Archive du forum galerie-photo : esthétique et autres discussions 2010-2013 




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Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: didier d
Date: 03/07/2012, 07:49

Bonjour,

Pour ceux qui n'auraient pas vécu en direct sur facebook (!) ce grand moment de réflexion sur la photographie, je fais passer ici ce texte fondateur de JC Mougin... ;)

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La photographie de petit format
Manifeste pour une photographie par immersion


Concentrez l’image, réduisez sa surface, vous y gagnerez en intimité, en profondeur, en vérité. Cette recommandation pourrait s’autoriser de cette affirmation de Cézanne selon laquelle « on peut modifier, parer, bichonner la surface, on ne peut toucher à la profondeur sans toucher à la vérité. »
Les images contemporaines, dites « émergentes », « alternatives », s’attribuent ainsi des qualificatifs qui affirment de façon quelque peu pompeuse, leur extrême nouveauté, voire leur caractère révolutionnaire. De fait une fois passé le choc de la nouveauté, une sorte de nouvel académisme s’est installé dans le domaine de la production photographique : images surdimensionnées, réalisées à partir de fichiers numériques à l’existence virtuelle, et matérialisés par des procédés à haute technologie ; impression, présentation « Diasec », qui ne peuvent être produits qu’industriellement. L’image numérique est devenue dominante et envahit le champ social, celui du marché de l’art celui de la consommation et de la production de chacun.
L’image primitive avait ce caractère de vérité d’être « l’apparition unique d’un lointain si proche soit-il ». Elle avait une « aura ». Son être venait de son apparaître, et dans son dévoilement quelque chose en elle demeurait celé. Cette dimension de secret touchait à sa profondeur, mais aussi à la matérialité de l’œuvre, qui était la troisième dimension d’une image dont on ne percevait au premier abord que la platitude.
On sent bien ici ou là quelque nostalgie de ces images anciennes, au point qu’on assiste par exemple à un retour très surprenant d’une pratique du collodion humide qui a pour principal mérite de ne dépendre d’aucune production industrielle. De même certains photographes de renom comme Bernard Plossu, proposent dans leurs expositions des tirages quasi minuscules.
Récemment on a vu naître des mouvements « slow », « slow food », « slow internet » ; peut-être verrons nous prochainement apparaître un mouvement « small » en photographie.


