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« Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: Henri Gaud
Date: 17/09/2011, 09:50

« Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »

Le flou, aujourd’hui largement associé à la technique photographique, est cependant issu d’un lexique très spécialisé de la critique picturale. Au milieu du xixe siècle, alors que la photographie entre dans le débat artistique, le «flou» désigne avant tout une manière de peindre, qui favorise la transparence de l’œuvre, en dissimulant les touches du pinceau sur la toile. La critique photographique, qui se réapproprie discrètement le terme, en bouleverse le sens, impliquant désormais un défaut technique, un manque de netteté et une opacité auparavant ignorés. Vers 1850, on constate ainsi, dans les textes sur la photographie, une incertitude quant à la notion de flou, qui conserve ses résonances picturales tout en se chargeant de consonances nouvelles qui entrent en contradiction avec sa définition initiale.

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No Pasaran
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Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 17/09/2011, 16:01

Article passionnant, mais qui scotomise la part contemporaine.

Regardez Gerard Richter. Peintre ET photographe.

J'ai, pour ma part, choisi une exploration du flou photographique allant chercher une déstructuration du corps.
Le début ICI
Bientôt sur mon site (enfin... bientôt... j'espère!) des palladiums de ça.

Et encore merci à Henri qui m'a boosté à Fontfroide pour travailler ça à la 4x5 et 8x10. Ça aussi, ça va sortir...

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: henri peyre
Date: 18/09/2011, 08:11

Merci pour ce lien.

Le livre de Paul-Louis Roubert, L’Image sans qualités : les beaux-arts et la critique à l’épreuve de la photographie, qui est cité dans l'article, prend, à mon avis, un angle bien plus lumineux en ne creusant pas tant la notion de vocabulaire (qu'est-ce que le "flou", comme le fait l'auteur ici) qu'en montrant le combat
- des photographes, dès l'origine, pour être considéré comme des artistes,
- et des peintres, ruinés par le nouveau concurrent plus apte à faire moins cher et plus vite le portrait des bourgeois
Roubert insiste sur le rejet de la photographie par de nombreux peintres au nom de la vulgarité de la représentation des détails pas signifiants.

Dès lors il semble que les définitions ont peu d'importance par elles-mêmes ; elles sont les armes d'une guerre économique dont Roubert dresse bien le tableau ; c'est cela qui gêne un peu, a contrario, dans l'article. Si l'on n'a pas ce fond, on prend les obus pour le fond du combat. En fait tous les moyens sont bons pour les deux camps ; ce n'est pas du tout une question d'évolution du vocabulaire esthétique, comme peut le laisser penser cette forme de présentation. Le "flou" n'est qu'un gourdin avec lequel des bandes se tapent sur le nez.

J'en profite pour recommander de nouveau le livre de Roubert, l'Image sans qualités c'est, avec le livre photographie documentaire d'Olivier Lugon, les deux seuls livres vraiment indispensables pour comprendre la photographie.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: bernard ardaud
Date: 18/09/2011, 10:53

Bonjour à toutes et tous.
Merci pour le lien et la lecture de cet article très "universitaire" dans la forme mais fort bien documenté.
Tout à fait d'accord avec H.Peyre pour les deux références incontournables que tout "amateur" de photographies ( au sens premier,celui qui aime)devrait avoir comme livre de chevet.
Avec sa permission, je rajouterais volontiers P.TISSERON "Les mystères de la chambre claire" qui reste lumineux pour comprendre la démarche photographique.
De nos jours ,la concurrence féroce qui apparut entre peintres et photographes,n' a plus court.De ce fait, l'étude de cette notion de "flou" rend l' analyse pertinente sur le plan historique et sociologique et peut nous aider,au delà des contraintes économiques propres à chaque époque,à réfléchir de façon plus générale sur les rapports foisonnants entre ces deux "mediums" de représentation du monde qu'il soit réel ou imaginaire.
Bon dimanche et bonnes lectures !

