"Je suis même étonné d'apprendre ça à un ancien de chez Agfa"

Ben voui, merci pour l'info, mon manque de curiosité me maintient dans l'ignorance.....(:-))
Je crois me souvenir qu'Agfa Leverkusen avait vendu ses installations à la société Inoviscoat elle même basée à Leverkusen.

Pour la petite histoire, du temps de la splendeur du groupe Agfa-Gevaert, la Division Photo avait son siège à Leverkusen au sein de l'usine Bayer.
Les Divisions Arts Graphiques, Médicale, Radiographie Industrielles, Microfilm étaient basées à Mortsel en Belgique.
C'est la Division Arts Graphiques (DSG) qui générait le plus gros chiffre d'affaires suivie ensuite par l'activité médicale.
La Division Photo (qui occupait la troisième place sur le marché mondial derrière EK et Fuji) avait beaucoup de mal à générer le profit souhaité part la Holding.
Après une première alerte du temps où Agfa-Gevaert faisait encore partie du groupe Bayer (Secteur n° 6), la Division photo avait failli être vendue. Je crois me souvenir que ce devait être au début des années 2000. L'effet avait créé une sacré surprise au sein du personnel à l'époque.
Mais le projet a été abandonné sans que cela ne fasse de vagues dans le marché photo.

Il y a eu un répis de quelques années car Bayer c'est "débarassée" du groupe Agfa qui a été repris par la holding Gevaert.
Anticipant peut-être l'avènement du numérique, le board à décidé la cession de l'activité photo en 2003-2004. Ainsi était créée la nouvelle société Agfaphoto indépendante juridiquement d'Agfa-Gevaert.
L'effectif de cette nouvelle société était composée en très grande partie par les anciens salariés de la Division photo.
Malheureusement, l'aventure a été très éphémère car elle s'est achevée par un dépôt de bilan et des procès intentés contre Agfa-Gevaert par les anciens de la Division photo et les clients de l'acttivité finishing.

Personnellement, je travaillais en étroite collaboration avec Mortsel donc très loin de la photo amateurs.
Il y avait une forme de cloisonnement entre Mortsel et Leverkusen.
Les flamands et les germains entretenaient un antagonisme de "bon aloi".
Mortsel était surtout présent sur les marchés professionnels et Leverkusen sur les marché photo amateurs et photo finishing.
Environ 66 % du CA du groupe Agfa-Gevaert était réalisés avec les produits fabriqués par Mortsel.

Aujourd'hui je n'ai plus aucun lien avec mes anciens collègues de la Division Photo.
Par contre, je rencontre toujours mes anciens collègues belges avec qui j'ai travaillé pendant près de trois décennies. Bien que vieillissant, ils sont toujours actifs au sein de l'usine de Mortsel.

Amicalement

Alain

merci Alain pour ces témoignages vécus de l'histoire de la photo.
pourquoi pas un article pour GP?

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Tout et n'importe quoi, au jour le jour

Quel type de produits fabrique actuellement l'usine de Mortsel ?

Merci pour l'intérêt que vous portez à Agfa.
Voici un petit film qui me rappelle le temps où j'étais jeune. J'y revois des endroits dans lesquels j'ai trainés mes guêtres pendant des années : [www.youtube.com]

Ici vous pourrez vous faire une assez bonne idée de ce qui est produit à Mortsel : [www.agfa.com]
C'est dans ce secteur que je travaillais et plus précisément dans le Microfilm.

Pour la partie médicale voir ici : [www.agfahealthcare.com]

Pour les arts graphiques voir ici : [www.agfagraphics.com]
Tout n'est pas fabriqué à Mortsel car au fil du temps Agfa à fait de la croissance externe en achetant des entreprises qui avaient des sites de productions un peu partout dans le monde.

"merci Alain pour ces témoignages vécus de l'histoire de la photo.
pourquoi pas un article pour GP?"

C'est une tâche incommensurable pour moi.
L'histoire d'Agfa-Gevaert a commencé il y a bien longtemps.
Wikipedia résume bien cela : [fr.wikipedia.org]
En fait, ce qui serait intéressant c'est de connaître les raisons qui ont été à l'origine des grandes décisions de l'entreprise.
Pour cela il faudrait retrouver les décisionnaires des différentes époques.

