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 ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   25-09-2004 15:12

D'un extrait d'une discussion entre José Bergamin et Luis Bunuel, un soir de septembre, à Madrid.

"Pepe, que dirais-tu d'un carré d'agneau avec moi? - Non, Luis, non. Je peux manger tant que tu veux , des escargots, des gambas, des petits oiseaux... mais pour moi, à partir du lapin, ça ressemble trop au toro."

...et, par dérive surréaliste, une question vient: le numérique ressemble-t-il trop à l'argentique?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christophe 
Date:   25-09-2004 15:20

oui, sans doute
@+

Christophe


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   26-09-2004 09:57

Il lui ressemble tellement que de nombreux professionnels sont prêts à prendre l'un pour remplacer l'autre…

Mais l'argumentaire professionnel est souvent réduit à des considérations productivistes, ou quand il les dépasse pour s'aventurer sur le terrain de l'esthétique, c'est pour louer les qualités de neutralité du 'support'.
En effet, plus vite que l'argentique, le numérique tend à cette neutralité qui a motivé le progrès du support traditionnel : moins de 'grain', plus de dynamique, moins de réactions à la diversité des sources lumineuses. Tendance à une neutralité idéale, espèce de vision totale qui ressemble étrangement aux motifs qui animent le progès ds l'image de synthèse.
Donc, après avoir tenté de ressembler à l'argentique, puis après l'avoir dépassé, le numérique voudrait-il ressembler à une image de synthèse ?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Jean-Marie Solichon 
Date:   26-09-2004 10:11

J'ai sous les yeux une impression 20x30 (@ 240dpi) d'une photo de cerf réalisée par un photographe animalier à qui j'avais prêté mon D70. Si l'on tient compte de tout : taille du "tirage", résolution, type de capteur (l'objectif est certainement un télé Nikon " de course"), le résultat est à mon sens supérieur à ce que l'on peut obtenir avec un ekta 24x36 numérisé sur du matériel de gamme homologue.
Bon, ce que je veux dire c'est que je suis parfaitement en phase avec ce que dit Guillaume, mais qu'il faut nuancer le propos en ne comparant que des outils de positionnement technologique identique ( mais de prix pas forcemment comparable).
La taille de sortie, en particulier, est un critère déterminant: le numérique s'effondre (à mon avis) à partir d'une certaine taille, alors que l'argentique numérisé de manière appropriée peut aller beaucoup plus loin sans dommage.
Bon dimanche à tous
Jean-Marie


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   26-09-2004 12:23

Bonjour
Non le numérique ne ressemble qu'un peu à l'argentique
et pour moi encore moins!
c'est peut etre un effet de mes mauvais réglages piezo mais j'ai tiré sur du Bergger prestige grade2 dans du Neutol 1+10, puis léger virage sélénium un négatif 4/5 que j'avais numérisée avec mon espon 1640U en 3200 et imprimée en A3.
Il y a photo!
L'impression est bonne mais ce n'est qu'une impression, pas de profondeur, pas de relief, moins d'émotion.
Ceci n'est pas une profession de foi c'est simplement le résultat d'une comparaison!
je n'abandonne pas , je persiste avec ma 1290 et mes encres warmtone mais pour l'instant la révolution n'est pas faite.
Je ne parle pas de la distance encore augmentée entre ce qui se voit et ce que je fais quand je tire en numérique, Il y a du monde chez moi: messieurs epson, monsieur microsoft, monsieur piezo, ces messieurs et dames de chez adobe!
jean claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   27-09-2004 13:45

Bonjour
Je pense à un prolongement de la série présentée à Nimes 2004 des tirages d'un même négatif.
Mais cette fois différement, dans le but de faire une comparaison qualitative plutot qu'un inventaire, restreindre les techniques pour ne garder que celles qui satisfont aux criteres de haute résolution (netteté et rendu différentiel des valeurs, rendu des textures) . Ceci afin d'essayer de répondre aux questions QU'IL FAUT SE POSER en ce moment et non pas fuir en pensant ou en écrivant que les progres des nouvelles technologies et l'ouverture de notre portefeuille apporterons enfin les remèdes à une certaine dégradation de la qualité. Le bonheur pour demain en quelque sorte...
Le métier, la bonne technique, le bien réalisé et le pérenne ne font pas l'art à eux seuls mais le "n'importe comment "non plus sous l'alibi de la spontanèïté et du délire créatif.
Des propos réactionnaires? je ne crois pas, simplement une exigeance nécessaire.
jean claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   27-09-2004 14:16

Bonjour,

Je sens mes camarades habitants habituels de ce forum,
Trop timides,
Trop modestes,
Peu concient de leur capacité d'adaptation,
Et surtout de peu de mémoire,
Dommage !!!

Ne retenons qu'un chose,
Nous n'avons jamais eu autant de choix,
Et les qualités possibles sont très diversifiées et de très haut niveau,
Pourquoi ne pas se contenter de cela,
C'est déjà pas si mal,
Le mot choix a aujoud'hui un sens incroyable pour les gens qui pratiquent la photo depuis les années 70, par exemple.

Bonne journée

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   27-09-2004 18:58

Bonsoir
Claude Plessier bien connu des héliograveurs et de ceux qui ont apprécié ses images à l'atelier de Saint Prex ,est venu me voir cet apres midi et nous avons confronté nos impressions, c'est le cas de le dire, quant à l'utilisation des imprimantes pour faire des tirages N&B. Tirages à l'appui.
Bon, nous avons les mêmes problèmes, lui avec des 1160 "kitées" piezo et moi avec ma 1290 S à cartouches piezo.
On retrouve les mêmes genres de déboires, le mot n'est pas trop fort avec des "à plats" dans certains gris privés de détails comme un pulvérisation boueuse sur certains secteurs. Feuillages indifférenciés, herbes grisouilles et sans relief, cailloux dans les cours d'eau comme recouverts de boue.
Le défaut en question ne semble pas inhérent aux encres piezo car il apparaissait déjà mais agrémenté de métamérisme avec les cartouches standards.
Les images sont belles collées au mur dans une expo mais quand on s'approche c'est assez dég..
Peut etre le défaut vient il d'un autre endroit de la chaine, par exemple par le scanner, je vais savoir cela sous peu grâce à un scan de qualité qui m'a été agréabement proposé.
Claude a eu une idée qui me semble meilleure que celle que je préconisais comme une suite aux déclinaisons de Nîmes, il s'agit de faire entre un groupe de volontaires à partir de quelques négatifs proposés par les uns et les autres des tirages jet d'encre et de faire circuler un classeur entre les différents participants.
Le tout devant s'arreter quand les combatants...vous connaissez la suite.
Cettte opération de travail en commun, dans la bonne humeur évidemment, permettrait nous l'espérons de faire un peu le point sur la question, dans l'état actuel du matériel évidemment.
On pourrait ouvrir un fil spéialement sur le sujet, les conclusions , provisoires, seraient évidemment publiables sur le forum avec l'accord d'Henri Peyre.
Qui est intéressé pour préciser le projet et y participer?
amitiés
jean claude

Qui serait intéressé par ce projet?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   27-09-2004 19:13

Peut-être faut-il ouvrir un nouveau fil…

Quand à votre histoire d'aplats, il y a quelque temps, quand je disais que ça venait peut être du driver de l'imprimante, l'idée sous-jacente était qu'un RIP ferait certainement un meilleur travail d'impression…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   27-09-2004 19:31

Bonjour,

Je pense que ce problème ainsi que tous les problème que rencontre le N&B avec les imprimante courante tient à l'échantillonnage, en couleur on s'en sort pas trop mal car nous avons 3 fois 8 bits, mais en N&B, (à part avec un système à N couche, adressables à N encres), nous fonctionnons en 1 fois 8 bits et il est probable que cela ne suffisent pas.

Toutefois je pense que l'on peut améliorer le système par un scan très adapté, de bonne qualité et en 16 bits en RVB pour le convertir une fois les corrections effectuées et monochrome ou en trichromie s'il possible de separer l'adressage des couches.

Mais je ne pense pas que l'on puisse rivaliser avec le gélatinobromure d'argent, qui est lui aussi un système binaire, mais avec un échantillionnage incomparablement plus fournis, et une transmission analogique pour des raisons physiques.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: PLESSIER Claude 
Date:   27-09-2004 20:22

Bonsoir à tous ,
Entièrement d'accord avec Jean Claude, faisons un travail en commun, très rapidement . Crevons l'abscès une bonne fois et travaillons efficacement si cela est possible.Il y a des Amis sur le forum qui disent que tout est parfait dans les tirages PIEZO etc. Moi je veux bien et j'en suis très heureux pour eux , mais je pratique depuis trois ans et je suis déçu en ce qui concerne les impressions de positifs pour la réalisation d'héliogravures au grain. ALORS, MAINTENANT , JE VEUX VOIR DE PRES ce que font ceux qui sont enchantés, cela serait vraiment sympa de leur part.A l'avance MERCI à TOUS.

C.PLESSIER
Je signale un fil "tirage piezo" lancé il y a un mois et sur lequel je suis resté sur ma faim.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   27-09-2004 20:32

Bonsoir
Henri, merci pour vos pistes à explorer, auriez vous un peu de votre temps disponible pour participer à ce genre d'exercice?
Je me doute que vous avez du travail et à la différence de moi ou de Claude pas les mêmes motivations.
je pense qu'au départ, les images arriveront et parleront d'elle mêmes, ensuite il faudra expliquer la méthode et ce sera certainement un peu plus long.
A mon avis il faudrait constituer un groupe de 6 à 8 personnes.
amicalement
jean claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   27-09-2004 20:55

Bonjour,

Je veux bien participer à ce test,
Mais je ne fais pas de piezo,
Pour ma part le N&B reste traditionnel,
Mais je peux faire des scans sans problème.

D'autre part est-il possible de garder le pilote classique RVB et de mettre des encres N&B partout, des gris et des noirs, la machine, une 2100 fonctionne-t-elle ainsi,
Pour pouvoir avoir 3 vraies couches N&B et travailler en vrai 24 bits.
Il y a peut-être des rip qui le propose.
Ceux qui ont déjà des imprimantes sacrifiées sur l'autel du Piezo,
Pourraient tenter cette expérience ;-)

Les auteurs des articles sur les procédés Piezo font l'impasse sur cette question,
Et je me pose la question : ce procédé 3 couches existe-t-il et est-il possible (par rapport au flicage de l'imprimante) ?

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel Guigue 
Date:   27-09-2004 20:57

Bonsoir,

Je planche aussi sur la question, bien que pas équipé piezo.

La comparaison de deux tirages de grand format (30x72 cm), l'un en piezo par Yvon et l'autre par moi-même sur 2000P avec encre noire seule, me fait ne pas franchir le pas de l'investissement piezo !

