Vous n'imaginez pas jusqu'où va se nicher le fétichisme du support papier !
Dans un film documentaire que j'ai réalisé en 2009, j'ai voulu utiliser des archives photographiques, ce qui était nouveau pour moi. Mais je ne voulais pas me contenter de la surface lisse des images en faisant un banc-titre qui gomme la part matérielle de la photographie.
J'ai donc fait réaliser des reproductions et j'ai filmé ces tirages dans les mains des témoins auxquels je demandais de me les commenter. Je suis très content du résultat. Il se produit quelque chose de très intéressant que je n'aurais pas pu avoir autrement, en tous cas pas en direct et spontanément devant la caméra.
Il est même un vieux bonhomme, une "grande personne" dit-on chez nous, qui après m'avoir fixé un rendez-vous cabotinait et ne voulait plus être filmé. J'ai sorti un dizaine de tirage de ma besace et le bougre a oublié la caméra et ses simagrées pour une séquence très vivante où les photographie sont à la fois source d'information pour le spectateur (c'est ce qu'on demande généralement à une archive) mais aussi embrayeur de souvenir pour mon témoin.
Dans le film que je monte actuellement, je n'ai pu reconduire le dispositif qu'avec le témoin principal mais je constate que ça fonctionne toujours aussi bien.
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Laurent
Bordeaux
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