'exprimer sa vision artistique et développer un style personnel ainsi qu'un message fort. Il peut tout ! sous la seule impulsion directe du cerveau sur sa main, sa sensibilité sera exacerbée.
Les contraintes techniques de la photo pèsent une tonne à cause de son réalisme mécanique stupide, la liberté de création est enchaînée à un boulet d'une tonne et diriger son image, l'influencer, cela impose de lourdes interventions matérielles, concrètes.
C'était surtout vrai du temps de l'argentique, mais aujourd'hui le numérique offre des possibilités extraordinaires de perfectionner son image à la façon d'un peintre, avec une liberté et une aisance qui s'en rapprochent.
C'est un immense progrès pour la création photographique, pour ceux qui veulent et peuvent assumer jusqu'au bout l'intention personnelle et originale de leur vision.

- 852-
C'est r'parti : Extra ! En route pour le kilo !

E.B.

barbilux écrivait:
-------------------------------------------------------
> (…) aujourd'hui le numérique offre des possibilités extraordinaires de perfectionner son image à la façon d'un peintre, avec une liberté et une aisance qui s'en rapprochent.
—

Totalement d'accord avec ça.
(et cet enthousiasme est bienvenu ! )

Merci çà me fait plaisir. Il est difficile de contester les nombreuses possibilités qu'apporte le numérique dans la pratique photographique, même si çà la déshumanise.

Je préfère aussi être enthousiaste mais franchement, je ne trouve pas souvent de raison de l'être dans tout ce que vois de la réalité. Après tout un photographe c'est fait pour voir, alors je vois.

Numérique ou argentique, la photographie est avant tout un point de vue... une façon de voir les choses (ou les êtres) qui nous entourent.

Mes appareils photo argentiques prennent la poussière depuis que je suis passé au numérique qui offre un confort (coût, capacité, ...) donc une façon de progresser dans son approche personnelle de la photo (je ne suis pas un pro).

J'ai repensé et redécouvert l'argentique grâce à un ami (pro) qui m'a fait connaître ce forum.

Donc pour répondre à la question posée, ce que je n'aime pas dans la photo numérique, c'est qu'elle a fermé l'esprit de certains soi-disant photographes qui ne pensent pas à se faire plaisir en faisant de la photo mais ramènent souvent ça à l'argent... Tique ou fermeture d'esprit ?

>Sténopé, appareil grand format ou numérique à 5000 euros ... la photo est pour moi une façon de voir les choses à sa manière juste avec un "outil" différent et plus ou moins abordable.

Je rejoins barbilux quand il dit qu' "un photographe est fait pour voir" ...

Quant à l'outil utilisé.. peu importe... ce qui compte pour moi, c'est le point de vue.

:)

De toutes façons les passionnés de photo ont toujours eu des tas d'appareils très différents, des petits formats, des moyens , des reflex, des télémètres, des chambres, la stéréo.... alors ajouter à çà le numérique ne change pas grand chose au fait de photographier, n'est ce pas.

N_S écrivait:
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> Numérique ou argentique, la photographie est avant
> tout un point de vue... une façon de voir les
> choses (ou les êtres) qui nous entourent.
>
> Mes appareils photo argentiques prennent la
> poussière depuis que je suis passé au numérique
> qui offre un confort (coût, capacité, ...) donc
> une façon de progresser dans son approche
> personnelle de la photo (je ne suis pas un pro).
>
> J'ai repensé et redécouvert l'argentique grâce à
> un ami (pro) qui m'a fait connaître ce forum.
>
> Donc pour répondre à la question posée, ce que je
> n'aime pas dans la photo numérique, c'est qu'elle
> a fermé l'esprit de certains soi-disant
> photographes qui ne pensent pas à se faire plaisir
> en faisant de la photo mais ramènent souvent ça à
> l'argent... Tique ou fermeture d'esprit ?
>
> >Sténopé, appareil grand format ou numérique à
> 5000 euros ... la photo est pour moi une façon de
> voir les choses à sa manière juste avec un "outil"
> différent et plus ou moins abordable.
>
> Je rejoins barbilux quand il dit qu' "un
> photographe est fait pour voir" ...
>
> Quant à l'outil utilisé.. peu importe... ce qui
> compte pour moi, c'est le point de vue.
>
> :)

Alors, un retour vers l'argentique ???
A la chambre ?

Ioury , vous suggérez :
Au soleil couchant retour argenté à la chambre noire , comme les cocottes de jour .

GERARD écrivait:
-------------------------------------------------------
> Ioury , vous suggérez :
> Au soleil couchant retour argenté à la chambre
> noire , comme les cocottes de jour .


Rhôôôôô!

Bonjour,

Pour en revenir au début du sujet, moi, personnellement, ce que je n'aime pas dans le numérique est le contraire de ce que je n'aime pas (que je n'aime plus!) dans l'argentique!


Le fait qui me gêne réellement dans les prises de vues numériques, en dehors de toute considération esthétique, est liée à l'essence même de la prise de vue photographique, telle que l'esprit humain l'a voulu depuis les premiers clichés realisés.

Et ce fait est lié à la question primordiale: qu'est qu'une photographie?
Ce n'est pas l'apprentissage d'une technique.
Ce n'est pas la recherche d'une plus value financière, même si nous en vivons.
Ce n'est pas la satisfaction de réaliser une belle "image", la beauté étant relative.

Non, le but premier de la photographie est de faire la nique au temps qui passe et qui fuit dans nos doigts comme le sable de la plage, de retenir pour toujours, (un toujours bien relatif...) ce bref instant où, par la magie d'un regard humain, le temps s'est condensé, réunissant l'impossible union entre les trois dimensions de notre monde, la fuite du temps et la modeste interpretation de cet univers physique, par notre esprit, par l'oeil et par une machine, interposée et entrelacée, indissociable outil pour ce but à jamais inaccessible: tuer la mort... En bref, d'enregistrer et transmettre une information, un message...