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: AndGe
Date: 18/09/2011, 11:08

Ce qui est assez remarquable c'est que lorsqu'il y a concurrence entre les "media" chacun essaie de se parer des qualités réelles ou supposées de l'autre. Plutôt que de travailler sur ses spécificités propres ils préfèrent rassurer, jouer dans le connu et la continuité, sans doute parce que le public est frileux car en arrière sur l'avancée technologique, que celle ci fait peur alors que le passé est connu.
Il est difficile de s'imposer sur ses qualités propres car cela demande de créer la démarche qui va avec et pourra s'en servir pour s'exprimer.
Un peu comme si aujourd'hui le numérique voulait singer l'argentique :-))

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: Jacques
Date: 18/09/2011, 11:47

"la concurrence féroce qui apparut entre peintres et photographes" a bel et bien existée mais peut-être faut-il l'encadrée dans le temps entre le moment des premiers daguerréotypes et les années 1850/60 les choses sont peut-être un peu différentes. Y avait-il une position commune des peintres et des photographes, quel était la position des peintres devenus photographes ? J'ai peine a penser que Le Gray était dans ce système de concurrence et d'opposition, il me semble plus dans une recherche propre à la photographie, tenant compte de ces éléments évoqués, quelque chose de médian "unir la science à l'art" avec une évolution personnelle, en 1850 il choisi le papier ciré sec pour les raisons qu'il expose dans son traité de 1850 face au verre et au collodion qui donne des images d'une plus grande netteté et vers 1852/53 il retourne en forêt sur des lieux où il a déjà photographié sur négatif papier pour faire de nouvelle prises de vues en négatif sur verre au collodion. Cette concurrence ne concernait aussi peut-être qu'un certain type de photographes et peintre qui travaillaient sur le même terrain, mais pour les autres les choses se passaient peut-être autrement.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: romain
Date: 18/09/2011, 16:03

Bonjour à tous,

Pour précision, Paul-Louis Roubert ne parle pas de photographie et de son rapport à la peinture ou plutôt de la peinture à la photo mais du rapport de la peinture à l'image daguerrienne. Ce qui ont vu des calotypes + tirage albuminée ou papier salé voit au combien la comparaison peut être totalement différente.

Justement c'est peut être le reproche que je pourrais faire de l'excellent livre de Roubert:
Mettre bout à bout de nombreuses citations pour appuyer la thèse sociologique de deux groupes: les daguerréotypistes et les artistes; sans qu'un travail herméneutique plus détaillé des discours ne soit présent tout au long de l'ouvrage. Ceci pourrait rendre le livre encore plus intéressant. Alors que je trouve que l'on reste à une explication de texte, des citations qui tend à simplifier les schèmes en deux groupes pour effectivement ramener qu'à une lutte des classes (professionnnelles). Une recherche sur les questions autour de la vision, de le compréhension de la vision, et donc du regard avant la photographie pourraient aider à contextualiser en quoi le daguerréotypes déplacent ou non des référentiels pour penser la peinture. Une mise en parallèle entre les discours des peintres sur les machines optiques que bon nombre d'entre eux utilisaient et les discours des peintres sur le daguerréotypes pourraient élargir le corpus et offrir une analyse probablement plus large et riche. Ceci permettrait de montrer qu'il n'y a pas si radicalement que Paul Louis Roubert le présente un avant et un après daguerréotype comme référent possible de copie du réel... A la même période d'autres procédés concurrents aussi propose un autre référent du réel, une place trop faible leur est faite dans le livre. Je sais que le thème n'est pas la photographie mais le daguerréotype mais les questions autour de la représentation du réel au travers d'autres procédés sont minorés. Pas de place non plus au écrit philosophique autour de la vision et du réel.
je chipote un peu mais ce fut ma frustration quand j'ai lu ce livre.

