Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 12-07-2006 12:18
Amusant le septicisme,
Monseigneur, vous avez raison de fustiger les incroyants.
Autrefois c'était le bûcher ou au mieux les galères. Aujourd'hui cela vous amuse, c'est donc un progrès.
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Non, Henri il ne s'agit pas d'être sceptique, mais de remettre l'effet Callier dans le contexte de l'évolution de l'optique. En revanche tu as raison de mettre en avant un effet bien connu et bien visible avant d'aller chercher des effets plus fins et peut-être invisibles.
À l'époque de M. Callier (le site du professeur Fumey nous apprend : Callier, André, 1877-1938, Belge. Physique. Effet Callier 1909), la notion de FTM optique n'était pas connue.
1909 : il y avait encore une cinquantaine d'années à attendre ;-)
Il y a donc l'effet Callier classique ou historique sur les densités moyennes. On est bien d'accord, le contraste dont on parle dans l'effet Callier de 1909 c'est le contraste plage à plage sans s'intéresser aux fines modulations. On peut voir l'effet Callier sur les densités et le contraste général du tirage avec un très mauvais objectif.
Plus l'émulsion est fine et moins elle diffuse et moins il y a d'effet Callier. Tu nous rappelle qu'il y a en sans doute peu dans les films couleur. L'effet dépend de l'éclairage : diffus = densité moindre, dirigé = densité plus forte. On est d'accord. Mais nous sommes toujours en 1909.
Il se trouve que par la suite (après 1938 at dans les années 50, y a-t-il des références de L.P. Clerc plus récentes que 1934 ??) on a trouvé que pour un objet non diffusant, selon la nature de l'éclairage, la FTM de l'optique qui forme l'image n'est pas la même.
Au passage parlant de L.P. Clerc, j'ai retrouvé sur Internet de belles photos de promo avec Louis Lumière lui-même. Belle époque pour la photographie et l'optique française (l'institut d'Optique fut fondé en 1920).
La FTM et la nature de l'image n'est donc pas intrinsèque à un objectif donné elle dépend aussi du type d'éclairage. Les microscopistes en font l'expérience quotidienne. Donc il y a certainement un effet de l'éclairage sur le piqué de l'image même si on agrandit un photomasque qui ne présente absolument aucun effet Callier. En termes techniques on parle de cohérence spatiale partielle au niveau de l'éclairage, c'est une notion développée dès l'avant guerre pour l'étude des images au microscope, les noms des pionniers sont Zernike (1936) et Van Cittert (1938) mais sur le plan mathématique c'est plutôt ardu.
Disons : parfaitement immangeable lorsqu'on est en train de régler son agrandisseur et n'en parlons plus ;-);-)
Pour mémoire :
« The concept of degree of coherence and its application to optical problems »
F. Zernike Physica Volume 5, N°8, août 1938, Pages 785-795
Le Prof Zernike se trouvait à Groningue en 1938, et à cette heure-là les citoyens & citoyennes européens, même les passionnés de tirage photo lisant le L.P. Clerc tous les jours avaient d'autres préoccupations.
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Dans un microscope ou un lecteur de microfiches avec une source ponctuelle on est en droit de dire que l'éclairage ponctuel améliore le piqué. Mais il s'agit d'un objet parfaitement binaire. Un peu comme un photomasque. Pas de demi teinte. Une horreur sur le plan artistique.
Dans le cas de l'agrandisseur dont nous parlons on peut rester raisonnable (j'avoue avoir cédé aux envolées lyriques FTM ces dernier jours) ; on peut donc penser que la source à condenseurs n'est pas assez ponctuelle pour invoquer une modification notable de la FTM de l'optique (mais c'est à vérifier !!) par rapport au cas diffus de FTM classique qui correspond parfaitement à l'éclairage à tête couleur diffusée ou à éclairage fluo diffus (fluo et flou sont des anagrammes, étonnant !!).
Cette discussion pose à nouveau la question de l'évaluation d'un tirage.
