Re: Ecartement des 2 optiques
Envoyé par:
Michel GUIGUE
Date: 18/04/2012, 23:04
Bonjour,
Cela fait plus de 30 (trente) ans que je mesure les écarts inter-pupillaires de mes clients, étant opticien.
Celui-ci varie pour une personne adulte entre 58 et 72 mm ; avec bien entendu des écarts extrêmes de quelques mm.
Une sorte de courbe de Gauss dont le sommet serait de 62-64 mm.
Partant de là, la prise de vue photographique va devoir tenter de restituer la vision humaine en obtenant deux images sur film ou capteur proche de la réalité physiologique ; avec deux prises simultanées pour les appareils "stéréo" ou en déplaçant latéralement l'appareil mono-objectif.
Ne perdons pas de vue que le but de la photographie stéréoscopique est de tenter de restituer une vision "en relief" de la chose montrée. Un exercice qui a plus de 100 (cent) ans !
Un relief 'artificiel' et souvent exagéré !
Cette notion de relief, l'être humain l'a naturellement par constitution physiologique, il est capable d'apprécier qui ou quoi se trouve en avant ou en arrière de l'autre ; pour qui a un couple oculaire et tout ce qui s'en suit au fonctionnement normal.
Les télémètres évoqués par Emmanuel font appel à cette vision binoculaire où deux optiques visent une même cible ; en orientant ces optiques pour obtenir une image unique et en mesurant l'angle qu'elles forment, en traduisant l'angle en distance (après quelques mesures de tarage), on a un résultat et confectionné un télémètre fiable.C'est à dire un instrument apte à mesurer une distance. Et alors, plus la distance entre les deux optiques du dispositif ci-dessus est grande, plus la précision sera grande.
Vous pouvez mesurer sur votre appareil "presse-papier" au "L" rouge ou d'autres outils utilisant du film en bobines 120 (gros trou, voire petit) que la distance entre les deux fenêtres frontales utilisées par le télémètre correspond bien aux notions ci-dessus, avec quelques variantes du constructeur.
Pour revenir à la question posée par Yannick, à savoir :
j'aimerais savoir si lors d'une prise de vue en stéréo, il y a une distance entre les optiques standard, idéale, pour obtenir cet effet tridimensionnel , je dirais OUI !
Réponse : La distance à laquelle la physiologie humaine est habituée.
Pour se déplacer en évitant les obstacles et anticiper des croisements percuteurs lors de la conduite automobile, par exemple, ainsi que pour saisir le verre plein de Chablis (ou autre) qui est devant vous sans le renverser ou tout simplement lacer une chaussure, la vision du "relief" (*) et son appréciation des distances est tout simplement le résultat du fait que deux capteurs décalés transmettent des informations différentes qui sont interprétées et restituées en donnant en retour des données kinesthésiques aux excroissances concernées.
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J'ai sous les yeux deux appareils photographiques "vintage" ou presque ET... "STÉRÉO" !
Un Kodak Stéréo et un Réalist d'origine outre Atlantique (gradués en feet) qui ont tous deux une distance inter-pupillaire (entre axes optiques) de 70 mm.
La limite supérieure selon les considérations morphologiques humaines explicitées plus haut !
70 mm, c'est 2,75" ; ce qui pourrait être déjà une explication facile. Explication argumentée du fait que la contrainte du film 35 mm, ses perforations, l'espace utile en hauteur (24 mm) et les 70 mm inter vues ont fait que les uns et autres ingénieurs des constructeurs se sont pliés (adaptés) aux dimensions du support ; il faut bien le dire.
En effet, ayant impressionné deux films (135 mm, désolé pour ce Forum GF), avec l'un et l'autre des deux appareils cités plus haut, la surface sensible est exploitée au Max !
Même que c'est limite surbooké ! Avec parfois des chevauchements de 0.3 mm. Entre les 70 mm, il y a de quoi placer en effet deux vues occupant 70 mm ; sans rab.
En conclusion provisoire, Yannick, une prise de vue qui se rapproche le plus possible des réalités humaines, quant aux distances entre les optiques ou la distance imposée matériellement par le constructeur, est souhaitable et inévitable ; tout en faisant remarquer que ces 70 mm "constructeur" conduisent à des effets quelque peu exagérés ; mais le spectateur en redemande toujours plus !
À chacun de faire en fonction de son matériel (imposé pour les appareils dédiés) ou en gérant sa prise de vue, en fonction de son propre résultat final souhaité et en toute liberté.
Si j'osais, la Stéréoscopie, c'est un peu comme d'autres cherchent à refaire de la vraie couleur ; sans contraintes externes. Le résultat, seul, compte.
Je suis actuellement dans cette démarche et recherche stéréoscopique (**), tout en tentant d'aller vers une autre voie que celle des démonstrations-spectacles consistant à montrer derrière un instrument qu'il y a du "relief" ! Ce qui est très basique, la première marche de l'escalier ; je passe outre.
M.G.
(*) "relief" entre " " car entre les notions de relief, de distances, de stéréoscopie, de profondeur, de volume, d'espace ou d'autres considérations qui n'ont pas fait l'unanimité à l’Académie, ce "relief" mérite un référendum. ;-))
On peut même avoir une certaine appréciation du "relief" en étant monoculaire ; la géométrie spatiale de la fovéa (un téton en léger creux au fond de l’œil) le permettant.
(**) Le relief restitué n'est pas que derrière des stéréoscopes ; il y a d'autres moyens de confronter le spectateur à l'espace et surtout de lui en faire conscience de façon étourdissante et ... etc... J'y travaille.
M.G.