Ce fil commençait ainsi:
Auteur: Jimmy Péguet
Date: 20-03-2008 14:17
Photographiant depuis longtemps et de plus en plus en forêt, je cherchais l’autre jour le livre épuisé de Jitka Hanzlova « Forest ». Après avoir fait le tour de la quasi-totalité des librairies en ligne de la planète et après quelques faux espoirs, il m’a fallu me rendre à l’évidence : je n’en trouverais pas d’exemplaire à prix décent. D’agacement, je me suis rabattu sur « Quinault » de Ueda Yoshihiko. And the answer is « Wow ! ».
Le livre est un bel objet, sa prise en mains particulièrement agréable avec une jaquette au toucher très sensuel. Le livre étant imprimé sur un papier semi-mat et les sujets étant très sombres, il faut chercher à cause des brillances de l’encre une bonne situation pour le regarder. Petite mise en condition : trouver un endroit un peu obscur, en accord avec les photographies, sans lumière trop forte. Certains livres demandent un petit rituel : on ne regarde pas n’importe quoi n'importe comment.
Quinault et Hoh sont des forêts primitives de la côte ouest des Etats-Unis. Un endroit des premiers temps, dense et humide, où la lumière pénètre difficilement. Les photographies sont faites à la chambre 8x10, très sombres. Il n’y a presque que du bleu et du vert dans ces photographies répétitives où Ueda tente de rendre les couleurs phosphorescentes qui lui apparaissent, où on a l’impression que la forêt l’absorbe petit à petit. En lisant son texte d’introduction, dans lequel il livre les pensées qui le traversaient sans cesse durant son errance dans les bois, comment ne pas penser à la voix off de certains films de Terence Malick, celle de « La ligne rouge » en particulier ?
Ce livre est une étrange expérience visuelle, où le chaos laisse une impression de mystère et de paix une fois le livre refermé. Visuelle et tactile, la maquette étant très réussie.
Ueda se demande à un moment pourquoi les hommes sont les seuls à avoir si peur des profondeurs sombres de la forêt, alors qu’ils vivent dans des villes qu’ils ont rendues souvent sombres et dangereuses ? Interrogation qui rejoint celle d’Alain Cornu qui a réalisé un joli ensemble sur la forêt [
www.alaincornu.com] et a eu la surprise de découvrir qu’à la question « La nuit venue, dans quel endroit auriez-vous le plus peur : une ville ou une forêt ? », la majorité répondait « la forêt » (cité dans la revue Images).
Un aperçu de ces photographies très particulières ici : [
rareautumn.blogspot.com]
Quinault, Ueda Yoshihiko, 2003, broché, Seigensha éditeur. ISBN 4-916094-86-7 C0072. Le livre a été acheté chez Junku [
www.junku.fr], la librairie japonaise de Paris chez qui on trouve (évidemment :-)) des choses japonaises intéressantes, bien qu’ils ne soient pas spécialisés en photo. Le livre est assez cher, 92 € de tête
PS : je suis preneur de toutes références intéressantes contemporaines sur la forêt.
Jimmy
la suite ci-dessous:
[
www.galerie-photo.org]
François
Les éditions du courlis déchaîné