Bonjour à tous, en ces lendemains pluvieux de la Fête Nationale française, dont pas mal de nos lecteurs francophones non hexagonaux se moquent ;-)
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Le symmar convertible de chez Schneider-kreuznach, comme son confrère et concurrent le sironar convertible de chez Rodenstock, est un objet que nous adorons, mais qui aime bien châtie bien.
Cet objectif date des années 1950-1960. Il date d'une époque où les objectifs étaient chers et où le grand format pouvait se contenter d'optiques de performances modestes du moment qu'on avait accès à un grand cercle image et à de grands négatifs.
Dès les années 1970, on pouvait déjà lire dans le bouquin de René Bouillot "Moyens et Grands formats" (chez Paul Montel) la critique de ces optiques convertibles qui n'étaient plus dans la course pour le professionnel des années septante.
En résumé.
Grâce au démontage en 2 parties, on peut n'utiliser qu'une partie de l'optique ce qui donne une longue focale "de dépannage" pour le pro des années 50-60. En gros la focale double si on ne prend qu'une moitié d'objectif.
Par la suite, les fabricants ont renoncé à cette convertibilité, l'exception qui confirme la règle étant le très récent et très cher Cooke triple convertible, mais c'est un 8 lentilles, chaque moitié est formée de 4 lentilles, et il y a 3 moitiés pour faire différentes combinaisons de focales ;-)
Les optiques de chambre de focales standard sont aujourd'hui presque toutes basées sur une combinaison optique quasi symétrique à 6 lentilles en 4 groupes dont le prototype
s'appelle le Plasmat.
Le Plasmat est en 1918 l'invention du grand maître Paul Rudolph, le père du Tessar.
Ces optiques de type plasmat 6 lentiles en 4 groupes sont la base des dénominations commerciales bien connues : symmar (Schneider-kreuznach), sironar (Rodenstock), Nikkor-W, Fujinon-W, ... ils ont une couverture angulaire comprise entre 70° (pour les anciens symmars ou sironars) et jusqu'à 75° (pour les modèles de formule 6/4 récents).
La très haute performance de ces optiques repose en partie sur la symétrie et la correction mutuelle des défauts entre les 2 moitiés. Dans le symmar ou le sironar convertible, vous ne prenez qu'une moitié toute seule, elle ne peut donc pas s'appuyer sur sa compagne pour la correction des aberrations. Un demi symmar ou un demi sironar est donc une optique de longue focale mais pas une très bonne optique. Néanmoins, ça dépanne, puisqu'avec une seule optique on a accès à 2 focales simplement en dévissant le groupe avant.
Et la différence entre un téléobjectif et une longue focale à longueur focale égale ?
Un exemple simple vaut mieux qu'un long discours.
Soit un Télé Arton de chez Schneider, en 360 mm de focale.
Pour faire la mise au point (MaP) à l'infini, une longueur de soufflet de 210 mm seulement suffit. On dit que le tirage mécanique est bien plus court que la focale, c'est l'intérêt du télé-objectif.
Soit le Symmar convertible en 360 de focale. Même focale que le télé arton de 360, donc même grandeur des images sur le dépoli.
Pour faire la MaP à l'infini avec le symmar il faut environ 360 mm de soufflet, et même un peu plus parce qu'on ne photographie pas que des objets lointains.
Mais, me direz-vous, pourquoi m'embêter avec un symétrique de 360 de focale si un télé de 360 me donne la même chose avec un tirage bien plus court ?
Eh bien parce que le télé-objectif, en contrepartie de son court tirage, doit renoncer à s'appuyer sur la symétrie, il est donc, à focale égale, bien moins bon qu'un symétrique, en piqué et en distorsion.
Du moins telle était la situation des optiques de chambre du siècle dernier. Mais les dernières générations de télé-objectifs n'ont eu de cesse que de faire mentir cette réputation. Les derniers apo télé xenar de chez Schneider (** note 1) n'ont probablement rien à envier aux formules symétriques, sauf qu'ils ne peuvent pas couvrir autant en angle de champ. Mais ce n'est pas ce qu'on demande à un télé objectif, on lui demande simplement de couvrir un angle de champ réduit.
** note 1 : récemment, Schneider a sorti sous l'appellation de télé compact une optique symétrique 350 mm f/11 à 4 lentilles qui n'est pas un télé objectif, c'est un symétrique dans la grande tradition des optiques de banc de repro 4/4 comme l'apo artar ou l'apo ronar ; ce "télé compact" n'a de compact que ses lentilles, car le tirage de soufflet minimum est égal en gros à sa focale, il n'est donc pas compact une fois monté et dûment focalisé à l'infini ...
E.B.