Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 31-05-2009 18:38
[notes de lecture] Revue Hasselblad, Iceland Revue, l'Alpe
A priori, seul le premier magazine devrait être éligible pour cette rubrique de notre forum, mais les hasards du courrier les ont apportés le même jour dans ma boîte. On va donc argumenter de la pertinence des deux autres revues vis à vis de nos débats passionnés habituels !
Commençons par la dernière livraison du "Victor by Hasselblad", numéro 1/2009, la revue auto-promotionnelle de la fameuse maison photographique suédoise. Cette dernière livraison reprend une vieille habitude de l'ancien "hasselblad forum", qui était de parler de neige au temps des cerises. On s'en réjouit, et on ne peut que louer le rédac'chef actuel, car comment fabriquer une bonne revue dans l'urgence ? réponse : parce que le papier va plus lentement que le web, si vous êtes pressé, la dernière version est sur le web !
Rassurons nos lecteurs d'entrée de jeu, les pages haut-de-gamme consacrées à la mode et la publicité se taillent toujours la part du lion, finalement c'est rassurant dans un monde où la crise de la finance retentit sur le marché du luxe. Passons directement aux pages techniques. cette fois-ci, l'accent est mis sur le nouvel adaptateur à bascule & décentrement HTS 1.5. Vous aurez compris qu'avec une telle arme, la chambre technique qui n'était pas encore au placard va passer "direct-poubelle" comme on dit à Moisenay. Mais à y réfléchir, on se rend compte que cet accessoire suggère que l'époque récente où tout pouvait se régler en post-production semble révolue, et que finalement une bonne machine sur le terrain fait en 2 minutes ce qu'il faut 1/2 heure à 1 h de post-prod à faire. Sinon comment justifier l'apparition de cet accessoire au catalogue H. ?
Par le passé, dans le système V., il y avait un convertisseur-décentreur de chez Zeiss, le PC-mutar, mais il ne basculait pas. La revue 1/2009 nous explique donc par le menu les avantages de cet accessoire mais en omettant de parler des caractéristiques techniques précises comme les cercles images autorisés, et l'impact du groupe optique additionnel sur la performance de l'objectif. Sans doute ces données sont elles sur le site de chez H ou dans les notices livrées avec le HTS 1.5 ?
Rien de neuf, direz-vous, ami lecteur qui soignez votre collection de chambres techniques de toutes sortes, mais lisez donc cette belle perle du marketing : (page 38, en légende d'une belle image d'architecture industrielle de Peter Bialobrzeski)
" Peter B. a utilisé les possibilités du décentrement pour parfaitement corriger les aberrations de perspective. Comme peu de systèmes le permettent, de nombreux spectateurs s'étaient presque habitués aux lignes convergentes. la correction est donc d'autant plus agréable à voir."
J'épargnerai aux lecteurs le sourire qui me monta aux lèvres à la lecture de ce texte épatant (à Moisenay, on aurait dit : MdR) mais je n'étais pas au bout de mes surprises.
à peine avais-lu sur galerie-photo une discussion relative à des problèmes de mise au point
"mise au point H3D2 39M+50mm"
n2-f1-91638.html
que je tombe en page 27 du Victor 1/2009, à propos d'une image d'action, en faible lumière :
"Une mise au point rapide et précise est toujours utile et parfois indispensable"
Arrêtez ! N'en jetez plus ! s'offusquera le lecteur ! Dites-nous plutôt ce qui vous a plu dans ce numéro !
Jetant aux orties le persiflage, je dirai sans retenue que j'ai bien aimé certaines vues publicitaires comme celle de Marcus Gaad en page 23, une brillante démonstration d'éclairage d'objets polis (dans une cuisine professionnelle glacée et sophistiquée) parfaitement mis en scène. Superbe !
à part cela on apprend que le H3D-31 est à moins de 10000 euros (vive la concurrence) et qu'un nouveau zoom grand angle trente-nonante est sorti. Vous souhaiteriez l'utiliser sur film ? dommage, il n'est utilisable qu'en numérique... normal car sa distorsion et autres défauts résiduels sont corrigés par logiciel. Oui, mais si je le monte sur un H2 et un dos film par exemple ! à voir, mais le boîtier, prévenu de la supercherie, va-t-il déclencher ?
