Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 30-09-2004 19:36
Bonsoir,
Cette idée de neutralité idéale qui pourrait conduire à une meilleure compréhension des œuvres par une objectivation extrème du procédé les créant m'intéresse aussi (surtout quand j'entends parler de Chevreul, de théories de la couleur et de peinture abstraite! ;-) Je ne sais pas pourquoi, ça me chatouille, comprenne qui pourra!).
Et ça me rappelle exactement les chemins de pensée qui ont pu amener Kandinsky, Malevitch, Vasarely (tiens, lui aussi a été cité sur un autre post, non?) à la peinture abstraite, après les travaux de Cézanne, Matisse, Mondrian, mais aussi Chevreul, Rood, Goethe, Ostwald, etc. Même souci de la recherche d'un langage pur débarassé des conventions culturelles de perspective, de forme, de ligne, de figuration et de production: Vasarely a tout fait pour produire ou pour donner la possibilité de produire des œuvres reproductibles, recréables par quiconque sans même avoir à toucher un pinceau. Donc, en un sens, on rejoint cette idée de neutralité: la main, la maîtrise technique (que ce soit celles du peintre ou celles du photographe argentique, par exemple) s'effaceraient au profit d'un outil de production plus objectif, et par làe plus neutre.
Or je crois que ces grands esprits ont échoué. Je pense que l'idée de neutralité idéale porte bien son nom: comme le paletot de Rimbaud, elle n'existe pas. C'est comme une sorte de fiction nécessaire, en un sens: il peut être intéressant d'y croire, ou de le faire croire. Mais c'est totalement hors de notre portée: accessible peut-être par l'intelligence, mais en aucun cas partageable au plus grand nombre et n'offrant que peu de possibilités de s'y retrouver physiquement, comme le propose Pierre Stringa.
En plus, ces Cézanne, Matisse, Kandinsky et consorts, à la différence de la technique photographique numérique, menaient leurs recherches seuls, en tout cas n'étaient pas menés par la formidable poussée commerciale qui accompagne la photographie numérique. Leurs convictions, pour absurdes, utopiques, mégalomaniaques ou je ne sais quoi d'autres, n'en étaient pas moins sincères. Sans médire sur les intentions des promoteurs de la photographie numérique, je ne pense pas que leur sincérité soit du même ordre.
Enfin, moi, pour ce que j'en dis…
Justement, à propos de cette possibilité donnée de s'incarner (le mot est fort, mais intéressant) à la photographie, j'y trouverais (et ce n'est que mon point de vue) plus de sens en photographie argentique, où les choses prennent plus de sens concret, même quand on pratique la couleur. Mais surtout en noir et blanc fait-à-la-maison, bien sûr. Pour autant, en tant que spectateur, là, tout est bon: argentique, numérique, les deux, tout peut être vecteur.
Bis repetita: moi, pour ce que j'en dis…
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