La miniature et le monumental
D’un point de vue esthétique, à une politique de l’illimité, du toujours plus grand, toujours plus gros, slogan d’une civilisation devenue obèse, s’oppose la résistance solitaire des gens de peu, des oubliés du progrès, mais aussi celle de ces solitaires, de ces quelques rebelles qui refusant le loi dominante, se mettent au ban selon ‘expression d’ Agamben et s’obstinent au retour arrière .
Faire le choix du petit format, c’est refuser l’Image extralarge et inframince, qui n’a d’épaisseur que celle du plexi qui la recouvre et dont on ne peut que bichonner la surface de peur qu’elle ne se raye, c’est choisir l’image qui voyage, nomadise, plutôt que celle qui intransportable ne quittera guère la réserve obscure du musée, et qui quasiment jamais ne verra le jour de peur qu’elle ne vienne à pâlir, puis à disparaître. Combien de photos couleurs dorment-t-elles ainsi dans les congélateurs de Rochester, momifiées par le froid pour assurer leur conservation, et qui ne seront jamais vues ?
Choisir l’image small, c’est choisir une image précieuse, douce, presque affectueuse, comme ces miniatures, ces portraits en réduction des être aimés que l’on portait jadis précieusement enchâssés dans un médaillon d’or finement ciselé, parfois dissimulés dans le chaton d’une bague. On pense bien sûr aux enluminures des manuscrits du Moyen-âge qui accompagnaient et embellissaient la méditation de l’anachorète, aux miniatures persanes qui faisaient le bonheur de princes orientaux et dans lesquelles selon Youssef Ishaghpour « le monde se révèle, dans la lumière être paradisiaque : un jardin, selon l’ancien archétype du paradis selon les anciens perses. Et ce jardin se trouve partout… c’est le monde dans tous ses aspects qui devient un immense jardin ».
Cette opposition du monumental et de la miniature est une constante de l’esthétique. L’histoire de l’art comme l’a montré Hegel commence par le Monumental, par l’Architecture, par l’Art du et pour le Pouvoir. Tout commence avec la Pyramide, le Tombeau, et dans le tombeau la multiplication des shaouabtis indéfiniment clonés et alignés comme sur une photo de Gursky. On la retrouve bien sûr, dans l’art chrétien. C’est le Christ Pancrator de Cefalu, image majuscule, qui du haut de la voute dont il occupe tout l’espace porte sur nous son regard terrible de Grand Inquisiteur, alors que son index censé apporter l’onction nous accuse.
Au contraire de ce Christ en gloire, celui d’Andreï Roublev, divine icône que l’on peut toucher, baiser est si proche de nous par ses dimensions que l’onctuosité de ses couleurs infiniment nous touche et nous bouleverse. Sa mandorle de gloire s’inscrit dans l’emboîtement de deux carrés qui comme le ferait une toile suprématiste de Malévitch nous invite à la méditation, à entrer dans l’image pour y rencontrer le regard non pas soupçonneux d’un dieu vengeur, mais celui compatissant d’un homme interrogatif et infiniment proche. Cette image du Christ nous invite enfin à cette autre introspection qui est celle de l’âme conduite a plus d’élévation, car telle est la fonction anagogique de l’icone selon Nicéphore l’Icodule ; élever l’âme jusqu’à Dieu dans un cheminement angélique et mystique et non asservir la créature à la Loi.
Le Monumental effraie écrase et finalement asservit alors que la Miniature nous ravit, nous élève et libère. Ces enjeux ne sont donc pas nouveaux et traversent tout aussi bien l’esthétique de la peinture que les pratiques de la photographie dans son histoire et dans ses enjeux contemporains.
Il est connu que Fox Talbot a obtenu ses premières images négatives à l’aide de toutes petites chambres que sa femme appelait les petites souricières et grâce auxquelles il obtint « des images d’une rare perfection mais extrêmement petites, dignes d’un artiste lilliputien ». A sa suite, les calotypistes n’ont obtenu des images que par contact et elles étaient donc limitées par la taille des chambres utilisées. Les usages de la photographie sont alors privés, limités au portrait, au souvenir de vacances, au pittoresque qui nous attend au coin de la rue, à l’exploration et à la connaissance des mondes lointains et exotiques. Le support privilégié en est l’album tiré en nombre limité d’exemplaires, et les portraits qui comme pour les daguerréotypes sont parfois précieusement enchâssés dans un emboîtage de cuir où bien alors rangés comme le seront les cartes de visites dans de riches albums recouverts de velours avec des fermoirs de cuivre. La photographie n’accède pas encore ou si peu à le forme tableau selon l’heureuse expression de Jean-François Chevrier, qui sera la forme quelle obtiendra lorsqu’elle sera reconnue comme œuvre d’art, et donc digne du mur, celui du salon bourgeois, de la galerie, du musée. Le plus souvent cela suppose son agrandissement, même si ce n’est pas toujours le cas, et donc des processus de reproductibilité technique de plus en plus sophistiqués.
