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Louis Stettner en Suisse (Château de Nyon et AD-Galerie)
Envoyé par: AD
Date: 28/05/2010, 11:40

"Louis Stettner, un regard sur la vie "
Ce photographe exceptionnel n’a cessé de vouloir saisir la vie, de la questionner et d’en proposer ses moments de vérité. Il compose ses images de manière à faire en faire ressentir toute leur émotion. L’œuvre de Stettner s’impose comme le témoigne d’une vie, la sienne, mais aussi comme un regard et une empathie offerts à l’humanité.
Né à Brooklyn (New York en 1922), Louis reçoit de ses parents un appareil Box Brownie. Il n’a que 14 ans et entre en photographie alors qu’elle n’est pas encore perçue comme un art. Il fait des images pour lui, ses amis photographes et ses proches, tout simplement. Il y a quelque chose de naturel et d’intuitif chez Stettner. Pas de préméditation, ni de volonté de construire une œuvre. « Comme pour l’amour ; on n’explique pas l’amour… De même pour la photographie ! ». Dès 1940, Alfred Stieglitz et Paul Strand l’encouragent vivement à poursuivre.
Jeune homme, il aurait pu tirer le portrait de ses amies, utiliser ce stratagème pour flirter. Mais, non. Il part dans le Pacific, si mal nommé : la deuxième guerre mondiale éclaire l’horreur de ses bombes. A 18 ans, il choisit de servir la lutte contre le nazisme et le fascisme et s’engage pour « un combat juste ». Il découvre alors que le reportage de guerre est très difficile : « plus on s’approche des combattants ou des victimes, plus ils se cachent ». Dix ans plus tard, il aurait réalisé des portraits de soldats. Les espoirs et les peines sont inscrits sur le visage, la profondeur d’un regard dit tout.
Une bourse de 75 dollars par mois offerte par le gouvernement américain lui permet de venir suivre les cours de l’IDHEC à Paris. Le cinéma lui fait de l’oeil mais il lui semble compliqué de trouver un producteur, de diriger toute une équipe. Par esprit d’indépendance, il opte pour la photographie.
Stettner aime les grandes villes. Il s’y sent à l’aise ; c’est son territoire. Il découvre Paris : « la ville de l’amour et de la beauté de la vie, œuvre achevée ». Mais son coeur balance. « A New York, l’homme dévoile son esprit en lutte contre l’adversité. C’est une ville en train de se définir perpétuellement, toujours en devenir. On peut y devenir héroïque ». Ces deux villes sont très différentes et complémentaires tout comme le sont peinture et photographie ; deux arts qui ne cesseront de rythmer la vie de l’artiste. La peinture lui est angoissante mais reste un nécessaire processus de recherche et de découverte intérieure. Art moderne, la photographie le projette à l’extérieur et vers les autres : occasion de rencontres et moyen de découvrir le monde.
La seule différence entre la photographie et la peinture ? « La chance joue un rôle plus important dans la photographie. Mais tous les autres éléments sont communs à aux deux arts. Pour moi, la photographie reste un processus très intuitif. Je ne fais jamais de calcul pour prendre une image. J’attends un instant de chance pour exprimer, par ma vision personnelle, la vie autour de moi. Je cherche les moments signifiants qui révèlent quelque chose de l’humanité ».
Pour Stettner, l’émotion et la composition sont intimement liées. L’émotion s’exprime par la structure de l’image : « Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises photos. Il y a des images plus ou moins fortes mais on réussit une image lorsque l’émotion s’exprime dans une forme originale. Une bonne image ne devrait pas pouvoir s’exprimer avec des mots. Si je peux raconter mon émotion, il n’y a pas de raison de faire une photographie. Cela reste un miracle inexplicable ». Voila pourquoi une photographie de Stettner vous touche profondément, comme un instant précieux de la vie. Et comme pour la vie, ces moments de bonheur ne se révèlent qu’avec le temps qui définit la valeur des choses. L’œuvre polie, l’art surgit.
