Quelles différences entre les Symmar et les Symmar-S (en dehors du traitement des verres) ?
Bonjour !
Les combinaisons optiques de ces deux objectifs se ressemblent, ce sont tous les deux des optiques à 6 lentilles en 4 groupes, quasi-symétriques, dont le prototype originel est le Plasmat, conçu par le grand Paul Rudolph après la guerre de quatorze lorsqu'il avait quitté chez Zeiss pour travailler chez Goerz.
Les premiers Symmars de chez Schneider couvrent dans les 70°, c'est à dire nettement plus qu'un tessar-xenar à 4 lentilles (qui couvrent dans les 55-60° à f/22). Les premiers Symmars sont convertibles, c'est à dire qu'on peut dévisser le bloc avant pour ne se servir que du triplet arrière et de l'obturateur. Ce faisant, avec le bloc arrière seul, en gros la focale double et le nombre d'ouverture max est divisé par deux. Et la performance optique est, hélas, divisée par 2 aussi, mais c'était pour dépanner ou pour faire des travaux en longue focales, travaux peu critiques ou ne nécessitant pas un piqué d'enfer ni une distorsion très faible (portrait par exemple) à une époque où les objectifs coûtaient très cher.
Dans son livre « Moyens et grand formats » chez Paul Montel dont je possède une édition du début des années septante, René Bouillot dit tout le mal qu'on peut penser des optiques convertibles et recommande de ne travailler qu'avec les dernières générations d'optiques de chambre. C'était il y a 40 ans, le conseil est-il toujours pertinent aujourd'hui ? Il le serait évidemment pour un conseil d'achat à un jeune professionnel qui veut s'équiper d'une machine-outil de production, mais le problème c'est que ces belles optiques ne servent plus guère, voire plus du tout, aux professionnels de l'an 2010... donc l'amateur fait vraiment ce qu'il veut. Comme dirait l'achevêque de Moisenay, après vous avoir découragé de chercher un vieux convertible, il conclurait tout de même : « Ces vieilles optiques sont en vente libre ».
Le Symmar-S apparaît dans les années 1960, c'est une amélioration considérable du Symmar. Les ingénieurs se concentrent sur l'amélioration des performances compte tenu de l'amélioration des verres et des moyens de calculs et d'usinage, renoncent à ce qu'il soit convertible, donc on ne le dévisse plus car les deux moitiés formant un tout se corrigent mutuellement beaucoup mieux que dans le vieux Symmar convertible.
Voir les catalogues Schneider dans ces archives scannées pdf accessibles librement.
http://schneiderkreuznach.com/archiv/archiv.htm
Les numéros de série vous donneront l'âge, voir le site US de chez Schneider
[
www.schneideroptics.com]
Par ordre historique pour cette famille d'optique 6 lentilles « standard » « Plasmat 6/4 »
Symmar (convertible)
Symmar-S
Apo-Symmar
Apo-Symmar-L
À la suite du vieux Symmar convertible apparaît donc la dénomination « apo symmar ». De fait c'est parce que l'industrie foto allemande a réussi à faire apparaître dans l'une des normes DIN
(la célèbre norme DIN 19040 Blatt 5, bien aimée des galerie-photoïstes militants, « Allgemeine optische Begriffe in der Photografie », disparue depuis longtemps) une définition élargie de ce qu'est une optique « apo ». Du coup, certains objectifs deviennent « apo » du jour au lendemain par simple conformité à une nouvelle norme DIN mise en place « exprès pour ». C'est un peu méchant de le dire comme çà mais cela explique les changements de dénominaton pour des optiques qui n'avaient pas forcément bougé à l'intérieur.
Donc : le vieux Symmar convertible est franchement moins bon que le Symmar-S. Pour une optique entre 135 et 210 de focale, l'offre est tellement vaste qu'on peut laisser de côté les vieux Symmars si on a peur de ne pas avoir une optique au top. Et attaquer l'étude du marché à partir du Symmar S et des Sironars contemporains.
Liste des dates chez Rodenstock en compagnie de Schneider et Goerz.
http://www.bigshotz.co.nz/schneider.html
Chez Rodenstock ont suivi une évolution similaire, Le produit concurrent du Symmar est le Sironar. Lorsque les Symmars étaient convertibles, les Sironars l'étaient aussi.
Dans l'évolution récente chez Rodenstock on notera les Apo sironar N concurrents de l'apo Symmar, et l'apo sironar S un poil au-dessus en performance, ce qui a obligé à Schneider à peaufiner une dernière fois le Symmar sous la forme apo Symmar-L.
Les meilleurs rapports qualité prix sont donc les symmars S ou Sironars de la même époque, puis plus récents et un poil plus chers, les apo sironar N et apo symmars ; puis nettement plus chers et toujorus au catalogue en neuf, apo sironar S et apo symmar-L.
E.B.