Dans mon précédent exposé, j'ai omis de parler d'Agfa Camera-Werk basé à Munich et dont l'immeuble a été détruit en février 2008.
Je me souviens encore de ma première visite au début de l'année 1980 dans l'usine de Munich, c'était peu de temps après l'arrêt de la production d'appareils photo qui a entrainé la mise au chomage de très nombreuse personnes.
Cela a été un traumatisme important pour la ville. A l'aéroport, j'avais pris un taxi pour me rendre aux bâtiments d'Agfa en ville. Le chauffeur m'avais demandé pourquoi je voulais aller chez Agfa car il n'y avait plus rien. Tout était fini selon lui.
Bien sûr, tout n'était pas fini mais j'avais été très impressionné en traversant les immenses ateliers de montage complètement vides et silencieux.

Vue de l'extérieur (et parfois de l'intérieur), certaines décisions pouvaient ne pas avoir de sens.
En mode humoristique, nous disions parfois travailler chez Kafka-Gevaert.
Pour rester dans le même mode, un de mes collègues Belges me disait souvent : "il n'est pas nécessaire d'être fou pour travailler chez Agfa, mais ça aide beaucoup".
J'avais moi-même lancé l'idée que si nous travaillons chez Agfa c'est parce que dans une vie antérieure nous avions fait des bétises que le tout puissant réprouvait et que nous méritions un passage au purgatoire.
Pour nous, le purgatoire s'appelait Agfa-Gevaert.
Par contre, les auteurs des actes les plus graves étaient selon le même jugement, dirigés en enfer.
Et l'enfer pour eux, c'était de devenir un client d'Agfa-Gevaert...........(:-))

Amicalement

Alain

l'histoire d'Agfa est une chose, et cela est sans doute une immense tâche que de la retracer mais VOTRE histoire chez Agfa est sans doute toute aussi intéressante pour nous lecteurs.

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didier d écrivait:
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> l'histoire d'Agfa est une chose, et cela est sans
> doute une immense tâche que de la retracer mais
> VOTRE histoire chez Agfa est sans doute toute
> aussi intéressante pour nous lecteurs.

Je plusoie !

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Laurent
Bordeaux
[lc972.wordpress.com]

Didier, je n'ai pas trop goût à faire cela mais voici un rapide condensé de mon activité au sein d'Agfa-Gevaert (à prendre sous l'angle d'une présentation personnelle aux membres du forum).

Je suis entré chez Agfa vers la fin des années septantes comme dirait M. Bigler.
A cette époque, j'étais passionné par la photochimie que j'avais apprise dans les labos de la SFP (Sociéte Française de Production et de créations audiovisuelles).
La journée, j'étais dans la partie finances, le soir j'enfilais ma bouse de photochimiste grâce à la bienveillance du responsable de labo. A cet époque, il y avait encore du film à la télé.

La passion aidant mais aussi et surtout la chance, j'ai été sélectionné pour un poste de technico-commercial à pourvoir chez Agfa.
Je devais diffuser et assurer la maintenance photochimique des films et chimies COM (Computer Output Microfilm).
Mon principal concurrent était le grand EK qui grâce à son attitude commerciale - "Kodak ne vend pas, on achète à Kodak" - m'a permis de passer assez rapidement de 30 % de part de marché à plus de 60 %.

Les gens de l'usine de Mortsel m'ont alors remarqué et m'ont confié les lancements techniques des nouveaux produits films et chimie dédiés au microfilm.
A cette époque, les laborantins de Mortsel pensaient que les clients utilisaient nos produits en respectant les même procédures qu'eux avaient à l'usine. En fait, ils en étaient à des années lumière.

Ma première satisfaction a été de faire sortir ces fameux (au sens premier du terme) laborantins de leur univers aseptisé pour qu'ils puissent voir la réalité du terrain.
Ils ont pu comprendre pourquoi cela fonctionnait dans leurs laboratoires et pourquoi les résultats n'étaient pas satisfaisants chez les utilisateurs. C'est ainsi que j'ai pu tissé des liens d'amitiés avec eux.
Les gens du R&D ont accepté de m'ouvrir les portes de leur univers et grâce à eux, j'ai connu de très moments en matière de photochimie.