bonne journée à tous
Romain



Modifié 2 fois. Dernière modification le 18/09/2011, 16:17 par romain.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: jean christian valero
Date: 19/09/2011, 10:51

Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe
...
On s'attend à une réponse technique et on se cogne à une explication lexicale, dommage. Le conflit peinture/photo n'a qu'un intérêt historique daté qui ne mène nulle part, pour sortir de l'impasse je préfère les historiens positivistes sur les rapports peinture/photo, comme Chevrier par exemple, ça m'semble plus productif.
M'enfin c'est p'tê't pas ze couesschtionne.
a+
jicé

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 21/09/2011, 08:26

jicé:
"Le conflit peinture/photo n'a qu'un intérêt historique daté qui ne mène nulle part, pour sortir de l'impasse je préfère les historiens positivistes sur les rapports peinture/photo, comme Chevrier par exemple, ça me semble plus productif. "

+1.

En plus on est en 2011. Les néopictorialistes n'utilisent plus le flou, mais des procédés (Catany -polas, tirage-), des éclairages (Desirée Dolron, Speer, Gonord), des mises en scène (Crewdson) qui pourraient susciter un autre débat.

"Neopictorialiste" est-il un gros mot?

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: didier d
Date: 21/09/2011, 12:32

pierre corratgé écrivait:
-------------------------------------------------------
> En plus on est en 2011. Les néopictorialistes
> n'utilisent plus le flou, mais des procédés
> (Catany -polas, tirage-), des éclairages (Desirée
> Dolron, Speer, Gonord), des mises en scène
> (Crewdson) qui pourraient susciter un autre
> débat.
>
> "Neopictorialiste" est-il un gros mot?


cela mériterait sans doute un fil dédié

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Sélection
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Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: AndGe
Date: 21/09/2011, 15:09

Dans la veine du débat Peinture /Photo, je pense qu'il est arrivé à chacun, en présentant ses images, d'avoir le remarque, perfide ou ignorante du "C'est beau ..;!!! On dirait un tableau ".
Pourquoi l'avons nous mal vécu ?

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 30/09/2011, 15:06

Je n'ai pas encore lu ce livre.
On peut aussi rapprocher les monotypes de Degas à la vision calotypiste, et questionner son thème de la vague en écho à Le Gray. Que dire de l'influence de Constable sur l’école de Barbizon, où on retrouve Le Gray, dans les mêmes sous bois, dans "les mêmes conditions".
Pendant ce temps Lautréamont fabrique sa tempête.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 30/09/2011, 15:22

Bonjour.

Je pense au contraire que le "conflit" peinture/photo est, de nouveau, actualisé.

En 2011 certains pictorialistes utilisent toujours le flou comme Antoine d' Agata qui aime beaucoup le sacrifice du détail.

Néo pictorialiste n'est pas un gros mot, il montre qu'un discours actuel et rependu, reproduit les mêmes concepts que les ballots du mouvement du 19e qui n'avaient pas (re) lu Le traité de photographie sur papier et sur verre de Le Gray, paru bien plus tôt.
La question du néo pictorialisme indique que la discussion peinture/photo est toujours présente, je crois dans l'esprit des photographes surtout.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: romain
Date: 30/09/2011, 15:47

Bonjour à tous,

Je ne suis pas certain qu'il faille faire une relation de cause à effet lorsqu'il y a volonté de sacrifice du détail. C'est à dire affirmer qu'il y a du néo-pictorialisme là dessous.

C'est évidement du cas par cas, lorsqu'on parle de démarche artistique. Je ne connais pas le discours de Antoine d'Agata sur ces propres images; mais ma perception me fait davantage penser à un travail qui se détache d'une certaine vision de la photographie (détail, instantané, pas de floue, colorimétrie respectée) plutôt que de dire que c'est un travail qui se rapproche d'un pictorialisme (dans le sens école pictorialiste qui a existé en photo). Ce flou a peut aussi à voir avec ce qu'il montre et ne montre pas : n'est-ce pas une certaine distance qui lui évite de faire le Larry Clark?

