Auteur: marin
Date: 07-05-2009 10:16
Novice dans l'exercice de proposition de "phrase du mois", je vais apporter quelques précisions, avant que les interventions ne versent définitivement dans le rôle social de l'artiste, sa place, sa fonction, et ce que le marché, ce "on" impérieux de Badger, attend de l'artiste photographe débutant ou pas (débutant plutôt que "jeune") en quête d'une stratégie de plan de carrière. Je pense qu'en dépit d'une réelle attente du marché dominant (musée, galeries, critiques, collectionneurs) de voir dans les œuvres une "médiation à l'œuvre" chez les artistes confirmés ou pas (le commentaire du médium étant le plus répandu et apprécié), cette question me semblait secondaire dans le texte cité, et relevait à mon sens plus d'un élément de contexte.
J'avais relevé cette phrase car l'idée de "photographie silencieuse" ou de "photographe silencieux" trouve un echo de nombre d'interventions ici.
Comme l'a remarqué H. Peyre la photographie parfaitement transparente, neutre et objective cela n'existe pas, et rend caduque la définition que tente L. Baltz (propos qu'il ne tiendrait probablement plus aujourd'hui).
Pour remettre les choses sur les rails, je vais donner la réponse de G. Badger sur la question d'un possible "photographe silencieux" :
"Présentez-vous comme un "artiste utilisant la photographie" et faites du grand art avec de grands tirages. Votre travail doit aborder, et surtout montrer qu'il aborde les questions qui agitent actuellement le monde de l'art.
Le photographe "silencieux", au contraire, reste un photographe et cherche la reconnaissance comme tel, même si l'on considère qu'i exerce une forme d'expression artistique indépendante. La grande différence réside encore dans la voix. (...), cela ne suppose en rien une acceptation mièvre et non critique des réalités du monde, un repli vers le lyrisme sentimental, ou une fuite devant toute rigueur intellectuelle.
L'enjeu n'est pas de distinguer entre un miroir ou une fenêtre sur le monde. Une photographie réussie d'un photographe "silencieux" constituera très probablement un amalgame complexe de miroir et de fenêtre, une lutte ineffable entre la subjectivité et l'objectivité, au même titre que l'image de n'importe quel autre photographe ou artiste.
Comme tous ceux qui se débattent avec ce médium difficile, le photographe "silencieux" sait bien que photographier est tout sauf un acte d'enregistrement "simple" ou "évident". Mais le photographe "silencieux" n'accorde pas une attention exagérée à ce processus, ni d'ailleurs au processus d'appréhension ultérieure de l'image par l'observateur.
L'ambition du photographe "silencieux" est beaucoup plus insaisissable, c'est l'illusion de la transparence, mais pas une transparence béate ou muette.
Les photographies "silencieuses" possèdent bel et bien une voix, mais une voix qui reste toujours calme, mesurée, appropriée, raisonnable."
|
|