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 De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 10:48


Bonjour
Je vous soumets un problème certes personnel, mais dont d'autres souffrent peut-être également en silence...
J'ai un mal à fou à concevoir mes images en série et particulièrement de les agencer de façon qu'elles se répondent ou pour le moins se complètent. Je conçois volontiers la série autour de plusieurs images parlant du même sujet, mais de façon abrupte, roches, arbres, etc. Je suis persuadé à l'avance qu'il s'agit là d'une vision simpliste de la série. Une approche plus "recherchée" de la série semble me dépasser complètement.
Ce qui est vrai pour mes photos l'est aussi pour celles des autres, à savoir que l'agencement d'un livre ou son fil conducteur m'échappe presque systématiquement.
J'aimerais avoir votre sentiment à ce sujet, vos expériences, et surtout quelle méthode puis-je adopter pour évoluer vers une organisation moins "terre à terre".
Merci d'avance
Cordialement

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: P ZELER 
Date:   25-01-2005 11:08


Jean-Philipe,

J'ai la même problématique et adopte pour l'instant également une démarche "terreà terre".

En ce qui me concerne, je raisonne en ...graphisme. C'est à dire que les images exposées ont un lien simplement par leur "effet graphique sur le mur d'exposition".

Mais lorsque l'on voit ds une galerie un ensemble d'images qui n'ont de série que le fait qu'il y est plusieurs images, je me dis que nous ne sommes pas les seuls à (devoir) se poser la question.

Tu vois, tu n'es plus tout seul !!

A suivre...

Pierre Z


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-01-2005 11:12

Travaillant dans le livre,
Cette notion de série est indispensable ;-))

J'utilise une "méthode" praticopratique simple.
Dites des à priori : donc une idée de départ supposée absurde et sans rapport avec le sujet et je construis une suite sur cette idée, une fois cette ébauche d'organisation mise en place, je détaille toutes les charnières et retouche la série si nécessaire, ensuite je me raconte une histoire qui doit coller avec l'ensemble, c'est plus facile pour cener la cohérence de l'ensemble, si cela ne va pas je recommence.
On oublie tout 3-4 semaines et on retourne au charbon.

Pour la série au moment de la prise de vue c'est la même chose, sauf que l'on ne moissonne pas les images 2 fois, les cycles de prise de vue sont sans retour possible, c'est juste l'organisation de la série qui reste un long travail.

Une belle histoire sans importance, c'est tout ;-))

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Frederic Cornu 
Date:   25-01-2005 11:16

Votre problèmatique ne serait pas de vous interroger sur votre projet photographique ?

Il me semble en effet que votre questionnement pourrait aussi se formuler ainsi:
Quelle cohérence dans mes images les unes par rapport aux autres, quel fil conducteur, quelle démarche photographique et quel projet artistique ?

La notion de série est je pense non adéquate dans votre réflexion, et si je me souviens bien de vos images que j'ai vu je ne sais plus trés bien ou sur le net, je pense que vous avez dépassé cette problématique.

Travaillez sur votre projet artistique au sens littéral du terme, écrivez éventuellement un texte ou du moins les lignes directrices de votre réflexion, prenez position sur une approche et une démarche photographique ( personnellement je pense que c'est pour vous déjà le cas) et faites vos images dans ce sens.

Maintenant, si un travail de commande vous oblige à réaliser 20 images sur un sujet, on peut appeler cela une série, mais pourquoi ne pas considérer que 2 ou 3 de ces images peuvent coexister avec d'autres dans une présentation de vos travaux. C'est justement là qu'intervient la cohérence d'une approche photographique.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: jean claude pr 
Date:   25-01-2005 11:43

Bonjour
Frederic à mon avis soulève la vrai question.
Et puis pourquoi vouloir faire des séries s'il ne s'agit pas d'une commande et qu'on en a pas le désir?
ça m'énerve cette sempiternelle demande de séries, ça doit dit-on mettre en évidence une "démarche" et donc valoriser les images. Certains fonctionnent comme cela, tres bien mais celui dont la démarche est différente n'a pas à se forcer pour plaire!
Le pere Monnet avec ses meules avait cette démarche à ce moment là, pour des raisons qui étaient propres à sa recherche artistique. Et maintenant c'est devenu une mode, un passage obligé, même si c'est souvent emm... pour tout le monde.
Laisse tomber si tu ne le sens pas Jean Philippe, les galeristes sont necessairement des marchands étant donné le prix du metre carré, ils ont des demandes de vendeur, ils connaissent la clientèle bien conditionnée, il faut les excuser c'est leur gagne pain.
La série c'est toi c'est moi c'est chacun avec l'alchimie secrete dans la tête qui nous fait choisir ceci et puis cela, il y a une cohérence c'est le cerveau de l'artiste et sa vie. Pas bvesoin que ce soit explicite et suffisamment déchiffrable pour les "connaisseurs" comme ils se nomment eux même.
jean claude


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-01-2005 11:47

Je comprends que l'on aime pas les séries,
Mais je pense que la question de Jean-Philippe parle de l'organisation des images,
Sans forcément tomber dans la série conceptuelle,
Une expo çà s'organise, un livre également, on ne jette pas les images au hasard ;-))

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 11:49

Bonjour,

j'interviens sans être :
- instituteur;
- professeur des universités;
- docteur en optique fondamentale;
- opticien;
- professionnel de prise de vue photographique;
- expert en médiologie;
- directeur artistique;
- conservateur en chef de collections;
- critique d'art,

bref en parfait amateur qui se demande comment relier deux photographies.

La série est une technique de discours et de découverte vieille comme le monde des représentations ( les bisons, les batailles, les vertus, les vues, les portraits, la répétition, la photocopie, le minimalisme).
La série existe en musique (nombreuses exemples de séries complétes et techniquement parfaites par Bach), en architecture, en scupture, en littérature, etc.

Donc pas d'invention nouvelle, juste une technique de fabrication à mettre au point par vous-même. La série comme en athlétisme est un entraînement.

Chacun a sa propre façon de faire une "série". Cela dépend de son environnement culturel (dont il faut être conscient pour s'en libérer), de son éducation ( dont nous sommes à la fois bénéficiaires et victimes), de ses connaissances professionnelles (avec ses tics et ses trucs).