Autrement dit tout écart vis à vis d'une certaine vision de la photographie (classique ou straight photography) ne veut pas nécessairement dire rapprochement de la peinture.

Romain

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 07/10/2011, 01:28

Bien entendu il n'y a pas obligatoirement de relation de cause à effet dans la volonté de sacrifice du détail. Le cas par cas bien sûr.

Alors je précise que dans mon propos le néo pictorialisme désigne une tendance "à la mode" pour s'affranchir du rendu classique (brut) du programme numérique et non un mouvement artistique concret.
Il me semble qu'il y a un écart entre le manifeste de l'école pictorialiste à la théorie définie et la "sensibilité pictorialiste" dans la production contemporaine, motivée d'après moi par une nostalgie d'une expérience visuelle (un rendu) sans qu'il y ai de concept artistique concrètement revendiqué.
Une sorte de mélange d'effets faciles et flatteurs, un peu comme certaines affiches de cinéma (entre photo et BD)

C'est pourquoi je rapproche plus facilement d'Agata (et son compère Michael Ackerman) du fameux mouvement de Demachy et Puyo contrairement aux néo picto et autre photographe "povera" qui fleurissent de nos jours.

D'accord sur l'idée de l'évitement de la touche Larry Clark/Nan Goldin, cependant certaines images me rappellent Francis Bacon. Zut alors ;)

Allez pour la rigolade je poserai l'hypothèse que d'Agata applique en fait la théorie de la dissemblance du moyen age à laquelle je fait référence dans le fil intitulé Gerhardt Richter.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: oldschool
Date: 13/10/2011, 20:48

vincent vost écrivait:
-------------------------------------------------------
> Bonjour.
>
> >
> Néo pictorialiste n'est pas un gros mot, il montre
> qu'un discours actuel et rependu, reproduit les
> mêmes concepts que les ballots du mouvement du 19e
> qui n'avaient pas (re) lu Le traité de
> photographie sur papier et sur verre de Le Gray,
> paru bien plus tôt. .


C'est un peu hermétique pour moi.
les ballots du 19ème Pourquoi?

j'aimerais connaître le contenu du traité de photographie sur papier et sur verre de Le Gray.
Une référence? Un lien? Une analyse?

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: oldschool
Date: 13/10/2011, 20:59

On trouve l'ouvrage de Le Gray sur Gallica sous la cote NUMM-088781, mais seulement une quarantaine de pages.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: zacou
Date: 15/10/2011, 19:32

La photo , la peinture, ou est le problème on peut mélanger : voir Rauschenberg par exemple. En art seul le résultat compte ! Et les pictorialistes avaient raison ! La photo la peinture ce ne sont que des techniques pour arriver si possible à une oeuvre (d'art ou pas), le problème n'est pas là, c'est comme la mécanique ça sert à fabriquer des objets mais c'est tout. Tout les puritains de la photo ou de la peinture se battent pour des causes qui vont très vite leur échapper !

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: oldschool
Date: 17/10/2011, 08:47

oldschool écrivait:
-------------------------------------------------------
> On trouve l'ouvrage de Le Gray sur Gallica sous
> la cote NUMM-088781, mais seulement une
> quarantaine de pages.

Et on peut le télécharger gratuitement sur Amazon.fr si on a un kindle ou une application kindle pour PC.
J'ai donc trouvé une excellente réponse à ma question.
Bonne journée à tous.
oldschool

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 25/10/2011, 14:39

@ oldschool

Désolé de ne répondre que maintenant.
Sur Le Gray je faisais allusion à sa célébre phrase "l'avenir tout entier de la photographie est dans le papier".
Ainsi fervent défenseur de l'acceptation de la photographie comme un art il préfigure 40 ans avant la posture des pictorialistes, cependant si les pictos n'ont trouvé comme solution que l'imitation du l'intervention de la main sur la matière (comme les peintres donc), Le Gray, grand maître calotypiste et collodioniste, élève de Delaroche ne tombe jamais dans ce travers. Les ciels rapportés à mon sens ne s’intègrent pas dans le manifeste de l'école pictorialiste. Bien qu'il soit en parti sensible à la notion de sacrifice du détail, il n'imagine pas pour arriver à ses fins des moyens d'appropriation du geste du peintre.
C'est pourquoi je qualifie de ballot (je suis méchant) les gentils pictos.

