Merci aux post(iers) de leurs passionnantes interventions
@ Guillaume
Assez d'accord avec cette gradation de la réflexion.
Disons que je me situe vers le degré 2
@ Henri
Je crois que tu mélanges,
Analyse d'image et tout ce que cela comporte et méthode pour faire avancer ses propres images.
Ce sont pour moi deux choses très différente.
Donc :
1) Analyse d'image = décorticage, relation à une idée, à une vision, que signifie t-elle ? que nous apprend-t-elle ou que veut-elle dire ?
Effectivement sur cette démarche on peut faire abstraction de son ego et ainsi du relatif pour se positionner dans l'absolu.
Cà rejoint les propos tenu plus haut : c'est une démarche jubilatoire, un peu masturbatoire ; ce qui, de mon sens, n'est pas péjoratif.
Wharhol disait qu'une masturbation bien faite vaut mieux qu'un coït banal. Peut être a-t-il étudié ce sujet un peu plus que les autres.
Si ce vocabulaire froisse, parlons d'une démarche purement intellectuelle en partant de ses acquis, de son savoir, de son référentiel. Froidement, sans sa sensibilité.
2) Méthodes pour soi même = Là, faudrait développer un peu.
Car quand Guillaume propose de guider sa recherche personnelle en s'appuyant sur un inventaire de l'existant, de sa perception et de son analyse, en excluant pas une référence aux autres, je comprends. Mais je ne vois pas de "méthode" pouvant conduire à un résultat.
@ Jean Claude,
Je saisis bien l'inutilité d'analyser une oeuvre pour l'apprécier. Du moins si on peut le faire par satisfaction intellectuelle, çà n'est pas une nécessité.
Encore qu'il est parfois indispensable de posséder quelques clés. On peut trouver génial l'harmonie des couleurs d'un cubiste ou de Miro et s'en contenter, mais pour une comprehension du tableau, çà nécessite autre chose qui pourrait, peut être, servir de socle à sa propre démarche.
Darwin n'a pas envisagé çà chez l'homo sapiens : de Lascaux à la vénération des pompiers, puis de l'interêt des "refusés", pour arriver au bleu Klein..... On peut penser que l'étude de cette évolution aide un peu.
@ Xavier
Thibaut Cuisset,
Vraiment au hasard du surf sur le net - La photo montrée
ici me semble banale et si le texte de JC Bailly la situe dans le contexte de son travail, il ne m'apporte aucune lumière sur la compréhension du cliché. Avec prudence, je me pose au final cette question : Pourquoi ne vois je rien à comprendre ? Je n'ai pas les clés. La musique de l'opéra de Pékin me devient insupportable au bout de 2 ou 3 minutes alors qu'ils sont 1 milliard à l'apprécier....
Techniquement assez bien faite : règles des tiers basique, composition précise, complémentarité des tons bleus et ocres, l'absence voulue d'humain pour éviter un point focal et obliger l'oeil à circuler entre les 3 points sombres (les 2 portes et l'arbre) sans sortir du cadre.
Emotion ? Rien
Message ? Euh, non !
Une question est elle posée ? Je ne la vois pas.
Une oeuvre purement plastique à accepter telle quel ? Mouais.
Je n'ai pas non plus d'argument pour la critiquer. Je passe donc mon chemin en acceptant de mourrir, un jour, idiot.
Avedon
Sur ce portrait de 1957, on est à quelques mois avant l'apogée de
Marilyn, et la sortie de "certains l'aime chaud".
Elle déjà une star. Si on ne le sais pas, on peut le voir à sa robe en lamé bien coupée et au décolleté avantageux, à sa coiffure et son maquillage sophistiqué.
Avedon aurait pu faire du Harcourt, mais il nous la présente les bras ballants, dans une attitude déconcertante. Les lèvres ne sourient pas, elle a le regard perdu et baissé dans une sorte de soumission ou d'incomprehension fasse à la fatalité de son destin. On la sait desireuse d'être mère, elle fera une fausse couche 3 ou 4 mois après cette prise de vue.
On ne voit pas une star mais une femme fragile, touchante, émouvante.
Un cadrage plus serré aurait caché cette poitrine avenante (arrogante ?) l'impact aurait été diminué.
Un plan plus large aurait peut être montré les mains mais nous aurait éloigné de son regard et de son expression.
Le fond uni permet de se focaliser sur l'essentiel.
Ici, la couleur aurait été un facteur dispersant d'intensité.
La force d'Avedon pour cette photo, réside bien dans l'opposition qu'il nous propose entre l'icone immédiatement identifiable et inaccessible et la femme émouvante, mise à nu sur un instant décisif. On perçoit bien que le regard du photographe n'est pas incisif, caustique et cynique, à la manière d'un Daumier, mais bien en empathie, il nous dit : voyez, elle est aussi comme vous, humaine.