Concernant le problème des reflets, on trouve dans cette question une application intéressante de la méthode des images opposée à celle des lancers de rayons.
Mettre la lampe éclairant l'objet sous sa vitre, "à 45°" et arguer que l'angle de réflexion renvoie la lumière hors de l'objectif de prise de vue est un excellent argument de lancer de rayons, parfaitement correct, c'est même la première idée qui vient à l'esprit.
Mais il est plus fructueux de raisonner en termes d'images réfléchies.
L'objet derrière sa vitre donne deux images : d'abord son image ordinaire, à laquelle se superpose l'image de ce qui est devant la vitre, du côté du photographe, vitre qui se comporte comme un miroir d'efficacité plus ou moins grande. Imaginons que nous placions sur la vitre une glace de salle de bains de même surface que la vitre, le problème d'élimination des reflets devient très simple : on ne doit rien voir dans cette glace. La glace produit un monde d'images virtuelles qui sont les symétriques par rapport au plan de la glace des objets du monde où se trouve le photographe, son appareil de prise de vue, ses sources de lumière. Au lieu de dire qu'on place les lampes pour qu'elles lancent des rayons à 45°, il suffit de dire que de là où je place la pupille d'entrée de mon objectif, je ne dois voir aucun objet brillant, aucune lampe. Utiliser le décentrement latéral est bel et bon, mais il ne faut pas que dans la glace, je voie passer, par exemple, un clown à nez rouge qui se moque du photographe.
Donc c'est très simple, j'imagine que j'ai une glace devant l'objet, de là où je mets mon objectif, avec ou sans décentrement latéral, le problème est le même, dans cette glace je ne dois rien voir. Donc je ne dois pas voir les sources qui éclairent l'objet derrière sa vitre. Et je ne dois voir aucun objet qui puisse être éclairé par de la lumière diffuse. Donc après avoir placé mes sources pour que je ne les voie pas dans la glace, à travers l'espèce de fenêtre sur le monde des reflets que définit le cadre de la glace, je cache tout ce qui est du monde réel derrière un tissu noir. Je ne laisse passer que la lentille frontale de l'objectif ; laquelle étant traitée « avec un vrai traitement » (et non pas un faux traitement), sera, par définition, invisible puisque qu'elle se comporte comme une éponge à photons, ou plutôt : une diode à photons : tout rentre dans l'objectif, rien ne ressort ;-)
Cette approche, en considérant la surface plane réfléchissante comme un miroir plan, permet très simplement de résoudre le problème du "point chaud" en projection d'images sur une surface plane brillante. Par exemple si vous insistez pour projeter quelque chose sur un tableau blanc au lieu d'un bon écran de toile.
Avec les rétro-projecteurs de naguère, c'est la catastrophe, impossible que l'auditoire ne voie pas le fameux 'point chaud' qui n'est autre que l'image dans le "miroir" du tableau blanc de l'objectif illuminé par la grosse lentille de Fresnel. Avec un vidéo-projecteur dans lequel un décentrement vers le haut est incorporé (plus une correction électronique de trapèze), vous posez l'appareil sur une table au niveau des coudes de l'auditoire, et vous projetez sur quelque chose qui est plus haut que la table. Si vous ne voyez pas le projecteur dans le 'miroir', alors vous ne verrez pas le 'point chaud'. Parfois l'orateur qui regarde de plus haut voit le point chaud à travers la 'fenêtre', mais pas l'auditoire, surtout si ledit auditoire ronfle, mais ceci est une autre histoire.
Concernant la polarisantion.
Là, on joue sur l'efficacité lumineuse de ce "miroir". Toute vitre, toute matière plastique ou vernis, mais pas les métaux polis-nus, polarisent la lumière qu'ils réfléchissent 'dans une certaine mesure', de la même façon que le fût du canon de Fernand Raynaud met 'un certain temps' à se refroidir. Donc, 'dans une certaine mesure', on peut affaiblir le reflet en observant à travers un polariseur. Mais cela ne marche pas toujours très bien, et comme le disent à juste titre Philippe de F. et Alain-Marc O., des photographes d'expérience qui veulent maîtriser leur lumière de façon parfaite, il vaut mieux parfois éclairer avec de la lumière polarisée (pour avoir un degré de maîtrise supplémentaire de l'éclairage) ; et de toutes façons en incidence normale, la vitre ne polarise rien par réflexion.
Donc il faut les deux : penser aux images réfléchies par la vitre, imaginer cette fenêtre vers le monde des images 'parasites', et éventuellement essayer de 'tuer' les réflexions. Mais autant, il est vrai, commencer par le placement correct des sources et la dissimulation du photographe et de son appareil derrière... une espèce de voile noir ;-)
E.B.