A mon tour.
Ici ce qui frappe c'est la ressemblance du point de vue sur le même sujet : la hauteur de la chambre, l'angle, l'utilisation de la pose longue, mais aussi l'isolation du sujet réduit à la ruine, l'eau et le ciel, tout cela est répété. En tant que spectateur cette reconduction m'ennuie, devant chaque nouvelle version mon intérêt qui aura pu être grand au départ s'amenuise : chaque nouvelle tentative d'appropriation fonctionne comme une soustraction et à la fin il ne reste rien. C'est d'autant plus fort que la mise en vedette de l'image est grande.
A la vue de ces travaux on pourrait malgré tout conclure qu'il y aurait donc une seule "bonne" façon de photographier ce blockhaus, qui expliquerait la mise en œuvre d'un procédé identique. Je crois que le choix des deux auteurs (et des autres) donne à l'image une grande efficacité : l'irruption de la ruine dans un milieu qui ne lui appartient pas crée une opposition de contextes très puissante, dès que le rivage apparaît l'effet est détruit, on rentre dans l'explication de cette présence.
D'un côté un photographe documentaire M Roemers, utilise la pose très longue transformant l'eau en glace. La ficelle technique se justifie ici comme une métaphore de cette époque de la guerre "froide", monde englouti. On comprend donc pourquoi ce choix pour la couverture du livre fonctionne de façon presque tautologique avec son titre. [
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G Goiris a des visées artistiques à partir d'un sujet documentaire, la pose longue opère une transformation de la réalité qui appartient purement au médium photographique. L'opposition de cette eau "gelée" et de la maison n'est pas une métaphore mais est destinée à provoquer chez le spectateur un sentiment "d'inquiétante étrangeté", ici aussi tout cela fonctionne bien.
Comme Henri Peyre je pense également que ce n'est pas très futé de choisir ce type de sujets quand on a des visées artistiques, ou alors il faut prendre de grandes précautions : se documenter à fond pour savoir ce qui a été fait sur le sujet et inventer quelque chose d'un peu personnel ! J'ajoute que dans ces deux cas la recherche de la plus grande efficacité est finalement une faiblesse conceptuelle, un mauvais choix qui apparaît comme une facilité.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 04/07/2010, 17:00 par Zoran.