Cela s'apprend. La fréquentation des bons auteurs est essentiel : il faut lire beaucoup, voir beaucoup et chaque jour.
Il faut questionner les séries : quel débût, quelle fin, combien d'éléments, quelle progression, quel projet initial, quel projet final? Est-ce réussi? l'artiste a réussi?

La série est une progression. Il faut savoir "marcher " et lier ses pas. D'où un travail critique de ses propres oeuvres.
Et surtout: avoir les idées claires et sans complaisance envers soi-même.

Le talent en phtotogrAphie est un préalable si vous réalisez les prises de vues vous-même; sinon pour la conception de la série, demander l'aide d'un directeur artistique, d'un designer, d'un styliste, d'un enseignement.

Il faut savoir aussi que les toutes les séries connues dans l'histoire de l'art ne sont jamais parfaites, complétes, équilibrées, tout-à-fait valables en soi. D'où une grande part d'incertitude et de liberté d'ouvrage.

POur vous entraîner à la série, voir les collections de musée (oui! ), les ouvrages sur les peintres, les oeuvres littéraires ( certains romans ou autres exercices de style), les histoires de la musique ( MOnterverdi, Bach, Beethoven, Chopin, etc.). Plus accessibles et évidement plus centrés sur la photographie : les albums de grands photographes devenus classiques (Atget par exemle) consacrés à un épisode de l'histoire, à des villes, à des régions ( paysages) à des événements médiatiques.

Le principe reste le décorticage et la digestion (des noix), le démontage et le remontage (des réveils) , l'analyse le crayon en main. Oui, du travail parfois difficile quand on est sans guide et toujours enrichissant intellectuellement;
La photographie est une représentation intellectuelle avant la réalisation matérièle.

En pratique : pour une série, faites un script comme au cinéma ( éventuellement dessiné) et écrivez une histoire.

Cordialement


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean VIGNE 
Date:   25-01-2005 11:58

Je viens du cinéma et de la télé, j'ai fait du court-métrage et du sujet de magazine pendant des années. J'ai commrencé par faire des repérages d'extérieurs, des photos de plateau pour les copains, ou des documents pour les banc-tîtrer.
J'essaie de faire mes photos comme je faisais mes films.Avant de me lancer dans une série de photos, j'écris une histoire, avec un début, une fin, une évolution. Ca ne me sert généralement à rien, sinon de bouée de sauvetage le jour où je n'ai pas d'idées.
Mes séries se forment naturellement - un détail d'une photo me suggère une autre prise de vues, autre sujet, ou retour sur place avec une autre lumière ou un autre cadre.
Je n'ai jamais exposé, ce qui limite ma compétence pour traiter des états d'âme de celui qui ne parvient pas à créer des familles d'images. Par contre, je me suis toujours amusé aux mêmes jeux, je suis revenu faire les mêmes images aux mêmes endroits avec 30 ans de décalage, parfois très consciemment, parfois, par hasard ( mais était-ce le hasard ?).
Je gagne ma vie en photographiant les besoins et les désirs des autres ( graphistes, maquettistes, éditeurs)- ça me permet de temps en temps, aussi, de faire une image que je garde, parce qu'elle est tout à fait hors du sujet, mais je l'aime.
Mais j'ai dû paraphraser une partie de l'intervention de mon honorable prédécesseur.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: jean-claude LAUNEY 
Date:   25-01-2005 12:09

Je ne me sens pas trop qualifié pour intervenir, mais je me demande s'il ne faut pas différencier la série du sujet commun à un ensemble de photos ?
Certains ne chercheraient ils pas plutôt un style commun à un ensemble de photos sur un même sujet ?
Atget faisait-il des séries ou bien traitait-il suivant son approche personnelle un sujet commun à plusieurs photos ?

La série me semble-t-il demande une cohérence très grande dans la construction, le sujet, et dans la technique ( focale, angle de vue, éclairage, tirage ....identiques)

JCL


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: guillaume p 
Date:   25-01-2005 12:34

Chez Bach, il s'agit de 'suites'…
Pourquoi ne pas penser en 'suites' ?
Pour moi, 'série' évoque 'typologie'. On ne sait jamais où ça s'arrête !
'Suite' me parle plutôt de récit…
On peut explorer un thème, aussi…
Ou mettre des images côte à côte : diptyque, triptyque, … parce qu'il y a un écho.
On peut écrire, ne serait-ce qu'un titre…

PS : j'aimerais que Gérard m'explique ce qu'il entend par 'série' en architecture (ceci n'est pas ironique).


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 12:45

J'ai la même problématique et adopte pour l'instant également une démarche "terreà terre".

Rassurant...Je me croyais le seul handicapé de l'agencement intelligent...
Merci Pierre

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 12:49


Je vous lis avec intérêt Henri, mais ma deuxième question serait la suivante:
La petite histoire que l'on se raconte est sensée être l'articulation de l'agencement des images; cette petite histoire apparaîtra-t-elle au spectateur ou alors le but est-il également d'inspirer voire de forcer son questionnement ?

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 13:00


Je me suis rendu compte avec le temps que j'ai une propension (facheuse ou pas) à poser mon objectif toujours sur les mêmes sujets, à base d'eau essentiellement. Certes je reste moi-même en cédant à cette tendance, mais du coup nait un sentiment de redîte, pour moi, mais aussi pour le spectateur.

Encore que ce propos doit être relativisé par l'utilisation de la chambre qui m'a un peu "ouvert les yeux", corollaire à mon sens du grand dépoli et des possibilités de se rapprocher.

Concevoir une "série" m'aménerait peut-être à des images que je n'ai pas forcément envie de faire, il y a peut-être du positif dans cette idée finalement.

Lors des expos, le choix des photos correspond finalement au "best of" (dixit Jimmy que je salue bien bas), ce qui ne semble pas une finalité. suffisante.

Je prends bonne note de votre propos. Je vais tenter de forcer ma réflexion sur ce qui me conduit à faire telle ou telle photo et tenter d'identifier les raisons intrinsèques de ces choix

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 13:04


Je me suis effectivement demandé Jean Claude si cette "pseudo" nécessité ne correspondait pas à une mode.
Une seule photo peut émouvoir beaucoup et donc se suffire à elle-même...Mais cette demande de cohérence est tellement récurrente que j'ai fini par penser que j'étais dans l'erreur...

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 13:06

Mais je pense que la question de Jean-Philippe parle de l'organisation des images,
Sans forcément tomber dans la série conceptuelle,


Absolument Henri, si je suis semble-t-il peu accessible à la série, je suis en revanche hermétique au "conceptuel", sans le dénigrer toutefois.