De même pour ses peintures, Stettner réclame du temps : « Dans cinquante ans nous comprendrons, peut-être, l’intérêt d’une toile… ». Très souvent, ce sont les peintres qui viennent à la photographie mais il a suivi le chemin inverse. Il exprime en photographie ce qui ne peut l’être en peinture et inversement. Mais le visage et les mains restent le dénominateur commun. Si d’autres artistes ont traité ces sujets, ce fut souvent mis en scène dans un décor. Mais lui s’en tient au gros plan, fasciné et désireux de comprendre, de découvrir les mystères de l’humain : « Je me retrouve moi-même dans les autres. Jamais je ne prémédite la réalisation d’une image. Jamais je n’impose quelque chose à la réalité ; elle me dit ce qu’il faut faire. On ne sait pas ce que l’on va trouver, je reste ouvert à tout. L’intérêt est de faire correspondre ce qu’il y a en vous avec ce que l’on trouve dans le réel. On pourrait même faire une photographie très forte dans la salle d’attente d’un dentiste mais il faudrait, pour cela, y rester cinq ou dix ans. La réussite d’une œuvre est souvent en relation avec le temps investi ».
Il regrette que les endroits intéressants à Paris soient de plus en plus rares : « Il y a tellement de touristes que Paris est devenu un décor de théâtre. La vraie vie des habitants, la vie quotidienne - expression merveilleuse en français - est de plus en plus difficile à trouver ».
L’émotion, conjuguée à l’originalité de la composition, constitue le dénominateur commun de toutes ses œuvres. Mais ne lui collons pas d’étiquette ; il les refuse : « Suis-je un artiste humaniste ? Je ne sais pas mais Rembrandt était humaniste. Aujourd’hui, très peu de photographes défendent ces valeurs ».
Louis Stettner a mis longtemps pour venir à la couleur. Mais c’est devenu un élément important de ses images qu’il traite comme en noir et blanc. Les couleurs rayonnent, éclatent. N’avions-nous pas déjà découvert de la couleur dans ses noirs et blancs? « La couleur fait partie de la photographie. Elle peut souvent être plus qu’un simple aimant vers le réel, devenant pure expression de l’émotion et de l’instant. Il n’y a pas d’image en noir et blanc que j’aurais aimé faire en couleur ».
Regard sur la photographie contemporaine.
Pour Louis Stettner, le photographe contemporain est à 98% quelqu’un qui se montre habile, inventif et spectaculaire mais sa proposition reste une sorte de divertissement décoratif. Cela n’a rien à voir avec l’Art dont la seule raison d’être est de toucher l’âme humaine : « L’art n’est pas un divertissement. Tout mon travail va à l’encontre de l’industrialisation et de la déshumanisation de nos sociétés ».
Stettner se fera-t-il des ennemis, passera-t-il pour démodé auprès de certains en rejetant le numérique? Il définit le support argentique comme moyen de création et le numérique comme procédé de reproduction. Différence qu’il évoque en distinguant le vrai du faux : « Tout cela n’est guère visible mais ce n’est pas la même chose ; le digital n’a pas sa propre esthétique et reste une imitation de la photographie qui est basée sur les sels d’argent. On peut admirer l’œuvre originale d’une peinture de Rembrandt dans un musée mais accrocher, chez soi, la reproduction en poster. L’affiche tout comme le numérique constituent une simple évocation de l’œuvre ».
Les éléments techniques de la photographie
