Zoran écrivait:
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> Il faut d'abord replacer ces mots dans l'époque de
> l'Allemagne des années trente. Moholy nagy est
> professeur au Bauhaus, Benjamin est un philosophe
> marxiste, l'idée d'universalité de l'art, sans
> limites, portée par les avancées techniques et
> soutenue par le prolétariat correspond bien à
> l'idéal communiste de l'époque.
> Au même moment la figure du photographe-ouvrier
> qui "enregistre ce que la presse capitaliste ne
> peut pas ou ne veut pas voir" est théorisée par
> Willi Mützenberg dans "l'appel aux
> travailleurs-photographes".
> [
www.nrhz.de]
> nn.jpg paru dans Der Arbeiter-Fotograf qui existe
> toujours après 80 ans d'existence !
> [
www.arbeiterfotografie.com]
>
> Si cette rhétorique engagée loin de toute
> préoccupation contemplative apparaît datée, la
> proposition de la Liseuse n'en est pas moins
> intéressante et actuelle : de l'effort collectif ,
> égalitaire et engagé du photographe-ouvrier
> décidé, grâce à la technique, à faire surgir
> l'image de "lieux de l'existence où nous étions
> loin de nous y attendre", on passe à l'effort
> global où chaque individu tente de faire exister
> une esthétique calquée sur la publicité avec des
> moyens techniques (numérique et internet) qui lui
> donnent la possibilité d'une audience planétaire.
> Benjamin avait donc raison de parler de "geysers
> d'images", les milliards de photos contenues dans
> les tuyaux de Flickr et Facebook en témoignent. En
> revanche l'optimisme communiste n'est plus de
> mise, l'individualisme mondialisé a pris le
> relais.
> A la suite de ces deux citations issues du même
> texte, Benjamin rapporte les mots célèbres de
> Moholy-Nagy : "L'analphabète de demain sera
> incapable de lire, non les textes mais
> photographies" (in Photographie, mise en forme de
> la lumière). Ici encore la foi en l'image se
> heurte aujourd'hui à la volonté de lecture ou plus
> simplement à son impossibilité physique : plus
> personne n'est capable de voir toutes les photos
> produites et devant le déluge croissant d'images
> les seules propositions sont le lâcher prise, la
> politique de l'autruche ou une accélération
> supposée de la "lecture" par habitude à en voir
> toujours plus (!). Autrement dit la grande
> attention que demande la lecture de la
> photographie n'est pas requise, l'alphabétisation
> n'est donc pas encore à l'ordre du jour...
Merci à Zoran de nous replacer ces textes dans leur contexte historique et politique.
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No Pasaran
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