Modeste (pour faire plaisir à Henri :-)) amateur de photographie japonaise, quelques mots de présentation sur deux ou trois livres du photographe Onaka Koji.
Pas question de grand ou de moyen-format avec Onaka, qui photographie au 24x36, en noir et blanc d’abord, puis en couleurs qu’il tire lui-même depuis le début des années 2000.
J’avais deux livres de lui et j’en attendais deux autres quand j’ai récemment acheté la réédition de
Distance 1991-1995, initialement publié en 1996. Réédition et mise en pages différentes du format original : on a maintenant un tout petit format avec des photographies pleine page ou à cheval sur deux pages, sans blanc tournant, un noir et blanc très contrasté et presque charbonneux à la trame assez visible, imprimé sur un papier mat. L’ensemble est presque grossier et pourtant cette rusticité convient parfaitement à ce petit livre qui est une quasi-parfaite réussite formelle et éditoriale.
Alors que voit-on dans
Distance ? Quelqu’un qui marche dans les faubourgs et aux limites de villes japonaises, peu précisément situées et nommées. Des images souvent chargées, remplies de lignes, de poteaux qui coupent et structurent les photographies, de fils électriques, d’avant-plans très présents. De rares passants, des voies de chemin de fer et des trains qui passent, des échoppes, des oiseaux, des chiens, des plantes, des rues sous la neige, des ports, des friches. Images chargées et très lisibles en même temps, structurées par le contraste, on tourne autour de quelque chose sans vraiment y rentrer .
Distance a été suivi d’une autre réédition,
Unimachi, que je trouve personnellement un peu moins bon.
Slow boat, paru en 2003 au Japon et réédité en 2008 par Schaden est de la même veine. On a ici une présentation plus classique, à l’italienne, une photo par page avec du blanc autour. On ne retrouve pas le contraste de
Distance, les photographies sont traitées dans des gris assez lourds, étouffants parfois. Les images sont aussi plus aérées (la mise en page les éclaircit également).
Slow boat est un magnifique livre de photographie rempli d’une mélancolie légère. Des villes imprécises aux habitants seulement aperçus, dans lesquelles marche le photographe en suivant toujours les voies de chemin de fer et les trains, les rues et les ruelles, les rivières et les bateaux. Ici et là de la neige, des vélos, un dirigeable, un coq ou un chat, une mouche, des ponts.
En regardant ce livre remarquablement composé (j’ai assez rarement ressenti ce plaisir-là), j’ai souvent eu l’impression d’être en voyage, quand on est à côté de choses étrangères, quand on regarde, gourmand, avec un regard neuf, de toutes petites choses, des boutiques, des enseignes, de menus détails qu’on voit pour la première fois. C’est comme cela qu’on entre dans ces photographies. Techniquement, on n’a pas les détails fourmillants du grand format dont on a l’habitude ici, mais on entre et on passe du temps à se perdre dans les images et à regarder en détail ces photographies.
Une autre chose qui me plaît beaucoup chez Onaka, en dehors de cette poésie (terme, je l’accorde, très vague et qui ne signifie pas grand chose) et de cette disponibilité qu’on trouve souvent dans la photographie japonaise, c’est l’absence de projet de départ. Ces livres sont une promenade dans des photographies faites sans but, un choix après-coup, ce qui va à l’encontre de certaines idées répandues. En passant, Onaka, qui a déjà exposé en France mais dont je n’ai vu aucun tirage, tire en petit format.
Bon, on a compris, j’aime énormément ces photographies en noir et blanc d’Onaka, qui sont déjà d’un autre temps et d’un autre monde.
Vers les années 2000, Onaka est passé à la couleur et ne photographie plus maintenant qu’en couleurs qu’il travaille lui-même. Des couleurs particulières qui donnent une très forte présence aux photographies. Si les sujets sont un peu les mêmes, le photographe a bien sûr évolué. Dans cette veine couleur, j’ai l’agréable
Dragonfly, second volet d’un autre livre,
Grasshopper qui est lui épuisé. Dans sa postace à
Slow boat, Onaka écrit
"In any case, since then [2003], I have not taken a single monochrome shot. Despite the fact I had such conviction that photographs need to be monochrome.” J’attends avec impatience
Matatabi qui vient de sortir, et dans les livres plus anciens en noir et blanc, j’attends également un exemplaire de
A dog in France, journal d’un voyage en France. Si plusieurs autres livres d’Onaka Koji sont épuisés, certains sont toujours disponibles, voir par exemple sur l’excellent site de
Japan exposures.
Quelques liens vite fait :
Slow boat sur le site d’Onaka Koji. On peut y voir ses autres livres. Disponible par exemple en Allemagne chez l'excellent
25books.com.
Distance provenait lui de chez
PhotoBookCorner dont j'ai dit quelques mots ailleurs. Les livres épuisés d'Onaka sont souvent trop chers.
Pour feuilleter le récent
Matatabi chez PhotoEye
Dragonfly chez Japan exposures et chez
The Photo Book Store.
Jimmy
Modifié 3 fois. Dernière modification le 21/01/2013, 13:10 par Jimmy Péguet.