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 13:07

Mais je pense que la question de Jean-Philippe parle de l'organisation des images,
Sans forcément tomber dans la série conceptuelle,


Absolument Henri, si je suis semble-t-il peu accessible à la série, je suis en revanche hermétique au "conceptuel", sans le dénigrer toutefois.

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 13:09

du travail parfois difficile quand on est sans guide et toujours enrichissant intellectuellement;

Je n'en doute pas, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je m'y intéresse.
Merci

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   25-01-2005 13:11


Guillaume

En revanche, les diptyques ou triptyques me "parlent " beaucoup plus. Les assemblages me viennent dans ce cas beaucoup plus naturellement.

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 13:14

Non, votre intervention plus concise que la mienne est plus pratique pour les honorables participants à ce forum.

Je n'ai fais que délayer le peu que je sais par plaisir d'exposer (désolé pour le jeu de mots involontaire). Une façon de flatter mon égo...ergo sum.

Une série de photographies est en effet une histoire. A la différence des histoires racontées au cinéma, la série photographique est sans doute plus lâche, moins ordonnée et incomplète. L'histoire donnée - implicitement ou explicitement - par une série photogrpahique n'est pas à priori une demande du spectateur ( en bon français : "on s'en fout "). Plus souvent, c'est l'habillage d'une offre.

Le scénario ou l'histoire, impératif catégorique, d'une série photographique n'est pas une raison suffisante, ni vraiment nécessaire ( tant pis pour la philosophie).

Beaucoup de séries - au moins celles vues par hasard- proposées en exposition, en livres, en déclarations vidéo, ne créent pas de valeur ajoutée à l'oeuvre du photographe.

Le script ( pour rester dans une ambiance cinématographique) est double :
1°- Elle a pour but de faire "offre" pour la vente et faire "concept" pour la promotion;
2°- Elle est, pour le photographe, prétexte à lier un travail de prise de vues ou à l'exploiter ( H.G a raison : on ne moissonne jamais deux fois la même photo. En grand-format surtout)

Cordialement


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: David G 
Date:   25-01-2005 13:26


à l'inverse la série impose parfois sa loi au photographe, ainsi on peu être amené a éliminer une photo très ou trop forte pour renforcer la série !
La cohérence prends le pas sur le visuel, c'est pas pour me déplaire !


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 13:55

Bonjour,

je réponds à chaud à votre question sur les séries d'architecture. Je vous expose (désolé) ce qui fait série en architecture, sans référence en mémoire , ni document.

Un ensemble de pavillons ( résidences, maisons, folies, pavillons d'exposition, maisons de réception) constitue une collection. Si cette collection de constructions est ordonnée, elle constitue une suite ou série. Ces constructions peuvent identiques car elles forment un collection, mais en théorie et pratique, elles doivent être différentes pour satisfaire un besoin esthétique de variation. Car, une duplication à l'identique d'un objet n'apporte pas d'information nouvelle et donc une occasion de créer une diffèrence esthétique est perdue comme de créer une émotion supplémentaire.
De plus, seuls des procédés automatiques peuvent dupliquer parfaitement (à l'homogénéité du matériau près)

Autre exemple : une colonnade est une enfilade de colonnes identiques à vue d'oeil.
En fait, un architecte aura prévu des colonnes différentes ( dimensions, position, direction, ), car chaque colonne a plusieurs fonctions . Ces différences ou variations sont parfois subtiles et ne se voient au premier coup d'oeil.
Regardons les chapiteaux des colonnes de nos églises qui ont la même fonction de portage et de pédagogie catéchistique . Leurs dessins et des ornements sont pourtant diffèrents.
Loi générale en architecture ( je viens de l'inventer): Une architecture regroupe des éléments architecturaux à la fois identiques en masse et différents en détail.

En musique, les suites de J.S Bach présentent des variations sur un théme annoncé. Elles font série car les variations sont ordonnées. Les variations sont audibles et se lisent sur la partition mais ne sont pas entendus par un néophyte (question d'oreille, d'éducation). D'autres variations - comme certaines notes pour des raisons techniques- sont inaudibles tout en étant écrites.

En photographie, les séries sont plus lâches que les séries musicales et architecturales et les variations plus visibles voire contraires. Différence fondamentale : les séries photographiques ne sont pas nécessaires pour faire oeuvre. Elles accélérent la promotion rapide du photographe par effet d'annonce.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: patrick cartou 
Date:   25-01-2005 14:03

Jean-Philippe

Tu vois, tu n'es pas seul à t'interroger, et tu as dépassé ce stade (comme on te l'a dit)...moi je m'interroge en permanence sur la notion d'ensemble cohérent, sans avoir vraiment trouvé la réponse.
C'est vrai qu'une photo exceptionnelle (exagération caricaturale certes) isolée d'un contexte n'a pas beaucoup de valeur pour moi.

Patrick


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 14:15

VOus avez raison de différencier série et collection d'images.
La série est une collection de photographie ordonnée suivant une loi de variation supposée ou explicite .

Une exposition de vues disparates peut devenir une série par comparaison instantanée. Un sens (direction, signification, ) qui s'en dégagerait transformerait instantanément une collection en une série.

Atget faisiait-il une suite ou une collection de vues sur Paris?
Il faut interroger Atget pour le savoir.
C'est une collection au sens de la muséologie. Mais pour une exposition , un documentaire ou un livre, des séries peuvent être crées si on sélectionne suivant une règles explicite ( un script, un scénario ou une histoire).

Une histoire racontée à propose d'images donne du sens. Le sens donne de la valeur - vraie ou supposée- à l'image. La valeur fait vendre. L'offre et la demande - éventuellement artificielles - créent de la valeur. CQFD.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: guillaume p 
Date:   25-01-2005 14:19

Quand on parle de série en architecture, on parle plus souvent de reproduction d'un modèle (exemple de Le Corbusier à Pessac, les cités minières et autres 'maisons en bandes'…).
Qu'à l'intérieur d'un édifice, on trouve une répétition d'éléments ne tient pas à la simple volonté de faire une série… Ce qui n'exlue pas le fait que le concept de série puisse être un moteur de conception architecturale.