Jean-Claude nous dit :

<<Les images sont belles collées au mur dans une expo mais quand on s'approche c'est assez ....>>

Avec une loupe, peut-être, mais à 40-50 cm, ça passe bien. Alors, il faut savoir ce que l'on cherche et veut. L'outil jet d'encre est encore jeune et se perfectionne rapidement.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   28-09-2004 09:58

Bonjour
Michel, pas besoin de loupe pour voir les patés!
Tu as raison quand tu dis que les outils se perfectionnent, il s'agit modestement de faire le point actuellement, avec ce qu'on nous offre.
J'ai déjà lu sur ce forum, des gens enchantés par leur 2100 et d'autres tout à fait dégoutés.
Ce que je crains au fond c'est qu'on s'habitue à ce manque de qualité, comme le grand public s'habitue aux gros nez des gens photographiés de près avec de courtes focales comme il est de règle dans tous les médias. ça finit par faire un "style" alors que c'est au départ une contrainte subite.
Il y a des gens qui ne savent pas voir la différence entre un poster et une héliogravure, il y a quelques années des photographes, un surtout, se sont élevés contre la généralisation des papiers RC avant que soient totalement oublié les autres.
je ne me prends pas pour José Bové mais il y a "la mal bouffe", il risque d'y avoir" le mal voir".
Je lis sur une boite de Hahnemühle: ...." ce papier..est destiné à satisfaire les besoins des photographes, artistes et utilisateurs de photographie digitale" ...que vient faire ce mélange artistes et digital la dedans? et plus loin "applications courantes photographies, illustrations, cartes postales, menus, certificats, diplomes"
Je trouve ce papier superbe mais il faut faire de superbes images dessus ,là est la question.
jean claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel Guigue 
Date:   28-09-2004 10:32

Bonjour,

Pour faire le point là dessus, de façon valable, il faudrait réaliser différents tirages et impressions d'un même original, avec les différents procédés disponibles ; les coller au mur et en discuter objectivement.

Faire circuler en un premier tenps un PF 4x5 N&B, chacun en fait une image 20x25 cm avec ses moyens, ... peut être une approche. ?

Je veux bien participer avec une 2000P et scan 2450. (ça date mais marche toujours).


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   28-09-2004 10:46

Suite à l'intervention de Guillaume

... Avec un peu de retard je reprend le fil.

"La neutralité idéale" est un idée fort intéressante à développer. Cette idée nous éloigne du débat purement technique sur la différence de résultat (définition de l'image, précision du tirage, etc...) pour poser la question du médium. Il me semble que la question de la "neutralité idéale" constitue le "noeud" de dissemblance (pour ne pas dire de différence) entre les deux médiums (établi pour l'un, en devenir pour l'autre). Aussi, je repose la question (...naïve?): le numérique est-il un médium photographique?

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 10:46

Michel, c'est exactement ce qui a été présenté à Nîmes, sans permettre de tirer des conclusions claires. Il y a à mon sens trop de variables (type de scanner, opérateur, …).
Seule une comparaison très scientifique permettrait de tirer quelques conclusions.

Pour ma part, j'utilise pour réaliser des tirages de lecture N&B, les courbes duotones et quadtones de PS. Même si la modulation dans les tons moyens n'a pas la subtilité des procédés analogiques, je ne constate pas de problèmes d'aplats, ni aucun artefact, et suis même assez satisfait des détails retrouvés dans les ombres (pour des tirages de lecture, je souligne).


 
 Re: ... ça ressemble trop aux discussions techniques
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 10:48

Nous voilà rappelés à l'ordre ! : )


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: franck 
Date:   28-09-2004 10:48

Je pense comme Guillaume que les drivers et la résolution de l'imprimante sont à mettre en cause avant les encres ou le papier.
Jean-Claude, pour comparer je peux vous envoyer un exemple de tirage (fichier noir et blanc, imprimé avec les encres couleur sur une 2100, papier archival mat), à 1440 et surtout dans les tons sombres des détails sont "éffacés"(mais aussi dans les zones à faible contraste), ce qui génère des zones plates, à 2880 les détails sont présents "presque" comme sur le fichier. Ceci met hors de cause le fichier et son échantillonnage dans ce cas précis.
Ce n' est certes pas du piezo mais le défaut que vous décrivez ressemble tellement au résultat constaté sur la 2100...

Franck


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 11:55

Pierre, je ne suis pas sûr qu'il faille reposer la question en ces termes (le numérique est-il un médium photographique?), au risque de retomber un éternel débat. Il me semble que l'on peut accepter (pour avancer) l'idée selon laquelle la capture sur silicium répond à la définition éthymologique de la photographie. Il y a changement d'état sous l'action de la lumière, et ce changement d'état est encodé pour, dans un second temps, être restitué sous une forme visible (cf Michel Frizot…).

Si on regarde la photographie comme phénomène physique, le scientifique peut se satisfaire de l'idée que le progrès de la photographie se situe dans l'amélioration de sa capacité à restituer les luminances du monde réel, de la manière la plus fidèle possible. Fidèle à quoi d'aiileurs ? A notre perception ? Au réel, pour pouvoir s'y substituer ?
Tout ce que je sens pour l'instant, c'est que cette quête d'une neutralité idéale va à l'encontre de l'idée de regard.

Si maintenant on regarde la photographie comme un phénomène culturel, disons artistique pour parler d'un domaine ou l'idée même de progrès est exclue. L'idée de mimésis a été abandonnée depuis longtemps. La photographie est reconnue pour ses capacités à traduire un regard, une pensée sur les choses, et c'est le jeu de décalages entre 'effet de réel' et réalité de l'image, la confrontation entre ce que je reconnais et le jour sus lequel le photographe me le montre, qui font l'intérêt de la photographie comme art.

A vous la balle, j'ai mal au crâne… : )
Heureux ceux qui dans un siècle auront le recul suffisant pour rire de ce débat !
C'est dur, les périodes de transition… : )


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   28-09-2004 12:02

Bonjour,

>>C'est dur, les périodes de transition… : )>>

Ce qui est dur c'est de penser qu'il puisse y avoir des périodes sans transition ;-)

J'ai commencé en Photo avec des plaques Bauchet, et subit la querelle puis l'hégémonisme du petit format, et le discours sur la photo en couleur qui n'est pas de la photographie, finalement le numérique s'inscrit très bien dans cette mutation permanente et donne de beau sujet de conversation ;-)

C'est la transition qui est permanente, c'est la vie tout simplement.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 12:09

Henri, on va pas se lancer dans ce débat, mais le numérique, avec la convergence des médias (comme on se plait à le dire sans en peser encore les conséquences…) c'est un changement plus profond qui dépasse les limites de la photographie.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   28-09-2004 12:15

Bonjour,

Guillaume,

Tu as raison,
Mais c'est aussi une caractéristique du temps présent de penser que nous sommes à la charnière de qq chose,
Il suffit de lire l'histoire du monde,
Pour constater que c'est d'une banalité affigeante,
C'est tout ce que je veux dire.

Pour ce qui est de la photographie,
Je pense que son invention est une mutation beaucoup plus considérable que son passage au numérique,
Par contre la société numérique suite à la naissance du 1er ordinateur est une mutation très importante, mais la photographie n'est pas un cas isolé, elle est noyé dans la masse.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 12:20

OK !
Il est certain que la vrai révolution, c'est la photographie elle-même, et je me demande parfois si on en a bien à présent compris tous les effets…
J'aime à me demander ce qu'il se serait passé (ou pas) dans les années 1780 si la photographie avait été inventée un siècle plus tôt. : )


 
 …ça commence à être intéressant…
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   28-09-2004 12:24

Bonjour,

Pour ma part, je comprends la photographie numérique comme l'aboutissement actuel de ce que l'on peut estimer être le progrès positif de la photographie, d'un point de vue technique voire commercial (mais loin de toute considération esthétique).
Ce progrès est une quête qui date des débuts des déboires de cet outil, qui est l'instantanéité. Instantanéité, terme qui englobe beaucoup de choses:
- instantanéité de la capture (temps de pose court, appareils rapides, légers, focales mutiples, etc.)
- instantanéité de la restitution (visibilité immédiate, transmission itou, etc.)
- instantanéité de la lecture (on voit en couleurs, on abolit le temps de l'interprétation des nuances, on peut même "voir dans le noir", au besoin on explore les frontières de l'image photographique: petites séquences animées avec le son, etc.)

C'est un phénomène très vaste et englobant, qui dépasse le cadre de la photographie: elle-même fait partie de cette quête. Il y a là quelque chose d'inéluctable, quelque part. Tous, tout y mène. C'est bien connu, "on veut tout, tout de suite".

C'est ici que je pressens être le point de friction avec les tenants acharnés d'une certaine éthique de la photographie: on pressent qu'à l'heure actuelle, un outil nous est donné pour aller encore plus loin, la machine s'emballe et nous entraîne. Or il y en a qui n'ont rien demandé!

Pour ma part, je trouve cette quête de l'instantané aussi utopique que, par exemple, vouloir pouvoir comprendre la civilisation de tel pays en faisant un voyage de 5 jours/6 nuits repas compris. Au contraire, une autre voie est de creuser plus profond le point où je me trouve, ce qui implique, certes, une certaine attitude statique et une prise de position par rapport au temps: je ne cherche plus ni à l'arrêter ni à le maîtriser, je m'inscris dedans.

N


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   28-09-2004 14:06

Bonjour
Je pense que la discussion entraînée par Pierre Stringa et qui donne lieu à des échanges passionnants doit se poursuivre en dehors de ma , de notre quête terre à terre d'un point de l'impression jet d'encre en N&B - aujourd'hui et avec les outils accessibles à l'amateur (pas tres précis mon affaire!) . Impression qui semble satisfaisante pour certains, pas du tout pour d'autres. Ce n'est pas une question à laquelle on pourra amener de réponses satisfaisantes sans passer par des échanges concrets de photos imprimées avec tous les renseignements utiles pour savoir comment on est arrivé à ce résultat.
Il faut donc ouvrir un autre fil, comme il a été suggéré.
je crois qu'il faut éviter de partir dans un projet d'ampleur trop ambitieuse, le parc machine d'imprimante jet d'encre utilisées pour le N&B peut etre assez réduit par exemple 1290 1290piezo, 2100, 4000 pour ceux qui en ont.
Chacun tire un ou quelques négas par impression et envoie par poste le tout à un autre, etc. le tout circulant avec des pages pour commentaires. Et puis on en parle via le forum ou directement.
Il me semble important de ne pas oublier que la haute résolution ne s'arrete pas au négatif et qu'il faut etre d'une grande exigeance au niveau du tirage pour la netteté mais aussi pour l'expression des densités (le modelé disent certains) et la matiere.
On ne peut se contenter de dire, mes négas sont bons (je ne parle pas d'esthétique) mais mes impression jet d'encre seront à la hauteur quand les incessants progres de l'industrie informatique le permettront.
jean claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   28-09-2004 14:44

Bonjour,

Je comprends très bien les propos de Nicolas,
Mais je trouve que nous meler à la masse des consommateurs,
Reste peu flatteur pour les habitants de ce forum,
Et que rapidité n'est pas incompatible avec réflexion,
Si nos concitoyens on choisi d'être des consommateurs frénétique,
Il peut rester qq part des amateurs de vecteurs modernes, comme peut l'être la photographie numérique,
Et que ce groupuscule, tire parti de cet instrument pour un travail réfléchi, en tant que tel mais aussi par rebond sur un travail plus traditionnel.

Pour ma part je considère que la seule chose à considerer en photographie,
C'est notre capacité à progresser, chacun selon ses critères,
Et le numérique est un pousse au cul formidable,
Qui nous permet de regarder nos chambres GF d'un autre oeil,
Finalement nous avons déjà beaucoup appris du numérique,
Et c'est la seule chose qui compte.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel Guigue 
Date:   28-09-2004 14:59

Re,

<<Chacun tire un ou quelques négas ...>>

Je dis non ! Si on veut que cette expérience-essai, qui doit être bénéfique pour tout le monde, ait un soupçon de connotation scientifique, il est impératif que l'original soit LE MEME. Ce qui évite toute discussion sur la Dmax du négatif, par exemple.

Il peut être aussi intéressant que chacun imprime avec sa machine une image issue d'un fichier unique téléchargable ; éliminant en un premier temps les problèmes dus au scan. Maillon par maillon de cette chaîne difficilement maitrisable.