Allez, encore une belle image, une vue aérienne d'une grève de sable noir d'Islande, de toute beauté, par, Hans Strand (un nom prédestiné pour une plage)
l'image reproduite dans le Victor :
http://www.hansstrand.com/Hans_Strand/Seales.html
le site de l'artiste :http://www.hansstrand.com
D'où la transition cousue de fil blanc de Göteborg vers Iceland Review.
Pour être promotionnelle, on ne voit pas comment Iceland Review pourrait ne pas l'être, vu qu'à longueur de pages on y vante les mérites de l'Islande, de ses paysages et de ses habitants. Mais à l'Islande, que j'adore, on pardonne tout !
D'habitude, là haut, tout va bien, mais en ce moment en Islande les récents événements dans la finance mondiale ont mis la pays au bord de la faillitte. Certes, nous ici nous avons nos courtiers-flambeurs avec des positions osées, mais en Islande les même jeux d'écriture ont pris une dimension catastrophique pour tout le pays. Le Royaume Uni a gelé des avoirs islandais dans les banques britanniques, en vertu d'une loi censée combattre les fonds douteux issus du terrorisme international ! Imaginez l'émotion dans la (par ailleurs) très sage République d'Islande ! Du coup Iceland Review nous livre un compte rendu des événements ! il y a eu à Reykjavík des manifs dures, avec police et gaz lacrymogènes ! incroyable !
Je vois d'ici les larmes monter aux yeux de ceux qui étaient vers la rue Gay-Lussac en '68 et qui voient Dany le Rouge (avec ses fines lunettes, le temps a passé) sur les affiches électorales du 7 juin prochan !
Bref, le gouvernement islandais est tombé... et dans Iceland Review on en parle, on est loin de la revue touristique promotionnelle habituelle avec le Grand Geysir en action sur fond de ciel bleu sans nuage !
Heureusement les belles images (d'hiver pour ce numéro) de Páll Stefánsson sont là pour remonter le moral des islandophiles idolâtres dans mon genre. Páll Stefánsson travaille toujours avec des blads mécaniques sur film, en particulier un SWC dont il est un vrai virtuose. On devrait lui conseiller de lire le Victor pour changer de matos, mais ce n'est peut être pas le moment de passer chez le banquier à Reykjavík pour un crédit !
Des glaciers d'Islande à ceux des Alpes, des banques de Reykjavík à celles de G'nève, le pas est vite franchi grâce au Glacier Express de notre chère voisine la Confèdèration ; ce qui nous amène à l'Alpe (N°45, été 2000) consacré aux petits trains dans la montagne dont la Suisse est un paradis. Mais pas seulement ! on a le train Grenoble-Veynes et celui de la Mure, et le train des Pignes de Nice, etc... donc pas d'hélvétolâtrie bêlante après l'islandolatrie SVP !!
Plutôt que des photos spectaculaires, on trouvera dans cette belle revue "l'Alpe" , dans le registre publicitaire & promotionnel, une superbe collection d'affiches comme on les aimait dans les années trente, très contrastées, des couleurs vives tranchées, une exagération rigolote des reliefs montagneux qui faisait passer sur les publicités de l'époque les flancs de la colline de la citadelle de B'sançon (je crois que c'était une pub du PLM) pour les faces Hornli et Zmutt du Cervin !
N'empêche que le train de la Jungfrau aurait dû monter jusqu'au sommet et qu'il passe effectivement dans la face nord de l'Eiger !
Finalement l'affiche n'est-elle pas supérieure lorsqu'il faut vendre le rêve plutôt que la réalité et la légende plutôt que l'histoire vraie ?
Autres images rigolotes, des images N&B mises en couleurs (cartes postales anciennes) entre autres, une avec des dames 1900 en chapeau fleuri en train de cueillir les narcisses en descendant du petit train vapeur des rochers de Naye à Montreux ! On pense à Pierre Stringa qui y est peut-être allé ce printemps... ;-)
Bref, un beau numéro de l'Alpe à consommer sans modération, d'autant plus qu'on y voit à la fin, en pages d'annonces d'expos, une expo à Turin, un photographe italien du siècle dernier qui pose malicieusement avec rien de moins que 7 rolleiflex autour du cou !
Bonnes lectures !
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