Vite fait, à chaud…


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 14:21

Oui , exact; la cohérence forte d'une série peut amener à l'élimination d'un élément de la série qui est valable en soi.
La loi s'applique aussi à la photographie; c'est heureux pour notre santé mentale.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 14:30

Oui, la série en architecture est généralement synonyme de reproduction à l'identique d'un modèle. Cette reproduction fidèle n'apporte rien à l'oeuvre de l'architecte. Sauf, dans le cas où l'ensemble des éléments identiques devient une oeuvre en soi.
D'ailleurs, certaines cités minières ont leur charme ( bien exposées, rénovées, habités). Leur jardin, leur clôture, la couleur de la façade, etc. sont tous diffèrents, donc intéressants d'un point de vue esthétique et social.

Un photographe ne recherchera pas en tant que photographe à reproduire à l'identique.
La machine fera mieux que lui. Andy Warrol n'était pas photographe; mais un new-yorkais qui à une autre époque aurait fait une seule Marylin Monroe et jamais une seule bouteille de Coca-cola.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: sven.c 
Date:   25-01-2005 14:48

A la différence de la suite dans la série j'y vois parfois une sorte de collection.
Et pour moi les collectionneurs ont quelque chose de malade.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Gérard F. 
Date:   25-01-2005 14:53

Pour faire suite à l'intervention de JCL pour qui la série demanderait la même technique pour avoir le maximum de cohérence.

C'est éventuellement vrai : mais pas nécessaire. La série peut porter par exemple sur la couleur, l'utilisation du polaroîd, le recours au platinium, le travail en grand format, les effets spéciaux par la retouche numérique, etc.

La série photographique, bien que graphique car elle doit se voir, est d'abord une démarche conceptuelle. Elle peut sélectionner à postériori des prises de vues ( H.G: on ne moissonne pas deux fois la même image) .
Ce travail reste au niveau du concept car il s'écrit en mots plaqués sur des images ou sur des fantasmes: "Tchéchénie : image d'une guerre coloniale oubliée", "Vues minimales", "le Paris d'Atget", " Les jeunes filles en fleur d'Hamilton", etc;.

D'où parfois l'accusation d'art conceptuel quand le concept s'adosse à une oeuvre vide ou semblant manquer de substance pour le spectateur lambda ( ce que nous ne sommes pas sur ce forum ).


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   25-01-2005 15:53

Pour ceux qui nous lisent depuis peu, et histoire d'alimenter cette intéressante discussion, un lien vers un échange plus ancien sur ce même forum. L'occasion aussi de dire le malaise que j'éprouve parfois devant le concept de "série".

n-f-6560.html

Au-delà du triptyque, j'ai l'impression que les images perdent un peu de leur force. Il y a des expos où j'ai le sentiment (exagération, bien sûr) d'être devant mon téléviseur, les images défilent, chacune trop rapidement remplacée par la suivante.

Marc


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean VIGNE 
Date:   25-01-2005 17:04

Je viens de tout relire.
Il me semble que personne n'a défini ce qu'était - pouvait être - devrait être - une série. Ce serait sympathique de la part de l'initiateur de ce débat d'essayer de nous faire comprendre ce que ce mot signifie pour lui.
Une définition dans un vieux Larousse en 10 volumes:
Suite de termes se succédant d'après une loi déterminée
par extension, suite, succession de ...


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: fabrice pejout 
Date:   25-01-2005 17:34

bonsoir,
si la photographie se donne pour fonction de révéler l'essence des choses (postulat romantique auquel peu échappent), elle peut le faire de deux manières différentes:

1°) faire de ce qu'elle photographie le symbole de toutes les choses appartenant à la même classe en y concentrant toutes les caractéristiques qui definissent ces objets.
Les ouvriers de Doisneau représentent L' Ouvrier comme les paysages d'A Adams représentent LE Paysage, ou le torse de G O'kieffe represente LE corps feminin.
Une image se suffit alors à elle même

2°)photographier le plus d'objets possible appartenant à une même classe, si possible toujours de la même manière; neutre, afin que s'en dégage le dénominateur commun,
l'ontologie, comme dirait le critique lettré.
ex; les Bechers

la série ne me parait avoir un réel intérêt que dans cette deuxieme perspective, même si c'est à la mode, influence de l'esthétique documentaire oblige.

Il n'en reste pas moins nécessaire d'organiser le cheminement du spectateur dans ses images, regroupées autour d'un même thème, en créant des passerelles entre les images, en s'appuyant sur des correspondances graphiques, par diptyques pour le livre, triptyque ou autre disposition pour l'expo.
Mais ceci ne relève plus alors que du plaisir de la promenade et pas du concept.

Voilà, je ne pense pas que la série soit un gage de qualité.
J'ai même souvent l'impression qu'elle n'est là que pour épauler conceptuellement des images qui ne se tiennent pas toutes seules graphiquement.

fabrice


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: guillaume p 
Date:   25-01-2005 17:48

C'est assez vaque cette notion de série…
Est-ce quelque chose de très strictement formel ?
La raison de la série est-elle seulement dans la forme, ou dans le sujet ?
Ou les deux, comme chez les Becher ?

Une question pour Marc (un peu taquine…) : considères-tu que tes images nocturnes constituent une série ?


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: guillaume p 
Date:   25-01-2005 17:57

J'oubliais de dire que ce qui caractérise la série, c'est à mon sens, l'aspect typologique.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: sven.c 
Date:   25-01-2005 18:03

"" l'impression qu'elle n'est là que pour épauler conceptuellement des images qui ne se tiennent pas toutes seules graphiquement.""

C'est la plus courante et mauvaise utilisation de la serie.
une image qui tiens, qui supporte.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-01-2005 18:07

Il y a tout de même pas mal de cas de vraies séries photographiques,
Dont les images séparées ne valent pas un coup de cidre,
Voir les séries de Duane Michel (je ne suis plus très sûr de l'orthographe),
C'est vrai c'est du 24x36,
Mais il y a qq bonnes réussites dans ses petites histoires ;-)

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: jean-claude LAUNEY 
Date:   25-01-2005 18:27

Série ?
Ce ne serait pas un mot à la mode ?
On ne parle plus du tout de thème par exemple.
Tapez " série photographique" dans Google.
On a l'impression que dès qu'il y a plus de 2 photos sur le même sujet on parle de série.

Dans le dictionnaire de la langue française :
au mot série pour la rubrique ARTS on a :

Ensemble composé d'œuvres qui possèdent entre elles une unité et forment un tout cohérent.