 
 Re: ... ça ressemble trop à un dialogue de sourds
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 15:03

Vous voulez pas aller discuter ailleurs ? On s'entend plus !
: )


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: jean claude pr 
Date:   28-09-2004 15:51

Bonjour
Si tu veux Michel, c'était histoire d'éviter de déterminer qui commence. Pour Nîmes il y a eu des sous entendus à propos de mon néga qui il est vrai était un peu dense, on a dit "si chacun avait fait son propre néga" etc.
Il ne s'agit pas de compétition
Il ne s'agit pas d'aligner les gens sur la même machine et le même papier et la même méthode, utilises tu fractal? non? moi non plus, d'autres oui...
Au départ chacun fait à sa sauce en expliquant la recette et tirages en main on en parle.
Tu sais j'ai suivi des démarches scientifiques dans mon métier, mais ici on aura que des volontaires, qui travaillent ou sont à la retraite ou encore étudiants ou autres, on ne peut exiger qu'une rigueur dans la démarche maius pas dans le matériel ni les consommables.
Enfin je crois

Ce que j'ai retenu jusqu'ici c'est que les perconne intéressées sont toi, ça me parait évident, Henri Gaud, Frank, moi, on en attend d'autres.
Autre chose j'ai l'air directif car il faut bien commencer mais je ne détiens pas la vérité, on discute
amitiés
jean claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: PLESSIER Claude 
Date:   28-09-2004 18:47

Bonsoir à tous,
je suis avec intérêt certains fils, mais celui-ci, pour des raisons très terre à terre m'intéresse.
J'essaie au travers de l'art photographique, plus précisément au travers d'un procédé , de trouver ma voie, un moyen d'expression etc...(Je ne métends pas volontairement).Pour ce faire il me faut des positifs PARFAITS.C'est un problème technique et sans la solution à ce problème technique je ne peux plus produire , je ne peux plus travailler ni m'exprimer.
Il me faut des positifs de qualité tirés à partir d'une imprimante qui fonctionne correctement. C'est tout ce que je demande .Y a-t-il sur le forum un ami photographe qui peut me rendre service?
S'il vous plait répondez si vous pouvez m'aider mais ne déviez pas le problème ou alors créez un autre fil qui me passionnera certainement en d'autre temps.
Merci Claude


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   28-09-2004 18:58

Claude, le fil approprié est par là.

Ici, il n'est question que de toro, de gambas et d'escargots.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   29-09-2004 10:58

"...cette quête d'une neutralité idéale va à l'encontre de l'idée de regard"
"(le numérique)...c'est un changement plus profond qui dépasse les limites de la photographie"

Guillaume,
N'y-at-il pas contradiction entre la première et la seconde proposition? En effet, la neutralité idéale (si on accepte ce pré-supposé) constitue, en soi, une approche possible pour le regard. Cela ouvre de nouvelles possibilités de vision du monde.

Evidemment, les constituants de ce regard numérique posent les questions:
- de la réduction du "temps" photographique classique (temps de prise de vue, temps de développement, temps de fixage, etc).
- de la suppression de la distance photographique pour le regard.
- de la formulation du sens lié à l'objet "photographique" qu'est le tirage.
-... et finalement de la relation au monde qu'entretient le photographe (si l'on peut encore utiliser ce mot avec le numérique, (sans provocation!)).
. de la relation du regardeur à l'oeuvre produite.
En cela, le numérique est totalement différent de la photographie. Comme, pour exemple, la vidéo engage un regard différent de celui du cinéma.

L'amalgame "photographie-numérique", me semble-t-il, ne permet pas de dégager les différences et les possibilités de chacun des médiums, à part le résultat technique (ce qui n'est pas très important, (sans provocation!).

... les limites de la photographie... Cela me hérisse, mais bon!

Amicalement

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   29-09-2004 11:51

Quand je parle du numérique dans la phrase que tu reprends (je me permet le tutoiement), c'est de manière globale celui qui 'confond' dans un même média : images fixes (photoraphiques ou pas), images animées, sons, écrit. Ce phénomène ne peut pas se réduire au champ de la photographie ! : ) C'est un autre sujet en somme…

Pour le reste, il me faut un peu de distance pour répondre…
(toujours cette question de temps ! : ))


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   29-09-2004 12:53

Guillaume,
Je t' (on se tutoie) avais bien compris mais c'est l'association de "un changement profond" avec "qui dépasse les limites de la photographie" qui ne passe pas justement. En effet, je ne pense pas qu'il y ait changement profond apporté par le média numérique. Mais, c'est un autre débat comme tu le dis (on se tutoie).

Pourrais-tu développer l'idée de "neutralité idéale", (...si tu en as le temps!)?
Cette idée m'a donné envie de passer au tout numérique!

A+

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 13:36

c'est le grand saut: de la photographie sur plaque au gélatinobromure d'argent fait dans sa cuisine vers une pratique du tout numérique. ce sera intéressant de suivre comment votre photographie et votre regard vont se transformer. s'ils se transforment....

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   29-09-2004 14:15

Cette idée m'a donné envie de passer au tout numérique !
Je n'en crois pas un mot… : )

Pierre, fianalement, ma contradiction est dans le fait de vouloir accepter l'idée d'une photographie numérique pour ensuite chercher ce qui éloigne ces deux modes de capture… Peut être que Michel Frizot se trompe en ne regardant la photographie que comme une expérience de physique.

Je reprends le fil de ma réflexion…
Le numérique, dans un premier temps, cherche à ressembler à l'argentique. Puis le dépasse, mais pour aller où ? La rapidité de ses progrès technique pousse le numérique à voler de ses propres ailes, mais l'argentique est sa référence avec toute la profondeur de son ancrage culturel. Ainsi, on ne verra je pense pour un moment encore qu'une tendance à corriger les 'défauts' de l'argentique avec une amélioration de la dynamique, un meilleur rapport signal/bruit, une réaction atténuée aux variations colorées liées à la diversité des sources lumineuses, etc, bref une tendance à ce que j'appelle (faute de mieux) une 'neutralité idéale'.
En un sens, ce progrès va dans le sens de la recherche de haute-résolution et on peut se satisfaire de savoir que l'on va pouvoir enregistrer toujours plus, avec une acuité et une finesse d'analyse qui dépasseront même les capacités physiologiques de notre vision.
Si on pousse à l'extrême ces qualités d'acuité, on peut imaginer d'arriver à une certaine indépendance par rapport aux conditions lumineuses, au fait que la qualité de lumière n'aie plus de réelle influence sur le résultat. Une situation ensoleillée ne demandera pas plus d'effort qu'une situation de ciel couvert ou de crépuscule, le capteur-ordinateur idéalement neutre étant capable de fournir une image neutralisée. A ce stade, on peut se demander ce que signifie alors 'photographier' si la 'photographie' n'est plus sensible aux variations lumineuses ?!? Que reste-t'il à photographier quand la lumière est vaincue, ou plutôt quand les ténèbres sont vaincues ?
Ainsi, on en vient parler de l'ombre…

A suivre…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 14:52

Le numérique, dans un premier temps, cherche à ressembler à l'argentique. Puis le dépasse, mais pour aller où ? La rapidité de ses progrès technique pousse le numérique à voler de ses propres ailes, mais l'argentique est sa référence avec toute la profondeur de son ancrage culturel.

Guillaume je suis d’accord avec vous sur le fait que le numérique vole tout seul mais il ne faut pas mettre en relation une capacité technique (qu’ a le numérique) avec un phénomène culturel , à savoir pour dire simplement une pratique culturelle de la photographie.
Si les sociétés commerciales se lancent dans le numérique c’est pour générer un nouveau marché. S’il développe une technique complètement différente (et c’est le cas lorsque l’on compare la technique argentique et numérique) il faut que l’usage lui reste analogue si non l’ancrage culturel dont vous parlez volerait lui en éclat. Madame tout le monde (pourquoi dit-on toujours Monsieur tout le monde) serait complètement déroutée et ne se lancerait jamais dans le numérique si sa pratique était si différente. Les industriels ne sont pas fous !
Avant que les appareils numériques ne se développent, le numérique était déjà là dans les laboratoires ou les tireuses scannées les négatifs argentiques des clients et faisaient un tirage à travers un matrice numérique transparent (ACL je ne me rappelle plus du nom de cette technique). Et pourtant tout ça est transparent pour ne pas dire invisible. La technique a évolué mais le public n’a rien vu et n’a pas modifié sa pratique parce qu’il n’y a eu aucune modification dans l’usage de sa pratique.

Ainsi, on ne verra je pense pour un moment encore qu'une tendance à corriger les 'défauts' de l'argentique avec une amélioration de la dynamique, un meilleur rapport signal/bruit, une réaction atténuée aux variations colorées liées à la diversité des sources lumineuses, etc, bref une tendance à ce que j'appelle (faute de mieux) une 'neutralité idéale'.
plutôt qu’une neutralité je vous propose une uniformité. Car ce que veut le client c’est une belle image. Et cela ça répond à des critères subjetifs que les ingénieurs de chez Kodak ou Canon calibrent. Une certain niveau de saturation , un contraste pour rendre les images plus ou moins vives, et attirantes. Mais l’argentique a évolué selon le même schéma…

En un sens, ce progrès va dans le sens de la recherche de haute-résolution et on peut se satisfaire de savoir que l'on va pouvoir enregistrer toujours plus, avec une acuité et une finesse d'analyse qui dépasseront même les capacités physiologiques de notre vision.

Pour l’instant il est vrai que le progrès va de le sens, pour le moment, d’enregistrer beaucoup plus. Mais cela va s’arrêter bientôt. Une fois que l’on aurra atteint la quantité de pixel necessaire pour que le public puisse faire toute les photos dont il a envie de faire. C'est-à-dire du 10x15 au A3 (très rarement) sans que l’on puisse voir un pixel.

A comparer peut être avec l’évolution de la TV. Les ingénieurs n’ont pas cherché à diminué la taille des cellules phosphorescentes des écrans parce que cela ne se verrait pas. Assis depuis son canapé l’écartement de ½ mm entre deux cellules est satisfaisant. Par contre ce qui était visible c’est le scintillement. Là un progrès technique a été réalisé.

Si on pousse à l'extrême ces qualités d'acuité, on peut imaginer d'arriver à une certaine indépendance par rapport aux conditions lumineuses, au fait que la qualité de lumière n'aie plus de réelle influence sur le résultat. Une situation ensoleillée ne demandera pas plus d'effort qu'une situation de ciel couvert ou de crépuscule, le capteur-ordinateur idéalement neutre étant capable de fournir une image neutralisée.
Oui ça c’est intéressant le photographe de quartier n’a plus à vous demander si c’est pour faire des photos au flash ; à l’intérieur ou à l’extérieur pour choisir les iso de votre pellicule.

A suivre…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   29-09-2004 15:12

Romain, la photographie grand-public ne m'intéresse pas. La question porte sur la photographie haute-résolution. Merci de rectifier votre réponse en conséquence ! : )
Merci aussi de faire apparaître vos citations comme telles… c'est plus clair !


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   29-09-2004 15:36

Romain, je pense pas qu'une grande transformation de mon regard s'opérerait du passage du gélatino-bromure de cuisine au tout numérique. Si ce n'est une "perte" (?) d'odeur, de parfum, de matières,... En fait, une relation métaphysique, al-chimique au monde.