Les thèses de Benjamin sur la photographie à l’âge de sa reproductibilité technique sont connues ; perte de l’aura, de l’unicité de l’œuvre et des rituels qui lui étaient attachés, pour faire place à une production proliférante des images tout en assurant une circulation toujours plus grande et une exposition de plus en plus envahissante. Mais il pensait qu’après Atget, qui selon lui avait su photographier la scène du crime, la photographie allait pouvoir politiser l’art. Le résultat fut au contraire une esthétisation de la politique par manipulation des images et des masses ; ce fut d’abord l’agrandissement des images dans un but publicitaire, puis les grands panneaux rétro éclairés, comme le sont aujourd’hui les images de nos APN, de nos téléviseurs à écrans plats et surdimensionnés, images qui aussitôt prises ou montrées sont consommées puis oubliées ou jetées ; ce sont ces publicités lumineuses, qui nous dit Kracaeur s’élèvent dans un ciel où il n’y a plus d’anges ; ce sera enfin l’utilisation massive des images fixes et en mouvement, par des démons aux chemises brunes ou rouges, comme moyen de propagande en attendant l’omniprésence et l’omnipuissance du Marché, qui sait parfaitement contrôler la circulation des images par des appareils idéologiques qu’il possède. Toute valeur y compris celle de l’art va se réduire à la formule que lui donnait Marx et qui est sa valeur d’échange, MAM, marchandise argent marchandise ; l’argent étant l’équivalent général devient alors la valeur des valeurs. Ne parle-t-on pas d’un marché de l’Art qui fixe la valeur d’une œuvre non pas à son épaisseur ou à sa profondeur qui peut être dite infra mince, mais à sa surface en mètres carrés, et bien sûr à son prix. C’est ainsi que dès les années 80 on voit des techniques et des procédés de reproduction publicitaire des images utilisés par des artistes. Ainsi Stephen Shore ouvre la voie en 1976 au Moma avec son exposition Signs of life qui utilise de grands panneaux rétro éclairés. Selon Olivier Lugon, à qui l’on doit un excellent article sur le sujet Avant le forme tableau dans les Etudes Photographiques, Mai 2010 : il s’agit de faire entrer au musée une image émanant de la rue commerçante, image de mauvaise réputation incarnant dans sa technique même l’ordinaire décoratif et le goût populaire. De même le logiciel Photoshop universellement utilisé a d’abord été conçu comme instrument de retouche pour les publicitaires, le procédé Diasec de contre collage d’une image sur du plexiglas a été conçu en direction de la publicité et des foires avant de devenir le mode obligé de présentation des photographies contemporaines.
Pour une lecture fractale des images
Les objets fractaux possèdent une propriété géométrique particulière : la similitude interne. En grossissant n'importe quelle partie, on retrouve une structure similaire à la structure globale. Le chou-fleur est l’objet fractal naturel par excellence. Considérons un chou-fleur. En détachant un bouquet l'on obtient un chou-fleur en réduction qui lui même peut se découper en choux fleurs plus petits. Dans un monde il y a un monde dans lequel il y a d’autres mondes et ainsi de suite.
Une image miniature, un platine de Paul Strand, l’apprentie de Luzzara par exemple, par sa taille, par sa densité, par son onctuosité, demande à être goutée, inspectée, détaillée, non pas mise en morceaux, mais parcourue dans chacun de ses recoins. En tant que paysage, chacun de ses détails devient un autre paysage, qui lui même appelle un autre voyage. De même que pour le mathématicien Benoît Mandelbrot une ligne fractale délimitant une surface finie aurait, si on pouvait la dessiner, une longueur infinie, de même une image hyperdense dont la surface pourrait apparaître comme exagérément réduite, est de fait totalement inépuisable dans sa profondeur. Par opposition une image exagérément agrandie, inframince, comme l’est un panneau publicitaire ne peut véhiculer qu’une information réduite, sans quoi elle serait inopérante. Elle ne saurait être un objet fractal, elle n’a aucune profondeur, elle est désespérément plate. Elle fonctionne selon le schéma réflexe du stimulus réponse comme le font désormais toutes les images que nous consommons, produits selon des effets spéciaux afin de susciter une réaction si possible violente mais sûrement pas une réflexion. Les images de Gursky par exemple ne peuvent que nous impressionner, nous saisir, nous pétrifier, ne serait-ce que par leur taille hors de toutes proportions, par la multiplication d’éléments qui la composent et qui ne peuvent être décomptés. Aussi, de ce fait et par nature elles nous inspirent un sentiment de sublime comme le feraient une montagne, un énorme tas de sable, toute chose qui nous dépasserait. Mais de fait elles sont toutes composées sur une même logique stockatisque, qui selon Aristote est précisément la logique de ce qui s’accumule, l’argent par exemple. Elles pourraient être plus grandes, en montrer plus, valoir plus encore. Qu’elles nous montrent le puits de lumière du Grand Hayatt de Shangaï, des travailleuses chinoises habillées du même uniforme rose, effectuant au même moment le même geste mécanique, ou bien une barre HLM d’une ville de nulle part, elle procède selon le même principe qui est celui de l’accumalation de l’expansion du même.
Vous pouvez passer des heures avec une image de Paul Strand, image qui serait invisible à la distance requise pour voir un Gursky, pourtant en moins de cinq minutes vous aurez tout vu de cette dernière, car malgré l’effet de nombre vous verrez toujours une seule et unique chose, ici un hôtel, là une usine chinoise, une barre de HLM.
Concentrons l’image, réduisons sa surface, nous y gagnerons en intimité, en profondeur, en vérité.
Pratiquons petitement la photographie par immersion, et laissons l’arrogance et son clinquant à la photograhie émergente.