Deux mots sublimes :

Sériaire : ( adj ) qui forme, qui concerne une série.

ex perso. : l'ensemble des photos que j'expose est sériaire.

Sériette : ( subst fém. ) petite série.

ex perso : les quelques photos accrochées au mur forment une adorable sériette. ;-)


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: marinoel 
Date:   25-01-2005 18:38

Mais Duane Michals ce n'est pas de la série c'est de la séquence; c'est comme du cinéma mais avec des images fixes. Entre chaque image il y a une éllipse. Les images ne sont pas interchangeables en place sinon le sens est totalement détruit.

marinoel


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   25-01-2005 18:47

Bonne question, Guillaume. Au sens où elles constituent un ensemble cohérent, oui, elles forment une série au sens le plus courant du terme. En même temps, ce n'est pas comme ça que j'ai envie de les voir ou que je les ai pensées, ce n'est pas dans mon esprit une typologie du paysage urbain nîmois, par exemple. Et l'idée de "travailler pour la série", c'est-à-dire de faire des photos juste pour "étoffer" l'ensemble, augmenter le nombre, ne m'attire guère. On tombe dans le commercial, il faut se vendre, être crédible, montrer qu'on n'a pas réussi ça par hasard, non, il peut le refaire ! ;-)

En fait - pardon pour ceux qui n'ont pas vu ces images - j'aimerais que ce soit plus une recherche sur la mince frontière entre la photo comme représentation d'un sujet et la photo comme objet autonome, avec sa surface et ses matières. De ce point de vue, si je veux me faire comprendre d'un très hypothétique spectateur, j'ai peut-être besoin d'un certain nombre d'images : certaines du côté du sujet (une belle image nocturne, bonne couv' pour un roman noir), certaines du côté de l'objet pur (que des gammes de gris, des matières, sujet quasi non identifiable), et enfin les images "magiques" qui flottent entre ces deux pôles et qui sont celles qui m'intéressent vraiment. En ce sens, il y a peut-être une nécessité à la série (limitée, j'espère ;-). Bref, il faut un peu enfoncer le clou pour se faire comprendre.

Et puis honnêtement, ces images "magiques", c'est un tel miracle pour moi, un tel émerveillement quand tu pèles le Pola et que tu vois apparaître ça, que c'est surtout pour ce bonheur intense que j'en refais, de ces photos ! ;-)

Marc


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   25-01-2005 19:13

J'ai beaucoup de mal à appréhender cette notion de série telle que vous essayez de la définir, les uns et les autres.

Ne pourrait-on pas parler de "thèmes" plutôt que de séries ?

Je ressens quelque chose de péjoratif dans le mot "série", comme une idée de répétitivité, de rabâchage, dont il faudrait venir à bout.

Par exemple, comment définiriez-vous les photos de Hilla et Bernhard Becher ?

Peut-on dire que toute leur oeuvre a pour sujet la "Photographie industrielle", et que les
châteaux d'eau, les gazomètres, les silos à charbon, les charpentes sont des thèmes ?

Jean-Philippe, je ne suis pas d'accord avec ton affirmation que "ta vision de la série est simpliste". Peut-être ne l'as tu pas assez finalisée dans ton esprit, mais ce n'est certainement pas simpliste.

Il doit y avoir de la spontanéité dans la photo, et là j'ai l'impression qu'on devrait plutpot s'acheminer vers la réalisation d'un film long métrage : scénario, dialogues, musique, casting, repérages, etc...

Croyez-vous qu'en peinture il y ait ce genre de processus ?

Que faites vous de l'inspiration ?

Je pense qu'on peut avoir plusieurs thèmes en tête, et à l'occasion, si on est placé dans une situation où on "sent" une image, c'est très probablement qu'elle est une partie d'un de ces puzzles qu'on a en permanence dans l'esprit.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-01-2005 19:22

Pour moi je ne pense pas du tout que le terme série soit un terme précis,
C'est un joyeux fourtout, dans le quel on met ce que l'on veut du moment qu'ils sont plusieurs.

Pour Duane Michel, ou des séquences, pourquoi pas, mais la séquence est une série spécifique, idem pour le thème qui est une série spécifique.

On peut dire la même chose, d'un diptique, d'un triptique, de l'ensemble des images d'une livre, d'une expo, d'un reportage etc

c'est un terme affreusement basique ;-))
Tellement basique qu'il siet aux conceptuels ;-)))))

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Chung-Leng 
Date:   25-01-2005 19:42

Bonsoir tout le monde,

Cette question de la nécessité de la série en photographie est intéressante. Personnellement, je pense qu’il y a deux positions extrêmes consistant d’une part à faire de la série une typologie et de l’autre à faire de la série juste le choix des « meilleures photos ». Entre les deux, il y a une telle richesse de présentations possibles ! Encore une fois, à chaque projet photographique sa présentation, point de dogme en ce domaine. La série n’est pas forcément synonyme d’inventaire à finalité classificatoire. Une série de photos peut être une invitation à la promenade comme le dit Fabrice. Une série peut prendre la forme d’un parcours, d’un cheminement comme le montre le livre de Thierry Girard, Sur la route du Tôkaidô.
Je prends un exemple, si vous voulez faire le portrait d’une ville, n’importe laquelle, présenter une série de photographies n’est-il pas une bonne façon de parler de cette ville ? À mon sens, ça l’est bien plus qu’une ou deux zolies images. Et quand je dis série, ça ne concerne pas uniquement la typologie qui est une définition trop restrictive.

Je remarque pour finir que les Français aiment bien se lancer dans un débat sans avoir au préalable clarifié les termes sur lesquels ils allaient débattre. ;-) Ce fut aussi le cas sur le fil que j’ai initié sur Stephen shore où il était question du banal. Ce n'est pas une critique, juste une remarque amusée.

Chung-Leng


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-01-2005 19:56

>>Je remarque pour finir que les Français aiment bien se lancer dans un débat sans avoir au préalable clarifié les termes sur lesquels ils allaient débattre. ;-)>>

Je crois que l'on peut réduire la phrase sans se tromper,
Les Français aiment bien débattre ;-)))

Je crois que cela suffit, et si possible, des débats inutiles, sur des sujets que nous ne pouvons changer, cela s'appelle : "refaire le monde".

Chung-Leng, sans vouloir en aucun cas vous offencer, je pense que vous êtes originaire d'extrème orient (votre nom sans doute), vous comprendrez la phrase que me lance une amie du Vietnam.