Je me souviens qu'ils m'avaient montré une de leurs découvertes : le film métallique. Avec un laser, ont insolait le film et l'image apparaissait en temps réel sans qu'il soit nécessaire de faire un traitement chimique. Cet étonnant film n'était pas sensible à la lumière du jour ce qui en faisait un atoût extraordinaire pour notre secteur d'activité. Ce qui était phénoménal, c'était la résolution obtenue. En fait, il faut imaginer que l'équivalent d'une page A4 pouvait être réduite jusqu'à 72x (soit une image sur le film de 2,92 mm x 4,13 mm pour un A4) et bien sûr, elle devait être parfaitement lisible.
J'ai conservé une de ces µfiches, elle est restée comme au moment de sa création.
L'appareil qui servait à produire ces microfiches A5 s'appelait un COM. Il pouvait remplir une microfiche 105x148 mm de 600 vues de pages A4 en 2 minutes environ.

Bien évidemment pour la photo telle que nous la pratiquons, cette technique avait peu d'intérêt mais pour les arts graphiques cela pouvait en avoir.
Malheureusement, les investissements à faire pour la mise en production étaient très importants. Pour que le projet soit viable, il aurait fallu que les arts graphiques apportent leurs consommations de surfaces mais à cette époque, le numérique faisait une entrée remarquée dans ce secteur.
La pérennité des consommations n'étant donc pas assurée, l'usine abandonna ce beau projet.

Les années passant, de photochimiste je suis devenu responsable de l'activité microfilm.
Je devais gérer des équipes commerciales et techniques pour les matériels, softwares et la photochimie élaborés à Mortsel et à Peißenberg en Bavière au sud de Munich.
Cela m'a quelque peu éloigné des laboratoires à mon grand regret.

Et puis les décisions de la maison mère d'abandonner la fabrication de l'hardware et des softs ont fait que la Division Microfilm a été profondément remaniée. Il m'a fallut alors faire en sorte de pouvoir "recaser" le personnel dont l'activité était supprimée.
De la Division Microfilm, il ne restait plus que la partie films et produits chimiques et c'est ainsi que j'ai pu reprendre mon baton de pélerin photochimiste pendant 2 années (probablement mes meilleures années chez Agfa).

Au début 2005, j'ai eu l'occasion de partir vivre en polynésie et c'est ce qui a motivé mon départ en pré-retraite.
Fin 2008, je suis revenu m'installer en France et j'ai repris la photographie argentique en modeste amateur.

J'ai toujours conservé mes relations au sein du groupe Agfa. Certaines personnes sont à la retraite, d'autres sont toujours en activité et nous avons toujours plaisir à nous retrouver à table pour évoquer des souvenirs d'anciens combattants.

Amicalement

Alain

merci beaucoup Alain !
c'est très intéressant, avec un goût de trop peu cependant... :)

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Mais il est vrai que la Bourgogne

En attendant, on a une pensée pour ceux qui sont aux Iles, frappés par les inondations !!

E.B.

Merci Alain.

Agfa-Gevaert ! Ça ne me rajeuni pas ! J'ai en effet suivi à Anvers les stages Agfacolor I et II en 1971 et 1972 avec comme prof Monsieur Gruyaert (le père). D'excellents souvenirs...

Emmanuel Bigler écrivait:
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> En attendant, on a une pensée pour ceux qui sont
> aux Iles, frappés par les inondations !!

[HS]
Merci pour eux !
La Guada a pas mal bu lundi. Je ne sais pas si Luc Legendre a eu des dégâts.
Ici, des coupures d'électricité aujourd'hui (la foudre est tombée sur une de nos deux centrales au fuel).
Avec l'humidité ambiante, pas besoin d'éponge pour que les timbres soient humides !
La clim du bureau tourne à fond pour protéger le matériel photo et informatique.
Parfois, je vous envie. Surtout quand je reçois la facture EDF.
[/HS]

Pour revenir à la question initiale sur les 120, il est toujours bon, pour un photographe, d'avoir des petits bracelets de caoutchouc dans sa besace. Ça sert un peu à tout et pourquoi pas à tenir un rollfilm exposé bien enroulé, si on a abîmé la bande de fermeture. Ça ne m'est jamais arrivé, mais pourquoi pas. J'ai bien utilisé quelques temps de grands bracelets pour sécuriser la fermeture de quelques châssis (depuis, j'ai rénové tous les verrous avec du frein à vis).

--
Laurent
Bordeaux
[lc972.wordpress.com]