henri peyre écrivait:
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> Sur des photographies documentaires, on peut
> relever les écarts et les attribuer au "talent" du
> photographe. Sur celle du blockhaus, qui est un
> sujet très fort, il me semble que les écarts sont
> faibles devant le poids du sujet. Personnellement
> j'aurais tendance à dire que ce n'est
> artistiquement pas très malin de faire de la photo
> à partir d'un sujet aussi fort : le talent se voit
> mieux quand on sublime un sujet faible, puisqu'on
> le mesure à l'écart entre le prétexte et le
> rendu.
>
> Concernant les sujets composés, une expérience
> directe :
> j'ai retrouvé une fois il y a deux ou trois ans
> sur la pochette de disque d'un chanteur, je ne
> sais plus qui, une image qui me semblait inspirée
> d'une photo que j'avais faite ( ma fille sur la
> plage ). Il me semble qu'on y voyait le chanteur,
> mis en place de la même façon, avec un nuage. Je
> ne sais pas si c'était un hasard où que le gars
> avait cherché son inspiration sur le net, mais le
> résultat était là. J'étais du coup à la fois
> flatté d'avoir été copié, énervé aussi de l'avoir
> été, inquiet de l'avoir été (mais je reconnaissais
> que la photographie est aussi affaire de
> "vocabulaire" et que la ressemblance peut arriver
> rapidement si on réemploie les mêmes termes qu'un
> autre) ;
> en même temps, exactement comme on le fait en
> peinture quand on est face à des tableaux qui ne
> sont pas des originaux, je sentais comme des
> "violences" des tas de petites choses que je
> n'aurais certainement pas mises dans mon image,
> des choses qui auraient fait que je n'aurais pas
> qualifié l'image si elle avait été mienne !
> Je pense que j'avais terminé en méditant sur ce
> qu'est une oeuvre : un engagement à long terme, un
> esprit qui dure, et une production qui doit être
> jugée sur toute une vie... et ce n'est pas que
> pour se rassurer ;-)
Laurent Voulzy, la Septième Vague et
Henri Peyre, Julia sur la plage