Pour préciser encore mon point de vue, je ne connais pas GIMP,
Vl'a l'Philippe O. pris par la patrouille en flagrant délit de caricature forumesque du genre :
« J'utilise pas fesse-bouc, mais je critique ce truc abominable » ;-)
-----------
Concernant mon usage du GIMP depuis environ 10 ans, je peux dire que je n'ai jamais mis le nez dans le code et que je me range résolument dans le camp des méchants profiteurs qui ne contribuent en rien au développement de ce logiciel énorme. Néanmoins l'existence de greffons logiciels que chacun peut développer pour le GIMP est un truc épatant, c'est à dire qu'on peut proposer un modeste greffon sans rentrer dans l'énorme code du programme de base.
Concernant mon usage du GIMP, je n'en utilise et n'en maîtrise que 10% des possiblilités, mais 10% du prix de la licence d'un logiciel libre c'est le même prix que 100% = ça fait zéro. Ma progression dans l'usage du GIMP est à peu près aussi lente que la progression des fonctionnalités du GIMP, c'est à dire que la synchronisation est parfaite entre mes besoins de traitement 16 bits et l'arrivée éventuelle future (hier on rasait déjà gratis, demain aussi) du GIMP 2.10. ;-)
Au lieu de me laisser entraîner dans une course effrenée aux mises à jour de tel ou tel logiciel payant, j'ai choisi de faire évoluer doucement mes besoins en traitement numérique des images en fonction de ce que je maîtrisais du GIMP. J'ai besoin d'une fonctionnalité pour un objectif précis ? Je regarde si le GIMP le fait. S'il le fait, j'apprends. S'il ne le fait pas, je passe à autre chose. Et avec l'argent économisé sur la licence à $1000, je complète ma collection d'apo ronars (à chacun ses incohérences).
L'idée que les professionnels de l'image sont sous la pression de la concurrence, et donc doivent s'aligner sur leurs confrères en utilisant tel ou tel logiciel qui est devenu une norme industrielle de fait, est parfaitement sensée, tous les amateurs qui nous lisent ici le comprennent parfaitement. C'est bien ce qu'Adobe pense avec sa nouvelle politique tarifaire.
Dans les archives de notre forum, nous avons un ou deux témoignages douloureux de photographes qui ont tenté de "rester au film" au début des années 2000, avec d'excellents arguments, et qui n'ont pas pu tenir face à la concurrence. Mais on ne va pas refaire l'histoire récente des techniques de l'image.
On ne peut pas comparer le bricoleur passionné qui se paye un jour un tour Schaublin d'occase, avec une petite entreprise de mécanique qui ne peut pas exister sans avoir au moins dans son parc de machines un ou 2 centres d'usinage à commande numérique, avec tout ce que cela représente en maintenance matérielle et logicielle : la machine & sa maintenance se payent par les boulots qu'elle fait.
Mais parfois lorsqu'une machine coûte trop cher en maintenance et qu'elle ne rapporte rien, il faut s'en séparer. Donc si la maintenance logicielle de tel ou tel logiciel-de-production-indispensable devient intenable pour la petite entreprise, elle doit réflechir à d'autres solutions : c'est exactement comme la machine-outil qui ne se paye plus par le boulot qu'elle fait et dont il faut se séparer, de préférence avant d'être en faillite.
La problématique du logiciel professionnel est donc, de mon point de vue d'amateur, la même que celle de la machine-outil de production. À cette nuance de taille que les gammes de prix sont fort différentes entre même un truc logiciel qui coûte $500-obligatoires-chaque année et la maintenance d'une machine-outil à commande numérique ; et aussi et qu'il y a de très nombreux acteurs en concurrence dans le monde de la machine-outil « généraliste», et qu'on ne peut pas trouver l'équivalent de la position hégémonique qu'on connaît dans certains secteurs du logiciel.
Les amateurs de mécanique qui ont les moyens peuvent s'ils le souhaitent se payer un centre d'usinage d'occasion ... qui ne sera jamais payé par le boulot vendu. Je connais néanmoins plus d'amateurs qui convoitent un tour suisse-de-précision à commande manuelle qu'un centre d'usinage d'occasion .. Mais ça viendra peut-être : ne commence-t-on pas à trouver des dos numériques moyen format 22 Mpix sur notre forum des occasions ?
Revenant à Adobe : cette entreprise a toujours fourni des solutions techniques excellentes, et a toujours publié les spécifications de ses excellents formats comme le postscript(TM) ou le pdf(TM), permettant ainsi à tout le monde de lire ces formats et de les écrire sans recours à aucune taxe ni quelque "plombage" logiciel que ce soit. La comparaison avec l'effroyable jungle des formats RAW est, me semble-til, éloquente.
Le simple fait que les spécifications techniques d'un format de fichier soient publiées assure la pérennité des documents utilisant ces formats.
Certes, on peut regretter que le pdf ne soit pas un format comme le HTML ou la JPEG, développés conjointement par un consortium international associant des institutions à but non lucratif avec des industriels. Nous avons au moins le HTML et le JPEG comme points d'ancrage stables, auxquels on peut ajouter le pdf ou le dng
(je ne sais pas si les spécifications du dng sont publiques ou pas; je sais que dans un TIFF on peut avoir des parties secrètes, ce qui n'est pas le cas du JPEG), même si ces formats pdf et dng sont une propriété de chez ADOBE.
(dérive hors sujet : signalons aussi que le rejet des brevets logiciels par l'Union Européenne change un peu la donne dans cette histoire de formats de fichiers ; si on ne peut pas breveter un logiciel, alors on se rabat vers le savoir-faire secret)
E.B.
Modifié 4 fois. Dernière modification le 16/05/2013, 09:20 par Emmanuel Bigler.