Jean-Claude Mougin

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Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean
Date: 03/07/2012, 07:53

Un délice.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 03/07/2012, 10:17

Merci Didier, j'avais pas vu...

C'était FB quand?

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Jeanba3000
Date: 03/07/2012, 13:01

Ce texte eut bénéficié de sauts de ligne…

::: [ jeanba.photo ] ::: [ jeanba.work ] :::

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: didier d
Date: 03/07/2012, 13:13

@Pierre: tu as trouvé

@Jeanba: désolé, c'est un copier/coller des plus bêtes... l'important c'est le contenu, même si celui ci nous dit que la forme est aussi importante que le fond...

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Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: bernard ardaud
Date: 03/07/2012, 18:29

Excellent !
Merci pour la diffusion de ce texte.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean christian valero
Date: 03/07/2012, 18:56

Merci pour le copié-collé n’ayant pas endossé le costume mao contemporain (FB), je suis reconnaissant d’avoir pu lire ce « manifeste » qui en réalité a tout du pamphlet. L’auteur défend son goût pour le petit tirage en tirant à boulets rouges sur le tirage monumental. On se demande bien pourquoi il lui faudrait détruire l’œuvre de Gursky pour exister, ou rendre visible des photos plus petites. Autrement dit il croit nécessaire de procéder par exclusion : en faisant le choix du petit, il lui faut combattre le grand. Les instincts primitifs de guerre sont là : mort à celui qui n’est pas mon semblable. ( L’air est connu, il nous rappelle les riches heures du club 30x40, cénacle de messieurs qui décrétèrent qu’au delà de cette noble taille il y avait escroquerie et esbroufe. Il faut dire que l’attitude est bien pratique : plus besoin de réfléchir, le groupe pense pour vous.) Il y a un truc un peu rigolo dans ce texte :« Vous pouvez passer des heures avec une image de Paul Strand, image qui serait invisible à la distance requise pour voir un Gursky… »Le regardeur serait donc immobile, toujours à la même distance, comme frappé de paralysie ;-) ? Espérons qu’il retrouve l’usage de ses jambes, ça lui évitera de se retrouver dans les choux ;-). Il y a quelques temps je e suis rendu à Bruxelles, bien connue pour ses choux, où j’ai pu admirer l’exposition Jeff Wall qui présentait un grand nombre de photographies de tailles (du contact au monumental) et de techniques diverses (gélatino bromure, c41, jet d’encre, lambda, duratrans etc.). C’est l’idée du médium que je me fait : varié, éclectique, où toutes les pratiques ont leurs places.Pour ma part je trouve mon compte dans les différentes propositions de tailles à condition qu’elles participent à l’émotion, et qu’elles témoignent d’une vraie recherche et non d’une quelconque posture dogmatique et paranoïaque de l’auteur … a+jicé

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: le nono
Date: 03/07/2012, 19:52

Bonjour,
Je trouve ce manifeste ou pamphlet, comme on veut, passionnant.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Laurent Barthélémy
Date: 03/07/2012, 20:02

Merci ! C'est très rafraichissant.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Emmanuel Bigler
Date: 03/07/2012, 20:05

Merci ! C'est très rafraichissant.

Dans notre série : notre reporter de galerie-photo y était, en haute résolution :
J.C. Mougin initiant un galerie-photoïste militant à la photographie par immersion

E.B.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 04/07/2012, 10:55 par Emmanuel Bigler (modérateur).

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: AndGe
Date: 04/07/2012, 08:41

Et ça ?
Ca marche aussi ?????
version pompier

version latine !!

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean
Date: 04/07/2012, 08:48

Tant qu'on cause pas du supplice de la baignoire...

