Auteur: Jimmy Péguet
Date: 11-01-2005 14:57
Quelques mots sur deux livres reçus la semaine dernière. Du premier, il a déjà été question : Nico en avait parlé rapidement ici, j'en avais brièvement dit quelques mots dans ce fil. Il s'agit du livre de Bill Burke au titre en français, "Autrefois maison privée". Un vingtaine d'années de voyages dans les pays de l'ancienne Indochine française, Cambodge, Laos, Vietnam. Des polaroids noir et blanc, de magnifiques portraits en situation, des ateliers, des usines, des rues, de vieux cinémas, beaucoup de maisons. Des maisons de l'époque coloniale (on dirait la banlieue parisienne ou une petite ville de la province française), des bâtisses modernistes des années 30, des constructions des années 60, tout cela parfaitement conservé durant des années. Burke suit l'évolution du temps à travers l'architecture. Certains ba^timents sont transformés, d'autres sont recyclés, certains disparaissent. Ce livre est un des plus beaux que j'aie récemment eu en mains. Nico disait que le livre lui parlait de son enfance, moi qui n'ai rien à voir avec l'Asie du Sud-est, il me parle de la mienne : ces rues humides, ces ateliers ouverts sur la rue, ces vieux entrepôts à la lumière grise si particulière, ces peintures écaillées... Bizarrement, la première fois où j'ai touché le livre et aperçu les photos, j'ai pensé qu'il était question d'une autre chose qui m'est chère, le Sud américain et sa littérature. A cause des bâtiments, de l'humidité, j'imagine. Les horreurs des 50 dernières années sont partout présentes. Comment, mêmes dans les photos du quotidien le plus ordinaire s'empêcher de penser à la guerre, comment dans les rues de Phnom-Penh ne pas penser au génocide Khmer ? Je n'ai pas pu lâcher ce livre durant des jours. L'impression en trois tons est superbe, rendant parfaitement les teintes très délicates des tirages et le beau rendu du Polaroid, avec ses noirs un peu baveux qui vont si bien à l'humidité omniprésente. En introduction, une très courte lettre de Sirik Matak (dont l'histoire ne se souvient pas en bien, à cause de son association avec le maréchal Lon Nol, mauvais coup pour le Cambodge) à l'ambassadeur américain Dean qui le pressait de s'enfuir au moment de l'évacuation de Phnom-Penh en 75. Je parle trop vite de ce livre, je suis un peu à la course.
Signé par l'auteur, acheté 75 $ aux USA chez Vincent Borrelli (une adresse que m'avait donné Nico, ce libraire est très bien, regardez son catalogue rien que pour baver) http://www.abebooks.com/home/VPBORREL/. ISBN 1-57687-180-0. Power House Books éditeur.
Le second livre est un classique petit Photo poche acheté à l'occasion de l'exposition Stieglitz, paru en 2004, et consacré à Alvin Langdon Coburn, que j'avais raté lors de sa sortie. Le livre est bien fait, la petite introduction de Michel Frizot excellente, c'est l'occasion de découvrir ou d'approfondir un peu ce photographe extrêmement intéressant, un peu oublié, peut-être à cause de son étiquette pictorialiste.
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