Bonjour à tous,
Barbilux,
Il me semble que vous avez à la fois une vision naturaliste de la photographie mais en même temps vous utilisez des arguments culturels pour justifier votre vision naturaliste.
Le registre de la vision est photographique, ne pensez-vous pas qu'historiquement c'est peut être l'inverse qui s'est produit ? C'est à dire que c'est plutôt: le registre photographique est celui de la vision. Autrement dit que la photographie est une construction (non pas une chose de la nature) qui a évolué notamment sur la base de la ressemblance avec la vision humaine et sur la base de tout un contexte politique socio et culturel. En même temps, vous dites que « le registre de vision est photographique dans son sens pur et traditionnel. » dans ce cas nous ne sommes plus dans quelque chose de naturel mais de complètement culturel puisque vous parlez de tradition.
Puis « une réalité qui a ses règles physiques qui donnent la cohérence naturelle de l'image photographique telle que ce que l’œil connaît de la réalité. » là encore vous inversez les choses me semble-t-il comme je le dit plus haut.
Mais si je vous suis et que l'on définit la réalité telle que l’œil la connaît en élargissant à ce que la vision nous propose (les deux yeux + le cerveau), il y a un paquet de photographies qui sont très éloignées de ce que la vision peut nous donner comme image du monde extérieur. Exit alors toute photo noir et blanc ; toute focale différente de celle de l’œil (je ne sais plus si c'est l'équivalent du 45mm pour du 24x36.en vision monoculaire..?), exit toute photographie monoculaire puisque notre vision est stéréoscopique. Donc si on suit votre raisonnement à la lettre y va pas rester grand chose en suivant l'axiome ce qui est photographique est ce qui est conforme à notre vision. Faut mettre un peu d'impureté dans votre perception de la cohérence photographique par rapport à la vision.
Puis qu'on parle de Salgado récemment, dans sa pratique analogique il nous a souvent présenté des images qui sont assez éloignées de ce que notre vision pourrait nous procurer. Quelques exemples :
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3.bp.blogspot.com]
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www.unicef.org]
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www.pdngallery.com]
Si la cohérence est culturelle dans ce cas c'est différent, vous décidez ce qui est traditionnel de ce qui ne l'est pas : « j'apprécie ceux qui, en parfaite connaissance de la réalité, veillent à respecter une certaine cohérence. Ils respectent la photographie tout court ! » il est plus simple de dire ce qui vous plaît ou vous déplait sans invoquer le dogme d'une tradition, d'une éthique, mais faite simplement votre sensibilité. Cela n'empêche pas que votre sensibilité soit conduite par votre ethos. (dans ce cas là ça m'embête parce que ça donnerait raison à Bourdieu dans l'art Moyen)
« Bientôt plus personne ne saura faire une lumière digne de ce nom, sauf dans le cinéma où on ne peut pas encore tricher. » là aussi rien de nouveau sous le soleil, ce n'est pas un problème de technique de Mélies, Buster Keaton à Avatar de Cameron il y a des exemples où le cinéma triche pour notre plus grand bonheur (trouver l’intrus!).
« C'est pour çà que je dis qu'il n'y a plus de métier, on abandonne et méprise le savoir faire à l'ancienne, c'est la faute du numérique. » la technique a bon dos.
« J'aurais préféré que le numérique n'exista jamais car c'est la ruine du travail de l'homme, de la conception du travail, de sa définition séculaire. » Avant le numérique il y a eu l'industrialisation, la mécanisation, qui ont déjà pas mal abîmé un certain travail de l'homme, mais surtout l'homme. Mais ce n'est pas la machine qui abîme l'homme, c'est l'homme qui décide de mettre la machine pour faire plus d'argent et écraser son concurrent en disant j'ai pas le choix sinon c'est l'autre qui va m'écraser. M'enfin là je m'égare...
Bonne journée à tous
Romain
Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/09/2011, 17:02 par romain.