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Emmanuel Bigler
Date: 04/07/2012, 10:22


Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Gabriel
Date: 04/07/2012, 14:46

Quand je lis "¡ un délice ! j'imagine Jean en perruque poudrée, le mollet fier dans son bas de soie...
C'est un sujet trop sérieux pour faire confiance á un philosophe. Le poète aurait son mot á dire ( j'imagine un soliloque la nuit sur le pont du Péquod), l'adepte du dérisoire également ( j'imagine aussi une tirade du caporal épinglé). sinon le contraire conviendrait tout aussi bien: le miniature c'est la pornographie, la possession, le concentré de beauté, mais aussi de pouvoir, pensons á l'anneau, le tout á l'échelle humaine.
Seul le poète peut s'approprier (intellectuellement s'entend, on pourrait dire "rêver") le monumental; lui seul (c'est á dire un peu nous tous) pourra regarder la mer.
Vain débat.
(Mais il est vrai que l'esprit fin se distinguera toujours pour son goût pour la miniature.

Gabriel

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Emmanuel Bigler
Date: 04/07/2012, 15:13

Je cite J.C.M. :
ces solitaires, de ces quelques rebelles qui refusant le loi dominante

Aucun rapport avec les galerie-photoïstes, qui selon le mot de Robert Beauvais en 1967 («L'hexagonal tel qu'on le parle»), deviennent ultra-conformistes, à force de dénoncer le conformisme de l'anti-conformisme photographique ambiant.

E.B.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean
Date: 04/07/2012, 15:30

Hé oh je suis pas Talleyrand vu par Napo non mais...
:-)
Puisque je suis interpellé, je n'incrémenterai pas l'antithèse de cette plaidoirie apophtegmatique, quand bien même je n'y trouverais pas tout mon saoul.

(T'as vu hein, je cause bien, en perruque...).

La petite image me frustre, je ne l'aime que dans le livre.
Une expo qui présente au mur des tirages de 13X18 ou moins, pas envie. M'est arrivé de sortir avant la fin. Problèmes de vue peut-être. Une image au mur tu dois la prendre en pleine gueule, elle te prend, t'enveloppe, tu te noies dedans. Il y a choc physique.

Mais je trouve le texte de Jean-Claude fort joli, ça n'empêche pas.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Gabriel
Date: 04/07/2012, 15:37

Moi je m'en moque pas mal, j'ai réussi á faire une expo monumentale avec des images minimales.
T'aurais pas aimé, Jean ...

Gabriel

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean
Date: 04/07/2012, 15:40

Elles étaient plus grandes que 13x18 les tiennes...!

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Gabriel
Date: 04/07/2012, 15:48

16x16 dans 20x22, pour voyeurs exclusivement.

Gabriel

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: didier d
Date: 04/07/2012, 16:40

J'ai le souvenir de la vue d'un tirage de Gabriel chez Claude Plessier, tirage de petite taille et accroché assez haut sur le mur, un délice... :)
(j'aurais bien eu envie de le décrocher pour le détailler minutieusement du regard...)

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Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: mougin
Date: 04/07/2012, 16:55

Ce texte a déjà paru avec quelques modifications sur GP à l'occasion du 1er avril 2011, il était signé d'un pseudo, Carla Ferrago. Passant alors pour une plaisanterie, il n'avait soulevé aucun commentaire.

Me Jean Christian Valero me prête une conduite de ressentiment qui n'est pas la mienne. loin de moil'idée de détruire une oeuvre d'art fût-elle de Gursky. Il paraît d'ailleurs qu'elles s'autodétruisent d'elles-mêmes. Je ne conçois ma pratique photographique que pour mon seul plaisir, et j'essaie de le faire partager. Le Monumental a toujours existé ne serait-ce qu'en Architecture. Ce caractère est nouveau en photographie, c'est un fait et je conçoit que l'on puisse "aimer en prendre plein la gueule". C'est un plaisir d'époque et les effets spéciaux font cela très bien au cinéma, et on peut y prendre plaisir, c'est mon cas bien que je trouve c plaisir quelque peu primitif.

Qu'il y ait un retour au petit format en photographe c'est un fait, voyez le travail récent de Plossu. On annonce ce thème pour le très parisien mois de la photographie du mois de Novembre. Donc, défendre ce format n'est pas forcément réactionnaire, et ne relève pas d'un désir de mort pour tout ce qui ne serait pas de mon opinion. Balthus en son temps a fait un art complètement à contre courant en défendant une peinture qui aurait pu appartenir au quatrocento. Personne aujourd'hui ne songerait à lui denier sa place parmi les grands peintres du siècle dernier. Il fréquentait Picasso, les surréalistes, mais faisait une peinture réactionnaire, c'est-à-dire contre une peinture contre le modernisme dominant alors. il n'a tué personne que je sache.

