> sinon je profite de ce post pour dire combien au
> départ j'ai été étonné que vous ayez décroché un
> tel financement alors que vous revendiquiez votre
> état d'apprenti grand-formiste. Je me disais "Je
> ne sais pas si ce type est un bon photographe mais
> il doit être un sacré bon commercial avec une
> bonne dose d'inconscience !"...
Effectivement, je me suis moi-même étonné d'avoir réussi à «vendre» mon projet.
Mais ce que je n'avais pas mesuré, c'est les écueils qui justifient pleinement votre jugement sur mon inconscience.
Bon, en même temps, sans prendre de risque on ne fait pas grand chose.
> ensuite avant de
> voir vos premières photos, je m'imaginais qu'il
> s'agissait d'un projet d'images touristiques avec
> plages, cascades et soleil couchant...
Il y a longtemps qu'il n'y a plus de touristes aux Antilles Françaises.
> Maintenant on y voit plus clair, et après les
> quelques photos que nous avons pu voir, je trouve
> le projet très intéressant et plutôt bien
> parti...
Merci !
> Peut-être ai-je raté un épisode, mais je n'ai pas
> vu la démarche exacte de votre projet écrite en
> détails, c'est ce qui manque un peu à ce stade
> pour apprécier pleinement l'adéquation des photos
> avec le projet.
Les termes du projets écrit que j'ai présenté pour avoir des financements étaient très conventionnels (vision contemporaine, témoignage d'une époque, exploration du banal devenu invisible...). J'ai pas mal parcouru les pages du web et mes bouquins pour inscrire ce projet dans une tradition photographique. Bref, j'ai cousu un pantalon pour vendre, pas pour mettre.
Je savais que la direction du projet m'apparaitrait en cours de route.
Au départ, j'avais l'envie de photographier à la chambre mon environnement, en partie parce que je lui trouvais une américanité qui le prédestine à cette technique dont je n'avais alors pas une grande connaissance.
La Datar m'avait marqué et je savais que Depardon comme Basilico travaillaient à la chambre.
J'aimais moins de Fenöyl par exemple, chez qui l'imprécision du petit format donnait un côté impressionniste qui m'ennuyait, en quelque sorte comme une image techniquement dans la tradition humaniste française, mais sans les humains.
Bien entendu, j'avais les images d'Evans en tête, comme les séries de Besher, mais je ne connaissais pas Shore, Soth, Sternfeld ou Eggleston.
Je commence seulement (je n'ai même pas fait 150 images), à comprendre comment je veux rendre l'espace. Signe que le sens du travail vient en s'y frottant, je m'éloigne de plus en plus de la frontalité pure. De plus en plus, les fuyantes des avant-plans inscrivent cette frontalité dans la profondeur. Je crois que petit à petit, passé la fascination pour la rigueur chirurgicale du grand format, mon goût pour le cadre perverti (par des cadres dans le cadre, comme chez Friedlander par exemple) et le bordel sud américain (Bravo, Plossu) ressort progressivement. Ça n'est pas facile pour moi de marier ces tendances avec la pseudo objectivité de la vision frontale.
La prochaine mise à jour du blog sera peut-être sur ce dilemme : le mur ou la rue (la vie) ?
(j'ai du retard, car je suis en tournage jusqu'à mi-juillet, puis vacances, puis montage jusqu'en janvier !).
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Laurent
Bordeaux
[
lc972.wordpress.com]