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phorum - esthétique et autres discussions - Plutot, quoi, n'est-il pas?

Archives 2006-2009 esthétique et autres discussions
galerie-photo, le Site Français de la Photographie Haute Résolution


 Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   20-07-2007 15:15

Bonjour a tous!
Ce n'est plus un debarquement, c'est un deferlement! Je m'appelle Charles Twist et je m'inscris aussi suite a la prise de contact avec le groupe de photo grand format UK. Ca fait bien plaisir de voir une entente aussi cordiale. Je suis amateur averti, comme vous dites - mais je suis pas sur qui il faut avertir... En fait, je suis pas completement British: j'ai vecu plus de 20 ans en France, ce qui marque son homme (ancien habitant de Herblay, les photos de la banlieue Franconvilloise ont ravive de nombreux souvenirs - merci Daniel B).
Maintenant pour la question qui me taquine. J'ai gagné mes galons de photographe surtout dans les dernieres années, toutes passees en GB. Je suis assez ignorant de ce qui se passe en France, qui sont les gens qui comptent, quels styles sont prisés par le public (et vendent bien), ce que les magazines photo cherchent a publier, etc. J'ai pas l'impression qu'il y a beacuoup de sites ouebe. Si quelqu'un arrive a resumer la situation, ca serait interessant.
Je sais qu'il existe en France une arrogance intellectuelle, qui fait dire aux artistes: "c'est pas grave si personne n'aime, moi, je sais que c'est beau". En GB, il y a un peu de ca, mais ce qu'on remarque surtout c'est le nombre d'amateurs tres competents techniquement qui cherchent a promouvoir leur oeuvre. Il y a une concurrence terrible ici, quand il s'agit de vendre ses photos (cartes postales, calendriers, tirages). En France, c'est comment de nos jours (la derniere fois que j'y habitais, l'euro n'existait pas...)? Est-ce que vous avez conscience de la situation ici? Y a-t-il des photographes qui travaillent actuellement en GB dont le travail s'exporte bien - surtout dans le domaine grand format?
Enfin, toute cette sorte de chose.
Voila, question un peu ouverte, pour faire meilleure connaissance de ce qui se passe Outre-Manche (ca marche dans les deux sens).
A bientot,
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   20-07-2007 15:24

Peut-on parler de marché Français de la photographie ????

Mais en attendant, bienvenu sur ce forum et sur ce site,
Tout ce qui concerne le grand format nous passionne,
Mais pour ce qui est de vendre,
Ce n'est pas une spécialité du terroir,
Nous autres, on fait des photos argentiques grand format avec passion,
Mais (pour les pro) on gagne notre vie avec cet affreux numérique sans âme ;-))

Après le relatif échec de l'espace Schengen avec UK,
Créons un espace Schwarswild-Scheimpflug au sein de l'Europe géographique.

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Emmanuel Bigler 
Date:   20-07-2007 16:17

Bienvenue à Charles T.
Pour poursuivre sur les échanges trans-Manche avec le UK LF group (groupe grand format du Royaume Uni)
Charles se pose la question de faire venir le groupe britannique à Bourges en 2008 pour norte congrès.
Le premier argument est : plus on est de fous, plus on rit (the more the merrier)
Mais sachant que la dernière réunion du groupe britannique était à Glencoe en Écosse, la chute risque d'être rude en termes de paysages si on compare avec les environs de Bourges ! (là c'est le jurassien indécrottable qui parle, dès qu'il ya plus de 1 km de plat, à l'horizon, il range son appareil)
Du coup mon argumentaire est que la région de Bourges et la Région du Centre au sens large (çà va jusqu'à Chartres, un endroit pas trop pentu non plus) est probablement l'un des endroits en France avec la plus grande densité de châteaux et belles demeures en parfait état.
Plus tout ce qu'il faut de souvenirs romantiques entre Nohant-George-Sand-Chopin et Le Grand Meaulnes à Épineuil le Fleuriel, qu'on ne me dise par que dans les Îles Britanniques il n'y a aucun château romantique propre à inspirer les photographes de grand format !

Tous les bouquins britanniques de photo noir et blanc sont truffés de châteaux, de manoirs, de vieilles pierres et de glycines romantiques !




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   20-07-2007 20:52

Merci bien pour l'accueil!
Réponse en deux temps:
1) a) L'argentique est loin d'être morte et enterrée en GB. De nombreux amateurs préfèrent les résultats plus proches de ce qu'ils veulent exprimer. Ce qui est intéressant, c'est que ces amateurs n'ont pas besoin de vendre pour pouvoir prendre des photos puisqu'ils ont un travail rémunéré autre ("the day job"), mais ils font quand même concurrence aux pros qui vivent de leur photo. Et il y a beaucoup d'amateurs! Leur travail est facile à trouver au bureau de poste, dans les restaurants et salons de thé, etc. Les ventes sont faibles, m'est avis, mais c'est bien qu'ils promeuvent leur efforts. Il ne sert a rien de faire des tirages qui morfondent dans un tiroir plutôt que d'enrichir le fonds culturel. C'est surtout dans ce sens, que je posais la question: savoir s'il y avait beaucoup d'artistes sur le marché, qui mettent leurs photos en avant. Il se peut que l'administration française ait limé les griffes de beaucoup en imposant des voies de ventes (alors que certains vivent sur les allocations chômage comme si c'était leur droit). Opinions?
b) L'ironie des magazines photographiques ici est que la publicité couvre principalement le numérique alors que la plupart des photos - les meilleures? - sont prises avec de l'argentique.
c) De nombreux pros travaillent avec l'argentique ici: Cornish, Ward, Childs, Tarn et bien d'autres... Et en vivent bien.
2) On est tout à fait partant pour faire des rencontres trans-Manche. Oui, on a tout plein de manoirs et autres châteaux. Le hic est que beaucoup d'entre eux sont régis soit par le National Trust soit par English Heritage. Ils comprennent mal qu'on vienne visiter ces belles demeures avec un matériel de pro sans intention de faire des ventes (si vente il y a, il faut signer un contrat d'exploitation - voir par exemple http://www.lf-photo.org.uk/forum/viewtopic.php?t=454). De plus les heures d'accès ne sont pas entièrement idéales, plus le public, plus les photos en intérieur, c'est pas la peine d'y penser. Il faut négocier avec ces gens ou alors trouver une maison en mains privées et venir à un accord. Je note que vos congrès attirent bien plus de monde que nos réunions (150 contre 25) et que vous réussissez à obtenir des sponsors. C'est beaucoup d'organisation, mais c'est peut-être jouable de notre côté. On va en discuter.
En attendant on aura une réunion du UKLFPG vers Octobre 2007 et ce sera sans doute vers l'Essex - la campagne au nord de Londres. C'est bien plat aussi... Si certains d'entre vous sont intéressés, je vous propose de visiter notre site régulièrement (http://www.lf-photo.org.uk/meetings.htm). On mettra un message sur GP de toute façon.
A bientot,
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   20-07-2007 21:50

Ok Charles,

J'ai un peu travaillé en UK
Sur des sites d'English Héritage.
En se faisant recommander,
On fait ce que l'on veut avec une chambre, même avec exploitation commerciale,
En Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse.