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 26/10/2011, 09:26

Je me répète : on patine si on reste, sur la question du flou, dans le paradigme du "pictorialisme classique" de la fin du XIX°.

D'abord — et je cite par exemple comme référence le numéro 30 de la Revue Exit "Pictorialism" avec notamment le texte de Poivert — il y a un problème sémantique, d'où la reprise de la proposition d'appeler Pictorialisme le mouvement ancien qui s'achève avec la fin de Camera Works (1917) et néopictorialisme les incursions actuelles dans le domaine tel que le définit Poivert (je le mets en anglais pour ne rien trahir : "Pictorialism : the rejection of modernism. Photographic theatricality et antimodernicity")

Pour mémoire les photographes qui illustrent ce numéro : Jeff Bark, Elina Brotherus, Toni Catany, Marie Cosindas, L.J.A.D. Creyghton, Desiree Dolron, Pierre Gonnord, Bill Henson, Tom Hunter, Kim Keever, Laslo Layton, Shinichi Maruyama, Sally Mann, Sheila Metzner, Youssf Nabil, Carla van de Puttelaar, Anoek Steketee, Gregory Crewdson.

Bien sûr, quand on connaît Crewdson, on se doute qu'on n'est plus dans l'effacement du détail par le flou. Si cela mérite un autre fil, je le ferai

Mon anglais étant ce qu'il est, si quelqu'un connait Poisvert pour avoir l'article original en français, je suis preneur car certaines subtilités m'échappent, et la revue est bilingue espagnol anglais.

Merci.

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 26/10/2011, 13:29

Pierre loin de moi l'idée de patiner (ou vous faire patiner) cependant, la revendication première de Demachy ou de Constant Puyo est bien le sacrifice du détail au bénéfice d'un "punctum" choisi (auraient ils aimé le plènoptique Lytro ?).
Détails que la générosité du programme photographique exacerbe et qu'il convient d'après eux de supprimer quand ils sont jugés inutiles et ainsi "effacer le caractère photographique" (les procédés d'art en photographie. Demachy et Puyo 1906).
Donc plus que le flou (on utilisera des objectifs spéciaux conçus pour produire du flou) il s'agit de sacrifier des détails (à la main sur la matière) car "il est entendu que la photographie donne trop" (ibid), le paradigme iconique étant incarné (dans le livre cité) par les eaux fortes de Pissaro.

Il me semble que le pictorialisme procède de l'influence impressionniste tout en réactualisant la théorie plus ancienne du sacrifice des néo classiques (Delaroche etc), il prône l’interprétatif comme étant supérieur au figuratif documentaire (une idée de l’intentionnalité), il s'attarde sur l'importance de la matière au sens premier (pigments "encapsulés" dans la gomme, choix du papier) et de l'unicité de l'oeuvre.

Le néo pictorialisme qu'est ce que c'est ? Pas de théorie, pas de manifeste, pas de mouvement. C'est une erreur de considérer le retour en vogue de la pratique de procédés anciens comme un hypothétique néo pictorialisme. Ce terme est à mon sens un tour de passe passe sémantique bien pratique pour qualifier ce phénomène aux pratiques hétéroclites.
Sans parler du petit coté pavlovien : qui voit une gomme, s'écrie "pictorialisme".

