Digression en hommage à M. Guinand, qui d'une certaine façon fait partie de notre famille galerie-photoïste au sens large.
Les répliques d'avions anciens sont parfois délicates à piloter. Il faut bien entendu attendre les conclusions de l'enquête avant de dire quoi que ce soit.
Lors d'un meeting à B'zançon, une réplique du Blériot XI a fait des des siennes avec des conséquences dramatiques bien que moins graves que pour le Fokker Triplan de M. Guinand, dont nous saluons ici la mémoire.
Pour le Blériot, les causes sont connues, c'est que le gauchissement des ailes propre aux commandes de cet avion de légende le rend vraiment très délicat à piloter. Système de commandes par gauchissement abandonné par la suite sur tous les avions. Mais le Blériot était un avion des époques pionnières !
Pour le Fokker Triplan du Baron Rouge, qui suit le Blériot de quelques années seulement dans sa conception, on ne sait pas si c'est un problème aérodynamique de base comme pour le Blériot, ou si c'est une rupture de la commande de profondeur, ou un malaise du pilote comme l'hypothèse aujourd'hui la plus probable
pour l'accident mortel du seul Dewoitine 520 encore en ordre de vol à la fin du siècle dernier, tuant en 1986 son pilote, le Commandant Bove, un professionnel chevronné.
Il m'est difficile de ne pas penser à ces avions et à leur pilote, j'avais vu au sol et en démo en vol, le Fokker Triplan, et ce fameux Dewoitine 520, lors d'un célèbre meeting à La Ferté Alais, un jour ou
un Concorde nous avait fait un petit "radada" que je préfère ne pas commenter ...
J'avais été un peu déçu de la prudence extrême du pilote du Dewoitine, alors qu'on venait de voir des p'tits Yakovlev russes en train de virevolter dans tous les sens, mais j'avais bien compris que ce Dewoitine 520 unique ne devait pas être mené comme dans les jeux vidéo "Spitfire contre Messerschmitt" dont mes garçons sont aujourd'hui fanatiques, ces jeux où on bénéficie d'un nombre de vies illimité ...
Concernant les instabilités aérodynamiques, les amateurs d'avions légers connaissent tous l'histoire du Pou-du-Ciel avec ses ailes en tandem : dans certaines configurations de vol, l'appareil se mettait en piqué de façon irréversible. On pense évidemment à quelque chose du même genre avec le triplan.
La légende dit qu'un pilote de Pou-du-Ciel, après s'être mis involontairement dans situation de descente infernale, eut la vie sauve en se posant ... sur le dos.
Ce vice aérodynamique du Pou-du-Ciel ayant causé des accidents mortels, plus l'arrivée de la 2e guerre mondiale, donna un coup d'arrêt sévère à la construction amateur.
Aujourd'hui on sait corriger ce défaut aérodynamique du Pou-du-Ciel, mais on connaît également les bonnes "cellules" pour avions légers ... donc il y a sans doute peu d'intérêt, sauf la légitime passion du constructeur amateur, de refaire un Pou-du-Ciel amélioré.
E.B.