Le sujet était des Abbayes Cisterciennes, j'ai du payer 1 fois je crois sur 30 ou 40 sites, pour le reste, un peu de palabre dans mon anglais cahotique et c'est bon.

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 Contax
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   21-07-2007 07:14

En remontant d'un lien sur le - très agréable - site de Charles, je trouve ceci :

http://johnlind.tripod.com/science/

et là un lien vers : Zeiss Ikon Contax (le vrai).

Un amoureux transi du Contax vous invite à y faire un tour, juste pour le plaisir.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Peyre 
Date:   22-07-2007 08:04

Bonjour Charles,

Il n'y a pas naturellement de point de vue unique sur la photographie, son histoire, le rapport entre les amateurs et les professionnels.

Faisons bref : globalement, en France, est considéré comme un amateur celui qui fait de la photographie de ce qu'il a sous le nez sans avoir de projet.
Si ce projet est simplement de gagner de l'argent on dit que le photographe est professionnel. Est considéré comme artiste celui dont le regard particulier modifie ce qu'il a sous son nez, qu'il gagne de l'argent ou pas. Est considéré comme un grand artiste celui qui a un regard qui modifie ce qu'il a sous le nez et qui gagne beaucoup d'argent avec. Est appelé plasticien le gars qui se sert de la photographie mais pas seulement, parce qu'il considère que cet outil n'est qu'un moyen parmi d'autres.

Vous trouverez ici deux synthèses un peu plus sérieuses concernant la photographie en France :
Notes de cours sur l'histoire de la photographie (I) : Chronologie photographique résume rapidement les bases de l'histoire de la photo vue de France.
Puis, plus intéressant pour vous parce que rapportant la question aux rapports entre amateurs et professionnels, la suite :
Notes de cours sur l'histoire de la photographie (II) : Qu'est-ce que la Photographie Plasticienne ?. Pour chaque mouvement, on a essayé de positionner les artistes par rapport à la concurrence des amateurs. En photographie, art moyen, la concurrence existe depuis les origines !

Bienvenue sur galerie-photo !




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Peyre 
Date:   22-07-2007 08:38

Emmanuel, Bourges est une ville somptueuse.

Cette ville est une de celles en France où vivre à l'année doit être un enchantement.

Je cite les autres, pour les amis britanniques que cela intéresse (1)

Voici les villes de France qui à mes yeux présentent un très bel équilibre entre ville, nature et architecture :
- Nîmes (pour ma part, on sait que j'y suis) : centre ville plat, architecture somptueuse, modestie du centre, climat extraordinaire, proximité montagne, mer, campagne, TGV pour Paris
- Bourges : très beau centre également, très belle harmonie ville / campagne avec cette immense zone d'hortillonnages collée au centre
- La Rochelle : le contact de son architecture raffinée coincé entre l'océan et un plat pays quasi désertique est pour moi un étonnement sans arrêt renouvelé.
- Nice : coup de coeur récent que je dois à Thierry Rebours dont les enfants m'ont fait découvrir la ville. A la fois une architecture somptueuse, la mer, mais aussi la puissance d'une des rares très grandes villes Françaises qui a encore un vrai ciel bleu !


(1) à ce sujet le journal le Monde, en perte croissante de lectorat, en appelle tous les jours à des indignations poujadistes nouvelles. Un journaliste mettait cette semaine en regard 2 cartes : celle de l'achat d'immobilier par les anglais en France et celle des possessions d'Henri II plantagenêt. Rien de moins ! Je ne suis pas sûr que cela suffira pour remonter l'audience.




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   22-07-2007 08:50

On en re-ajoute sur les villes de france

Le top du top

Lille bien sûr, les flandres en france, la ville est très belle et on y vit très bien et la côte n'est pas loin, les gensss sont charmants.

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   22-07-2007 10:33

"amateur, professionnel, artiste, grand artiste, plasticien"
Ce sont surtout les marchands d'étiquettes qui font fortune. ;>)




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Philou 
Date:   22-07-2007 11:28

Aix et Marseille avec leurs péripheries ne sont pas sans attrait. Tous les reliefs y sont regroupés. Seul " souci " le soleil omniprésent et fortement rayonnant.

Philippe le néophyte
mon blog


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   22-07-2007 11:30

Bonjour Henri,
Vous dites: globalement, en France, est considéré comme un amateur celui qui fait de la photographie de ce qu'il a sous le nez sans avoir de projet.
Si ce projet est simplement de gagner de l'argent on dit que le photographe est professionnel. Est considéré comme artiste celui dont le regard particulier modifie ce qu'il a sous son nez, qu'il gagne de l'argent ou pas. Est considéré comme un grand artiste celui qui a un regard qui modifie ce qu'il a sous le nez et qui gagne beaucoup d'argent avec. Est appelé plasticien le gars qui se sert de la photographie mais pas seulement, parce qu'il considère que cet outil n'est qu'un moyen parmi d'autres.


Votre définiton d'amateur est un peu restrictive à mon goût et la définition trouvée dans les liens est même péjorative. L'amateur, n'est-il plus celui (et celle) qui aime ce qu'il (elle) fait? Si vous remplaciez le mot "amateur" par "débutant" ou "novice", alors oui. Mais au nom de tous les non-professionnels sur ces différents forums (UK, France et ailleurs) qui sont techniquement très qualifiés, et qui aiment ce qu'ils font au point de s'inscrire et de participer activement, je me dois de porter à votre attention que s'ils
s'investissent autant sans espoir de gains financiers, ils doivent bien aimer ce qu'ils font. Je revendique donc pour ces personnes le titre d'amateur. (Quand il vous faut faire face à la réalité, vous donnez bien sur votre fiche d'inscription le choix entre professionnel et amateur.)
De plus ces amateurs ne sont pas les idiots qui figurent dans la page de lien - l'étude des participants au UKLFPG montre par exemple que la plupart sont ingénieur diplômé, scientifique, informaticien, etc. Leur intelligence naturelle et leur éducation font que le grand format est pour eux tout simple à maîtriser. Ces gens n'auront non plus aucune difficulté à comprendre la philosophie.
Vous rajoutez que l'artiste est celui qui transforme la réalité. L'appareil photographique n'a pas besoin du photographe pour atteindre ce but, puisque il simplifie la réalité 3D en une image 2D. Je dirais que l'artiste transforme transforme la réalité pour s'exprimer ou mieux encore faire impression (ce dernier étant le résultat public - le témoignage - de l'expression). En pratique, toux ceux - débutant ou confirmé, amateur ou professionnel - qui prennent une photo, cherchent à s'exprimer: même si je ne comprends pas leur langage, ils sont tous artistes. Donc laissons cet aspect de côté, puisqu'il n'apporte rien au débat.