Pour ma part; je n'adhère pas du tout à cette idée de néo pictorialisme trop englobante, que Sarah Moon pourrait bien représenter tout comme Witkin, Pierre et Gilles, ou encore les praticiens Lomo, ou les adeptes de l'effet dragan, ou les clients de l'atelier Fresson.

Je vous laisse, j'ai du papier ciré qui trempe, il faut qu'il sèche :)

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 26/10/2011, 14:10

OK, OK, ce n'est pas moi qui ai créé le terme "néopictorialisme"(je l'ai employé mais Michel Poivert ne parle que de pictorialisme), mais d'autres que vous semblent y croire :-).
Il y a je pense des éléments de plusieurs ordres :
• une 'distance" par rapport à la réalité documentaire (et la lecture du texte d'HP ce mois ci donne des clés)
• un traitement de l'image (par la technique — cf l'ouvrage de Camille Bonnefoi plusieurs fois cité — par la lumière — Gonnord, Dolron, Puttelaaar — mais aussi par la mise en scène — Crewdson —)
• une volonté (d'originalité, de nouveauté —??? —)
• des références "picturales" (peinture — la lumière des flamands p.e.—, cinéma — Crewdson toujours —).

Certes le débat se clot de lui même si on reste à pictorialisme = Demachy Puyo (et Steichen?) = sacrifice du détail. Je comprends votre non adhésion, mais je voudrais savoir si, parmi les cultivés de GP, certains ont lu d'autres choses, venant de Poivert ou autres (Camille Bonnefoi lit-elle ce fil?) sur ce regroupement dont le côté "hétéroclite" pourrait être contesté par des plus cultivés que moi...

Quoi qu'il en soit, le fond du problème ne réside t-il pas (mais ce serait le sujet d'un autre fil) dans la nécessaire construction du procédé de fabrication d'image (de sa conceptualisation, sa réalisation -avec p.e. le choix de la lumière — jusqu'a sa matérialisation = le tirage) pour arriver à "l'intention de l'artiste"?

suis-je trop confus?
Peut-être...

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: henri peyre
Date: 26/10/2011, 15:54

C'est Dominique Baqué dans la Photographie Plasticienne, un Art Paradoxal
[www.amazon.fr] ,
me semble-t-il qui emploie le terme prudent est adapté de "néo-pictorialisme".
Je n'ai pas le livre sous la main pour vérifier.
J'avais relevé cela et le contenu de la catégorie en question ici :
[www.galerie-photo.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 26/10/2011, 17:12

j'ai ça sur l'étagère, je vais regarder...

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 26/10/2011, 17:34

Effectivement, Dominique Baqué "La photographie plasticienne" p 173-179, chap VI, Appropriations, Métissages, Hybridations, parle de néo-pictorialisme.
Elle donne le même cadre que Poivert, une "réaction" au modernisme.

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 26/10/2011, 19:20

Je sais bien que d'autres que moi semble y croire :) cependant je persiste à trouver cette catégorie ( néopicto) un peu fourre tout, alors je suis dubitatif sur la pertinence du terme.

Je n'oublie pas Steichen ni Stieglitz, ne vous inquiétez pas.

Je n'ai toujours pas lu l'ouvrage de Camille Bonnefoi mais la présentation sur son site met au centre de la réflexion la matérialité de l'image photographique, il s'agirait donc dans ce cas d'une réaction à la dématérialisation du programme numérique.

Le rapport au temps me semble être aussi une dimension immanente à l'utilisation de certains procédés (notamment les procédés "primitifs", dont la condition d'utilisation implique la "cuisine" forcement artisanale pour la production du support photosensible). Temps de préparation, temps de la prise de vue, temps du traitement (par exemple pour le calotype, le développement à l'acide gallique peut durer plusieurs heures, ou pas). Il me semble qu'il faut aussi creuser par là.

