Paradoxalement une des plus profondes émotions photographiques que j'ai ressentie ces dernières années fut un gelatino bromure d'Hiroshi Watanabe chez mon galeriste suisse. Pas seulement à cause ou grace à la qualité intrinsèque de la prise de vue, mais surtout du fait de la qualité superlative du tirage d'Hiroshi.
Pour ceux qui ont eu la chance de pouvoir admirer un jour la qualité de tireur de Watanabe, ce que je dis là n'a rien d'étonnant. Ce monsieur est sans aucun doute aujourd'hui un des plus grands tireur qui soit (en plus d'être un grand photographe).
Il y a sinon sur ce forum un excellent tireur dont on ne parle pas assez et lui s'est fait discret, c'est Philippe Leclerc, pour ceux qui douteraient de mon jugement de numeriste digitaleux, faites un tour à Bayeux, pour admirer ses tirages tout en finesse, sur les cimaises de sa petite galerie.
Pourtant des tirages, j'en vois... Et non il ne suffit pas que ce soit un baryté pour me faire verser une larme, parce qu'enfin, les tirages argentiques de merde courent les murs des galeries.
Il en va de même pour les tirages alternatifs... Rares sont les beaux platines... Ceux de Beth Dow sont d'une pureté totale, sensuels, lumineux mais combien de sous merdes à se taper avant de pouvoir contempler un chef d'oeuvre véritable?
En numérique me direz-vous en m'attendant au tournant?
En fait c'est idem... Des tonnes de merdes mal tirées, des noirs grisouilles ou teinté d'un metamerisme disgracieux, des blancs ternes, une gamme de gris bruité et limité, des ruptures numériques, etc... Et puis quelques très beaux tirages de Nick Brandt (je n'ai pas pu voir ses platines parait-il très beaux), les tirages d'Alain Etchepare réalisés par Metairie et pour les meilleurs autres vus, beaucoup de belles choses mais rien qui ne sache faire naître une larme.
C'est surtout ça qui manque encore au digital, des tireurs d'exception, capable de créer un univers de sens, une vibration rien que par leur art de tireur (et que m'importe en ce cas que ce soit digital, seule l'émotion et ce dialogue intime compterait).
Le numérique a tout pour lui, que ce soit en pdv ou en tirage, il manque juste à que nous sachions lui insuffler ce supplément d'âme qui fait encore parfois la différence.
Ce n'est pas de spécificité que manque le parfait numerique, mais juste un peu d'âme... La notre.
Bruno
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Modifié 1 fois. Dernière modification le 22/09/2011, 00:44 par bruno mercier.