Cela étant dit, j'ai bien aimé les résumés dont vous m'avez fait part. En GB, on a une attitude anti-philosophique, ce qui n'empêche pas certains d'avoir conscience du contexte historico-artistique. Mais la plupart se contentent de photographier ce qui leur plaît, souvent simplement par ce que l'objet photographié les a attirés. C'est une forme de photographie documentaire, bien que l'emploi d'appareils grand format donne accès à une photographie-tableau. Alors une question concernant mon sujet préféré, la photographie de paysage: est-ce que vous considérez que l'attitude anti-philosophique produit une oeuvre plus pauvre ou au contraire plus honnête? Je vous permets de prendre comme exemple les photos de mes compatriotes ou les miennes. Je ne cherche pas à faire dans la xénophobie, mais à comparer les conséquences de deux attitudes très différentes. Utilisons le rapprochement UKLFPG-GP pour faciliter ce débat.
Merci bien,
Charles
PS y a-t-il moyen d'insérer des photos dans ces messages?

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   22-07-2007 11:50

<<Leur intelligence naturelle et leur éducation font que le grand format est pour eux tout simple à maîtriser. Ces gens n'auront non plus aucune difficulté à comprendre la philosophie. <<

Si c'était aussi simple :-)))

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   22-07-2007 11:54

Cela se saurait ....

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Philou 
Date:   22-07-2007 11:59

PS y a-t-il moyen d'insérer des photos dans ces messages?[/]

Sur le texte non. Par contre on a l'habitude de passer par ce lien. Inconvénient, le fichier ou photo n'est accessible que jours.
Sinon créer un site personelle.

Philippe le néophyte
mon blog


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: thomas r. 
Date:   22-07-2007 22:18

Leur intelligence naturelle et leur éducation font que le grand format est pour eux tout simple à maîtriser. Ces gens n'auront non plus aucune difficulté à comprendre la philosophie.

Charles T vous êtes splendides. Je suppose bien entendu que vous vous comptez parmi ces fameuses personnes. A voir les photographies présentées en liens sur votre site, je n'en doute pas, vraiment ccc trooooo booooooooo !!!!

Bienvenue quand même.

TR


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Peyre 
Date:   23-07-2007 08:08

Charles,

On peut être amateur en photographie et intelligent, cultivé, philosophiquement profond, très aimant et... n'avoir aucun projet photographique.

J'ai simplement tâché, à votre demande, d'expliquer de quelle façon la photographie est classifiée par les gens qui s'en occupent professionnellement en France. Cela fait quelques institutions, quelques galeries, quelques revues.

J'ai essayé de vous faire un raccourci rapide où il manque évidemment, en relisant, la photographie de reportage, notre sport national.
Comme vous le savez en effet les français sont plus vertueux et savants que n'importe quel autre peuple au monde parce qu'ils ont fait la révolution (française j'entends, hein, pas anglaise). C'est pourquoi nous sommes en photographie les champions du reportage dénonciateur, qui consiste à montrer des gens coupés en morceaux ou survivants dans des conditions abominables. Il s'agit de donner aux masses (qui sont forcément stupides) une conscience politique et cela n'a rien à voir avec le fait que les gens aiment bien voir les horreurs. La tendance récente est même à essayer d'accrocher ces photos dans les galeries. Tout le monde trouve cela parfaitement normal puisque comme vous le voyez c'est très vertueux. Nous essayons d'être le peuple le plus indigné du monde. La plupart d'entre nous arrive à être indigné en permanence et considère, tout en gâchant sa vie, qu'elle a atteint le nirvana de la vertu.

Sous le regard non plus cette fois de nos écoles artistiques, mais des spécialistes de la dénonciation que je viens de tenter de vous présenter, ces vues de paysages apaisés que j'ai rencontrées sur votre site ne vont donc pas plaire plus.

Mais est-ce vraiment important si l'amateur veut bien se contenter d'aimer ?




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   23-07-2007 08:12

<<J'ai essayé de vous faire un raccourci rapide où il manque évidemment, en relisant, la photographie de reportage, notre sport national.
Comme vous le savez en effet les français sont plus vertueux et savants que n'importe quel autre peuple au monde parce qu'ils ont fait la révolution (française j'entends, hein, pas anglaise). C'est pourquoi nous sommes en photographie les champions du reportage dénonciateur, qui consiste à montrer des gens coupés en morceaux ou survivants dans des conditions abominables. Il s'agit de donner aux masses (qui sont forcément stupides) une conscience politique et cela n'a rien à voir avec le fait que les gens aiment bien voir les horreurs. La tendance récente est même à essayer d'accrocher ces photos dans les galeries. Tout le monde trouve cela parfaitement normal puisque comme vous le voyez c'est très vertueux. Nous essayons d'être le peuple le plus indigné du monde. La plupart d'entre nous arrive à être indigné en permanence et considère, tout en gâchant sa vie, qu'elle a atteint le nirvana de la vertu.<<

Terrible,
Tellement c'est vrai,
Quel tableau ...

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: GERARD 
Date:   23-07-2007 08:40

Intéressant , rapport plus particulier avec Bourges et la Rochelle , cet ouvrage :
"Quand les anglais vendangeaient l'Aquitaine
Jean-Marc SOYEZ
éditeur Fayard 1978
ISBN 2-213-00667-9

Tout y est , rien de neuf .

JG


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   23-07-2007 13:31

Henri Gaud
La philo, c’est dire de manière très compliquée ce qui est tout simple, non? (je dis ça avec le sourire)
Si vous venez dans moin coin (NE de l’Angleterre), on fera une visite de l’Abbaye de Rievaulx.

Thomas R.
Merci quand même!
La fausse modestie est une vraie perte de temps. Mon propos est que les scientifiques et ingénieurs que j’ai rencontrés par le UKLFPG, ont l’habitude de maîtriser des techniques lourdes. Et le grand format n’est pas si compliqué que ça. Pour preuve, allez voir la photo de Tom Perkins sur le site UK. Le gars a 15 ans...