Guillaume,
- "Cette idée m'a donné envie de passer au tout numérique !"
Je n'en crois pas un mot… : )"

Ce n'était pas une boutade de ma part. L'idée de "neutralité idéale" m'intéresse, en ce sens qu'elle contient une possibilité d'abstraction nouvelle pour l'image (pour comparaison, en musique, les travaux de Boulez, Stokhausen,... ou encore les travaux de Chevreul sur la couleur et ses conséquences sur l'abstraction en peinture).
La "neutralité idéale" où comment se projeter, s'incarner dans une image sans la question du corps et de l'ombre justement pour un photographe ou un regardeur?

A +

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 15:39

Pardonnez moi pour la mise en page.

par contre ne sous-estimez pas la photographie grand public car c'est elle qui génère indirectement la production d'outil: le numérique en est le parfait exemple. Si la technique du numérique évolue, dans un sens donné, ça n'est pas pour satisfaire la photographie haute résolution; mais pour satisfaire la demande ou le besoin potentiel du grand public. ne l'oubliez pas.
ceci étant cela ne nous empêche pas de réfléchir sur des problèmes de hautes résolutions. l'exemple de la télé n'est qu'une image. (sans jeu de mot) un exemple pour expliquer une des raisons de l'évolution d'une technique et pas des moindres puisque c'est la principale: la possibilité de faire du profit.
Je veux dire par là que cette relation de cause à effet est tout à fait applicable à la photo haute résolution (quelle expression!). le photographe publicitaire n'a pas besoin de générer une image de plus 1Go pour qu'elle soit affichée en offset 3x5m. c'est en terme de besoin technique que l'évolution est à réfléchir. par contre ce même photographe préfèrerait que cette image puisse être enregistrée instantanément avec un bracketing de contraste global et local, de balance de blanc. Et que tout cela puisse être miniaturisé avec un appareil léger directement connectable à un grand écran.
Pour aller vite tout ça pour vous dire que l’évolution n’est pas à la course ultime au pixel ; une fois que cette quantité de pixel nécessaire pour couvrir 99% des applications sera atteinte le progrès technique sera concentré sur un autre aspect. Les 1% restants concerneront l’imagerie scientifique et la nasa.


« Si on pousse à l'extrême ces qualités d'acuité, on peut imaginer d'arriver à une certaine indépendance par rapport aux conditions lumineuses, au fait que la qualité de lumière n'aie plus de réelle influence sur le résultat. Une situation ensoleillée ne demandera pas plus d'effort qu'une situation de ciel couvert ou de crépuscule, le capteur-ordinateur idéalement neutre étant capable de fournir une image neutralisée. »

Et si vous ne vous intéressez qu’à la haute résolution (doit-on comprendre également par là la photographie professionnelle ?) je pense que le professionnel qui recherche une image ne se contentera pas d’une image uniforme ou neutralisée (précisez ce que vous entendez par là). C’est d’ailleurs le cas le temps en post production d’image numérique est encore long.


« A ce stade, on peut se demander ce que signifie alors 'photographier' si la 'photographie' n'est plus sensible aux variations lumineuses ?!? Que reste-t'il à photographier quand la lumière est vaincue, ou plutôt quand les ténèbres sont vaincues ?Ainsi, on en vient parler de l'ombre… »
ah… nostalgie de l’effort quand tu nous tiens.

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 16:45

incroyable! vous auriez la même pratique créatrice avec des outils si différents!

" La "neutralité idéale" où comment se projeter, s'incarner dans une image sans la question du corps et de l'ombre justement pour un photographe ou un regardeur?"

avant de commencer toute discussion dites nous un peu plus ce qu'est que cettte neutralité idéle du numérique.
et pouvez vous en dire un peu plus sur cette question?

j'y vois, autour de la question de désincarnation, des critiques ou réflexions que des peintres, écrivain, graveurs ont formulé pour ce même médium au moment où il est apparu. est-ce dont vous voulez parler?

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 16:58

Bonjour,

Pour moi la HD va bien au dela du Professionnel,
Le professionnel c'est l'art du "juste ce qu'il faut mais pas plus, sinon je bouffe la baraque" donc pas de la HD que nous pouvons faire en toute tranquilité hors du travail, juste pour le fun.

Oui le numérique est beaucoup plus neutre que de l'Ekta à tout point de vue,
Si le plan technique c'est évident, sur le plan de l'interférence par rapport au sujet, c'est irréversible, compte tenu de la légèreté du dispositif par opposition à La Chambre Grand Format ;-)

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 17:08

Henri
pouvez vous expliciter davantage pourquoi c'est évident au niveau technique? et je n'ai pas très bein compris en ce que vous voulez par ce qui est irréversible sur le plan de l'interférence par rapport au sujet.

pardon mais les choses qui nous sont parfois évidente ne le sont pas pour les autres; on a alors tendance à faire court.

merci pour vos précisions

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 17:11

pardon moi taper vite et oublier des mots.

il faut lire: je n'ai pas très bien compris ce que vous voulez dire par ce .....

la suite est intelligible j'espère...


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 17:23

Bonjour,

Numérique et neutralité technique :

Il n'y a pas de typologie Velvia Provia N&B Couleur que nous donne la très grande diversité des films, c'est du post traitement, en film aussi on peut faire du post traitement.
Il n'y a pas l'emprise très considérable de la T°C, la machine analyse et corrige.
En fait on a une prise de vue asseptisé sur le plan technique (moi dans mon boulot çà m'arrange) et c'est ce que l'on peut nommer neutralité.

Numérique et neutralité face au sujet

Sur le plan de l'interférence avec le sujet,
C'est bien sûr un matériel moins encombrant, plus annodin, donc moins d'impact.

Je viens de faire des photos de groupe en 4x5, là c'est sûr la grosse machine frappe les foule, un numérique même très haut de gamme, passe inaperçu, mon beau frère a le même. Quand à trimballer une vraie chambre numérique là on ressemble tour à tour à la Métro Goldwin Meyer ou à Pinder, cela ne se fait pas c'est trop ;-)

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 17:43

finalement ne pensez vous pas qu'il y a une typologie quand même sauf qu'elle est moins flagrande et surtout que l'on a pas eu le temps tellement les choses vont vite de l'apréhender. l'image trop douce du kodak 14n est comparable à la typologie que vous accordez au film. les test de prises de vues des différentes machines montrent une telle diversité de rendus et de couleurs qui est presque à la hauteur de celle des films.
sauf que tout ça comme vous l'avez souligné est ajusté en post traitement comme pour les films.
En ce sens le numérique n’est pas du tout neutre.

Le seul fait de se passer de themocolorimètre et de filtre correcteur ne me semble pas suffisant pour qualifier une technique de neutre.

De plus il nous a été possible de faire de la photographie avec des outils compacts bien avant le numérique (M6 ou blad).

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 18:00

Bonjour,

>>Le seul fait de se passer de themocolorimètre et de filtre correcteur ne me semble pas suffisant pour qualifier une technique de neutre.>>

Vous n'avez sans doute jamais eu à vous en servir pour dire cela ;-)
Laissons tomber .....

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 18:20

effectivement laissons tomber ce point admettons que vous ayez raison. vous ne répondez pas au problème évoqué au début de mon message.
si l'on ne peut discuter sur un forum dès que l'on réfute des avis ou des arguments apportés. le couperet tombe vite.

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 18:36

Bonjour,

Romain,

Vous n'avez pas compris, il faut argumenter ....

Et dire que cela ne semble pas suffisant, me semble un peu trop suffisant tout simplement, donc à quoi bon discuter.

C'est comme comparer les 2-3 détails qui diffèrent dans le rendu des images, différence dues aux boitiers seuls, quand le film produit des Autochrome, Kodachrome, Velvia, Tri-X, pola de toute nature, c'est avoir les yeux pas vraiment en face des trous.

Le film prend parti par rapport à une ambiance, il va ou vers la catastrophe ou vers la "belle image", le numérique point, cela devient un casse tête de rater des images, tout sort "bien".

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 18:57

je crois que notre divergence vient du point , pardonnez moi je n'avais pas compris; que vous restreignez la notion de photographie numérique à la prise de vue simple. alors que ce fil abordait la question du numérique dans sa globalité de l'enregistrement jusquà la restitution.

quand on regarde la production d'image à partir de la technique numérique on peut voir une diversité incroyable des rendus. autant que la liste des procédés de toutes l'histoir e de la photo qui vous citez.

ouvrons alors les yeux ensemble sur ce qu'offre le numérique pour le comparer à l'argentique ensuite. et peut être le qualifier de neutre si vous en avez envie.

regardez les campagnes de pub; tout est passé par le filtre numérique et pourtant je vois peu de choses neutres.

mais je ne faisais que répondre à votre suggestion quand vous êtes intervenu.

je pense qu'il serait plus intéressant de revenir aux propositions de Pierre et de Guillaume.

cela ne veut pas dire que je ne sois pas intéressé par votre avis. que pensez vous de voir cette question dans son ensemble enregistremement et restitution.

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 19:07

Bonjour,

Pour moi le delta vient de l'enregistrement de l'image,
Et je crois comprendre que Guillaume et Pierre partage cet avis.

Pour la restitution numérique, le produit de sorti, le tirage, il est tellement diversifié que plus personne ne sait qui est quoi, cela fait 10-12 ans que tous les livres sont numériques et personne n'a bronché, c'est dire ;-)

L'enregistrement est pour moi l'acte photographique, on ne peut pas revenir en arrière,
le reste c'est juste un discours de salon.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel Guigue 
Date:   29-09-2004 19:53

Bonjour,

Si on reste strictement à l'étape de "l'enregistrement de l'image", Henri, que donnent les possibilités des réflex récents, quant à la possibilité de choisir différents niveaux de contrastes dès la prise de vue ?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 20:02

j'essaye de faire des efforts mais je ne suis pas à la hauteur. pardon à votre hauteur...

je partage aussi cet avis: le delta provient au départ de l'enregistrement mais sin on parle de photographie et des objets que l'on regarde, à savoir les positifs (tirage, pub, affiche) , ont un delta qui peut être totalement différent de celui de l'original et ne pas correspondre à celui de l'original. donc je ne vois pas pourquoi vous fixez votre réflexion sur l'enregistrement puisque l'on admire rarement nos négatifs couleur ou noir et blan; pas même dans les salons.

cette fois ci je ne vous suivrais pas sur l'acte photographique nous avons suffisament dévié des propositions de Pierre et de Guillaume.

"L'enregistrement est pour moi l'acte photographique, on ne peut pas revenir en arrière,
le reste c'est juste un discours de salon."
essayer de passer la porte du salon, vous verrez que parfois il se dit des choes intéressantes. personne a parler d'acte photographique tout au long de ce fil. et si vous retreignez ce qui a de la valeur en photographie au seul acte photographique (encore que je ne sais pas ce que ça veut dire précisement) Man Ray, les Fresson, Pierre Gassmann, Gonzalo Castillo qui a travaillé chez Picto aussi, Yvon le Marlec et bien d'autres vont être content de vous lire.

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 20:10

Bonjour,

Bien sûr Michel il y a qq possibilités sur ces boitiers,
Mais rien que l'on ne puisse faire ensuite,
Donc on fait ensuite,
A la prise de vue c'est genre il est beau mon histogramme,
Du moment que l'on l'info, on fait ce que l'on veut,
Et en plus en plusieurs vue si nécessaire et en 16 bits,
C'est la foire de l'info, mais une info nécessaire et suffisante,
Pas de folie, la triste nécessité, et on ne rate jamais rien,
Cela fini par être gonflant,
Pour bosser c'est penard.

Avec un film, on sait très bien qu'un Ekta surex est inimitable, qu'une tri-X très dense ne peut être imité en post traitement, et pire encore avec un Pola, même si la couleur peut être bricoler sur un ordi, mais la jouissance du truc qui est là comme cela et pas autrement, qui pète sur une table lumineuse, et bien ne n'est pas du numérique.