Pierre, vous proposez :

[une 'distance" par rapport à la réalité documentaire]
Oui dans le cas d'une gomme bichromatée, mais pas forcement dans le cas de l'ambrotype avec son acutance remarquable. Ainsi le choix du procédé valide ou invalide cette proposition, pourtant certains considérent l'usage du collodion comme néopictorialiste.
Sur l'idée de documentaire il s'agit alors de se demander si la puissance mimétique de la photographie ne fait pas office de paradigme de la véracité et donc de documentaire.
En effet bien que certaines images de Etienne Jules Marey soient dans l'abstraction la plus totale, elles sont pourtant très documentaires.

Il me semble aussi comme vous le sous entendez (je crois) qu'il y a une volonté de se démarquer des autres, dans cette concurrence actuelle de propositions visuelles massive, par des techniques moins abordables (que le numérique ou l'argentique "ilfordien").

Les références, surement, une forme de dialogisme (Witkin par ex), mais parfois j'ai le sentiment qu'il s'agit de nostalgie esthétique, comme je le perçois pour les photographes "povera" (je réfute aussi la pertinence de cette appellation, je suis incorrigible) avec la lomographie par exemple.

Quel est le propos de C.Bonnefoi ?

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: didier d
Date: 26/10/2011, 19:58

vincent vost écrivait:
-------------------------------------------------------
mais parfois j'ai le sentiment
> qu'il s'agit de nostalgie esthétique


nostalgie esthétique?
quelle esthétique? y-a-t-il un âge d'or de l'esthétique? un étalon esthétique duquel on se serait éloigné?

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Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: vincent vost
Date: 26/10/2011, 21:42

Eh bien vous savez je pense à ces gens qui téléchargent une application qui permet de transformer une image en la rendant sépia car c'est jolie le sépia n'est ce pas ? Ou bien Salgado qui "demande" à un éditeur de logiciel spécialisé de créer une appli pour simuler le grain de la Tri-X nourrie au para-aminophenol (si il s'agit pour lui d'une condition de cohérence visuelle, qu'en est il des autres utilisateurs ?)
Ou encore ces personnes qui ne jure que par le tirage baryté bien lavé, ou encore pour allez au delà de l'aspect de la matière ce logiciel (Acquine) qui donne une note à votre image en fonction d’algorithmes.
Ou encore la règle des tiers, le nombre d'or, l'iconographie humaniste...

De plus il me semble que sur l’esthétique le néolithique diffère de l'antiquité qui diffère du moyen age qui diffère de la renaissance qui...

Je ne sais pas si il y a un étalon esthétique par contre il apparaît que le jugement de l'art sur les critères esthétiques est une pratique occidentale qui ne se retrouve pas forcement dans d'autres sociétés.
Il y' a une pointe d'anthropologie dans ma position.

Je me suis donc probablement mal exprimé , ce que je suggère c'est que oui il y a des valeurs esthétiques que je qualifierai de "refuges". Elles sont surement différentes d'une personne à l'autre, cependant l'être culturel occidental dispose d'un immense corpus d'images (de Lascaux à la dernière pub en 4X3) auquel il se réfère , un imaginaire au sens du bestiaire en quelque sorte. Ainsi on peut voir certaines propositions photographiques qui simulent le rendu des photos couleurs mal conservées, elles ramènent vers une esthétique ("issu de l'involontaire"- dégradation des colorants) de la boite à chaussure et "des photos de son enfance" (c'est donc dans ce cas générationnel).
Ou encore certain praticiens de procédés anciens( ou historiques ou alternatifs je ne sais plus) copie littéralement l’esthétique (rendu, sujet, composition...) de l'époque du procédé employé.
C'est dans ce sens que je parle de" nostalgie esthétique".

Re: « Le flou du peintre ne peut être le flou du photographe »
Envoyé par: didier d
Date: 26/10/2011, 22:12

merci, c'est plus clair
il avait été cité un article exposant cette idée de refuge et de nostalgie dans les pratiques de faux vintage numérique, mais je serai incapable de le retrouver...

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