Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 18-11-2003 11:47
Nous avons eu une discussion sur l'utilisation de matériel photographique en conditions climatiques froides
n-f-17455.html
J'ai retrouvé la référence au travail des photographes & cinéastes des Expéditions Polaires Françaises (EPF) de 1948-1949 dans le livre suivant :
« Groenland 1948-1949 » par J.J. Languepin, M. Ichac, J. Masson et P.E. Victor (Arthaud, 1951)
J.J. Languepin fait une synthèse de son expérience à la fin du livre, sous la forme d'une « Petite note à l'usage des amateurs de photographie ».
Tout d'abord il est rappelé que 8000 clichés, la plupart en noir et blanc en format "10x12" (cm), constituent le fonds documentaire de l'expédition, mais que l'ouvrage sus-mentionné étant destiné à un large public, privilégie les images de 'scènes de vie' prises pour la plupart avec un appareil 6x6 dont la marque est tenue secrète ;-);-) Bien mise en évidence en revanche est la marque française 'Foca' avec laquelle furent prises des photos couleur 24x36 (Kodachrome).
J.J. Languepin en préambule fait remarquer que les trucs & astuces sur la prise de vue en conditions arctiques étaient à l'époque encore des secrets militaires jalousement gardés. L'auteur ne fait pas mention de souci avec du film cassant sur le terrain --en passant : serait-ce là un avantage insoupçonné du plan-film ?-- bien que ce problème ait été évoqué avant le départ comme une inconnue, mais fait plutôt mention du givrage comme problème N°1, surtout entre -10° et zéro ; plus bas en température il y a moins de problème de ce coté-là.
Les « viseurs à hauteur d'oeil » (traduire : ceux des 24x36) sont ceux qui s'embuent le plus parce que le visage s'en approche le plus. Je conclus donc à la supériorité du viseur à capuchon du Rolleiflex, s'il est tenu à hauteur de poitrine ;-);-) sans parler du viseur-iconomètre qui, on l'admettra aisément, résiste assez bien au givrage. Bon, en pratique de ma modeste expérience en montagne et au ski je n'ai jamais eu de conditions telles que je ne puisse pas utiliser le viseur à cadre collimaté « Albada » du Rollei 35...
Tout le matériel photo des EPF 48-49 a résisté sans problème jusqu'à -35°C, ce qui peut faire sourire nos amis québécois qui vivent ces températures-là en ville le long du Saint Laurent tous les hivers sans même avoir besoin de 'monter' chez les Inuit pour tester leur matériel. Comme on me le faisait remarquer à Montréal : « Nous l'été, on va en Floride ; la baie de James c'est pour les gars d'Hydro-Québec ou pour les touristes européens »
En conclusion, ce « Groenland 48-49 » est un bel ouvrage dans lequel on appréciera le velouté des héliogravures noir et blanc et qui illustre bien ce qu'on peut faire en 6x6 noir et blanc version 1948, avec une optique qui n'avait certainement pas plus de quatre lentilles ;-). Les héliogravures couleur ont évidemment un certain charme désuet mais ne sont pas désagréables d'autant plus qu'à l'époque très peu de lecteurs auraient pu argumenter qu'il y avait trahison de la teinte si particulière du bleu du ciel au-dessus de l'Inlandsis.
|
|