Le numérique est (en couleur) bien meilleur que du film, c'est justement là qu'est le défaut, cette perfection sans caractère.

HG


 
 le numérique ressemble-t-il trop à l'argentique?
Auteur: romain 
Date:   29-09-2004 21:42

Pierre,
je suis d’accord avec les points de divergence entre la photographie argentique et numérique mais avec quelques points de nuances aussi je n’adhère pas pour autant à la conclusion.

« Evidemment, les constituants de ce regard numérique posent les questions:
- de la réduction du "temps" photographique classique (temps de prise de vue, temps de développement, temps de fixage, etc). »
Le polaroid avec déjà réalisé cette réduction
« - de la suppression de la distance photographique pour le regard. »
Voulez vous dire que l’image numérique est trop proche de la réalité et non plus d’une image (photographique) de cette réalité ?
- de la formulation du sens lié à l'objet "photographique" qu'est le tirage.
Complètement d’accord la notion de tirage ou plus largement de restitution doit être complètement repensée. Car on ne sait plus ou se trouve l’original de l’objet restitué. Le moment de la prise de vue nous est tellement dématérialisée (cf article du monde de la semaine passée)
Mais sur ce point cela diffère totalement de l’argentique car les possibilités de montrer des images est extrêmement variée. Et là on peut faire totalement faire sauter par les possibilités techniques cette sensation de neutralité.
« -... et finalement de la relation au monde qu'entretient le photographe (si l'on peut encore utiliser ce mot avec le numérique, (sans provocation!)).
. de la relation du regardeur à l'oeuvre produite. »
Sujet tellement vaste qui découle entre autres de ce que vous avez énumérés.

Mais je n’arrive pas à votre conclusion parce que
La photographie numérique permet comme l’argentique :
- de jouer sur la représentation du réel et donc de réfléchir ce réel et de la nature du médium numérique. Au même titre que certaines productions photographiques nous font réfléchir sur ce qu’est la photographie (argentique)
- ce serait me moquez de vous de rappeler qu’il s’agit bien d’un enregistrement lumineux…blablabla trace de lumière. Mais tout de meme c’est un de caractère incontournable de la photo.

« L'amalgame "photographie-numérique", me semble-t-il, ne permet pas de dégager les différences et les possibilités de chacun des médiums, à part le résultat technique (ce qui n'est pas très important, (sans provocation!). »
j’ai du mal à vous suivre est-ce que vous séparer d’un coté deux médiums un argentique et l’autre numérique ? c'est-à-dire d’un coté une pratique analogique et de l’autre numérique, est-ce que vous vouliez dire ?

Mais au final je crois que ce qui les différencie avant tout c’est sa dématérialisation qui nous amène à repenser la photographie classique. Mais c’est grâce à cette indépendance matérielle qui nous permet de produire des images sur une quantité de support incroyable et par de nombreux moyens. Effectivement il faut aller voir du coté du cinéma …


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   29-09-2004 22:14

Bonjour,

Je précise ce que je veux dire,

La singularité du numérique ne réside que dans l'acte photographique, le photographe est concient d'utiliser le numérique, j'ai donné des détails sur les différences flagrantes.
Ensuite cela n'a plus de singularité, le numérique n'ayant rien fait de plus que les tirages argentiques, c'est simplement plus rapide et moins cher.
De plus personne ne sait les distinguer, ce qui est une raison majeure.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   30-09-2004 08:29

Pas le temps de poursuivre aujourd'hui le fil... suis en pleine charrette... informatique... Bonjour le gain de temps!!!. Mais où est passé la quatrième dimension?

A+

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   30-09-2004 08:38

Pierre, on attendait que tu relances !

Bonne charrette…

: )


 
 Neutralité idéale? Atchoum!
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   30-09-2004 19:36

Bonsoir,

Cette idée de neutralité idéale qui pourrait conduire à une meilleure compréhension des œuvres par une objectivation extrème du procédé les créant m'intéresse aussi (surtout quand j'entends parler de Chevreul, de théories de la couleur et de peinture abstraite! ;-) Je ne sais pas pourquoi, ça me chatouille, comprenne qui pourra!).

Et ça me rappelle exactement les chemins de pensée qui ont pu amener Kandinsky, Malevitch, Vasarely (tiens, lui aussi a été cité sur un autre post, non?) à la peinture abstraite, après les travaux de Cézanne, Matisse, Mondrian, mais aussi Chevreul, Rood, Goethe, Ostwald, etc. Même souci de la recherche d'un langage pur débarassé des conventions culturelles de perspective, de forme, de ligne, de figuration et de production: Vasarely a tout fait pour produire ou pour donner la possibilité de produire des œuvres reproductibles, recréables par quiconque sans même avoir à toucher un pinceau. Donc, en un sens, on rejoint cette idée de neutralité: la main, la maîtrise technique (que ce soit celles du peintre ou celles du photographe argentique, par exemple) s'effaceraient au profit d'un outil de production plus objectif, et par làe plus neutre.

Or je crois que ces grands esprits ont échoué. Je pense que l'idée de neutralité idéale porte bien son nom: comme le paletot de Rimbaud, elle n'existe pas. C'est comme une sorte de fiction nécessaire, en un sens: il peut être intéressant d'y croire, ou de le faire croire. Mais c'est totalement hors de notre portée: accessible peut-être par l'intelligence, mais en aucun cas partageable au plus grand nombre et n'offrant que peu de possibilités de s'y retrouver physiquement, comme le propose Pierre Stringa.

En plus, ces Cézanne, Matisse, Kandinsky et consorts, à la différence de la technique photographique numérique, menaient leurs recherches seuls, en tout cas n'étaient pas menés par la formidable poussée commerciale qui accompagne la photographie numérique. Leurs convictions, pour absurdes, utopiques, mégalomaniaques ou je ne sais quoi d'autres, n'en étaient pas moins sincères. Sans médire sur les intentions des promoteurs de la photographie numérique, je ne pense pas que leur sincérité soit du même ordre.

Enfin, moi, pour ce que j'en dis…

Justement, à propos de cette possibilité donnée de s'incarner (le mot est fort, mais intéressant) à la photographie, j'y trouverais (et ce n'est que mon point de vue) plus de sens en photographie argentique, où les choses prennent plus de sens concret, même quand on pratique la couleur. Mais surtout en noir et blanc fait-à-la-maison, bien sûr. Pour autant, en tant que spectateur, là, tout est bon: argentique, numérique, les deux, tout peut être vecteur.

Bis repetita: moi, pour ce que j'en dis…

N


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   30-09-2004 20:20

cette perfection sans caractère.
Je reprends ces mots de Henri à propos de l'image capturée sur silicium…

Cela montre bien cet ancrage culturel vu plus haut : la photographie argentique est la référence, et même si les progrès techniques tendent à creuser l'écart entre les deux détecteurs, nous même cherchons à redonner ce caractère que l'on pointe comme un défaut de l'image numérique.
La difficulté est de se détacher de ce référent pour accepter cette neutralité comme un caractère à part entière.

Effectivement la neutralité absolue ne peut qu'exister dans le monde des idées, et on ne peut observer qu'une tendance qui, encore une fois, est le prolongement des recherches qui ont motivé les progrès de l'image argentique.
Deux choses pourrait constituer des limites à cette quête de neutralité…
La première tient aux limites de notre perception oculaire, la seconde aux limites des procédés de reproduction en terme de dynamique.

J'aime à penser que le monde résiste encore un peu à la photographie…

…moi ce que j'en pense…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   30-09-2004 22:12

Bonjour,

>>Pour autant, en tant que spectateur, là, tout est bon: argentique, numérique, les deux, tout peut être vecteur.>>

Nicolas, je ressens la même chose, mais en fait il est évident que l'on ne sait les distinguer à coup sûr, c'est le doute qui interdit la distinction.

>>cette perfection sans caractère.
Je reprends ces mots de Henri à propos de l'image capturée sur silicium>>

Mais là c'est dans l'acte photographique, et le distingo est de plus en plus perceptible, il est évident que je ne l'aurai ressenti de cette façon il y a 2 ans et peut-être même il y a un ans.
C'est l'expérience qui me donne cette perception.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   30-09-2004 23:02

- je suis plus sourd que vous.
- -Comment ???...
- je dis : je suis plus sourd que vous ?
- qu’est-ce que vous dites ?
- -….

Dialogue de sourds

d'un coté on parle de neutralité de la traduction de la réalité par un composé photosensible ( le silicium), en tentant de réfléchir sur les différences du médium photographique numérique et celui qui est argentique (je ne fais que reprendre les termes employés).
Et pourtant je pense que ce n’est pas en décrivant la seule neutralité d’une étape technique de la photographie numérique (à savoir la prise de vue, qu’est ce qu’on se répète) que l’on peut arriver à qualifier la photographie numérique et essayer de comprendre en quoi ce medium est différent de la photographie argentique. C’est une erreur

de l'autre coté on démontre que la photographie est tout sauf quelque chose de neutre qu'elle soit numérique ou pas. (et j’adhère à cette seconde version) Elle n’est qu’apparente et tout l’intérêt a été de jouer autour de ça (walker evans pour n’en citer qu’un)

mais les débats se croisent sans discuter des mêmes choses.

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   01-10-2004 00:06

Bonjour,

Romain,

Pour moi c'est simple,
Vous mélangez acteur et spectateur.

Mais pourquoi pas ??

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   01-10-2004 08:42

Romain, si tout était évident, on n'en discuterai même pas et on n'aurait pas besoin de se contredire… : )


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   01-10-2004 10:03

oh la la mais quelle erreur fondamendale. merci tout s'éclaire.

Guillaume, je suis d'accord sur cette vérité première mais avec ça on va pas bien loin....
romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   01-10-2004 10:20

Bonjour,

Romain, je ne sais pas si ce que je peux dire peut faire avancer les choses et d'une certaine manière je ne pense pas que cela soit important, je ne veux aller nulle part vu que pour le moment, je me sens bien là où je suis.

Mais je précise quand même que mon propos ne s'intéresse pas à la distinction entre photographie argentique et photographie numérique. D'ailleurs, quelles sont-elles? Où en sont les limites? Etc. Ce que je pressens, c'est que les deux pratiques ne sont ni complètement opposées ni complètement superposables: les frontières sont trop floues et se mélangent aisément et avec bonheur. Je n'ai pas d'opinion tranchée là-dessus, en tout cas aucune opinion valable dans le cadre d'un discours visant à en souligner les différences, la validité de l'une sur l'autre pratique, etc. Je constate juste que la photographie numérique est une évolution positive de l'outil et qu'elle permet, comme a pu le dire ailleurs Henri Gaud, de nous donner un coup de pied au derrière que ce soit dans notre pratique comme dans notre approche (de l'outil et de notre regard).

Par contre, cette idée de neutralité idéale que pourrait permettre la photographie numérique (au sens de "prise de vue numérique") m'intéresse, car elle interroge un rapport aux choses qui me semble pertinent. Et je le dis dans la foulée: mes propos à ce sujet se nourrissent de bien d'autres choses que la seule photographie numérique (que d'aileurs je ne pratique pas).

Voilà, il est vrai que la discussion peut sembler partir dans plusieurs directions, et voilà celle qui m'intéresse.

