Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 19-08-2007 11:02
Je ne crois pas à ce clivage entre photographie argentique et photographie numérique. ce sont deux outils qui concourent à un même but, par des voies différentes.
Par contre je crois dur comme fer au clivage entre bons et mauvais photographes, qu'ils soient amateurs ou professionnels.
Le principal grief que j'adresserai à la photographie numérique c'est cette illusion qu'avec un appareil à 1000 ou 1500 euros on devient un photographe, comme avec une trousse de clefs Facom on devient mécanicien.
C'est la "démocratisation" - en ce sens le mot est haïssable - qui a nivelé la photographie par le bas.
C'est ce que disait Jean entre les photos chez papy René et le mariage de Paul et Suzette. Acheter un appareil n'a jamais donné de talent, et tout métier s'apprend.
Auparavant, les chambres et les moyens formats étaient des appareils réservés aux professionnels. Les amateurs passionnés utilisaient du 24x36, les grandes heures du Nikkormat, tou out au plus du Yashica TLR.
Je me souviens d'une fois, où, en entrant dans un monument, j'ai demandé si les photos étaient autorisées. En voyant mon matériel (c'était un Mamiya) le gardien m'a dit "Ah, vous êtes professionnel, alors pas de problème". J'ai eu du mal à lui faire admettre que je n'étais qu'un amateur.
Qui n' pas essuyé les remarques sarcastiques du type qui vous voit avec une chambre 4x5", le trépied, le voile et tout le toutim, et qui vous fait remarquer qu'avec son compact numérique, il fait d'aussi belles photos, et qu'il n'a pas besoin de s'encombrer de tout ce barda.
On oublie toujours que la photographie est un métier, que ça ne commence pas quand on appuie sur le déclencheur et ça ne finit pas quand on va chercher les 10x15 au labo du coin. Qui irait appeler un plombier bricoleur, ou un gars qui aurait appris son métier dans les encyclopédies des éditions Atlas ?
Le bricolage en général s'est démocratisé. Beaucoup de monde répare sa voiture, sa machine à laver, son électricité, sans faire appel à un professionnel et puis, on dépanne le voisin, et puis les amis...
Ce n'est pas spécifique à la photographie. Il suffit d'aller dans les grandes surfaces de bricolage le samedi pour voir pourquoi tous les métiers du bâtiment sont en train de crever. Pourquoi n'importe qui s'improvise commerçant, pourvu qu'il ait les moyens de louer un local et de payer un pas de porte.
Certains métiers veillent à leur statut, au moyen de conseils de l'ordre, et la législation protège encore quelques professions de l'amateurisme et du bricolage. Mais si on laissait faire, tout foutrait le camp de la même façon.
Ce n'est pas spécifique à la photographie, c'est un phénomène de société. Nous sommes seulement plus sensibilisés pour ce qui concerne la photo, mais c'est pareil dans tous les métiers.
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