J'ai lu un article ce WE dans le monde de Samedi (culture et idée page 7).
La credibilité des images s'est perdue de Mr Fred Ritchin.

J'ai été effrayé par la distance qui sépare ce genre de spécialiste de la réalité que je peux percevoir, d'autant plus effaré que Mr Fred est de NY, cité avancée par excellence et pas aussi prout prout culture que Paris.

Si qq peut lire cet article, ou a lu cet article, j'aimerais avoir un avis.

-------
No Pasaran
-------

Bonjour, je rapproche cet article du " Monde" des positions de Fred Ritchin déjà exposées dans son ouvrage " au dela de la photographie" ( Editions Victoires Editions 2010 ), qui concerne plutôt les photojournalistes, les grands reporters et la presse.
* Un constat d'ordre économique:
-Une crise du monde de la photographie, mais surtout du grand reportage et des médias, caractérisée par une baisse de diffusion, des restrictions budgétaires, des agences de presse en perdition.
-Des contenus publiés sur internet que les internautes préfèrent ne pas payer.
-L'arrivée sur le marché de l'image de milliers d'images d'amateurs, gratuites, en tout cas pas rémunérées, souvent faites au smartphone .
-l'obligation, selon Fred R. , pour les pros de la photo de presse , de se rabattre sur des sujets " people" qui sont vendeurs.

* Un constat sur la crédibilité des images numériques:
Une crise de confiance par rapport à l'image comme témoignage de la réalité et de la vérité.
Des logiciels de manipulation d'image sont à disposition de tous, il est facile de falsifier, c'est indétectable, et ça jette le doute sur la validité du cliché en tant que preuve. Pour Ritchin, le numérique devient le monde du virtuel, de la retouche, et le monde réel, celui de l'analogique, crédible , disparait.
Si on suit les positions de Fred Ritchin, on est, à mon avis dans une nouvelle image, celle des agences de communication, celle des publicitaires et des communicants, qui viennent déposer un message vendeur, militant, propre, aseptisé, en tout cas coupé du réel.Avec, derrière la publication d'images , une stratégie de communication, une mise en scène des contenus au servce d'un "message".
C'est pas nouveau, mais c'est effectivement, derrière les mots faciles, le contenu du photojournalisme qui est discuté ( et c'était le premier métier de Fred Ritchin).



Modifié 2 fois. Dernière modification le 08/11/2011, 08:59 par oldschool.

Quand j'entends "crédibilité de l'argentique" je me marre doucement, en pensant aux très nombreux disparus des photos officielles d'URSS ou de Chine, voire de Cuba. Même les Ricains ont pratiqué ...
Mais, c'est connu, l'argentique c'est plus crédible, coco...

Georges Giralt écrivait:
-------------------------------------------------------
> Quand j'entends "crédibilité de l'argentique" je
> me marre doucement, en pensant aux très nombreux
> disparus des photos officielles d'URSS ou de
> Chine, voire de Cuba. Même les Ricains ont
> pratiqué ...
> Mais, c'est connu, l'argentique c'est plus
> crédible, coco...

Sans même parler d'argentique, le soucis de crédibilité est difficile convainquant, toutes les tentatives, écriture, gravure, histoire, justice, sont souvent vaines. Par contre les œuvres, les fictions, la littérature, le cinema, la peinture, me semble toucher du doigt cette crédibilité.
Cela n'est pas lié à la technique, mais au recul d'une œuvre véritable.

C'est pour cela que de mon point de vue, la "classe" Ritchin est complètement aveugle et ne voit qu'un tout petit bout de la représentation du monde.

-------
No Pasaran
-------

Depuis fort longtemps je suis assommé par l'incompétence des "experts" et/ou philosophes qui veulent nous expliquer le monde tel qu'ils le voient.
J'entends souvent des énormités techniques assénées sur le ton de la plus parfaite évidence. Il faudrait forcer, comme pour les articles scientifiques, à la relecture d'articles de ce type par un "board" de spécialistes des différents domaines traités ou évoqués. Je pense qu'il ne resterait pas grand chose de la dite prose...

" Ce n'est pas une image juste, c'est juste une image " (Jean-Luc Godard)

oldschool écrivait:
-------------------------------------------------------

> * Un constat sur la crédibilité des images
> numériques:
> Une crise de confiance par rapport à l'image comme
> témoignage de la réalité et de la vérité.
> Des logiciels de manipulation d'image sont à
> disposition de tous, il est facile de falsifier,
> c'est indétectable, et ça jette le doute sur la
> validité du cliché en tant que preuve. Pour
> Ritchin, le numérique devient le monde du virtuel,
> de la retouche, et le monde réel, celui de
> l'analogique, crédible , disparait.
> Si on suit les positions de Fred Ritchin, on est,
> à mon avis dans une nouvelle image, celle des
> agences de communication, celle des publicitaires
> et des communicants, qui viennent déposer un
> message vendeur, militant, propre, aseptisé, en
> tout cas coupé du réel.Avec, derrière la
> publication d'images , une stratégie de
> communication, une mise en scène des contenus au
> servce d'un "message".
> C'est pas nouveau, mais c'est effectivement,
> derrière les mots faciles, le contenu du
> photojournalisme qui est discuté ( et c'était le
> premier métier de Fred Ritchin).

Un chose rarement évoqué dans ce qu'on appelle la "la crise du photojournalisme" se situe au niveau de la pratique de ce métier. Je l'ai constaté souvent et je l'ai encore observé sur le terrain au moment des élections tunisienne. Le gros de la troupe a fait la queue dans les bureaus de L'ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Elections) à Tunis le samedi 22 octobre afin d'obtenir les accréditations nécessaires pour photographier dans les bureaux de vote le 23 octobre. Pratiquement toutes les images produites l'ont été à Tunis, le but du jeu étant si possible d'obtenir l'image d'une femme voilée introduisant son bulletin dans l'urne ou celle de Rached Ghannouchi leader du parti Ennahda votant. Les plus malins sont arrivés un peu avant pour produire des images de femmes voilées sur fond de drapeau tunisien (ça pète bien le rouge en couv.) au cours des meetings d'Ennahda. Les photojournalistes essaient de coller à la demande du marché, donc tout le monde produit à peu près la même chose et il y a surproduction par rapport à la demande (mais la demande même si elle n'est pas toujours formulée clairement se situe en général sur un champ assez étroit). Le role du photojournaliste se trouve être cantonner à un rôle d'illustrateur pour servir le discours des différentes rédaction et non plus à un travail réel de journaliste de terrain. Je suis d'accord avec toi Henri, mais d'une certaine façon les photojournalistes participent aussi à la création d'une sorte de fiction mais cette fiction n'est pas forcément passionnante...

Jacques écrivait:
-------------------------------------------------------
> Les photojournalistes essaient de coller à la demande du marché…
—

Et si avant tout les journalistes reprenaient en main leur métier (au lieu de servir docilement de relais aux discours dominants) ?

Sujet d'actualité : voir ici

Marco42 écrivait:
-------------------------------------------------------
> Sujet d'actualité : voir ici

ce genre d'image n'a jamais été crédible, ce n'est pas un problème actuel

-------
No Pasaran
-------