Se distinguer, vouloir ne pas être comme tout le monde, c'est aussi vouloir affirmer la différence. Ne pas partager le goût du monumental, ne pas apprécier les images émergentes rendues possibles par les nouvelles technologie est un droit, le dire est un droit. La polémique est autorisée, et toutes les formes d'expression ont le droit d'exister. J'ai adoré la photo Saint Sulpicienne et tellement chrétienne du Piss Christ, et ne suis pas responsable de sa destruction, ni ne l'ait encouragée. "Civitas" est mon pire ennemi car prrésisément il pratique l'intolérance.

Si guerre il doit y avoir, et vraisemblablement elle aura lieu, si nous voulons défendre nos libertés cela sera justement contre cette intolérance.

Sur ce forum j'ai été traité d'antisémite, de réactionnaire, et même de Berlusconnien, je ne suis rien de tout cela, j'ai été élevé dans une tradition républicaine que je défends. Maintenant si je m'y fait rare,c'est que le débat d'idées s'y fait rare aussi ou alors est l'objet de ricanements imbéciles. De moi-même je n'aurais sûrement pas proposé ce texte à la discussion. Personne ne se souvient de l'avoir déjà lu sur GP. Il se présentait alors comme une plaisanterie, personne alors n'avait pensé qu'il pouvait susciter un débat ou même la ire d'un défenseur vertueux qui pour mieux défendre les valeurs de sa paroisse "dénonce dans la monde le désordre dont il est la cause", définition de la "belle âme" selon la formule de Lacan revisitant Hegel.

J'ai bien peur que cette dernière référence ne déclenche une nouvelle ire au prétexte de pédanterie, l'étalage de toute culture ne pouvant qu' être une nouvelle insulte pour qui sait si bien hausser sa bêtise en prétention humaniste.

C'est naturellement Mr Jean Christian Valero qui est visé, puisque semble-t-il quelques uns ont pris plaisir à ma lire ou alors m'ont trouvé ennuyeux ou bavard ce qui est bien vrai.

mougin

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean
Date: 04/07/2012, 18:01

Gabriel écrivait:
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16x16 dans 20x22, pour voyeurs exclusivement


Alors c'est que le sujet se prête au petit format. Invite à s'approcher, à entrer dans l'intimité de l'image, celle du modèle ou celle du photographe.
Il est vrai que l'érotisme gagne en effet rayonnant sur de petites images. Sur moi en tout cas.

On pourrait alors débattre plus généralement du rapport qui devrait exister entre le sujet, la taille du tirage final, noir et blanc ou couleur, mat ou brillant, la taille et la forma du passe-partout, la matière et la couleur du cadre, ...etc.

Existe-t-il une charte sur le sujet?
Comment décider de faire des petits ou des grands tirages, quelle loi artistique s'applique en la matière...

Au cinéma, l'immensité de l'image crée un autre monde.
La taille minuscule des daguerréotypes et autres collodions vus dans une expo récemment m'ont ravi, alors que les tirages actuels dans les mêmes dimensions me frustrent.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Jacques
Date: 04/07/2012, 18:36

Comment ça "Personne ne se souvient de l'avoir déjà lu sur GP." !? :-)))

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: jean christian valero
Date: 04/07/2012, 19:05

mougin écrivait:
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> C'est naturellement Mr Jean Christian Valero qui
> est visé, puisque semble-t-il quelques uns ont
> pris plaisir à ma lire ou alors m'ont trouvé
> ennuyeux ou bavard ce qui est bien vrai.