La photographie est un art dans lequel beaucoup d’éléments interviennent : l’intérêt du sujet, la qualité esthétique mais aussi la qualité technique de la pellicule, du papier sensible, des produits chimiques… Et tout cela contribue à la réussite artistique. Aujourd’hui, il est devenu presqu’impossible de réussir du beau noir et blanc car la qualité technique des supports a considérablement baissé. Stettner craint que, dans dix ans, ces matériaux traditionnels disparaissent : « Ce fut un miracle, durant ces quelques décennies, d’avoir pu bénéficier de bons appareils et de bonnes fournitures. Je continue de réaliser mes propres tirages argentiques en laboratoire ce qui en étonne beaucoup. Je trouve cela tout à fait normal et y prends un grand plaisir. C’est formidable d’être dans le noir… Rien de mauvais ne peut vous arriver dans une chambre noire ».
Tous les regards sondés par l’objectif de son appareil témoignent d’un monde terrible. La cicatrice des visages et des âmes confirme que tout cela n’a aucun sens. « Tant de misères et tant de souffrances ! Mais il faut garder l’espoir qu’un jour l’humanité pourra résoudre ses conflits et arrêter les horreurs inutiles ». Il considère que c’est aussi le rôle d’un artiste de lutter pour défendre l’humanité. Il refuse le désespoir et avoue rester éternellement optimiste car il y a tout de même des progrès pour la condition humaine : « Nous sommes mieux soignés médicalement, l’espérance de vie augmente et c’est bien. Mais on vit tout de même dans un monde de consommation permanente où les objets deviennent plus importants que les gens ».
La prochaine photographie qu’il fera ? Il ne sait pas car cela dépend des hasards de la vie. Il restera tel qu’il est, fidèle à ses convictions. « Je crois avoir été courageux bien qu’ayant connu d’intenses moments de peur. J’ai essayé de faire de mon mieux et c’est ma plus grande satisfaction. J’ai la possibilité d’être toujours actif. Je continue de vivre à Paris et d’aller à New York, trois ou quatre fois par an. Cette ville me fascine toujours autant, bien que les lieux de vie authentiques disparaissent peu à peu ».
C’est une aventure pour lui, à chaque fois renouvelée, quand il sort avec un appareil : « Tout à coup, en dix secondes, on peut toucher l’éternité. Ces miracles arrivent parfois et le meilleur reste à venir car, l’âge avançant, tout cela devient de plus en plus excitant. Tout comme un bon vin qui prend de la qualité avec les années. En photographie, les œuvres continuent de vivre après leur auteur et c’est très réconfortant ».
Il s’étonne de sa notoriété et de la reconnaissance de son œuvre qu’il continue de construire chaque jour. « C’est peut-être un genre de folie mais je garde toujours une passion très vive. Je ne sais pas pourquoi je fais les choses, elles arrivent c’est tout. Je ne cherche pas à être très clair dans ma démarche. ».
Pour Louis Stettner, La photographie est un moyen de chercher la vie dans la vie. Il croit avoir trouvé, modestement, quelques petites choses dans ce domaine. Une galerie de New York lui a envoyé un petit globe terrestre comme cadeau avec ce mot : « Vous avez fait du monde un bel endroit ». Et cela l’a beaucoup encouragé. Mais il ignore encore beaucoup de la valeur de ses images. Il nous offre son regard sur la vie et les gens. Sait-il que nous n’existons que par le regard que nous portent les autres ? Louis Stettner nous regarde et nous sommes vivants.

Olivier Delhoume – le 14 Mai 2010

Re: Louis Stettner en Suisse (Château de Nyon et AD-Galerie)
Envoyé par: gp
Date: 28/05/2010, 11:46

AD écrivait:
-------------------------------------------------------
> "Louis Stettner, un regard sur la vie "
> Ce photographe exceptionnel n’a cessé de vouloir
> saisir la vie(…)


C'est déjà mal parti ! N'est-ce pas une chose qui file et nous échappe ?
( Bienvenue. Pour un premier sujet, vous faites dans le concis ! )


> (…)Mais il ignore encore beaucoup de la valeur de ses images.(…)


Seriez-vous en train de monter une légende ?

Taquinerie mise à part, quel est le sujet ?

Re: Louis Stettner en Suisse (Château de Nyon et AD-Galerie)
Envoyé par: Michel B
Date: 28/05/2010, 12:19






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