Henri Peyre
Vous avez raison: j’ai été un peu rude. Et j’aime votre sens de l’humour!
Je ne me rendais pas compte que les professionnels Français voyaient les choses ainsi. Alors maintenant, j’ai la tâche difficile: il y a de nombreux professionnels britanniques sans projets spécifiques (par exemple photographier les paisibles paysages anglais afin de réaliser des cartes postales: est-ce un projet? Voir par exemple VKGuy. (En Français, vous dites “photothèque” pour “photo library”?)), et de même, il y de nombreux non-professionnels sur UKLFPG avec des projets très spécifiques (photographier des églises du haut moyen-âge, photographier des stations services). Qu’est ce qu’on fait de ceux-là, chef?
Ce qui est intéressant, c’est que ces gens qui n’ont pas d’impératifs commerciaux, peuvent s’investir dans leurs projets le temps qu’il faut. Comme le matériel a maintenant un prix abordable, nous observons un renouveau de la photo grand format et une re-découverte de son potentiel. Il faut s’en féliciter, et peut-être revoir ces catégories.
Il est intéressant de lire comment un pro français du reportage verrait une photo de paysage dans le style très courant en GB de nos jours: pas assez engagée. Ce que vous décrivez est plus proche de D.Hirst ou Mat Collishaw, meme si leur but n’est pas “éducatif”. Je serai quand même bien curieux de savoir ce que le grand public français préfèreraient mettre sur les murs de la salle à manger ou au-dessus de la cheminée...

Ma question première demeure mais peut être précisée: quelqu’un en France qui a un projet mais qui ne dépend pas de sa photographie pour vivre, lui est-il difficile de montrer son oeuvre au public, qu’il cherche à vendre ou non? Et s’il cherche à vendre (cartes postales, calendriers, etc), lui est-il relativement aisé de trouver des débouchés ou est-ce la croix et la bannière?

Merci bien.
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   23-07-2007 13:46

<<il y de nombreux non-professionnels sur UKLFPG avec des projets très spécifiques<<

Ah que non !!!

<<(photographier des églises du haut moyen-âge, photographier des stations services)<<

Projet n'est pas sujet !!!

:-)))

Un projet c'est tout autre chose ....

Merci Pour Rielvaulx,
Que je connais,
Que j'ai vu trop vite,
Mais je reviendrais avec plaisir.

Ma spécialité : les abbayes cisterciennes du vieux monde, les anglaises aussi ;-)))

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   23-07-2007 14:11

Là, je suis paumé. Euh, c'est quoi un projet au juste? Visiblement, c'est pas qu'on appelle ici "a project". Merci,
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   23-07-2007 14:26

Un projet c'est développer un point de vue et pas montrer,
Bien sûr il faut montrer, il s'agit bien de photographie,
Le projet est un argument développé avec soins.

Ensuite on élabore un protocole de travail,
Dans les moindres détails.

Ensuite on realise son travail photographique.

Et on voit si la réalité de nos photos colle avec le projet et le protocole.

Si cela ne va pas en recommence, si cela va, on change de projet et/ou de protocole.

A+

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Joanna Carter 
Date:   23-07-2007 17:16

Charles T a dit :

Et le grand format n’est pas si compliqué que ça. Pour preuve, allez voir la photo de Tom Perkins sur le site UK. Le gars a 15 ans...

... et si on se trouverait quelques messages au-dessous de cette image on peut voir une image de Charles T fait le photographie comme personne d'autre !

--
Tranquillisez-vous - caressez un Ebony


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   23-07-2007 18:12

Very Good Joanna

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Joanna Carter 
Date:   23-07-2007 19:47

Ah, mais il se reste encore !

Si Charles ne peut pas trouver qqc monter, il peut même trouver un point de balance

www.grandes-images.com/images/CharlesHangingOn.jpg

:-)

--
Tranquillisez-vous - caressez un Ebony


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: thomas r. 
Date:   23-07-2007 20:06

Je suis pour ma part toujours autant gêné devant les photographies qui dénoncent les atrocités du monde que devant celles qui en célèbrent béatement la splendeur.

La vérité serait plus à chercher pour moi dans un entre deux de ces excès, ou pourquoi pas franchement ailleurs que dans des discours dénonciateurs / glorifiants. Un peu de poésie serait peut être bienvenue :-)

Quand aux aptitudes des ingénieurs et autres scientifiques à l'esprit élevé à manipuler facilement du matériel photographique grand format, je n'en doute pas, c'est tellement simple :-)

Pour ce qui est de leur attitude à comprendre aisément la philosophie, j'ai plus de doutes, moi même j' avoue ne pas y comprendre grand chose :-)

Mais votre phrase Charles T que je citais m'a choqué pour trois raisons principales :

- la généralisation abusive qu'elle énonce : certains grands esprits sont aussi parfois des incapables manuels notoires.

- la crainte de la phrase contraire qu'elle sous entend : les pas " naturellement intelligent " et " éduqués " incapables du moindre travail digne d'intérêt.

- la trop évidente confusion entre maitrise technique et maitrise esthétique.

Cordialement,

TR


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   23-07-2007 20:17

Charles simplifie beaucoup trop :

"L'appareil photographique n'a pas besoin du photographe pour atteindre ce but, puisque il simplifie la réalité 3D en une image 2D. "

La photographie fait plus : elle passe de 4 D à 2 D.

Et le 4° D, le temps (time) c'est l'affaire du photographe, justement.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   23-07-2007 20:54

Faut pas dire ça, Joanna: tu vas leur faire croire que je suis cinglé. C'est peut-être vrai, mais il faut pas leur faire peur, pas si tôt du moins...

ThomasR:
Tout à fait d'accord pour plus de poésie.
La phrase contraire m'avait échappé - je ne cherchais pas à médire les non-scientifiques et non-ingénieurs. Je remarque simplement qu'une forte majorité des premiers participants au UKLFPG sont scientifique ou ingénieur.
Maîtrise esthétique: no comment, mais vous avez raison. Maîtrise philosophique, pareillement.

ThomasR et JLS:
Oui je simplifie et je fais de la provoc. Ca permet de poser plein de questions.

Henri Gaud:
J'ai l'impression que sujet et projet sont mal démarqués. Ne s'agirait-il pas plutôt d'un continuum entre les deux? Différents projets requièrent différents niveaux d'organisation. Dès lors qu'une seule personne prend les photos, un style va émaner de la série, qui peut donc être discuté en termes artistico-philosophiques. Avec un peu de soin, l'approche et les sentiments du photographe peuvent devenir très clairs et former la base d'une argumentation (si tel est leur but). Il se trouve que les pratiquants de grand-format font très attention à leurs compositions souvent très délibérées. Les non-professionnels pratiquant le grand-format n'ont qu'un pas à franchir pour réaliser ce que vous appelez un projet.
Ensuite, il faut considérer que dans le monde moderne, le non-professionnel est offert moultes outils pour diffuser son sujet/projet, si tant est qu'il s'en donne la peine: pages web, c'est bien connu, mais aussi la possibilité de publier par des sites comme lulu.com. En professionnel de la publication, vous me direz que que ça a autant à voir avec un beau livre qu'un hamburger avec une entrecôte, mais il reste qu'on a plus besoin de vivre de sa photo pour faire connaître son travail. Il n'y a plus qu'à en avoir envie, mon propos étant qu'ici en GB, beaucoup font l'effort et ma question étant si c'est aussi le cas en France.

