Sans entrer dans le débat d'experts concernant les techniques anciennes et modernes permettant le transfert d'images sur des céramiques, je me bornerai à relater r'ici mon expérience récente de père de famille.
Certes dans les temps anciens, la connotation funéraire des transferts d'images sur céramiques était très forte.
Mais sans qu'il soit question de transfert d'un portrait de famille, il se trouve que lors de sa dernière année d'école primaire, mon fils a participé à un projet de travaux manuels enthousiasmant qui a consisté à ce que chaque enfant de la classe fasse un dessin sur un thème donné, qu'ensuite les dessins soient numérisés et assemblés sous forme d'une espèce de mosaïque d'images, et qu'enfin chacun(e) reçoive en souvenir une tasse (** note 1) en céramique avec le dessin et le nom de chaque auteur(e).
Certes ce n'est pas gravé dans le marbre en doré sur fond noir, comme le sont les noms des héros des Mémorials de la Résistance
(par exemple, au lieu dit la Croix de Valmy, près de B'zançon, en passant sur la côte du Comice, pensez à ceux des groupes Guy Moquet et Marius Vallet lorsque vous viendrez de Lons par la route), mais cette tasse (** note 1) en céramique sera un très beau et très heureux souvenir de classe.
Donc le transfert de fichiers jipègues sur céramiques, ce n'est plus l'exclusivité des assiettes-souvenir du voyage de Grand Maman aux îles Borromée ou à Lourdes, ni l'exclusivité des plaques défiant les siècles sur la tombe de nos êtres chers ; c'est simplement un procédé vivant, apparemment facile à mettre en oeuvre
(pour celui qui transfère le jipègue au prestataire et qui paye la facture...) mais ce n'est pas toujours de la porcelaine fine de Limoges.
Pour en rester dans les métiers de nos régions : ce n'est pas parce qu'on cède un jour à la tentation d'une montre de poche à quartz pas chère, qu'on ne se paiera pas un jour une belle Lépine mécanique finement ciselée avec des émaux champlevés ;-)
Et nos enfants ne doivent pas être un
décalque de nous-mêmes ;-)
(** note 1) Dans les temps anciens, le mot tasse désignait en France quelque chose de très précis, avec une anse, de forme évasée, une pièce fine, délicate et cassante, qu'on ne donnait aux enfants qu'en grande cérémonie, le jour où leur marraine était là pour prendre le thé ; en aucun cas on n'aurait appelé "tasse" une espèce de truc cylindrique grossier, en faïence ou en verre, dans lequel les Anglais boivent un café terrifiant à longueur de journée. On m'avait expliqué lors de mon premier voyage Outre-Manche que ce truc s'appelle 'mug' dans la langue de Shakespeare ; j'en avais donc déduit, à tort, que "mug shot" désignait les photos de Lourdes ou des îles Borromée, transférés sur ces supports cylindriques inconnus autrefois dans l'équipement des ménages à la française.
Erreur cardinale ! Comme me l'a appris Dan Fromm, 'mug shot' désigne une photo d'identité judiciaire, une spécialité bien française depuis M. Alphonse Bertillon ...
E.B.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 30/07/2012, 17:56 par Emmanuel Bigler.