Sans doute parce qu'à contrario l'attitude intellectuelle pure a fait et fait, elle aussi, beaucoup de mal à la photo.
Bien entendu que nous ne faisons pas nos images qu'avec nos tripes et en ça l'approche de Dom le révèle, il y a le vécu, les tripes et l'amertume mais également l'analyse et la réflexion sur le sort peu enviable de cette vallée qui n'en finit pas de crever, un témoignage sensible n'est pas fait que de sensiblerie.
Mais souvent et de plus en plus il me semble qu'il n'y a plus que l’émotionnel ou la sensiblerie qui est retenu dans les travaux de ceux qui souhaitent témoigner d'un sujet qui leur tient à cœur. Et si ça se retrouve ici sur GP ou d'autres forums, ça se trouve aussi au niveau des institutionnels genre Maison de la photo, artothèque, drac... etc... ou seule trouve grâce l'approche déshumanisée/désincarnée d'un sujet, pas d'émotion, pas d'engagement d'auteur, juste une approche sociale/intellectuelle est exigée. L'écrit prend le pas sur l'image ad libitum.
Ainsi sont récompensés par des prix, accueillis en résidence, exposés, financés, publiés des photographes qui reconnaissent eux même ne pas en être. La photo dans leurs travaux (tout à fait respectables par ailleurs et souvent intéressants) est un moyen d'illustration et non le discours premier, le choc des mots prend totalement la place du choc des images. S'en suivent donc des expos mal tirées, des séries pas toujours cohérentes à la lecture visuelle (il faut s'armer de la thèse pour parfois en "sentir" l'essence du début de commencement de sens et des images dont la qualité photographique reste, ma foi, très relative.
Tout ça ne serait pas grave si tous les auteurs étaient à pied d'égalité, que chacun puisse avoir la chance de défendre son projet, son approche. Mais force est de constater que ce n'est pas le cas.
J'ai vu beaucoup de dossiers, de projets de photographes refusés, pour le simple reproche de leur sensibilité, de sujet écartés pour approche artistique trop marquée etc...
Alors, pas question de faire le procès de l'approche intello, mais sachons parfois ouvrir les yeux et se dire qu'une approche sensible peut être aussi le fruit d'une reflexion et qu'à force de vouloir tout ramener à l'esprit on en oublie la matière qui nous fonde. Comme disaient les alchimistes, il faut fixer le volatile.....
Bruno
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