Auteur: Jean Daubas
Date: 14-10-2003 14:36
Mon cher Henri !
Assimiler cul de bouteille et sténopé ...
Une telle imprécision ne vous ressemble point!
Car —et pardonnez moi de m'exprimer si "trivialement"— en sténopiste confirmé, je me dois de vous rappeler que pour la photographie au sténopé, nous n'usons (et/ou n'abusons) que du cul et point de la bouteille....
Car le trou est ce qui fait tout
Le trou fait image.
De bouteilles, de verres, de lentilles, de traitements multicouches, nul besoin. d'ailleurs, vous le savez : peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse!
Loin de nous, les aberrations chromatiques, les indices dre réfraction, de diffraction, les courbures de champ, la profondeur (du même champ) et... j'en passe et des meilleures...
Seul, le passage direct et rectiligne du rayon vient déposer son empreinte lumineuse au fond de la chambre..., droit dans ses bottes (=dans ses boites). Pénétration simple de la semence d'image, sans aucune protection, il est vrai!
Mon complice franc-comtois Emmanuel Bigler, roi de l'ingéniérie chambriste, prince de la géométrie optique se souvient probablement de ma conférence à l'ecole des Beaux Arts de Besançon en avril, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Photographie au Sténopé : j' y évoque les sténopés embarqués par la Nasa sur certains satellites et montre quelques images de dispositifs regroupant plusieurs centaines de sténopés destinés à l'étude des déplacements de certaines particules élémentaires!
Car justement, il s'agit bien de la seule et unique possibilité d'obtenir des images sans être pollués par le verre de la bouteille; des images plus proches de la réalité que nulle autre...
je vous le concède, Henri, il ne s'agit pas là de "culs" appproximativement bricolés, "coniques et renfrognés" (comme le chante Brassens), mais de culs amoureusement percés au laser avec des tolérances infimes. Mais quand même des culs sans bouteilles!!!
Enfin, en repoussant les sténopés comme "culs de bouteilles" du XIXe siècle, vous semblez associer la photographie au sténopé à la photographie ancienne; mais n'oublions pas que le sténopé n'a été utilisé en photographie (1855) que très tardivement après l'invention de celle-ci et finalement assez peu ( associé au courant pictorialiste) alors que sa vraie renaissance "contemporaine" (fin des années 70) lui a donné un essor considérable. Une bonne occasion de chasser une fois de plus ce terrible non-sens qui fait dire à tant de gens quand ils nous voient pratiquer le sténopé : "ah, c'est comme les tous premiers appareils photos!". Un non-sens que malheureusement certains sténopistes contribuent à véhiculer,jusque sur leurs sites Internet !
Gardons donc les "culs de bouteille" pour désigner les productions diverses et variées des industriels de l'optique naguère et aujourd'hui...
Gardons au sténopé sa pureté de "trou" et surtout de "passage originel"
Et avec un grand sourire, un grand clin d'oeil à vous Henri, depuis mon village (un "trou" dans la campagne franc-comtoise), devant une "bouteille" - très déformante- de Jura.
:-))
Jean Daubas
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