On est très sensible au contraste plage à plage et on veut un belle gradation de gris, qu'on l'appelle les Dix Zônes Selon Saint Ansel ou la Belle Courbe Sensito Bien Témpérée.
Mais çà ce n'est pas le micro-contraste, ce n'est pas la FTM, une optique c.. de bouteille permet de faire une belle courbe sensito avec ou sans effet Callier... sur l'image des gros carrés d'une gamme de gris de référence. Pas besoin de beaucoup de pl/mm pour cela.
Mais on est tout de même sensible au contraste des modulations puisqu'on donne la fameuse limite de 7 pl/mm pour l'oeil regardant à 25-30cm, l'oeil étant d'ailleurs une optique limitée par la diffraction associée à un détecteur extraordinaire qui a sa limite propre ; on peut donc imaginer donner pour la vision quelque chose qui ressemble à la FTM comme on donne la courbe de sensibilité aux fréquences sonores pour l'oreille. La manière dont la gamme 1 à 7 pl/mm est transmise sur le tirage agrandi (donc par exemple pour un 10X on part de 10 à 70 pl/mm sur le négatif) est donc importante également. Prétendre le contraire ce serait un peu comme prétendre qu'il n'est pas besoin d'une bande passante de 20 à 15000 Hz pour écouter de la musique à la radio, que les basses à 50-100 Hz suffisent ;-) (par parenthèse, à entendre ce qui sort de certaines voitures au feu rouge mes côtés, je me repose parfois la question)
Ce qui rend l'affaire... confuse c'est que l'effet Callier de base, appelons-le à fréquence zéro, dépend de l'éclairage et des propriétés diffusantes du film, mais que la transmission des pl/mm dépend aussi de l'éclairage... lequel des deux, finalement, du point de vue de l'observateur, est le plus important ?
En pratique les bons livres sur le tirage parlent de l'effet Callier traditionnel sur les densités qui est sans doute l'effet prépondérant mais lorsqu'on met une lampe ponctuelle çà ne suffit plus comme explication. Les livres classqiues des années .. .disons 70 disent également qu'il y a plus de netteté avec le tirage ponctuel.
Et c'est vrai qu'il était d'usage d'évoquer « plus de piqué avec l'agrandissement à condenseurs » mais l'effet Callier-de-1909 est-il responsable de cette impression de piqué, vraie ou supposée ?
Passons aux années 1970 : au-delà de l'effet Callier classique sur les valeurs moyennes de densité il y a un effet Callier généralisé sur les fluctuations de granularité ; c'est l'étude de P. Chavel et S. Lowenthal qui proposent un modèle de transmission de l'image du grain du film vers le tirage via l'optique, en fonction du type d'éclairage.
Il y a donc un effet Callier sur les fines modulations dues à la granularité.
La belle texture de grain doit en principe dépendre fortement de la nature de l'éclairage.
Et en pratique ?
Il faut, c'est clair, bien accorder ses gammes de gris et le contraste initial du négatif (ou de la diapo en tirage positif/positif) au procédé de tirage. C'est seulement lorsque la gamme de gris est bonne qu'on peut commencer à chercher une influence de l'éclairage sur le tirage.. Sous réserve d'avoir remis le c.. de bouteille de 1900 sur l'étagère et de lui avoir substitué une bonne optique de tirage. Une optique des années 1970 suffira.
On peut donc effectivement avoir quelques doutes sur l'amélioration de netteté apportée par un tirage classique à lampe opale plus condenseur par rapport à un tirage en lumière diffuse... mais le problème est que dans l'évaluation de l'image, le contraste des grandes plages est la première chose frappante avant la netteté de bord de trait ou le micro-contraste (qu'on peut voir, disons jusqu'à 5-7 pl/mm)
Sachant qu'il est incontestable que l'éclairage dirigé de type lecteur de micro-fiches est indispensable pour la netteté de contour dans l'image d'un objet « binaire » où se place la lampe opale et les condenseurs pour un tirage artistique avec une belle gamme de gris ? Plus près du diffus ou plus près de la lampe ponctuelle ?
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