Re: Scan pour livre
Envoyé par:
NCC
Date: 28/02/2012, 10:51
Bonjour,
PhilB, je crois que ce sera ma dernière intervention en réponse à vos propos: j'ai trop de mal à comprendre ce que vous cherchez à avancer. Est-ce la confrontation ou est-ce quelque chose qui peut amener à aller plus loin ensemble?
Depuis le temps que je travaille, depuis le temps que je suis, je n'ai pas trouvé d'absolu. Si jamais je devais en croiser, je pense que je me mettrai au bord de la route et que pourrait s'achever mon temps sur terre. Je ne cherche pas non plus le Graal.
Non, je ne suis pas imprimeur, mais j'en côtoie régulièrement, de tous acabits mais en particulier de très bons. C'est un métier que je ne fais que toucher du doigt, j'ai d'autres spécialités mais pas celles d'imprimeur.
Je travaille avec des photographes, des auteurs, des artistes ou des responsables de fonds d'œuvres qui ont des interrogations aussi diverses qu'éloignées d'une quelconque idée de "qualité ultime". Avec eux il est question d'élaborer des processus de construction, de restitution, de reproduction et de transmission d'œuvres ou de pièces et, bien que les questionnements moraux, esthétiques, artistiques ne soient jamais loin, la composante technique de ces mêmes œuvres ou pièces est fondamentale.
C'est ainsi que je sais ce qu'est le grain d'un film et qu'à la lecture de votre message je me dis que nous ne pourrons pas nous entendre: pour un auteur travaillant sur film, quel que soit le format, quel que soit le procédé, quelle que soit l'intention, quel que soit le rendu (flou, net, piqué, bougé, réticulé ou que sais-je), la composante essentielle et fondamentale est le grain. Si, en tant que technicien, je ne vois pas le grain, je serai incapable d'appréhender pleinement la base plastique d'un film. Après, libre à nous de l'accentuer, de le diminuer, de l'agrandir ou de l'exploser, mais vous conviendrez qu'il n'y a pas de film sans grain.
Il en est de même quand je travaille à l'agrandisseur: même d'après 8x10 pour de faibles rapports d'agrandissement, il n'est pas envisageable, pour moi, de travailler sans vérifier mon point, et donc mon grain.
Cette composante est fondamentale et devient primordiale en N&B, où, plus encore qu'en couleur, les qualités physiques du grain, quelle que soit sa forme, sont une composante essentielle de l'image. C'est dans ce domaine qu'une analyse rigoureuse doit être faite si on ne veut pas dénaturer ce qui fait les qualités propres à une image N&B, et franchement, je doute qu'un Epson soit à la hauteur. Essayez de travailler des images avec de belles parts de flou: sans grain, vous verrez bien l'intention de l'image, mais vous n'aurez pas l'image.
J'avoue que je n'ai pas utilisé de scanner Epson depuis longtemps, et donc que mon jugement devrait pouvoir être réactualisé. Mais fondamentalement, je ne pense pas que les choses aient tellement évolué.
Il n'existe pas d'absolu en numérisation, en revanche il existe des livres qui sont le résultat d'un ensemble de compétences humaines et techniques qui, mises bout à bout, ont su porter à terme une intention artistique sans la dénaturer fondamentalement. C'est de cela qu'il faut s'inspirer: viser toujours plus haut que les compromissions auxquelles on peut être soumis avec du matériel de peu d'exigence.
Les auteurs avec qui je travaille ne sont pas, pour l'immense majorité, riches comme Crésus: la plupart mange des nouilles une bonne part de l'année. En revanche, ils peuvent avoir une conception de leur travail très exigeante. C'est ainsi qu'ils font appel à un développeur, un tireur, un scannériste, un photograveur pour s'occuper de leurs images. Oui, cela a un coût mais, vu le temps passé ensemble et la qualité de la prestation fournie, je pense que tout le monde s'y retrouve et eux les premiers: sans s'embarrasser outre mesure de problèmes techniques, ils peuvent diriger quelqu'un et se concentrer sur leur vrai travail: les images.
Je ne dénigre pas, loin de là, l'amateur qui envisage l'autonomie. C'est tout à fait louable et profitable. Il faut aussi parfois savoir admettre ses limites. Demander conseil est une bonne intention, faire travailler des spécialistes tout autant.
Bien à vous, il n'est pas utile de répondre à ce message.