Mais pourquoi Linhof proposerait une telle "copie"
Question pertinente qui mérite une petite discussion sur la comparaison des législations européennes et étazuniennes sur la notion de
contrefaçon de design et la protection apportée par les brevets techniques.
Il n'y a aucun risque que l'honorable maison Linhof ne copie quoi que ce soit.
L'honorable maison Linhof n'a pas besoin de copier servilement le design de la concurrence pour essayer de se placer sur le marché étazunien (où on ne reconnaît pas la contrefaçon de design comme en Europe). Et en tant qu'honorable maison européenne, elle ne peut pas vendre en Europe un produit qui soit une contrefaçon de design d'une marque europénne.
L'honorable maison Linhof a un bureau d'études mécanique de précision, qui remonte aussi loin que l'honorable maison zürichoise du Père Alfred Oschwald (cela ne nous rajeunit pas), une honorable maison bavaroise n'a donc pas besoin de recopier un brevet de la concurrence en trichant pour sortir quelque chose de bien fait.
Les berceaux sont au catalogue des bonnes maisons d'optique de laboratoire depuis des lustres, sous le nom de berceaux goniométriques. Il suffit de les fabriquer avec soin et à un prix raisonnable, avec un cahier des charges juste adapté à ce que demandent les photographes, qui n'ont pas besoin de la minute d'arc en précision, et qui n'ont pas besoin d'un guidage sur glissière à billes comme dans les montages de laboratoire. Mais qui demandent quelque chose de doux, sans jeu, et qui supporte un poids de l'ordre de 10 kg. Et qui ne se bouffe pas au bout de 2 ans d'utilisation professionnelle. Et qui ne se grippe pas au premier grain de sable du Marquenterre, par exemple. Et qui supportent des écarts de température importants.
Pas si simple comme cahier des charges, car les berceaux de précision des laboratoires ont souvent des charges maximales assez peu élevées. Et ils ne sortent guère de l'environnement protégé d'un labo où les grains de sable sont plutôt rares et la température bien régulée.
Certes, certains maladroits pensent qu'il n'y a plus rien à breveter sur les berceaux .. s'il en était ainsi, Sinar n'aurait pas pu protéger les berceaux des Sinar P et P2..
Les maladroits pensent aussi qu'on peut copier servilement, y compris le design, sans avoir fait une recherche-brevet sérieuse... dommage peur eux, car, effectivement, la législation de É-U laisser rentrer en toute légalité des copies de montres européennes,
dont les détenteurs des droits de marque sont hors des É-U (très important !!), du moment qu'elles sont correctement étiquetées "made in China, Japanese movement", par exemple ; donc seul un brevet technique pris aux États-Unis permet de vendre aux États-Unis un produit technique sans être immédiatement copié.
L'honorable maison Arca Swiss, bien entendu, prend toujours ses précautions avant de commercialiser un nouveau produit technique aux États-Unis : un nouveau design de quelque chose, sans nouveauté technique brevetée ne protège pas grand chose chez nos voisins d'Outre Atlantique.
Donc vive la concurrence. S'il y a une offre en berceaux croisés, c'est qu'il y a une demande.
De même que l'obturateur copal n'est en rien une copie du compur (alors même que tous les anciens brevets compur sont dans le domaine public), de même les berceaux croisés de chez Linhof sont des berceaux croisés de chez Linhof. Pas une copie de chez....
E.B.