Peut-être, si vous le souhaitez et par souci de clarté, pouvons-nous ouvrir une nouvelle discussion où on laisse tomber le toro (ah, belle figure aussi, il y aurait tant et tant à en dire!) pour quelque chose de plus enutre, je ne sais pas, moi, l'escalope? :-) On pourrait appeler ça Escalope: la photographie numérique ou le medium effacé par exemple. Non? :-)

N


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   01-10-2004 10:28

Nicolas, je suis assez pour ouvrir un nouveau fil sur cette question de neutralité idéale.
Pouvez-vous ouvrir le bal ? Sans complexes… moi non plus je ne pratique par la prise de vue numérique. Cela empêche-t'il d'en parler ?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   01-10-2004 11:53

Je veux bien, mais cette après-midi ou tôt ce soir, pas avant. Moi aussi j'ai mes charettes! Sinon, quiconque le fera, ce sera sans doute très bien.

N


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   05-10-2004 11:35

Je reviens en arrière pour reprendre le fil distendu par la technique sur la neutralité idéale.

Nicolas "Je pense que l'idée de neutralité idéale porte bien son nom: comme le paletot de Rimbaud, elle n'existe pas."

En effet, elle n'existe pas en tant que résultat technique. Elle est un fait abstrait.

Mais pour reprendre Chevreul, deux éléments de sa théorie des couleurs vont devenir des fondamentaux de l'Art moderne:

- "La production d'un résultat scientifique se construit sur un ensemble de faits abstraits" (de mémoire, désolé).

- et évidemment la théorie des contrastes simultanés appliquée à la couleur, mais aussi aussi aux objets, aux idées.


En tant, que fait abstrait opérant (si on l'accepte évid.), la neutralité idéale peut ouvrir un champ nouveau pour la recherche de l'abstraction en photographie. Champ dans lequel, la photographie a du mal à trouver son autonomie (a priori personnel, je sais!).

A+

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Nicolas Marailhac 
Date:   05-10-2004 18:32

Bonjour,

Ce fait abstrait opérant, c'est, si je suis bien l'idée de Pierre, ce que j'appelle une fiction nécessaire. Soit, j'admets l'idée. Une autre serait l'idée de subjectivité assumée. Deux démarches différentes, deux positionnements intéressants…

N


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   05-10-2004 18:49

mais si cette neutralité idéale s'apparente d'un fait abstrait; en quoi cette conception colle davantage à la photo numérique qu'à l'argentique? et pas à la photo tout court?

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   05-10-2004 19:16

je me suis mal exprimé, je voulais dire si ce fait abstrait ne découle pas d'un résultat technique en quoi cette conception colle davantage à la photo numérique qu'à l'argentique? et pas à la photo tout court?

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   06-10-2004 10:51

A ce point, il serait bon de résumer les points de la discussion qui font différence entre le numérique et l'argentique et qui participent, me semble-t-il, à la mise en place de ce fait abstrait ou fiction nécessaire (la neutralité idéale).

- suppression du temps photographique
- neutralité de la prise de vue sur le plan technique
- normation de la lumière, des couleurs, du N/B
- virtualisation du sujet
- rapport au regard changé pour le photographe et le regardeur
- mise en question de l'incarnation dans l'objet photographique
- relation au tirage changé

... en voyez-vous d'autres?

A+

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   06-10-2004 11:27

pour continuer ....je reprends et corrige (enfin, pluôt apporte quelques légères nuances mais qui me semble importante)

- compression du temps photographique*
- normation de la lumière, des couleurs, du N/B, donc on peut en tirer "un fait abstrati" : neutralité de la prise de vue sur le plan technique
- virtualisation du sujet
- mise en question de l'incarnation dans l'objet photographique
- relation au tirage changé (je parlerai aussi du temps photographique pour le tirage et la désormais absence de lumière avec lequel nous ne jouons plus, et du coup perte du labo et du noir qui reste une expérience particulière)
- rapport au regard changé pour le photographe et le regardeur
- une possibilité d'échange et de diffusion de l'image photographique

je rajoutterai aussi la question de la perte d'identité de ce qu'est une image photographique

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   06-10-2004 11:31

Bonjour,

Pierre,

J'ajouterai :

- suppression du risque technique,
- suppression de la surprise sur la table lumineuse,
- les piles accus et un rapport à l'energie différent.
- une dépendance terrible vis à vis de la technologie

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   06-10-2004 11:37

Merci Pierre de tenter une synthèse, mais il me semble que certains des points que tu propose doivent 'fusionner' (par exemple : neutralité et normalisation de la lumière)… les autres points seraient à développer…
Je me permet de reprendre pour commenter…

- suppression du temps photographique
Je pencherai pour une autre 'organisation' du temps photographique. D'une image inscrite en totalité dans l'instant de la prise de vue et que la suite du processus ne fait que fixer un peu plus, on passe à une image réduite en fragments et à reconstruire, à actualiser sans cesse. En un sens, on est plus 'soumis' au poids de l'image inscrite en objet qui, par sa présence matérielle, impose son intégrité d'un bout à l'autre de la chaîne, mais on a affaire à une image à construire tout au long du processus.

- neutralité de la prise de vue sur le plan technique
- normation de la lumière, des couleurs, du N/B
Ces deux choses sont liées…

- virtualisation du sujet
Je ne comprends pas bien… cela a-t'il à voir avec la dématérialisation de l'image ?

- rapport au regard changé pour le photographe et le regardeur
- mise en question de l'incarnation dans l'objet photographique
- relation au tirage changé
Est-il possible d'avoir un petit développement de ces points ?
Est-il question de l'incarnation du photographe ou du spectateur ?


 
 texte à lire au toro
Auteur: romain 
Date:   06-10-2004 19:55

court texte qui peut alimenter notre discussion

romain


 
 Re: texte à lire au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   06-10-2004 20:00

le lien ne fonctionne pas…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   06-10-2004 20:39

Romain nous emmène sur le terrain glissant d'une discussion qui a déjà eu lieu…
Je ne crois pas que ce débat apporte quelque chose de nouveau. On peut admettre l'idée d'une 'photographie numérique' comme on peut chipoter éternellement sur la validité du terme.
Je préfère la distinction de Bernard Stiegler : image analogique (notre bonne vieille photographie), image analogico-numérique (celle qu'on appelle 'numérique'… n'oublions pas qu'il 'agit de la numérisation du signal analogique sorti du capteur), et enfin image numérique ( = image calculée = image de synthèse).


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: henri peyre 
Date:   06-10-2004 20:48

Juste pour dire que c'est super de tenter comme sur ce fil une motion de synthèse sur un sujet, on a vraiment l'impression d'avancer !
Merci, c'est vraiment bien !


 
 Re: ... �a ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   07-10-2004 09:05

non en fait je ne voulais pas que l'on discute la terminologie de photo numérique mais je trouve que les arguments que l'auteur utilise, intéressent notre discussion.

http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Photographie--Photographie_numerique_ou_pixographie_par_Jean_Lauzon

Bernard stiegler, la technique et le temps (tome II) voilà une référence à ajouter dans le fil sur philo et photo!

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   07-10-2004 10:46

Guillaume P
"- virtualisation du sujet
...cela a-t'il à voir avec la dématérialisation de l'image ?"

La suppression du temps photographique au profit de la compression du temps a pour conséquence ce que tu évoques plus haut "... on a affaire à une image à construire tout au long du processus".
Le sujet photographique se soustrait au profit de l'effet de déréalisation. Le sujet n'a plus besoin d'être regardé, vu, pris comme objet du réel photographié. La simulation est le sujet. Il y a déplacement du sentiment local pour aller vers une émotion générique.

Ce point, engage, me semble-t-il, les 3 co-latéraux suivants;
- rapport au regard changé pour le photographe et le regardeur
- mise en question de l'incarnation dans l'objet photographique (l'indivu corps projeté s'opposant à un corps générique).
- relation au tirage changé. Pourquoi faire un tirage papier alors que tout le processus est virtuel?.

A+

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   07-10-2004 11:17

"- relation au tirage changé. Pourquoi faire un tirage papier alors que tout le processus est virtuel?." cette question virtuellement anodine a intéressé aussi les vendeurs de consommables. le spot de Kodak est révélateur à ce sujet.

« ‹ Le numérique, c¹est vraiment bien. Prendre des photos, c¹est devenu si
facile! Mais il nous manque l¹essentiel. Les photos. Des tirages papiers aux
couleurs éclatantes, de belles photos qu¹on peut toucher, mettre dans un
album, encadrer, garder près de soi. Les photos nous manquent.
‹ Le nouveau kiosque Kodak, c¹est le plaisir du numérique et des tirages
photo. Repérez son logo près de chez vous et obtenez en quelques secondes
d¹excellents tirages Kodak avec votre appareil numérique ou votre téléphone
portable.
‹ Les photos, on y tient! »

Kodak ne veut pas que l'on oublie notre pratique culturelle de la photographie et pour cause. Cela révèle aussi qu'il pressent que le public n'arrive pas à suivre ce bouleversement; il faut rassurer pour que cette perte de repère à cause du changement technique disparaisse aussitôt. et c'est là où l'argument de la portabilité, de la diffusion de l'image (via internet) est un point à rajoutter à la liste. car si l'échange d'image est possible sans faire un tirage, pourquoi imprimer?

mais il faut relativiser le nombre de personnes possédant le haut débit et une imprimante de qualité qui puisse rivaliser avec l'écran ou nos anciennes photo. Kodak se positionne tout autant sur un marché cible qui ne possède pas tout le matériel necessaire mais aussi avance l'argument de la facilité. Pour dissuader ce qui veulent tenter ou percéver la pratique de la restitution de l'image restée virtuelle.
Kodak ne change pas son argumentaire press the button, we do the rest.

le tirage n'est-il pas un moyen de retrouver l'incarnation perdue dans l'objet photographique?

Je vous accorde que cette approche est à circonscrire à la photo amateur. mais dans d'autres cas si l'on veut accepter dans sa totalité le caractère dématérialisé et virtuel de l'image, Pierre vous avez déjà la réponse.

Romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   07-10-2004 11:39

Romain,
Kodack n'est-elle pas une entreprise en passe de devenir virtuelle?
Je ne connaissais pas le discours publicitaire (... plutôt de la réclame) de K. Très drôle, merci pour ce moment d'humour.

A+

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel 
Date:   07-10-2004 22:45

Bonsoir,
Quelques questions aux professionnels qui ne s'intéressent pas à la "photographie grand public".
A qui donc s'adresse la photographie pratiquée la plupart du temps pas la plupart des photographes professionnels, si ce n'est le grand public ?
C'est donc pour le grand public qu'ils travaillent. On peut citer la publicité, la photo de presse, la photographie institutionnelle, la photographie de communication ( autre nom de la publicité), la photo d'ilustration et documentaire, etc. Sans oublier les "beaux livres", les cartes postales, les photos d'identité, les mariages,
Même les artistes tentent de s'adresser au grand public.
Il ne s'agit pas là d'un jugement de valeur (quoique pour la publicité...et certaine presse...)

La photographie n'est pas seulement l'affaire que de ceux qui la pratiquent mais aussi de ceux qui la regardent.

Cordialement,

Michel


 
 Re: ... précision pour éviter une dérive…
Auteur: guillaume P 
Date:   08-10-2004 09:00

Michel,
lorsque j'ai parlé de 'photographie grand-public', dans le contexte de cette discussion, j'évoquais la 'photographie à bout de bras'… je ne crois pas que la photo de ce genre apporte beaucoup d'éléments à cette discussion.

