Encore plus petit
La « National microfilm association » a tenu sa 8e séance annuelle à Washington du 2 au 4 avril 1959 2. Le thème de cette réunion était : « A Century of microfilm progress, 1859-1959 » et à cette occasion fut commémoré le 100e anniversaire du brevet pris par René Dagron le 2I juin 1859 sous le titre : « microscope bijou à effet stéréoscopique propre aux observations microscopiques d'imagerie, insectes, fleurs, etc... » 3.
On considère en effet comme un précurseur de la microcopie un photographe français René Dagron, né à Beauvoir (Sarthe) le 17 mars 1819 et mort le 13 juin 1900. Il connut une grande vogue en France et à l'étranger à partir de 1860 comme fabricant de cylindres photo-microscopiques montés ou non sur bijou dont il avait eu l'idée dès 1857. En Angleterre surtout, à Manchester en particulier, comme le reconnaissent les contemporains, on avait fait de la photographie dite microscopique et en France, des essais avaient été tentés pour mettre ces épreuves dans de petites lorgnettes à tirage variable qu'on portait comme des breloques de montre, mais dans tous ces essais l'image obtenue sur glace devait être grossie par une lentille à distance et ce procédé différait profondément, estimait-on, de celui qui avait été trouvé par Dagron. Réunissant la photographie au microscope, il en avait fait sous un volume qui n'égalait pas celui d'un grain de blé un seul et si petit objet qu'on pouvait l'appliquer aux bijoux les plus délicats 4.
Et toute la presse vanta sur un mode lyrique l'invention qui permettait de réunir dans le même bijou les membres de sa famille, ses amis et tous les êtres chers, « sans que le volume du bijou en soit en rien augmenté ».
Ce sont moins ces vues microscopiques logées dans une bague, une broche, un cachet, un porte-plume, un porte-crayon et encore aujourd'hui proposées aux touristes qui nous font un devoir de rappeler le nom de Dagron et de lui rendre hommage, que l'utilisation qu'il fit de ses découvertes pendant le siège de Paris en 1870 pour faire pénétrer dans la place les dépêches de provinces, par pigeons voyageurs. Dagron partit de Paris le 12 novembre 1870 sur le ballon Le Niepce. Il travailla successivement en mission officielle à Tours et à Bordeaux. Les dépêches étaient reproduites sur pellicules au collodion dont la transparence donnait d'excellents résultats à l'agrandissement qui se faisait à Paris sur écran au moyen de la lumière électrique. Chaque pellicule de 5 X 3 cm environ, nous explique Dagron lui-même, était la reproduction de 12 ou 16 pages in-folio d'imprimerie contenant en moyenne suivant le type employé 3.000 dépêches.
La légèreté de ces pellicules a permis à l'administration d'en mettre sur un seul pigeon jusqu'à 18 exemplaires, donnant un total de plus de 50.000 dépêches pesant ensemble moins d'un demi-gramme
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No Pasaran
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