Re: Trépieds en bois
Envoyé par:
Marcel Couturier
Date: 27/06/2012, 07:44
Bonjour, voici quelques réflexions perso à propos des pieds bois, ce ne sont que les simples constats faits lors de mes différentes constructions et l’utilisation.
Le matériau : le frêne est couramment utilisé pour ces propriétés mécaniques, d’un usinage facile, de droit fil, stabilité, rétractibilité, durabilité moyenne, bois dur (densité de 0.65 à 0.75) il a fait mécaniquement ses preuves depuis longtemps (charronnage, manche de pagaie, construction navale………) le coût restant abordable, disons un bon rapport qualité prix.
Le traitement de surface : le bois est un matériau qui a besoin de s’adapter aux variations hygrométriques et thermiques (saison, milieu humide, pieds dans l’eau tête au soleil, température élevée dans le coffre de la voiture …………enfin toutes les tortures qu’il encaisse sans trop broncher. De plus c’est un matériau anisotrope aux variations dimensionnelles qui peuvent être importantes. Donc laissons le respirer, bouger, s’équilibrer naturellement par rapport à ces paramètres. Pour que cela fonctionne vous l’aurez compris point de vernis super étanche, machin « marine » un simple traitement à l’huile de lin chaude suffit à le protéger en lui laissant cette respirabilité nécessaire à son bon équilibre hygroscopique. De plus l’huile de lin produit peu coûteux très efficace ne présente pas de toxicité et donne une jolie patine, protège efficacement de l’eau. Pour ce qui est de l’aspect fini il est tout à fait possible de teinter l’huile pour obtenir un coloris autre que la patine naturelle.
Pour ce qui est de la stabilité : certains pieds accusent en effet une souplesse affolante, ils sont effectivement légers en terme de masse et de prix, mais plus adapté aux petit boîtiers, donc peut d’intérêt de monter un numérique sur un pied bois. Nous grands formistes recherchons la stabilité et la surportabilité pour nos chambres. Donc passage obligé, accepter une certaine masse pour nos pieds. Le constat que j’ai fait est assez basique à partir du moment où la masse de la chambre est supérieure à celle du pied le problème de stabilité apparaît. Ensuite intervient fortement sur la stabilité : l’orientation des brins, sans aller à un type de construction en « tour Eiffel à l’envers » qui d’après ce que j’en ai observé pose plus de pb qu’il n’apporte les solutions. En effet si le premier étage confère une bonne stabilité au sol dans l’élévation le dernier étage a trop de souplesse pour supporter la chambre (ne pas oublier que la tour Eiffel n’a pas de chapeau au sommet). La rigidité (d’après les derniers pieds que j’ai construit) est plus apportée par l’orientation des brins et au système de coulissement qu’une architecture inversée. Ensuite intervient la nature du sol sur lequel est posé le pied, là l’encrage doit être adapté, donc embouts interchangeables, mais ça les constructeurs ont bien traité le problème.
Autre constat la rigidité est lié à la dimension de la platine de tête, c’est le lieu géométrique vers lequel convergent les différentes forces, donc il lui faut encaisser les efforts. Brièvement plus la platine de tête est importante en surface plus la stabilité augmente. Ensuite le système de blocage des brins (s’il est efficace) verrouille valablement la mobilité de réglage qu’à condition que le profil soit conçu pour limiter la translation dans deux directions.
La colonne centrale génère un effet cumulatif dans le problème de difficulté à stabiliser la chambre. La colonne revient à vouloir poser un élément sur une aiguille, si la section est trop faible en diamètre il devient extrêmement délicat de bloquer l’ensemble, les colonnes les plus efficaces sont celles ayant un diamètre important. L’idéal est un système à trois colonnes, car il reprend le principe basique de l’isostatisme du pied (3 points d’appui) et augmente l’empattement de la portée de repos de la chambre. Mais il est tout à fait possible de se passer de colonne de réglage.
Lamellé collé : Certes la tentation est grande de composer des profils mixtes pour cherche à gagner en masse (bois de différentes densités) mais c’est un leurre car l’écart de densité moyenne entre un frêne 0.70 et celle d’un peuplier 0.45 n’est pas suffisant pour apporter un gain de masse important. De plus la compression engendrée par les serrages des mobilités risque fort d’écraser le matériau le plus tendre au détriment d’un coulissement précis dans le temps. Ensuite la technique de fabrication augmentera le coût.
La tentation de gagner du poids en affinant les sections conduit souvent à rajouter des élément de triangulation entre les pieds (entretoises) pour rigidifier l’ensemble devenu trop souple, mais à la sortie rien n’a été gagné en enlevant d’un coté pour rajouter d’un autre. Lorsqu’il faut travailler avec des longues extensions de soufflet entre en jeu le porte à faux, deux solution soit un deuxième pied, ou solution très efficace une jambe de force reprenant la réaction sur un brin du pied. Il est aussi possible d’utiliser un monopode, c’est très efficace.
L’écart de masse entre les différents formats de chambres étant important, sans aller jusqu’à dire qu’il faudrait un type de pied par chambre, il est nécessaire d’adapter l’équipement au type de terrain et au matériel à supporter.
Voici livré qq réflexions, si cela peut aider.
marcel couturier