Re: Que n'aimez vous pas dans la photo numérique ?
Envoyé par:
PdF
Date: 16/01/2011, 13:28
<<Déjà le matériel: peut-on être autant attaché à un EOS qu'à un Blad ou une Linhof ou une Norma?>>
Difficile, en effet, de comparer un EOS à un Blad. Autant utiliser tout de suite un dos sur le Blad, série V de préférence, ce qui rendra la comparaison plus aisée. Ou comparer l'EOS avec un Canon 24/36 (du temps où il en existait encore!).
Même chose pour la Linhof, ou la Norma. Personnellement, j'utilise quotidiennement mes dos numériques sur une P2, et pour mon plus grand bonheur. J'ai la chance d'aimer le travail qui est le mien, et ne souhaiterais jamais revenir en arrière, c'est-à-dire aux ektas, avec lesquels la vie était parfois impossible: les courses permanentes vers les labos, aller-retour, plusieurs fois par jour, hors week-end, bien sûr... Aujourd'hui, je pourrais installer mon studio à la campagne pour bénéficier du bon air, n'était-ce la proximité nécessaire avec la plupart de mes clients (et le fait que la campagne, c'est aussi un peu emmerdant...).
Le fait de travailler sur des grosses images, maîtrisées au maximum, me permet de les peaufiner, de leur apporter une finition auparavant impossible. En outre, la prise de vue numérique elle-même permet de prendre beaucoup plus de risques au cours de la prise de vue, car tout est mieux sous contrôle. A moins que l'on ne considère l'aléatoire comme un plus. Ce n'est pas mon cas.
<<ce que j'aime pas dans la photo numérique :
- la dynamique des images (moins qu'un ekta)
- les couleurs saturées (les verts en paysage…)
- le grain (c'est une grille …)
- le rendu des espaces (plats …)
- les possibilités d'agrandissement (pour un 120X150 cm et même 100X120…)
- le rapport avec le tireur
- le coût du matériel
- l'archivage (pour mon fils dans 50 ans ...)
- la bidouille à tous les niveaux (prise de vue, développement …) qui me fait vivre en même temps que l'image.>>
J'ai effectivement quelques difficultés à suivre.
- La dynamique... Grande nouvelle! A ma connaissance, un des grands grand atouts de la photo numérique par rapport à à l'argentique, et particulièrement à l'ekta, c'est précisément sa dynamique. A moins que vous n'ayez inventé un développement original qui vous offrirait une plage de 15 diaphs sur vos E6 !
- La saturation des couleurs en ekta dépend avant tout du choix du type d'émulsion (à l'époque où il y avait encore du choix). Certains préférant ceci, d'autres ça. Mais sans souplesse et sans choix personnel d'un type de calibration couleur spécifique.
- L'absence de grain ne me déplait pas. En argentique, j'ai toujours fait le maximum pour qu'il y en ait un minimum.
- Je ne comprend pas trop le problème que vous posent les "espaces plats" (???)
- Les possibilités d'agrandissement sont aujourd'hui largement supérieures à celles qui étaient offertes auparavant. Au point qu'on en fait généralement beaucoup trop. Une expo de photos ressemblent plus aujourd'hui à un passage dans une rue remplie d'affiches 20m2.
- J'entretiens d'excellentes relations avec mon tireur.
- Le matériel n'est pas plus cher, tout est une question d'usage. Une Sinar, une Linhof ou un Hasselblad n'ont jamais été bon marché. Aujourd'hui, le prix des consommables est nettement moindre.
- L'archivage de mes quelques dizaines de kilos d'archives argentiques me pose problème. Encombrantes, susceptibles de s'abîmer lors de tout déménagement ou poussée d'humidité. La récupération des anciens ektas ouvre souvent les yeux sur une réputation usurpée d'inaltérablilité.
- Si vous préférez la bidouille, je ne puis rien vous opposer. Il y en a dans tous les domaines de la vie, et il est effectivemment possible d'y prendre beaucoup de plaisir. Je bidouille tous les jours, mais sans être obligé de tremper mes pattes dans des chimies nauséabondes.
Pour moi, s'il y a une chose, une seule, que je regrette dans l'argentique, c'est la profondeur d'un beau tirage noir-et-blanc. Pour le reste...
Aujourd'hui, la photo (telle que je la conçois pour moi-même), c'est beaucoup moins d'aléatoire, donc beaucoup plus de contrôle, et beaucoup plus de personnalité. Et que des centaines de millions d'êtres humains fassent leurs photos dans tous les coins du monde, moi, je n'en ai pas grand-chose à faire. Mais s'il y prennent ne fut-ce qu'une once de plaisir, tant mieux pour eux.
PdF