Je me joins à Alain-Marc.
Grand merci à Georges W. pour cette organisation de journée et tous nos remerciements à M. Krieps qui, pendant deux heures, a accepté de nous faire partager son enthousiasme pour cette exposition qui en elle-même est un monument historique (tirages de 1955, restaurés par les spécialistes luxembourgois, 2000 heures de travail).
Grâce à le gentillesse de M. Krieps qui a connu personnellement Steichen et qui a été l'un des acteurs principaux de l'installation de cette expo du MoMa à Clervaux, c'est un peu comme si Steichen lui-même nous avait expliqué ses intentions en créant cette expo.
Sans trahir de secret, je crois pouvoir dire que l'assistance a été fort sage, point de ces plaisanteries qui émaillent d'habitude les rencontres galerie-photo, tout au contraire ;-)
En vrac citons certaines images qui m'ont frappé, mais sur 500 images, on me pardonnera de choisir un peu en vrac :
- un paysage d'alpages de Brassaï, une splendeur, une découverte surprenante pour moi, je pensais que Brassaï c'était « Paris-la-nuit » !
- autre surprise, découvrir au milieu des portraits et de la photo « sociale » qui constituent l'essentiel de l'expo, le « Manzanar » de Saint Ansel ; en version un peu recadrée, nettement plus carrée que l'original. En trois lés (** note 1), surface totale dans le genre 3 m sur 3.
- en préfiguration de l'expo de l'après-midi, il y a à Clervaux un tirage du fameux porteur de briques de Sander. Parmi les images les plus célèbres du XX-ième siècle, je n'insiste pas sur le bonheur de voir un original en vrai.
- n° 225, de Walter Sanders (aucun lien avec le précédent) une image géante qui me semble un défi technique, Toscanini dirigeant un orchestre dans un grand théatre, encore un tirage monumental de plus de 3 m sur 3, on n'arrive pas à comprendre en lumière ambiante comment les images de centaines de spectateurs au fond semblent nettes sans flou de bougé...
- une image montrant un amphi rempli d'étudiant(e)s studieux(ses), des jeunes gens et de jeunes filles fort sages, un rêve pour les profs d'aujourd'hui ;-)
Avec Georges L. (que je salue au passage) nous nous sommes demandés quand avait été prise la photo ; d'une netteté absolue, très probablement prise à la chambre, on n'arrive pas à savoir de quand date la photo ; la présence de nombreuses jeunes filles trahirait une époque relativement moderne, mais en fait on ne sait absolument rien...
(bien fait, y'avait qu'à acheter le catalogue...)
Georges L. m'a fait remarquer à quel point cette assemblée avait l'air triste... Mais quelle netteté époustouflante !!
- sous le n°248, Boris Vian jouant de la trompette, de Doisneau (il y a 3 ou 4 Doisneau à Clervaux)
- les fameuses dames du Cachemire de Cartier Bresson, impressionnant surtout quand on sait le format timbre-poste d'origine ;-)
- enfin à a la sortie, n°503, deux petits enfants sur un chemin en forêt, de W. E. Smith, un pur bonheur.
Donc avis aux amateurs qui se trouveraient pas trop loin du Luxembourg, si vous voulez voir l'expo cette année il faut se dépécher car elle va être fermée pour deux ans.
L'après midi à Dudelange dans la salle d'expo du Centre National de Audiovisuel (CNA), après le repas au restau « Amarcord »
(où nous nous attendîmes en vain les serveuses accortes et felliniennes), nous sommes allés voir l'expo August Sander.
Je dirais que malgré l'éclat et la magnificence de l'expo « Family of Man » qui réunit le meilleur de dizaines de photographes prestigieux autour d'un fil conducteur décidé par Steichen, l'expo Sander c'est toute une vie dédiée au portrait, dans l'Allemagne des années les plus sombres du siècle passé.
Pour moi l'impression est plus forte. Je n'en dirai pas plus, les photos de d'August Sander ne sont plus à présenter, pour les aficionados il y a un catalogue complet en 8 volumes rassemblant toute cette oeuvre, on peut feuilleter ces bouquins dans l'expo de Dudelange.
Si j'ai bien compris, l'édifice du
CNA de Dudelange est bâti sur
le lieu autrefois occupé une aciérie, il reste un monumental château d'eau (au Luxembourg, on dit une tour d'eau comme en allemand) qui est en cours de rénovation pour y accueillir, à terme, des expositions. ce sera donc une bonne occasion de retourner au Luxembourg le jour où là tour d'eau de Dudelange sera ouverte au public comme lieu d'exposition.
Certes, je dis cela pour nos amis Alsaciens, ce château d'eau ne vaut pas celui de Sélestat, mais on ne sait jamais ; peut-être nos instances nationales & régionales, suivant l'exemple luxembourgeois, transformeront-elles un jour
le fameux château d'eau légué par le Kaiser Wilhelm en Maison de la Culture Photographique d'Alsace ? ;-);-)
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** note 1 : certains, au lieu de dire « lés » disent « laizes » mais c'est pour tendre la perche à la Comtesse qui adore les grandes laizes des cabotins.
E.B.