Merci pour vote patience,
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   23-07-2007 21:43

ThomasR et JLS
Euh, re-lecture et re-réflexion.
La provoc, oui je suis pour, mais ce n'était pas mon but premier, qui était de m'enquérir de la situation en France et d'enrichir nos connaissances sur ce qui se fait des deux côtés de la Manche. Ensuite j'ai été indigné (argh! la maladie des Français! Moi aussi, je suis atteint) à la lecture du lien sur GP où jai vu les amateurs (dont je me comptais) rabaisser au rang d'idiot. J'ai cherché explication.
La simplification, ben oui, c'est un forum, pas l'agreg de philo. Mais il faut voir aussi que la simplification a lieu quand on ôte le contexte de mes belles phrases. Ma remarque sur les scientifiques et ingénieurs est venue à la suite de mon indignation. Je me suis senti obliger de les défendre. Il est évident que ce ne sont pas les seuls à maîtriser le grand-format (heureusement!). Ceux que l'on retrouve sur le UKLFPG, sont justement ceux avec une bonne dextérité. Ils participent par ce qu'ils y trouvent plaisir. Ceux à qui la dextérité est moins naturelle, il est moins probable de les y voir: je pense que c'est raisonnable.
Maintenant, l'histoire du 2, 3 ou 4D, ben oui, il n'y a pas contradiction. On me dit "l'artiste transforme la réalité": je dis que ce n'est pas une condition suffisante. Après l'artiste fait les apports qu'il veut, ajoute à la simple technique et le choix du temps est évidemment important.
Charles

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 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   23-07-2007 22:17

<<J'ai l'impression que sujet et projet sont mal démarqués.<<

J'espère que ce n'est qu'une impression

Un sujet c'est : je photographie des stations service

Un projet c'est : je souhaite montrer que la station service schématise la cathédrale moderne et que c'est le lieu de rendez-vous de toutes les classes sociales.

Un protocole c'est : la station service est la cathédrale moderne, il lui faut donc des vitraux, les photographie seront toutes faites à la tombée de la nuit au moment ou lumière naturelle et artificielle explosent dans des tonalités digne d'un vitrail laic. Choix du 20x25 pour sacraliser les photographie et focale unique pour un point de vue plus ramassé (genre un 360 mm), en Ekta parce que c'est difficile et la chambre sera placé à 1,20 m du sol pour garder le regard d'une enfant. Et il faudra qu'il y ait toujours des personnages sur les photos, avec des flou lié au temps de pose, pour rendre les personnages intemporels.

Voilà en gros un exemple de méthode de travail

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   24-07-2007 07:23

Le "choix du temps..."

Trois acceptions stratifiées :

Temps de pose- 1/15° de seconde ;

Moment du déclenchement, l'instant (décisif ou pas) du coté du photographe-décideur derrière son viseur ou son dépoli ;

L'état de (x,y,z,t), l'état du sujet, face à l'objectif ;


C'est bien entendu la troisième occurrence - au sens du fortuit - qui était visée par ma remarque.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: guillaume péronne 
Date:   24-07-2007 08:42

Sans en faire une suprême vertu, il faut savoir garder sa capacité d'indignation, pas seulement pour dénoncer, mais aussi parfois pour créer.


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   24-07-2007 08:53

La dimension du temps,
Que l'on apprécie souvent en quatrième place,
Peut se décomposer en plusieurs vecteurs qui sont propre à la photographie,
En tout cas dans ses capacités a les restituer sans les dénaturer,
Comme des dimensions et non comme une seule.

Le temps que l'on fige, cette sorte d'instant décisif, le choix d'un moment
Le temps que l'on fige moins, qui implique et sous entend un mouvement
Le temps qu'il reste d'avant, une sorte d'éternité figé, quand un petit détail sugère de temps d'avant la photographie, genre un objet incongru oublié.
Le temps des passés plus ou moins lointain, quand la photographie montre que ce monde est patiné par les ans.

Ces quatre dimensions peuvent se retrouver dans une même image, le temps a plusieurs dimension.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   24-07-2007 09:04

Je suis totalement d'accord avec Henri, c'est même je pense l'essence de la photographie.

Le 3° point surtout, que l'on peut étendre à l'infini. Les traces.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   24-07-2007 09:27

Ensuite faut compter que la photographie elle-même change dans le temps, ou du moins l'interprétation qu'on en fait. En effet, quand on choisit, pour prendre la photo, le moment décisif où les objets projettent une belle image sur la pellicule, en fait on choisit un moment où l'image a une signification particulière. Ce n'est pas tant l'évolution de l'objet qui prime pour le photographe, mais l'évolution de sa signification. Et de même la signification d'une photo change dans le temps (et plus largement dans l'espace culturel). Donc je donnerait à l'image, au sens physique, deux dimensions, mais à la photo trois dimensions (et non deux, comme JLS suggère, par soucis de simplification sans doute ;-)): deux spatiales - euclidiennes ou non, puisque je vous permets de courber votre tirage ou de projeter la diapo sur un écran non-plan dans l'espace euclidien - et une temporelle.
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: guillaume péronne 
Date:   24-07-2007 09:29

Je crois plutôt que c'est le spectateur qui réinjecte du temps dans la photographie, selon sa culture. L'image est simplement présente, là, maintenant. Pour mesurer le temps qui s'est écoulé entre ce présent de l'image et le temps durant lequel telle chose représentée s'est trouvée devant l'appareil, le spectateur fait appel à ses connaissances ; de même pour reconstituer un avant et/ou un après.




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   24-07-2007 09:39

"L'image est simplement présente, là, maintenant." note Guillaume. Certes.

Mais sa construction est antérieure à son observation, et c'est la rencontre en deux temporalités, celle du photographe et celle du "regardant" qui lui confère sa force.

Réminiscence disait Platon.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   24-07-2007 09:50

Illustration, HC-B comme de juste Là :

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: guillaume péronne 
Date:   24-07-2007 09:51

Peut être parce qu'on sait qu'elle est photographie et qu'on s'attache un peu trop à son mode de fabrication et non pas assez à ce qu'elle est pour elle-même, image !
Pourquoi ne pas regarder une photographie comme on regarde une peinture, simplement comme un objet présent ?




