Auteur: Jimmy Péguet
Date: 06-04-2008 08:59
Fred : pourriez-vous expliciter ce que vous entendez par « le message et son objectif » ?
Nito : Pourquoi quelqu’un qui connaît ces mondes n’en ferait-il pas un usage plastique, sans qu’on lui fasse un procès pour « récupération de la culture de rues » ? La photographie serait-elle limitée à l’univers des petits bourges ? Mettre en scène, exemple juste comme ça, des univers dans des intérieurs qu'on connaît bien ?
Je me retrouve dans la première partie de ce que dit Renan. Ca a commencé par me gonfler, je suis passé vite dessus. C’est en y revenant que j’y ai vu autre chose que des clichés d’occasion. Il suffit parfois de peu de chose dans une photo ou un ensemble de photos pour faire basculer un regard et se faire prendre.
Ce que je comprends assez mal dans certaines réactions – encore une fois, je trouve que les photos valent la peine qu’on s’y attarde, mais je ne suis pas un inconditionnel, c’est loin de ce qui me cause en général – c’est que puisqu’il est question de « banlieue », d’un truc étranger à la plupart des lecteurs de ce forum, qui fout vaguement la trouille, dont on cause à la télé en termes généralement convenus, c’est forcément racoleur. Il me semble qu’un des boulots d’un artiste, c’est d’utiliser la matière qu’il a sous les yeux pour voir plus loin et dire quelque chose qui n’a pas été dit. Ca me fait, on me pardonnera le parallèle, penser un tout petit peu au « On the beach » de Misrach qui utilise le très grand format, le soleil et le sable, la mer, les baigneurs en évoquant le 11 septembre. A moins que ce ne soit l’inverse :-) Quelque chose de plus grand s’ouvre, qui à partir d’éléments à priori très éloignés mêle l’actualité et le temps. Bon, Misrach-Bourouissa, c'est pas pareil, d'accord :-)
Dans les photos de Bourouissa, celui qui regarde ne peut pas une seconde imaginer que c’est du premier degré, que c’est seulement l’exploitation de la mise en scène d’une violence qui le fait flipper. J’aime assez cette maîtrise des regards, des gestes et des plans différents, comme dans « Le hall » à la pauvre lumière, ces espaces réglés précisément, précision qui empêche justement de croire à ces clichés. J’aime bien cet objet photographique, cette espèce de chorégraphie de « L’impasse », deux regards vers la carcasse, un vers le haut et un autre qu’on ne voit pas, sur fond de mur lépreux et de bagnole désossée. J’aime bien l’ailleurs – lequel ? - que Bourouissa donne à imaginer. « La butte » ou « Le miroir » comme le dit Renan sont de bonnes photos, de surcroît moins étouffantes que « La main » souvent mise en avant. J’aime bien, c’est certainement facile, l’instant de grâce suspendu de « La fenêtre » avant ou après la cogne. Je trouve que c’est du bon boulot. Qui n’a pas dû être facile à régler ! Et puis j'aime bien aussi la culture picturale sur lesquelles sont assises ses photos.
Enfin, il a l’air sympa sur la photo de Raphaël, ce type !
Jimmy
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