"Vous (les français) cherchez la vérité, nous nous l'avons trouvée"

En fait on seraient assez déçu si on trouvait la vérité, on serait moins enclin à débattre de tout de rien,
C'est comme de parler bouffe à table, cela vous campe une civilisation ;-))))

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: jean claude pr 
Date:   25-01-2005 20:03

Bonsoir
Pour répondre à une intervention d'Henri Gaud sur ce fil, c'est vrai que les images ne doivent pas etre jetées au hasard (encore que...on pourrait y développer une controverse) mais le contraire du hasard c'est un ordre, une suite, une succession ordonnée selon un fil conducteur plus ou moins visible, plus ou moins risible quelquefois pour des séries apparentées à de faibles rébus.
Bref un tout cohérent avec peut etre un sens de lecture quoi que l'accrochage en constitue déjà un.
Le mot de série me gêne un peu, le défunt Monsieur Taylor n'ayant pas été pas je crois un artiste au sens où on l'entend habituellement, à moins que la production des automobiles fasse partie des manifestations d'art.
jean claude


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Chung-Leng 
Date:   25-01-2005 20:33

Henri Gaud,

Quand je dis les Français, je m'inclus dedans. ;-) Et ce d'autant plus que sur le fil dont je parle, c'est moi qui ai lancé le débat sans en clarifier les termes ! J'ai fait cette remarque car j'en ai discuté avec Nicolas Marailhac (que vous connaissez) ce samedi et il disait que nous, les Français, aimions nous jeter tout de suite dans un long débat alors que les Allemands de leur côté étaient beaucoup plus "carrés".

[3615 je raconte ma vie]

Effectivement, je suis d'origine asiatique, chinoise pour être précis, mais je suis arrivé en France à l'âge de 2 ans. Je me considère en grande partie français. Alors oui, refaire le monde entre amis, combien de fois l'ai-je fait ! ;-)
Bref, en dehors de mon apsect physique, je ne suis pas très exotique ! ;-)

[3615 je raconte ma vie]

Chung-Leng


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-01-2005 20:39

Chung-Leng

>>mais je suis arrivé en France à l'âge de 2 ans.>>

A 2 ans on apprend tellement vite, on a tellement envie d'apprendre,
Que vous êtes vite devenu Français ;-))

C'est vrai cette manie des débats "bille en tête", je connais assez bien ;-)))

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: guillaume p 
Date:   25-01-2005 20:44

D'accord pour dire que la typologie est une définition restrictive de la série.

Au fond, je crois que la question initiale est plus de savoir trouver une raison d'associer des images, que cette raison soit formelle, conceptuelle ou je ne sais quoi d'autre.
Frédéric C. a très bien répondu…


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: frederic cornu 
Date:   25-01-2005 21:50

Merci Guillaume .......


 
 Re: De la nécessité de la
Auteur: henri peyre 
Date:   25-01-2005 22:35

La série, comme on l'a souligné ici, permet une sorte de mise en valeur des images qu'elle regroupe en forçant le spectateur à la calibration de son analyse. On oblige le spectateur à l'attention artistique. A accoutumer son oeil à l'intérêt du photographe.

Par la série, le photographe montre également qu'il a de la suite dans les idées, qu'il ne faut pas croire que ces photographies, chacune prise isolément, n'aient pas de valeur. Il monte au-dessus de la photo du vulgaire amateur en se faisant conceptuel. Comme Evans, il devient éditeur.


Bon. La série c'est une affaire qui marche.


Mais le style dans tout ça ?
La série ne pourrait-elle être aussi considérée sous certains aspects comme un style d'emprunt pour un photographe qui n'en aurait pas ?
Une façon pour le photographe de vivre plusieurs cohérences en faisant semblant de rester le même, aucune série ne le comblant réellement ?
En définitive la série comme pis-aller de l'absence réelle de style ?
Et l'absence de style comme absence de pensée, ou comme absence de compréhension chez le photographe de ce qui peut réellement le combler ?

Ce ne sont que des hypothèses basées sur l'observation dans le miroir d'un animal que je connais bien, l'honnêteté poussant finalement le dit animal au malthusianisme photographique ;-))


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   26-01-2005 06:47

Je pense qu'on peut avoir plusieurs thèmes en tête, et à l'occasion, si on est placé dans une situation où on "sent" une image, c'est très probablement qu'elle est une partie d'un de ces puzzles qu'on a en permanence dans l'esprit.

C'est exactement ce que je ressens Jean Louis, mais je cherche maintenant à terminer le puzzle. Finalement tant qu'il est en pièces, il ne correspond à rien.
En fait, mettre les images en ordre revient pour moi à identifier ce qui m'amène à faire certaines photos, qui, comme dit plus haut, tournent toujours autour de mêmes sujets .

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   26-01-2005 06:51


C'est marrant Jean Claude, l'idée de série me faisait penser au taylorisme également. Ce thème de série n'a-t-il pâs été relancé d'ailleurs par les photographes documentaires américains des années vingt ?

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe 
Date:   26-01-2005 11:12

Je penses qu'on peut remonter a Lascaux et a l'art ruppestre pour parler de serie (genre la chasse au bison et au renne, les mains en negatif, etc)...

Mais plus serieusement, je ne suis pas sur que le probleme soit pris ici dans le bon sens... au sens ou je pense que la serie se constitue d'elle meme si on travaille un sujet, que celui ci soit personnel ou une contrainte.
A l'analyse restrospective, je vois que j'ai plusieurs maniere de photographier
- comme tout amateur, tout et n'importe quoi, de maniere compulsive... mais de ce chaos sorte des obsessions, des idees fixes qui sont souvent a l'origine de series qui se constitue soit toute seule, naturellement, soit de maniere plus ordonner en faisant passer ces images dans un projet plus cosntruit au point suivant...
- de maniere plus ordonnee, par projet, plus ou moins ecrit et ordonne, qui aboutie souvent a une serie, mais pas toujours...

Je comparerais cette demarche a la demarche scientifique experimentale: de nombreuse etudes pilotes, n'aboutissant parfois sur rien, et quelques protocoles experiementals, plus cosntruits, de plus grande ampleur et aboutissant sur des resultats bien demontres...

Pour repondre a Jean Philippe, le fait de ne pas avoir de serie n'ai finalement pas tres grave ;o) ca se soigne.

