L'exemplaire unique pour la photo est une absurdité, on en rajoute une couche si on détruit le negatif, le fichier brut etc...
La photo est faite par essence pour être dupliquée, reproduite, diffusée, publiée, éditée.
En avoir fait, déjà, des séries limitées est contestable en soi et certains photographes se refusent à numéroter leurs tirages, Salgado, entre autres; la limitation faisait rire nos plus illustres anciens comme Robert Doisneau pour ne pas le nommer. Qu'un tirage exceptionnel prenne plus de valeur qu'un autre peut se comprendre, du moins tout dépend de la photo et du photographe et de sa cote sur le marché (un vintage d'une célèbre photo de Louis Stettner atteint aujourd'hui 24.000 euros en cote), on pourrait également l'imaginer pour des tirages alternatifs exceptionnels, un platine, un charbon, une gomme unique d'une photo par ailleurs diffusée en série sous forme de tirages plus classiques, ou encore un tirage de la main même d'un photographe disparu.... on touche dans ces cas à l'exceptionnalité de l'œuvre, et c'est l'essence de toute collection. Mais pour cela encore faut il que la photo en question soit célèbre et son auteur itou.
A l'heure où même les peintres diffusent leurs tableaux sous forme de digigraphie limitée, afin de toucher un public moins fortuné et tout aussi amateur, où il n'est pas rare que certains artistes déclinent certains tableaux, créant de fait qque part des séries limitées de certaines de leurs œuvres parce qu'il y a un marché pour ça, avouons qu'évoquer le 1/1 en photo et la destruction du neg avec prête plus à rire qu'autre chose.
En revanche il est tout à fait envisageable de créer des présentations uniques, un diptyque (par exemple) monté sous passe et cadre et vendu comme tel sans qu'on refasse jamais ce montage, s'adresse certes à un autre public que les collectionneurs mais peut offrir un intéret.
Ou encore pour rester dans les "di" un tirage et un dessin original du photographe (unique celui là) peut aussi intéresser mais on sort du cadre et cela relève plus de gammes de luxe, donc de "produits".
Mais il est toujours possible de "déclasser" certaines photos ou séries et de les diffuser sous forme d'open édition donc sans limitation aucune. (dans ce cas et sur un plan fiscal, il s'agit d'un produit d'édition et non plus d'un tirage original, il faut donc s'appuyer sur une structure éditrice si on est un auteur ou un artiste relevant des caisses Agessa ou MDA, on sera réglé ici en droits d'auteur)
L'open édition (qui est plus saine et moins "arnaque" que les multi diffusions genre 400 exemplaires par exemple comme pour certains diffuseurs de tirages bien connus) permet d'offrir à coût réduit au public l'accès à certaines photos, et on se rend compte qu'il y a bien un marché pour cela. Maintenant il est vrai que quelque soit la cote de l'auteur ces "produits" ne constituent en rien un investissement (on peut qque part sur un plan légal les considérer comme des posters de luxe) et que ce marché est parallèle au marché dit de l'art, et donc n'intéresse pas les vrais collectionneurs.
Encore faudra t-il être parfaitement clair. Qu'il n'y ait aucune interférence possible entre ces series grands publics accessibles et le reste de la production plus confidentielle et limitée. Sous peine de flouter sa cote et de devenir vis à vis des galeries et des collectionneurs un producteur d'objets grand public.
On sait le mal qu'a fait au marché et aux photographes les fameux discounters de tirages soit disant limités dont je ne citerait pas de nom ici, mais qui sont bien connus.
Rien n'est simple sur ce marché. Mais la solution n'est certainement pas le fameux 1/1 qui ne saurait qu'être au mieux anecdotique.
Bruno
[
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