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phorum - esthétique et autres discussions - Le Camp

Archives 2006-2009 esthétique et autres discussions
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 Le Camp
Auteur: vdh 
Date:   29-10-2007 11:28

Dans Histoire de la laideur, ouvrage récemment publié sous la direction d'Umberto Eco, on trouve quelques références sur le Camp, notion voisine de celle du kitsch, qui a fait l'objet d'un article en 1964 par Suzan Sontag. Le Camp serait une forme de sensibilité qui transmute le sérieux en frivole. C'est un goût affirmé pour l'exagération, la marginalité, la vulgarité, l'excessif, l'équivoque...
Selon cet ouvrage, les photographies de Joël-Peter Witkin sont typiquement Camp.

Je dois avouer n'avoir jamais rencontré cette notion dans mes lectures ; quelqu'un l'a-t-il déjà croisé ? Quelqu'un a-t-il lu l'article de Sontag ? D'autres références ?




 
 Re: Le Camp
Auteur: Arne 
Date:   29-10-2007 12:39

Hej, hej,

Il y a une "conversation" sur le site virginia.edu :

http://www3.iath.virginia.edu/pmc/text-only/issue.901/12.1chan.txt

Un autre texte sur anti-rev.org :

http://www.anti-rev.org/textes/Sontag74a/

Le titre original est "Notes on Camp"

http://interglacial.com/~sburke/pub/prose/Susan_Sontag_-_Notes_on_Camp.html

Cordialement A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Le Camp
Auteur: vdh 
Date:   29-10-2007 13:09

Merci beaucoup Arne, pour ces excellentes références.




 
 Re: Le Camp
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   29-10-2007 14:58

Une bible : CF. Page 96

Dommage de s'arrêter en chemin...Il y a, çà et là, quelques merveilles à découvrir.

JLS




 
 Re: Le Camp
Auteur: vdh 
Date:   29-10-2007 16:47

Merci Jean-Louis.

Après lecture de quelques textes, la notion reste, selon moi, trop vague et trop relative pour être opératoire ; au fur et à mesure des exemples donnés pour la cerner, elle semble se dissoudre dans des acceptions terminologiques plus classiques (baroque, kitsch, avant-garde, dandysme,...). Un avis sur la question ?




 
 Re: Le Camp
Auteur: Arne 
Date:   02-11-2007 10:24

Hej, hej,

J'espère ne pas être hors-propos sur votre fil vdh.

Quelques photographies mises récemment en ligne, visitez le site aussi (choix du français sur la page d'accueil).

http://www.ushmm.org/research/collections/highlights/auschwitz/

A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Le Camp
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   02-11-2007 15:34

Arne ouvre une sacrée piste, problématique et riche.

Tout est dans la vision de l'observateur devenant voyeur.

JLS


 
 Re: Le Camp
Auteur: Henri Peyre 
Date:   02-11-2007 19:15

Ca m'intéresse.
Jusqu'à ce jour, je n'avais jamais entendu parler de cela.
En lisant avec attention, je pense que la notion décrit un phénomène au total assez courant :

La puissance sociale de l'art étant mesurable à la capacité qu'il a de changer le regard que porte le spectateur sur le monde, le dandy des classes supérieures (forcément urbain) tente de s'accaparer à un moment ou un autre l'art en tant que pouvoir d'épater l'autre, en lui changeant le regard. On valorise dans cette tentative des objets ou des actes au départ peu valorisés, puisque c'est à l'écart avec la valorisation finale qu'on jugera de son pouvoir artistique (on peut mettre un urinoir au musée, c'est le principe).

Je rappelle comme d'habitude que personnellement je tente de ne pas confondre art et puissance de l'art (qui est une notion que les ministères valorisent au moyen d'un appareil d'Etat dans ce qui s'appelle la Culture).
Si l'art reste une façon de se connaître soi-même et d'améliorer le regard qu'on tente de porter soi-même sur le monde, pour le voir mieux et d'une façon qui nous donne plus de bonheur, cette notion de "camp" ressort plutôt de la sociologie, de la communication et de la politique... l'art me semblant être quelque chose entre soi et soi !




 
 Re: Le Camp
Auteur: vdh 
Date:   07-11-2007 14:10

Je suis bien d'accord avec votre second paragraphe. Si donc, comme je le pense, le phénomène décrit par Suzan Sontag, n'est qu'une variante plus actuelle du dandysme (le goût pour la vulgarité, par exemple, était rejeté par le dandy du XIXe), le terme en dehors d'une utilisation réduite dans le temps et l'espace (1950-70, USA) n'a guère d'utilité aujourd'hui (d'où probablement sa vulgarisation manquée).

Une autre question : comment interprétez-vous la démarche et le succès d'un Witkin dans ce contexte ?




 
 Re: Le Camp
Auteur: Henri Peyre 
Date:   07-11-2007 17:32

C'est difficile d'expliquer un succès, je voudrais juste rester sur la démarche.

Pour Witkin, je partage certaines des idées évoquées par Eugenia Parry
(commentaire au livre : « The Bone House », Corpus, New York, 1974), dont j'ai traduit des extraits pour l'article http://www.galerie-photo.com/joel-peter-witkin.html

Me semble très convaincant le rappel des origines catholiques napolitaines pratiquantes du côté de la mère du photographe, et la mise en rapport du goût des pratiques catholiques avec les restes, la division macabre des corps des saints, l'effigie du torturé comme emblème de la religion.

C'est dur d'être frais avec tout cela parce que c'est notre culture... mais les aspects parfois monstrueux de cette culture-là peuvent faire de petits enfants.

Ce n'est qu'une piste, je pense, mais cela me semble bien fonctionner avec Witkin.


 
 Re: Le Camp
Auteur: vdh 
Date:   07-11-2007 18:03

Merci pour votre réponse et pour cette excellente note de lecture m'avait échappé.



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