Mais la serie n'est-elle pas finalement qu'un premachage pour le spectateur, un moyen de le prendre par la main, de l'emmener en terre connue, sans surprise, pour ne pas l'effrayer? Par exemple, on connais Stephen Shore, on va voir l'expo, on achete le bouquin, on est pas surpris... peut etre serait ce plus remua


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe 
Date:   26-01-2005 11:14

[faute de frappe... suite]

peut etre serait ce plus remuant d'arriver a l'expo stephen Shore et de trouver de ll'abstraction, des nature morte, de la mode, du nu, du paysage a la AA en nb...

@+

Christophe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe 
Date:   26-01-2005 11:16

PS:
"J'ai un mal à fou à concevoir mes images en série et particulièrement de les agencer de façon qu'elles se répondent ou pour le moins se complètent."
peut etre qu'il faut se faire aider, qu'un oeil neuf se penche sur ton travail et degarge des series (retrospectives)... j'ai deja fait ca avec des amis photographes et c'est tres amusant

@+

Christophe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   26-01-2005 11:32

Jean-Philippe,
crois-tu qu'on puisse terminer une série ?
Un puzzle, c'est très simple, il y a sur la boîte le nombre de pièces ;>)
Et puis il y a l'apparence. Le rectangle est fini, il ne manque aucune pièce. L'assemblage nous dit que c'est terminé.

Dans la tête c'est différent. Crois-tu qu'il est possible d'ordonner dans sa tête une suite d'idées qui relèvent de l'esthétique, de moteurs personnels, d'émotions individuellement ressenties, qu'on peut rarement faire partager.
Le puzzle procède de ton histoire, de ton vécu. Toi seul saura un jour que tu viens de placer sa dernière pièce.

Je ne crois pas qu'on puisse procéder ainsi. Alors, ou bien tu cherches autre chose, comme de démonter ta petite mécanique interne, ou plutôt tu cherches à rationaliser l'émotionnel.

Nous sommes tous mûs, à un certain moment de notre vie, par la pulsion de photographier quelque chose de bien précis. J'ai à une certaine époque, fait des photos de matières, un grand classique, je sais, rien de bien original. Sauf que c'était ma vision de ces matières.

Les vieilles portes, prises de très près, pour faire ressortir la matière du bois, et y inclure une certaine lumière. Est-ce cela que tu appelles une série ? Peut-être.

Eh bien, je ne l'ai jamais terminée, en ce sens que j'ai toujours envie de continuer ces photos de vieilles portes, mais je sais que la "série" ne sera jamais achevée.
Et heureusement. Imagine le vide et la déception quand tu as fini la dernière photo de la série,la page qui se tourne.

Alors que la vraie quête est sans fin.

En réalité, je pense que je recherche autre chose à travers ces photos. Comme ton puzzle.

Mais c'est quelque part très français de vouloir toujours coller des étiquettes sur tout. C'est rassurant, comme une collection de papillons, ou des vitrines du musée de l'homme.
Chaque échantillon est étiqueté, repéré, identifié, daté, et il a une petite pancarte qui reprend toutes ces informations.

Comme si ces insignifiants et tragiques repères nous permettaient de nous retrouver nous-même, comme les cailloux du Petit Poucet.

Nouss ne sommes jamais satisfaits tant que nous n'avons pas collé des étiquettes sur tout ce qui nous entoure, jusques et y compris nos schémas de pensée.


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: alec 
Date:   26-01-2005 11:48

Bonjour,

Je ne suis pas persuadé qu'il soit nécessaire de se tourmenter quand on ne fait pas de "séries".

La série est un concept à la mode, on voudrait nous faire croire qu'une démarche photographique n'est pas valable sans "série". absurde!!!

Moi-même je fais des "séries" depuis des années, j'expose des "séries" et j'en ai assez!.

J'ai réalisé des séries parce que j'étais dans l'obsession d'une chose précise qui me poursuivait et ne me lachait pas.

Si vous n'avez pas cette nécessité qui vous poursuit, n'essayez pas de faire "artificiellement " des séries qui ne seront qu'une vue de l'esprit. C'est mon avis.

alec


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Henri Gaud 
Date:   26-01-2005 11:58

Pourquoi voir un truc à la mode dans la série,
Un livre est une série,
Le livre est un monde assez vieux pour qu'on ne parle pas de mode ;-))

Jean-Louis,
Parle avec raison de série sans fin,
Mais je crois qu'il faut être de parti pris et faire qq chose,
Un choix, un album, et passer à autre chose.

La série montre que l'on a pris une décision, que l'on a fait un choix.

HG


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: jean-claude LAUNEY 
Date:   26-01-2005 12:14

Puisqu'on parle d'Atget par ailleurs, à la BN parle-t-on de série ?
Que neni !

On parle de thème, mot qui me semble plus juste comme je le disais hier.

Citation :

La collection Eugène Atget du département des Estampes et de la Photographie
Plus de 4000 épreuves positives réparties en

-6 albums thématiques constitués et titrés par Atget lui-même (360 images): Enseignes et vieilles boutiques (1899-1902),  La voiture à Paris (1910), Intérieurs parisiens, début du XXe siècle, artistiques, pittoresques et bourgeois (1910), Les Zoniers (1913), Paris, Fortifications (1913), L'art dans le vieux Paris (n.d.)
-3 albums thématiques constitués par le département des Estampes et de la Photographie (268 images) : Métiers, boutiques et étalages de Paris (1912), Vie et petits métiers à Paris (1898-1900), Documents pour l'histoire du vieux Paris.
-Les épreuves topographiques de Paris (et une partie de sa banlieue), classées globalement par arrondissement et par quartier (env.3200 épreuves).

fin de citation


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Jean-Philippe Poli 
Date:   26-01-2005 12:58

L'ensemble du fil m'amène à relativiser plein de choses, c'est déjà pas si mal...
Merci à tous

Cordialement

Jean-Philippe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe (213.223.37.---)
Date:   26-01-2005 13:41

Je pense que le point cle est cite par Henri: le plus dur c'est le choix, la decision...

mais attention, tant qu'a faire des serie, autant faire du cinema (des series a 24 images seconde...) ;o)))

@+

Christophe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Denis 
Date:   26-01-2005 13:51



Pour éviter les confusions entre "série", "thèmes", "cohérence", "style", etc. je crois qu'il faut déjà distinguer deux choses importantes : le sujet et les thèmes.