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   24-07-2007 09:59

on s'attache un peu trop à son mode de fabrication

Mais çà c'est le Tic G-P justement.

La puissance cette photographie là, celle HC-B, c'est de nous montrer le début d'un immense gâchis, avec cette métaphore prémonitoire de décennies de blocage, d'immobilisme, de tensions écrasantes, broyantes, et quant la soupape s'ouvre c'est pour déferler sur la planète.

Un demi-siècle en un clic discret.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   24-07-2007 10:06

"on s'attache un peu trop à son mode de fabrication"
Sinon, une grande partie de GP disparaitrait... L'admiration et la contemplation sont muettes.
Est-ce qu'il existe à votre connaissance des forums où on discute de la taille des pinceaux utilisés par Rembrandt pour sa "Ronde de Nuit" ou comment le vert devint Véronèse... ?


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: guillaume péronne 
Date:   24-07-2007 10:36

Un demi-siècle en un clic discret.

Oui, c'est une interprétation. L'image seule ne peut rien dire de tel !

Quand je parle de " mode de fabrication ", je fais référence à l'idée de " trace ", idée qui voudrait que la photographie soit toujours liée à la situation qui l'a vue naître, comme si le seul éclairage possible ne pouvait être donné que par l'exposé des faits contingents.




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Gaud 
Date:   24-07-2007 10:42

<<Pourquoi ne pas regarder une photographie comme on regarde une peinture, simplement comme un objet présent ?<<

C'est très amusant de faire l'inverse :

Regarder une peinture comme on regarde une photographie

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   26-07-2007 20:21

(1) En parlant de peinture, il me semble me souvenire que vers 1890-1920, on a commencé à voir une peinture comme un objet décoratif plutôt que représentatif. C'est cette réflexion qui a donné l'art abstrait, justifié par tout un jargon scientifique, artistique ou spirituel selon les croyances de chacun. Ils ont notamment mis l'accent sur le fait que la toile est avant tout une surface 2D, et que donc représenter les 3D de la vie (plus le temps dans certains cas) n'allait pas être de la tarte. Toutes ces questions se retrouvent dans ma réflexion photographique. Je ne sais pas si d'autres ont parlé de ce parallèle ou soulevé ces questions...? Y a-t-il des sites ouèbes, des liens sur ce forum, des livres? Y a-t-il des photographes qui ont cherché à faire du tirage une surface où s'agencent des plans caractérisés par la couleur, la tonalité, la texture, etc? Je connais par exemple les paysages de Franco Fontana - il doit y en avoir d'autres.
(2) La photo de HC-B et l'interprétation qu'en fait JLS est un bon exemple de l'influence de la culture sur l'interprétation. C'est vrai aussi pour la peinture. Combien de vieilles toiles connaissons-nous sans connaître les sens cachés, simplement par ce qu'elles ont été peintes il y a si longtemps? Savoir comment le public interprétera son travail (photo ou peinture en fait , mais photo surtout pour ce forum), est fondamental pour pouvoir mener à bien son projet (dans le sens donné ci-dessus). Pourtant on est incapable de prédire toutes les interprétations possibles d'un public de maintenant et de demain, d'un public dont les parcours culturels nous sont inconnus ou dont les cultures donneront des interprétations différentes, voire contradictoires. Peut-on donc mener un projet à bien? Faut-il se limiter à un travail de premier degré sans sens caché, c'est-à-dire une photographie purement représentative? Ou est-il mieux de faire dans l'obscurantisme et rester proche de ses idées directrices personnelles?
En attendant vos avis sur ces questions,
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   26-07-2007 20:34

Un exemple d'interprétation savante : Les époux Arnolfini

La force de toute oeuvre est incommensurable avec les visée de l'artiste.

JLS




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   26-07-2007 20:48

Une petite suite


JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Gabriel 
Date:   26-07-2007 21:00

Velazquez.
Tout est montré, mais nous ne voulons pas le voir...
(Les fileuses; Jesus chez Marthe et Marie; les lances, etc....)

Gabriel


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   26-07-2007 21:07

Les lances, ou la réddition de Breda :

Là :

Formidable exemple.

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   26-07-2007 21:12

Une petite étude sur les fileuses :

Là :

Vouloir ou pouvoir, Gabriel ?

JLS




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   26-07-2007 21:20

Un petit zoom sur les époux Arnolfini : Là :

Jésus chez Marthe et Marie Là :

Comment on gagne une soirée ! Ce tableau est au niveau des Ménines...sublime.


JLS




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Gabriel 
Date:   27-07-2007 01:31

J'espère que vous n'êtes pas sans ignorer que "les lances"(" la rendición de Breda") représente la fin du dernier acte d'une pièce de Lope de Vega.
¡Demain, toute la vérité sur "les fileuses"! Des révélations exclusives pour les lecteurs de GP!

Gabriel


 
 Parmis Les Comedias de...
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   27-07-2007 07:49

... Pedro Calderon de la Barca (1) :

El Sitio de Breda.

Gabriel est un démon.

Pour tous nos amis, l'une des plus grandes et riches époques de la littérature mondiale - la plus grande sans doute, avec tous ces noms illustres - le Sciècle d'Or :

JLS

(1) Goethe compara a Calderón con Shakespeare. Menos fecundo que Lope de Vega en su producción escénica, fue, sin embargo, el autor dramático más popular de su tiempo, el genuino representante del siglo XVII español. En su teatro destacan la importancia concedida tanto a la acción como al protagonista principal, dejando algo de lado la cadena de acciones y personajes secundarios impuesta por Lope. Al sentimiento del honor, la defensa de la autoridad real, la preocupación religiosa y las escenografías complejas y espectaculares, Calderón añade un papel más importante para la música y un verso culterano, rico en metáforas. Su obra que pasa de los 1.500 títulos, se puede agrupar en: comedias de capa y espada y de enredo, como La dama duende y Casa de dos puertas es mala de guardar; el tema histórico: El sitio de Breda; de honor: El alcalde de Zalamea, su comedia más famosa después de La vida es sueño, A secreto agravio secreta venganza, El pintor de su deshonra y El médico de su honra; filosóficas: La vida es sueño, una de las obras emblemáticas de la literatura española; de tema religioso: La devoción de la Cruz, El purgatorio de San Patricio, El príncipe constante y El mágico prodigioso; mitológicas: Eco y Narciso, y numerosos autos sacramentales, género dramático en el que no conoce rival, para las fiestas del Corpus de Madrid y de Toledo, como El gran teatro del mundo, de tema filosófico-moral, Los encantos de la culpa y La cena del rey Baltasar, caracterizados por la compleja escenografía y la expresión barroca de la existencia en alegorías de gran rigor filosófico e intelectual; así como numerosas loas y entremeses. Es también autor del libreto de la ópera española más antigua que se conoce: Celos aun del aire matan, cuya partitura completa, compuesta por Juan Hidalgo, fue descubierta en 1945.

source ici

JLS




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   27-07-2007 07:56

Matin laborieux : quel scie ce scccciècle !

