Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 22-10-2004 11:32
Bonjour,
Préambule: je tapais ce qui suit quand le couperet s'est laissé tomber… Mais comme des trublions ont enchaîné, je ne vais pas me gêner, non mais!
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La photographie en noir et blanc n'aurait elle plus rien à dire pour se laisser engloutir?
N'est-elle pas simplement irremplaçable? En quoi?
Je rejoins et apprécie le mot de Marc Genevrier. La matière de la photographie en noir et blanc est la lumière, en couleur c'est autant la lumière que la couleur. D'où, pour moi, la plus grande difficulté du travail en couleurs. D'où le côté essentiel du noir et blanc. Qui ramène au monde du rêve, du souvenir, qui concentre les choses.
C'est autant une forme primitive qu'une forme concentrée. On rejoint là l'histoire de l'art et des civilisations.
Elle ne se laissera pas engloutir ni remplacer car on y reviendra toujours. Une des voies du travail intellectuel pourrait être de concentrer les choses, le regard, de supprimer le superflu et de ne garder que l'esssentiel. La photographie en noir et blanc le permet incomparablement sur la couleur. Mais d'autres mediums le permettent incomparablement sur la photographie, il est vrai.
Je ne sais pas si la photographie en noir et blanc ne va pas évoluer, si les techniques traditionnelles ne vont pas être abandonnées du plus grand nombre, y compris des photographes, au profit d'autres méthodes. Bien sûr, il existera toujours des (au mieux) amateurs ou des (au pire) félés-du-casque pour pratiquer ceci ou cela. Mais peut-être qu'une forme de travail traditionnelle (le film commercial développé puis tiré sur un papier commercial, c'est-à-dire sans les contraintes de la production artisanale des consommables) tendra à disparaître? Je n'en ai, pour le moment, pas l'impression.
J'ai plutôt l'impression qu'il y a un besoin de voir perdurer une certaine forme de travail du noir et blanc, avec tout le côté magique, un peu sorcier, du procédé traditionnel. Vous me direz, j'ai intérêt à croire à cette idée, il en va de mon travail, mais quelque part j'en suis convaincu: se sentir aux prises avec la matière (la lumière, l'eau, les transformations chimiques que l'on peut comprendre sans les jamais voir, que l'on peut penser sans les jamais toucher, tout cela est magique, insaisissable mais apprivoisable, logique mais toujours à la lisière du monde du hasard…) n'est pas qu'une question de beauté du geste ou de qualité de travail, il en va aussi d'une manière de comprendre et de penser les choses, une manière de se placer quelque part.
Pour sortir de cette histoire de pseudo-anticipation de comptoir, en un mot, non, la photographie en noir et blanc ne disparaîtra pas.
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J'ai l'impression de marcher derrière Marc G. ou Jimmy P., mais j'aime quand même le dire.
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