Le sujet, c'est en quelque sorte le noyau dur d'une œuvre, son cœur, son système, son fil conducteur, son essence; il n'appartient qu'à un artiste, c'est sa signature intîme, sa façon de percevoir, de retranscrire, etc. Un artiste n'a jamais qu'un seul sujet sa vie durant, plus ou moins fort, plus ou moins présent (il y a des œuvre plus fortes que d'autres).

Et puis il y a les thèmes : un portait, un paysage, des scènes de rue, une chaise, une voiture, un chapeau, des immaubles, etc.


Donc, de ce point de vue, il y a toujours à travers le sujet d'une œuvre (pour peu qu'il existe) un effet de série; il y a un lien entre toutes les productions d'une même œuvre. La difficulté est que ce lien est souvent sous-terrain, complexe, très difficile à formuler (pour Weston, par exemple, c'est la "compétition des flux", la compétitions des flux qui produisent les montagnes, les corps, les arbres, les rivières, etc.)


La série dont il est question à travers ce fil, je pense, concerne plus la série entendue comme le produit d'un protocole explicite. Il y a série lorsqu'on produit des images selon un certain protocole, formulé ou explicite. Il faut donc la distinguer du sujet d'une œuvre, ou de la notion de thème. Les Becher ont abordé plusieurs thèmes (chateaux d'eau, réservoir, maisons, etc.), mais selon un protocole assez fixe : frontalité, égalité

La série est une tendance qui me semble-t-il s'est pas mal développée depuis les années 1970, et qui aujourd'hui a tendance à devenir assez encombrante. Car elle peut servir de palliatif à pas mal de faiblesses.

La cohérence introduite par la série peut par exemple servir à masquer l'absence de sujet, ou sa faiblesse. Si mes photos sont cohérentes, alors il y a œuvre (ben non).

Elle peut surtout servir à alimenter un discours parallèle au travail, discours qui a tendance à occuper une grande place sur le marché de l'art.



Denis


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe (213.223.37.---)
Date:   26-01-2005 14:19

La serie comme objet encombrant n'est peut qu'un sequelle du photojournalisme?
@+
Christophe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Denis 
Date:   26-01-2005 14:32

"La serie comme objet encombrant n'est peut qu'un sequelle du photojournalisme?"


Perso, j'aurais plutôt tendance à penser que c'est lié à la montée en puissance du conceptuel qui, travaillant plus sur le sens que sur la forme, a besoin de la série pour appuyer ses démonstrations. Mais je n'ai pas d'opinion bien arrêtée sur la question.


Denis


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe 
Date:   26-01-2005 15:06

... ou peut etre qu'on ne remarque pas le caractere de serie quand il s'agit de photo documentaire ("la parade d'amour de la galinete cendree", "les horreurs de la guerre en Syldavie orientale", etc ;o)))) ) mais qu'il saute aux yeux quand la photo et son message ne font plus sens directement ou systematiquement (Bustamante, Ruff, Tillmans, etc...).

Une chose est sur, que tu te considere comme photographe plasticien (meme dans une agence de photojournaliste , cf Antoine d'Agata) ou comme photojournaliste faisant de la photo plasticienne, ou simplement comme photographe quinenveut, si tu as des pretentions quelqonque soit vers une galerie, soit pour une expo (plus loin que la salle communale de Mezidon-les-Deuxpognes) soit pour publier un livre, si tu n'as un travail coherent (que l'on appelle cette coherence SERIE, THEMATIQUE ou OBSESSION), c'est quasi impossible, on te dit de revenir avec 50 images dans la meme ligne (a moins que tu sois tres celebre, ou mort ou mieux, les deux!).

... enfin, un photographe qui ferait du "conceptuel" ne ferait plus de photo mais resterait dans le concept, l'idee l'art conceptuel n'aillant pas a priori de passage a l'acte, meme si cette definition s'est perdu dans les discussion de comptoir ;o)) ), mais je chipotte, je pense que tu voulait dire "plasticien" ;o))

@+

Chistophe

PS: Anne Geddes fait aussi des series (ok, de photos ridicules avec des BB cretinises ;o))) )


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Chung-Leng 
Date:   26-01-2005 15:13

Perso, j'aurais plutôt tendance à penser que c'est lié à la montée en puissance du conceptuel qui, travaillant plus sur le sens que sur la forme, a besoin de la série pour appuyer ses démonstrations. Mais je n'ai pas d'opinion bien arrêtée sur la question.


Denis


Je suis plutôt d'accord avec Denis sur cette question en ajoutant que le photojournalisme a surtout produit — enfin, c'est ce qu'on en retient avant tout — des icônes, ces images encombrantes qui cristaliseraient les temps forts de l'histoire récente (et à venir ?). Il y a plein d'exemples d'images fortes et uniques, je pense ici au soldat espagnol de Capa, la pieta algérienne de Houcine, la petite vietnamienne de Huynh Cong...

Autre chose, je trouve la remarque de Henri Gaud tout à fait juste quand il dit qu'un livre est une série. Donc oui, ça peut paraître être une mode aujourd'hui dans la photographie contemporaine, mais Robert Franck suivait-il une mode quand il a élaboré son livre Les Américains ?

Personnellement, mais je n'ai certainement pas le monopole de cette idée ;-), j'envisage la série comme un poème visuel. Un poète ne choisit pas n'importe comment ses mots qui, en outre, ne sont pas interchangeables. C'est un peu dans cet esprit que je conçois la série où chaque photo doit trouver sa place juste et où on ne peut remplacer une photo par une autre sans en modifier le propos général.

Chung-Leng


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Christophe 
Date:   26-01-2005 15:20

un poeme ou simplement le resultat d'un travail pense et construit...

@+
Christophe


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Chung-Leng 
Date:   26-01-2005 15:37

Je précise que quand j'écris que j'envisage la série comme un poème, ce n'est ni exclusif, ni la seule façon de concevoir une série. ;-)

Chung-Leng


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: Denis 
Date:   26-01-2005 15:42



Les américains de Robert Franck, une série ? J'y verrai plutôt un thème général. Robert Franck n'a pas réalisé ce travail selon un protocole pré-déterminé. Ce n'est pas parce que l'on a associe des images dans un livre que l'on fait une série. Enfin, il me semble.

Denis


 
 Re: De la nécessité de la "série"
Auteur: pscl 
Date:   26-01-2005 15:48

Une série en photographie? Non, à part la chronophotographie je vois pas...
Pascal B.




 
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