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Henri Peyre 
Date:   27-07-2007 09:51

Savoir comment le public interprétera son travail (photo ou peinture en fait , mais photo surtout pour ce forum), est fondamental pour pouvoir mener à bien son projet (dans le sens donné ci-dessus). Pourtant on est incapable de prédire toutes les interprétations possibles d'un public de maintenant et de demain, d'un public dont les parcours culturels nous sont inconnus ou dont les cultures donneront des interprétations différentes, voire contradictoires. Peut-on donc mener un projet à bien? Faut-il se limiter à un travail de premier degré sans sens caché, c'est-à-dire une photographie purement représentative? Ou est-il mieux de faire dans l'obscurantisme et rester proche de ses idées directrices personnelles?

Peut-être aucune de ces options. Mener un projet personnel peut-être une simple façon d'améliorer la connaissance de soi et son regard sur le monde. On peut aimer simplement tester, faire des expériences, écouter comment cela raisonne en nous... voir si une tentative a de la cohérence ou pas...
cela peut-être "simplement" ça de faire de la photo !




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   27-07-2007 11:00

"Savoir comment le public interprétera son travail est fondamental pour pouvoir mener à bien son projet"
Je ne partage pas cette approche. Pour moi, le photographe est toujours seul. Seul face à son sujet, puis seul face à la traduction qu'il en donne et à son interprétation photographique. Il la reconnait comme une part de soi, mais n'est pas obligé de l'assûmer publiquement.
D'ailleurs, qu'il choisisse de livrer ses photographies au regard d'un public ou qu'il les garde au fond d'une boîte n'altère ni n'embellit la photo. Le photographe ne photographie pas pour montrer, mais pour posséder. Je ne crois pas au partage altruiste. Le déclenchement et tout ce qui s'ensuit est une succession d'actes égoïstes, une attitude solitaire. Non, il n'y a aucun altruisme dans la photo. Combien de photographes ne recherchent dans l'exposition de leurs clichés que la satisfaction de leur ego, ou la confirmation rassurante quei leur recherche va dans le bon sens.
Qu'un peintre travaille sur commande, et qu'il doive traiter de telle ou de telle autre façon un sujet, c'est une chose. Mais là, le peintre n'est plus seul à tenir le pinceau, en quelque sorte. L'architecte commence la gestation d'un projet à partir d'un projet qui, celui-ci, n'est pas le sien. L'enfant n'est pas que la mère, il est aussi le père, et les dizaines de générations qui précèdent. Pas tout à fait le même, pas tout à fait un autre.
Un photographe ne peut se projeter dans l'avenir pour évaluer comment son image pourra être interprétée, et supporter au même moment la collision de ses propres acquis culturels avec le sujet auquel il accepte - plus qu'il ne choisit - de faire face.
La communion ou la confrontation ?
Si le photographe a un message à faire passer, un projet, une "pré-méditation", et qu'il se serve du médium photographique à cet effet, alors ce n'est plus tout à fait la même photographie. C'est un outil utilisé à l'appui d'un message.
L'authenticité de la photographie ne peut venir que de l'indifférence du photographe vis à vis de la façon dont sa vision sera interprétée par d'autres. La démarche photographique est autiste.
Au passage, je détruis la notion de critique au profit de l'expression de mon émotion à un instant donné. Le critique ne peut traduire que ses propres frustrations, le spectateur livre son ressenti. Comme le photographe qui ne montrerait jamais ses photos, le spectateur peut très bien garder ses émotions au plus profond de lui. Le critique, lui, est obligé de s'exprimer, d'analyser, de disséquer, d'argumenter. Et aussitôt, il commence à se trahir.
Le spectateur, lui peut s'offrir le luxe de garder la quintessence de son émotion, de son ressenti au fin fond de soi, sans être obligé de la faire partager, donc de la couper en tranches pour la faire passer par le guichet étroit du verbe. Il en va de même pour le photographe.




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   27-07-2007 13:16

Ne l'ayant pas encore fait, je voudrais saluer et souhaiter la bienvenue à nos amis anglais, Mrs Carter et Mr. Twist, les remercier aussi, car ils m'ont permis de découvrir UKLFPG. Un enrichissement de plus... Et leur dire que j'apprécie énormément leur humour. C'est léger, une brise d'air frais. Et vos photographies sont somptueuses. J'adore.
Je me demande parfois si la photographie n'a pas été inventée au départ uniquement pour les paysages de l'autre rive du Channel...
Par chance, avec le tunnel sous la Manche, l'Europe n'est plus une île...




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   27-07-2007 15:01

Bonjour Jean-Louis,
Merci pour votre chaleureux accueil - ca fait plaisir. J'ai aussi lu avec grand interet votre message precedent. J'y reflechi encore un peu et je vous reponds tantot. Je puis vous assurer, a vous et aux autres repondants, que Joanna et moi avons deja bien profite des discussions ci-dessus. J'espere dans les quelques jours lancer un debat semblable sur le site anglais, pour comparer les reponses et les attitudes. Tout cela est tres instructif.
Oui les paysages britanniques ont beaucoup a offrir, mais autant que la France, je pense. Je crois que c'est surtout le climat qui nous donne un avantage. La pluie et le vent depollue et clarifie la lumiere; les nuages sont d'excellents reflecteurs et diffuseurs qui donne une grande richesse au ciel pour completer l'image. Nos latitudes plus nordiques font que les crepuscules durent longtemps et nous donnent le temps de travailler les couleurs du petit matin et du soir. Finalement, deux opinions plus subjectives: (1) le fait qu'on a beaucoup de personnes qui font de la photo de paysage et publient, permet de s'inspirer et nous pousse individuellement a faire mieux (ce qui contredit les avantages de l'autisme dont vous faisiez etat, mais j'y reviendrais) et (2) la gamme de films Velvia s'accorde tres bien avec les couleurs du matin et du soir. La plus grande saturation de ces emulsions rendent bien les couleurs et les intensifient; la faible plage dynamique pallie le manque de contraste a ces heures et facilite la lecture de la photo (je ne sais pas si plage dynamique est le bon mot; "latitude" en anglais, c'est la gamme de tons qui peut etre reproduite, exprimee en "stops" = crans de diaphragme (?). Au secours, il me manque tout un vocabulaire!).
Comme on dit ici, en 1973, le Continent nous a rejoint pour former l'Europe...
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Joanna Carter 
Date:   27-07-2007 15:39

Je me demande parfois si la photographie n'a pas été inventée au départ uniquement pour les paysages de l'autre rive du Channel...
De mon avis, il me semble que beaucoup des photographes français, non professionnels, se sentent que les photographies doivent posséder une raison d'être, souvent philosophique. Au contraire, la plupart des non professionnels Anglais font les photographies parce qu'ils veulent les faire, parce qu'ils aiment ce qu'ils voient et, peut-être, ensuite ils cherchent d'attribuer quelque chose de motif.