Visé par quoi ? Par quelle saillie ou flèche ? Je ne vois pas, je lis dans votre message une plainte d'être transformé en St Sébastien du forum : "j'ai été traité d'antisémite, de réactionnaire, et même de Berlusconnien ...", bon et bien je vous plains. Et puisque vous vous rengorgez de lire Lacan, vous devez savoir quel sujet aime se plaindre et être plaint.
Culturellement je ne vous considère pas comme pédant mais comme un antiquaire, ce qui est peut être pire du point de vue des auteurs que vous lisez ;-)
Bien à vous !
jicé

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 04/07/2012, 19:40

à jcv : une telle hauteur de vue mérite, pour vos lecteurs, quelques références que ma recherche gogol ne m'a pas données.
Donnez nous quelques clés.

Enseignant à Paris VIII?

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: mougin
Date: 04/07/2012, 23:57

A JCV

Si je suis antiquaire c'est que peut-être vous êtes vendeur chez Ikea.

Par ailleurs je ne me plains pas, le texte proposé ici l'a été fait en dehors de mon consentement, et s'il n'avait tenu qu'à moi, vous n'auriez pas eu le lire. Cela fait belle lurette que je ne me risque plus à paraître sur ce forum, sachant ce qui m'y attend.

Par contre que je réponde à vos propos peu amènes. vous me présenter comme paranoïaque, vous m'attribuer des instincts guerriers et mortifères, et pour finir un penchant au masochisme. Vous ne voyez pas les saillies, c'est que peut-être vous aimez à monter.

J'ai le plaisir de vous saluer, ce qui veut dire en bon français, que vous n'êtes pas prêt de me revoir.

Mougin

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: mougin
Date: 05/07/2012, 00:27

A JCV version non amandée

Si je suis antiquaire c'est que peut-être vous êtes vendeur chez Ikea.

Par ailleurs je ne me plains pas, le texte proposé ici l'a été fait en dehors de mon consentement, et s'il n'avait tenu qu'à moi, vous n'auriez pas eu à le lire. Cela fait belle lurette que je ne me risque plus à paraître sur ce forum, sachant ce qui m'y attend.

Vous voyez en moi un dangereux et décati paranoïaque, vous m'attribuez des instincts guerriers et mortifères, et pour finir une tendance saintsébastienne au masochisme. Et vous dites ne pas voir vos saillies! Cela tient sans doute à ce que pratiquant la monte à la façon d'un jeune étalon par trop fougueux, votre suffisance n'a pour conclusion qu'une "ejaculatio praecox". ( propos de vieille canasse mis au rencart pour cause d'impuissance, me direz-vous?)

J'ai le plaisir de vous saluer, ce qui veut dire en bon français, que vous n'êtes pas prêt de me revoir sur ce fil.

Mougin

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: didier d
Date: 05/07/2012, 07:25

pour le coup, je suis un peu confus d'avoir mis cela ici... :o/

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Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: Emmanuel Bigler
Date: 05/07/2012, 08:36

A JCV version non amandée

Ces amandes honorables nous nourrissent l'esprit avec bonheur. Elles forment le noyau dur de nos réflexions esthétiques sur ce forum. Et on les aimerait doubles, venant de quelqu'un qui maîtrise parfaitement l'art de la philippique.

Un salut respectueux à Jean-Claude Mougin, qui aura du mal à nous faire croire qu'il ne nous suit pas, puisqu'il ne s'est écoulé qu'une journée entre le coupez-collez non autorisé (schème honne himme) et son retour bienvenu dans ces colonnes.

Disons le sans détour : nous préférons les produits frais en direct du producteur, plutôt que le réchauffé décongelé, surtout venant de chez fesse-bouc.

E.B.

Re: Manifeste pour une photographie par immersion par JC Mougin
Envoyé par: bernard ardaud
Date: 05/07/2012, 09:10

A JC Mougin
Sachez, cher Monsieur, que si certains lecteurs de ce forum se plaisent à formuler , à votre égard,des critiques peu constructives,d'autres prennent un réel plaisir à lire vos propos toujours argumentés et riches de sens.J'en fais partie.
Avoir au sein de ce forum des esprits capables de formuler simplement des idées complexes est suffisamment rare pour les encourager et leur apporter un soutien bien nécessaire.Notre époque encourage la médiocrité,le bavardage,l'insignifiant.Que de temps à autre,la réflexion,la culture,la connaissance fassent un retour mérité me parait sain.
Le silence étant le pire des mépris,je pense, comme vous, que certains commentaires devront s'en contenter.
Au plaisir de vous lire.
Bien cordialement à vous.

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