Je ne répondrai pas pour l'ensemble des professionnels de la photo (grande diversité de pratiques…). Pour ma part (tout petit professionnel, certainement plus amateur par le cœur), je ne travaille pas pour le 'grand-public'.
Pour ce qui est de mon travail personnel, que je revendique comme art (osons !), si je souhaite lui trouver un public, je ne crois pas que celui-ci soit très large… peut importe d'ailleurs, il n'y a pas d'étude de marché à faire !
J'irai même jusqu'à dire que celui qui veut plaire au grand-public abandonne l'art pour la démagogie.

Sinon, je suis d'accord avec vous sur un point :
La photographie n'est pas seulement l'affaire que de ceux qui la pratiquent mais aussi de ceux qui la regardent.
Sauf que pour en parler ici, nous somme (malheureusement ?) majoritairement de ceux qui pratiquent…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   08-10-2004 09:38

Pierre,
merci, je comprends mieux.

J'ai un peu de mal avec cette idée de 'compression du temps'… ça évoque trop l'idée de 'tout, tout de suite' (le numérique n'est pas du polaroid…). Je crois vraiment qu'il s'agit d'une autre organisation du temps photographique (comment appeler ce changement ?) : en numérique, on saute l'étape de la révélation de l'original, original qui disparaît au passage (la reproductibilité ne s'applique plus seulement à l'œuvre, mais directement à la matrice).

Il y a quand même du vrai dans cette idée de compression du temps : le photographe, après avoir révélé son original, peut le ranger sachant ce qu'il détient et laisser décanter cette image, ou la digérer (comme chacun voudra), soit prendre son temps. En numérique, n'ayant rien de palpable, le photographe est peut être contraint ou tenté de rapidement produire une épreuve de lecture. En ce sens il y aurait moins de distance, d'où compression du temps… Ce raisonnement est fragile !

A suivre sur les co-latéraux (cette expression me rappelle quelque chose…).


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   08-10-2004 10:45

Guillaume,
Je suis d'accord avec ce que tu dis sur la compression du temps qui définit très imparfaitement le changement de paradigme ("le temps photographique"). Une autre idée?.

... Bon, je dois prendre un TGV pour retrouvrer des co-latéraux... las, par encore de télé-transportation pour les voyages,... vivement demain!

A lundi.

Pierre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   08-10-2004 10:49

Une autre idée ?

Il va falloir réfléchir… ce week-end…
Bon voyage !


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   08-10-2004 10:57

je suis d'accord avec vous; mais de toute façon ce sont deux idées complémentaire: compression du temps et réorganisation du temps. avec peut être une relation de causalité.
le numérique nous oblige à réorganiser les étapes de notre travail, certaines sautent (choix, du film, chargement, développement....) du coup ce temps n'existe plus; d'autres apparaissent prévisualisation virtuelle sur écran (pola poubelle), correction des courbes de gama....
il y a donc des disparitions et des apparitions de temps dans lequel se placent des pratiques nouvelles. Vous avez raison, compression est trop réducteur (la Palisse)
pourtant le numérique est choisi notamment parce qu'il permet de travailler plus vite (je n'ai pas dit mieux).....
à suivre


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Dh.LOOF 
Date:   09-10-2004 08:46

Peut-on dire que le fusain ou l'aqaurelle ressemblent à la peinture à l'huile.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   09-10-2004 10:38

Salut Dominique,
et les quelques autres,

Sans doute il y a une grande différence dans le rendu entre fusain, aquarelle et peinture à l'huile. Mais en gros il s'agit du même type de vecteur, et le médium portera des paramètres de contenu artistique assez semblables. Par contre, entre une photographie argentique et numérique, je passe sur les arguments du tout tout de suite, sur l'aspect compression du temps, sur les élucubrations verbeuses à base de photons (ou grains d'argent), il y a que même si la notion de vecteur est la même cela malgré des techniques dissemblables, l'image, le contenu, le message, ce que porte le médium, art, témoignage, souvenir, quel qu'il soit, perd la notion d'authenticité dés l'instant où le numérique permet la correction, la modification, la falsification, et la reproduction immédiate et infinie.

Le dessin, la peinture peuvent être entièrement imaginaire. La photographie même entièrement composée, doit assumer les contraintes de la matière.

Ce qui ne veut pas dire que la photographie modifiée n'ait pas sa place dans l'art graphique. Elle l'a bien au contraire, mais il convient de ne pas amalgamer les techniques d'expression. Ce fichu toro ressemble à un toro, mais celui la vous pouvez lui mettre trois cornes et une trompe d'éléphant, on aura re-inventé l' énigmatique tsoukioumbi, animal légendaire ou réel fréquentant les régions inaccessibles de Madagascar. Ceci étant dit pour savoir s'il y a sur ce site un photographe Malgache qui pourrait m'en dire plus sur cet animal extraordinaire.

Pour le photographe déviationniste, c'est peut être une aubaine, dans le court terme, mais au delà, le dessin et la peinture ne sont ils pas des vecteurs moins hypocrites et plus puissants ?

CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   09-10-2004 11:08

Le terme 'déviationniste' est un peu fort ! Il n'y a pas en photographie une seule voie (celle du parti… : )), ou alors, il faut vite sauver ceux qui se sont égarés hors du chemin…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   09-10-2004 12:04

Que proposez vous comme synonyme à déviationniste moins connoté politiquement ?

Photographe déformisme ?
Photographe transformiste ?
Photographe manipuliste ?
Photographe numériste ? numérisant ? numérique tout court ? Non ce n’est pas le photographe qui est numérique, mais la machine à faire l’image.
Photographe numéri ou numéro-suréaliste ?
Photographe utilisant la technique numérique pour construire une image différente de la réalité ?

C’est un peu long, mais ça veut bien dire qu’il y a toro argentique et toro numérique. Il y a bien toujours une image en finalité, mais il y a une fondamentale différence. Il faut trouver un qualificatif à part entière.

CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   11-10-2004 18:05

Je choisis :
Photographe utilisant la technique numérique pour construire une image de la réalité ?
: )
Pas 'différente de la réalité', juste une image. Pas plus de vérité d'un côté ou de l'autre…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: david g 
Date:   11-10-2004 18:09

stylo bic,montblanc ou powerbook, un écrivain est un écrivain, c'est l'intention qui compte !
Au fait, c'est quoi la réalité ?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   11-10-2004 18:43

Si vous ne voyez pas la réalité (du verbe voir), consultez votre mèdecin préféré.....
Je n'ai pas dit vérité, mais réalité. Le monde réel est sensoriel pour l'homme. Il se voit, se sent, se touche. Ces informations capturées par photographie quelque soit la technique sont "la réalité". L'image est conforme à ce que l'on a vue. Il reste qu'elle est liée à la fonction humaine, et l'esprit peut la déformer. La vérité est un autre concept.

Il me semble que l'on peut utiliser :

le numérique sans déformer l'information capturée (appelez cela autrement que réalité si ça vous chante), et il n'y a alors, aucune différence entre cette image faites avec une technique A, et celle faites avec la technique B.
le numérique en déformant l' information capturée, et il y a alors une différence. Si vous ne la voyez pas, c'est TRES grave.

Dans un cas, comme dans l'autre, personne n'ira au piquet. David il me semble que l'on qualifie différemment un ecrivain historien, romancier, de fiction, politique. Tout ça c'est pareil mais tres différent. L'intention est dans l'adjectif, pas dans le nom.

Enfin c'est pour blablater
CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel 
Date:   11-10-2004 23:49

Bonsoir

Enregistrement d'une conférence de Michel Frizot. (juin 2004)

ici

La question du numérique, brièvement abordée, ne semble pas l'émouvoir outre mesure ni avoir beaucoup d'importance à ses yeux. Pas même quant au pouvoir d'attestation de la photographie.
Je ne sais pas si ça répondra à vos curiosités, mais bon.
La question de la discontinuité de la lumière (cf une autre discussion) est abordé par la dernière question...

Cordialement

Michel


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: david g 
Date:   13-10-2004 09:07

le numérique sans déformer l'information capturée (appelez cela autrement que réalité si ça vous chante), et il n'y a alors, aucune différence entre cette image faites avec une technique A, et celle faites avec la technique B.
le numérique en déformant l' information capturée, et il y a alors une différence. Si vous ne la voyez pas, c'est TRES grave.

C'est encore plus GRAAAVE que de penser que l'argentique et tout simplement la photographie ne déforme pas l'information capturée !

Un exemple au hasard, ce qui se passe quant on est face à une image Argentique de Michael Ackerman, de quelle réalité parlez vous ?

Vous allez dire, oui mais le flou ... bon, et quant on regarde un instant décisif arrété par Henri Cartier Bresson ? un homme en lévitation sur une flaque ...

et une image argentique statique en pose longue ...

Si on parlé d'autre chose que de la grave réalité ...

Avant le numérique, il y avait ce genre de discussion entre noir et blanc et couleur, c'est stérile !


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-10-2004 09:39

Bonjour,

David,

J'ai la paresse de relire ce fil,
Mais cette discussion est typique d'une fin de soirée,
Et j'ai eu avec qq amis habitant de cette noble planete un prolongement de ce fil,
Mais pour de vrai avec les liquides qui favorisent le partage des idées,
Vers les 2 heures du matin, nous étions d'accord sur un point très important :
"Le numérique ne génère pas de déchet, l'argentique rempli allègrement nos poubelles"
La différence c'est cette gestion de la matière qui prend aujourd'hui un sens particulier,
Et les déchets donnent du poids aux images argentiques qui sont le résultat de vrais choix avec des vrais enjeux.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   13-10-2004 09:47

Bonjour paresse!

PS


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Stringa Pierre 
Date:   13-10-2004 09:56

Pardon,... Bonsoir ivresse!


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-10-2004 10:07

Bonjour,

Pierre,

Belle ivresse, très modérée mais créative, inventive et donnant "la" solution ;-)

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel 
Date:   13-10-2004 10:13

Bonjour,
Effectivement, avec 1 gramme ou 2, on peut dire ça.
Sinon, il faudrait vérifier que le numérique, en tenant compte de toute la chaine et de tous les paramètres, pollue moins...
Pour les cerveaux aussi il faudrait vérifier. Cf. la publicité et tous ce que le marketing, les vendeurs, etc... veulent nous faire avaler (plutôt des conneries) ou nous faire cracher (sûrement du pognon).
Le problème encore une fois n'est pas tellement ce dont on dispose (le numérique, le ketchup, les bagnoles, la télévision mais de qui décide réellement.. Là encore en tenant compte du plus de paramètres possible : pression divers sociale, publicitaire, institutionnelle, etc...
Et ce problème n'est pas apparu avec le numérique. Celui ci le réactualise, sans plus.
Cordialement,
Michel


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-10-2004 10:25

Bonjour,

Michel,
Il s'agit d'une vérité première,
Qui nous a été révélée,
Ce n'est pas contestable ;-)

Et je vois bien que mon boitier numérique ne génère pas de déchet : même sobre.
J'ai rempli mes poubelles de film et papier en tout genre pendant mes années labo,
Il est difficile d'égaler la photographie traditionnelle en terme de déchets.

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: romain 
Date:   13-10-2004 10:34

je pense que généralement il reste moins de chose dans l'assiète d'une daube de toro que celle d'un plat de gambas ou d'escargots

romain


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   13-10-2004 10:41

David, il me semble que nous ne parlons pas de la même chose.
Je parle de la modification d'une image APRES l’avoir faite.
Vous parlez de la différence entre ce qu'a vu l’œil, et l'image résultante du processus photographique.

La première est une déformation volontaire par l'intervention de l'homme
La deuxième est une différence entre le moment vivant ou l’image a été faite, l'instantanéité du processus photographique, et les lois physiques qui lui sont liées, avec ou sans exploitation de ces lois par le technicien.