Quel que soit la technologie utilisée, ce but reste semblable, toujours vers le futur nous fuyons, mais également, toujours vers le passé, nos regards restent désespérément tournés.

Le passé nous fouaille. Le passé nous envahit, nous submerge, plus fort et plus présent que le présent qui nous entoure.

Et ce qui me gêne, dans la photo numerique, et cela est lié, TOTALEMENT lié à la nature même de l'informatique, est un déplacement redoutablement dangereux, et j'insiste sur le mot dangereux, du concept de DUREE vers le concept d'INSTANTANE.

Je m'explique, et je citerai, comme exemple, que n'importe quelle prise de vue Louis Lumière, sur plaque de verre, presque un siècle apres la capture d'une scène, fût elle excellente ou médiocre, conserve les INFORMATIONS saisies et enregistrées, et qu'elles sont toujours, sans l'aide d'aucun appareil extérieur, uniquement avec nos yeux, encore visibles, interprétables et reproductibles.
Idem pour le moindre livre imprimé.
Idem pour les manuscrits qui n'ont pas été détruits par la folie humaine.
Idem pour les symboles de Lascaux, même si nous en avons perdu leurs significations...

Seulement, voila, jusqu'à naguère, la transmission et la sauvegarde des connaissances s'inscrivaient toujours dans la durée, dans la quête d'une intemporalité qui s'étendait largement au dela de la durée d'une modeste existence humaine. Transmettre était une modeste pichenette que l'on envoyait à la grande faucheuse!

L'informatique, dont la mère est l'électronique, ne peut pas prétendre, de par son implication physique profonde, à réaliser les prouesses d'immortalité qui étaient quasiment inhérente aux anciennes technologies.
Aucun fabricant n'oserait, aujourd'hui, affirmer que nos prises de vues numériques dureront ce que peuvent durer un modeste Ekta, un simple bout de gelatine, une vulgaire feuille de papier avec quelques signes imprimés à sa surface...

Bien sur, et certains ne manqueront pas de le faire remarquer, il y a des tirages "certifié UN siècle", il y aurait meme des disques informatiques capable de durer "au moins cent ans". D'autres pourront même affirmer, que si on use et abuse de serveurs et de duplications multipliées à l'infini, les informations, photo, video et autres, pourraient, peut-être, résister "longtemps" avant de disparaître...

Mais que veut dire ce "longtemps"?
Que sous entends ce "longtemps"?

Serait-ce que notre vie s'arrêtera avant la perte d'information?
Ou que la mémoire que nous DEVONT transmettre aux générations à venir n'a plus d'importance?

Et je crains fort, trop fort, peut-etre suis-je défaitiste, atteins de dépression, que l'avenir n'existe plus pour mes contemporains, que l'avenir n'est plus qu'une vague utopie qui n'arrivera qu'après l'avenir...

Alzheimer n'est pas un General de la seconde guerre, mais bien une maladie de notre présent!

Ah! Non! Je ne vais renier les avantages indéniables du numerique. Tous les participants de ce fil l'ont mis en avant. Qu'on le veuille ou pas, cette nouvelle technologie nous aura tout de même facilité la tâche. Mais son implication philosophique me remplit d'effroi. Les reves que j'ai eu il y a trente ans ce sont réalisés, mais le cortège de cauchemars qui en ont découlé me laissent pantois. Jamais je n'aurais imaginé que nous basculerions un jour dans une société mercantile vivant au jour le jour, poussant l'hypocrisie à nous faire croire que aujourd'hui est égal à demain ou à hier.

Allons-nous vers un mur derrière lequel se cache une monstrueuse statue d'or, construite sur un piètement d'argile et de silicium? J'ai bien peur que la reponse soit OUI. Le transfert des livres d'écoliers vers un support immatériel est un signe qui ne trompe pas... Nous construisons une société assise sur quelque chose qui risque de nous échapper un jour, sans possibilité de retour en arrière.

Et notre pauvre tentative de discuter sur les mérites respectifs du numerique ou de l'argentique est aussi le refflet du malaise qui, insidieusement, sans que les masses s'en rendent encore vraiment compte, envahit notre sociéte technologique ...

Laissons le numerique s'accommoder de ce qui ne mérite qu'un traitement instantané et poursuivons, tant bien que mal, plutôt bien que mal, le plaisir de conserver avec l'argentique ce que nous estimons devoir léguer après nous.

Combattons l'oubli et résistons au temps qui ensevelit notre petite humanité, insignifiante face à l'univers, mais si importante quand nous auront fini d'exister...

Vive l'argent!
A bas l'électron!

et n'oubliez pas qu'il faut 47 électrons pour faire de l'argent

<<Et je crains fort, trop fort, peut-etre suis-je défaitiste, atteins de dépression, que l'avenir n'existe plus pour mes contemporains, que l'avenir n'est plus qu'une vague utopie qui n'arrivera qu'après l'avenir...

C'est le travers de toute civilisation, les chrétiens (par exemple) se préparent à la fin du monde, qui est proche, depuis 2000 ans.
Tout cela est très banal.

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No Pasaran
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se préparent à la fin du monde, qui est proche, depuis 2000 ans.

Ce qui explique que si vous voyez un jour l'Archevêque de Moisenay avec sa Norma 20x25 au sommet du plus grand arbre de son jardin, c'est parce qu'il se prépare à la fin du monde en documentant ses plates-bandes, Vues du Ciel, en trichromie sur plan film.

E.B.