En argentique nous savons tous que l’on peut falsifier l’image. Mais cela demande des compétences longues à maîtriser, et cela reste donc rare, et le fait d’une très petite minorité.
En numérique nous savons tous aussi que la modification d’une image est hyper facile, et est le fait de la majorité, avec le meilleur goût que l’on peut en attendre.

Une image argentique numérisée devient une image numérique.

Si l'on dit que ce que disent les autres est stérile, c'est que l'on a aussi une interprétation à avancer. Dans le cas inverse, c'est du négativisme encore plus stérile.

Mais malgré ce dialogue de sourd, on a le droit de préférer l’une ou l’autre de ces techniques. Aucune ne rattrapera un jour la réalité qu’elles essaient de montrer, puisque la réalité est le présent, et la photo un arrêt du temps, par définition en arrière du présent.

Mais c’est du blablabla tous cela.
CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel 
Date:   13-10-2004 10:44

Bonjour,

Henri,
Les Révélations, ça ne se discute pas ;-)
Mai le papier photo, la chimie...ça se voit beaucoup, on doit s'en occuper soit même, mais vous (je) polluez beaucoup plus avec une bagnole, par exemple.
Et quid de la pollution des esprits ? Personnellement, c'est cette question qui me semble cruciale.

Bonne journée

Michel


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume P 
Date:   13-10-2004 11:24

Bonjour,
110 réponses !!! un fleuve…

Romain (qui devrait le savoir…), une daube de toro, on l'appelle ici une gardiane (bien prononcer le 'e' final…).

Le numérique fait peur au photographe en lui enlevant le mérite du 'tour de force' ou du 'coup de chance'…
La photographie est elle seulement prouesse ou opportunité chanceuse ?


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume p 
Date:   13-10-2004 11:30

C'est pas très clair !
Je parle des manipulations permises…


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-10-2004 11:49

Bonjour,

>>mais vous (je) polluez beaucoup plus avec une bagnole, par exemple.>>

Pas si sûr,
A l'heure d'activité d'un labo, avec des métaux lourd qui partent aux égouts,
Je ne parirai pas ;-)

Pour la pollution des esprits, j'ai ma petite idée sur la question ;-)

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   13-10-2004 12:49

Le numérique fait peur au photographe en lui enlevant le mérite du 'tour de force' ou du 'coup de chance'…
La photographie est elle seulement prouesse ou opportunité chanceuse ?

On continue à parler alors ?
CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-10-2004 15:36

Bonjour,

>>On continue à parler alors ?>>

A-t-il été question d'arrêter ;-)

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel 
Date:   13-10-2004 20:45

Bonsoir,


Henri,

"A l'heure d'activité d'un labo, avec des métaux lourd qui partent aux égouts,
Je ne parirai pas ;-)"

Qu'y a t-il de comparable entre un labo industriel, un minilab, un artisan et un amateur ?
Les uns recyclent, les autres rejettent, c'est vrai, mais en quelle quantité ? Je n'excuse pas, je relativise un peu.

"Pour la pollution des esprits, j'ai ma petite idée sur la question ;-)"

On peut savoir, ou faut-il attendre une future révélation. ;-)

Cordialement,

Michel


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-10-2004 22:45

Bonjour,

Michel pour la pollution d'un labo, je parlais du mien,
Quand j'y travaillais 12 heures par jours,
Je pense qu'une automobile est plutôt moins polluante.

Pour la pollution des esprits, je pensais à la sacrosainte télévision,
Mais ce n'est pas un scoop ;-)

HG


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   13-10-2004 23:02

Puisqu'il faut parler, allons y.
Le numérique professionnel fait peur à l'amateur, parce qu'il est bon, très bon, mais trop cher pour l'amateur. Donc les bons pro seront toujours meilleurs, si l'on prend comme postulat qu'un pro est meilleurs qu'un amateur. Pour le reste, c’est à dire pour le numérique à porté des amateurs, la seule peur éventuelle est de se voir relégué au fin fond du monde des oubliés, par la vague des numériques et numéristes qui dans leur immense conviction de détenir la nouvelle vérité, sont parti en croisade et militent envers l’autodafé de l’argentique pour nous sauver de l’erreur.

Mais que ce numérique fasse peur d'enlever le mérite du 'tour de force' ou du 'coup de chance'…par rapport à l’argentique, ce n'est pas mon truc. Si on est capable d'avoir de la chance en argentique, ou de bien travailler, ce sera la même chose en numérique. En fait 1 toro comme ça = 1 toro comme çi.


Quant à la deuxième suggestion de savoir si "la photographie est seulement prouesse ou opportunité chanceuse ?", je crois que c'est les deux à la fois selon le cas. La chance se travaille, mais parfois elle vient seule. Quant à prouesse, c'est talent+travail. Je ne crois par trop à la chance pure. Tout au moins on ne fait pas sa carrière la dessus. Mais à ce niveau, argentique ou numérique, c'est même combat.

La où le combat est inégal est dans la retouche de l’image. On fera un jour le distinguo entre image numériquement non modifiée, et image numériquement modifiée. On commence par les tépouilles, puis les poussières, puis l’antenne de télévision si vilaine sur le toit, puis la verrue sur le visage de machin, puis pourquoi pas on va rajouter un ciel plus sympathique, un homo sapiens dans le paysage et voilà, c’est partie. Apres on se croit Gauguin, Renoir ou Picasso, et on fait faire la pirouette à l’image. On a fait de la photographie, et maintenant on fait de la manipulation numérique. On se prend pour un créateur alors que l’on ne fait qu’utiliser un outil de création inventé par un autre. C’est de l’art si ça vous chante, j’appelle cela de l’imposture, du moins si l'on revendique sa manipulation comme une création entièrement personnelle.

Sans esprit de provocation, et pour la partie composition et esthétique de l’image, en aucune façon pour la qualité du tirage, je dis et je pense que ceux qui croient faire de meilleures photos que les autres, parce qu'ils utilisent le numérique, sont des couillons. Ils font seulement de la photographie avec une autre technique.

C'était pour vous détournez des problèmes de pollution, des corps et des esprits.

CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Michel 
Date:   13-10-2004 23:10

Henri,

"Quand j'y travaillais 12 heures par jours,"
Alors comparez plutôt à un bulldozer, ce serait plus adéquat, vu la quantité de travail.

D'accord, les esprits sont bien pollués par la télévision, mais la presse, et en particulier la presse illustrée n'est pas sans reproche. La publicité non plus, d'ailleurs..Les méthodes ici et là sont les mêmes.
Pour en revenir au numérique, on ne nous a pas bassiné lors du passage de la vidéo au numérique, par exemple. Cette question numérique vs. analogique est un peu saoulante. Je pense que focaliser à dessus est un moyen - de plus - de justement cacher les vrais enjeux. Ce passage est piloté par l'industrie, dont l'ambition se limite à peu près aux bénéfices quelle peut en tirer, et certainement pas l'élévation de l'humanité. Ce passage sera ce que l'on en fera. On jugera sur pièces, d'ailleurs on peut déjà un peu : ça dépend beaucoup quand même de celui ou de celle qui réalise les photographies...
Non ?
Alors ce sont peut-être des photographes à cerveaux numériques eux aussi !

Bonsoir

Michel


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume p 
Date:   14-10-2004 09:05

Bonjour,
Chrisian, imaginez pour un artiste ce qu'apporte la malléabilité, la plasticité appliquée au matériaux photographique ; c'est tout simplement une nouvelle invitation à la création. Rien ne prouve qu'il y ait plus de facilité, et il n'y a pas à attendre une 'nouvelle' technologie pour assister à des impostures…

Il n'y a pas non plus de combat ! Encore une fois, cette idée de concurrence vient de ce que le numérique permet de composer de toutes pièces ce qui relève, en argentique, du tour de force ou du coup de chance. Le photographe se sent ainsi dépossédé…
Mais finalement, le fait que toute image puisse être suspectée de manipulation devrait nous aider à voir la photographie autrement en renonçant une bonne fois pour toute à l'idée qu'elle constitue une preuve irréfutable. Ca ne peut que renforcer la capacité de la photographie à véhiculer des idées. J'irai même jusqu'à dire que la photographie argentique peut y trouver un nouveau souffle.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume p 
Date:   14-10-2004 09:10

J'aurais voulu citer l'exemple de la célèbre 'migrant mother' de Dorothea Lange… Une main (coin bas-droite, si mes souvenirs sont bons) a été effacée…
C'est une photographie documentaire !


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   14-10-2004 11:21

Vous devez avoir raison. De toute façon l'art est libre dans ses contraintes.
Nous n’avons simplement pas la même façon de voir, ni de comprendre la photographie, et la création dans et par la photographie.

Je n'aime simplement pas les images étonnantes trop signées numériques, que l'on nous montre aujourd'hui. Mais tout peut changer. Demain, j'adorerai peut être, si deus quiser !
CM


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: guillaume p 
Date:   14-10-2004 11:45

Christian, je n'aime pas non plus les images qui transpirent la technique, les démonstrations de procédés. Et ce n'est pas mieux parce que nouveau.
Je veux simplement dire que nous devons accepter les changements technologiques (ce qui ne veut pas dire se précipiter dessus…), être conscient des conséquences esthétiques et de ce en quoi elles peuvent modifier nos points de vue.
J'aimerai connaître votre conception de la photographie, et de la création dans et par la photographie. Je ne crois pas que nos points de vue soient si discordants que vous vouliez le croire… En tout cas, personne n'a raison.


 
 Re: ... ça ressemble trop au toro
Auteur: Christian Martin 
Date:   14-10-2004 12:57

Tout d'abord je fais la plupart du temps des photographies en voyages, des photographies souvenir pour la famille etc... Il m'arrive de faire des portraits tout à fait classiques et sans arrière pensée, des paysages, de la photo grand public et du tout venant.

J'ai voulu essayé les natures mortes, à mis chemin entre la photo produit et l'exercice du peintre, puis j'ai essayé d'associer des objets pour exprimer un sentiment que chaque objet seul ne peut dire, mais que l’association des deux ou trois arrive à formuler. Je ne veux pas dire que j'arrive aux résultats recherchés, mais j'essaie. Je me plais à citer le peintre Allemand Caspar David Freidrich qui disait à son époque « le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit en face de lui, mais aussi ce qu’il voit en lui. ». Cela fait très prétentieux de dire cela, mais c’est fondamentalement ce que je recherche à faire avec mes compositions d’objets, et plus rarement avec certains paysages qui ont parfois une force extraordinaire d’expression. En définitive, très peu d’images arrivent à un bon résultat. On passe rapidement dans le complètement loupé et le goût douteux. Cette démarche est totalement opposée à la conception d’une image ou le photographe ne fait qu’initier un chemin à suivre, et ou le public fait le reste avec son imaginaire.

Il y a quelques temps, je me suis mis aux tirages platines, et pour apprendre, j’ai voulu aborder des sujets plus classiques comme paysages, forets, cascades etc…. L’énergie investit dans l’apprentissage de la technique, a détournée complètement ma recherche précédente, au point qu’aujourd’hui, je n’ai plus aucune inspiration pour continuer. J’avais eu déjà ce même avatar culturel il y a quelques années en voulant imiter les copains d’un club affiliés à la FPF, et faire leurs concours photographiques. L'exercice de ces concours m'a pollué au point de me couper toute nouvelle inspiration dans la recherche d’une photographie expressive.

Dur à dire, mais ça fait tellement plaisir de l’avoir dit. Et faut il aussi s’en être aperçu, de cette pollution.

Du coup, ça m’a redonné goût au dessin !

CM




 
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