La photographie de paysage ne requiert souvent une raison, sauf qu’on voit une belle échappé, un petit coin ou un détail, artificiel ou naturel, qui on plait. Ils existent, certainement, des milliards des photographies attendant que l’œil anglais se découvre. Au contraire, il reste, je suis sûr, beaucoup de vues britanniques qui attendent l’arrivé des cerveaux français. ☺

Je souhaite que nous, les Français et les Anglais, puissions partager nos points de vue, l’un avec l’autre, tant que nous pouvons les partager sur une tasse de thé, ou peut-être un verre de vin et non seulement sur l’Internet.

--
Tranquillisez-vous - caressez un Ebony


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   27-07-2007 16:02

Joanna, vous avez raison. Notre fichu cartésianisme gâche souvent le plaisir de photographier. Vous, vous parlez de spontanéité, pas de philosophie.
La photographie de paysage est une réaction devant ce qui nous semble beau, donc ce qui nous provoque une émotion esthétique.
Within an hour, I'll have a cup of "Blue of London"...




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Joanna Carter 
Date:   27-07-2007 16:18

La photographie de paysage est une réaction devant ce qui nous semble beau, donc ce qui nous provoque une émotion esthétique.

Ça y est ! Exacte ! Et c'est cette émotion, saisi sur la pellicule qui attrape l'âme de ceux qui voient les tirages.

Within an hour, I'll have a cup of "Blue of London"...

Ah, le fameux vin Anglais ???

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Tranquillisez-vous - caressez un Ebony


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Joanna Carter 
Date:   27-07-2007 17:01

Vous, vous parlez de spontanéité, pas de philosophie.

Jean-Louis, qqch en plus. C'est pas toujours spontané.

Nous avons eu une idée pour une image de Ribblehead, c’est un viaduc chemin de fer en Yorkshire. Il nous a fallu y visiter de moins de cinq fois avant que la lumière, le ciel et l’heure serrassent en accord. Puis, au dernier moment, pendant je me préparais le pellicule, nous avons entendu le sifflet d’une locomotive à vapeur, totalement inattendue, qui s’approche le viaduc ! Vite, mon amie m’a demandé la vitesse et l’ouverture ; j’ai les elle donne, en courant avec la pellicule, je l’ai introduite dans la chambre, et… oups, j’ai oublié d’attacher le câble déclencheur et il ne me resterait du temps pour l’apporter du sac ! Je dit à Helen, « dis-moi quand le train est arrivé au point correcte » et je m’ai préparé pour chatouiller le déclencheur avec mon doigt. « Now » dit Helen, j’ai chatouillé le déclencheur, très doucement, et c’est fait ! Maintenant il nous a fallu attendre le développement – ça dure longtemps ☺

Spontané ? Non. Une abondance de patience et plus de chance ? Oui, et voici le résultat.

http://grandes-images.com/images/Ribblehead.jpg

--
Tranquillisez-vous - caressez un Ebony


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: vdh 
Date:   27-07-2007 17:03


La photographie de paysage est une réaction devant ce qui nous semble beau, donc ce qui nous provoque une émotion esthétique.

Ça y est ! Exacte ! Et c'est cette émotion, saisi sur la pellicule qui attrape l'âme de ceux qui voient les tirages.


Dans ce cas, le photographe n'a guère de mérite. Pour faire de belles photos, il suffirait alors de prendre de beaux sujets ? Non, l'émotion ne se laisse pas saisir sur la pellicule, se serait trop facile. Le photographe tente peut-être de transposer dans son travail (prise de vue et post-traitement) l'émotion qui l'a troublé quelques instants plus tôt...




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Joanna Carter 
Date:   27-07-2007 17:28

Dans ce cas, le photographe n'a guère de mérite. Pour faire de belles photos, il suffirait alors de prendre de beaux sujets ?

Non, il suffirait de faire « l'artisan » en fabriquant le mieux les images dans la chambre. Donc on ne devrait pas faire qu'un rien pour faire les tirages.

Non, l'émotion ne se laisse pas saisir sur la pellicule, se serait trop facile. Le photographe tente peut-être de transposer dans son travail (prise de vue et post-traitement) l'émotion qui l'a troublé quelques instants plus tôt...

De temps en temps, peut-être mais pour moi, pas toujours. Surtout, le photographie serait agréable, pas un tâcheron.

--
Tranquillisez-vous - caressez un Ebony


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   27-07-2007 21:15

Dans le livre First Light de J.Cornish, il y une phrase qui résume la situation: "develop a perfect technique, then put yourself at the mercy of inspiration". J'ai pas le livre devant moi, mais c'est à peu près ça - il paraît que c'est une maxime zen. Il ne s'agit pas de toujours avoir en tête un programme, mais quelquefois de répondre à la situation et d'en tirer le maximum.
vdh: Il est évident que l'émulsion ne sert qu'à "inscrire la lumière", étymologiquement parlant. Après, l'émotion, c'est une question de cultures: celle du photographe et celle du spectateur.
Dans ce cas, le photographe n'a guère de mérite. Pour faire de belles photos, il suffirait alors de prendre de beaux sujets ?
Et celui qui travaille à la française avec un protocole contraignant, il a du mérite, lui? C'est bien facile de dire, je vais faire une photo selon des règles x, y et z, et puis zut si personne trouve que c'est beau ou facile à comprendre. Mais être devant un paysage en se posant la question de la représentation optimale qui premettra une lecture simple, et ben, c'est pas pour tout le monde. Il faut maîtriser sa technique, certes, puis au-delà il faut comprendre son public suffisamment pour que le résultat (espéré!) soit perçu comme étant beau. Maintenant imaginer chercher le meilleur point de vue qui prend en compte le sujet et le public, au plus vite car la lumière change en permanence, imaginer faire ça alors que vous travaillez avec un appareil grand format, et dîtes-moi qu'il n'y a pas de mérite.
Pour exemple, la photo ci-dessous a nécessité tout ça, et en plus il a fallu une bonne préparation (recherche du meilleur point de vue), une bonne connaissance du lieu (accès du site, dangers du genre falaise ou marée) et ensuite la patience d'attendre que le soleil se mette au bon endroit.

http://www.chtwist.com/stash/staithesbWM.jpg
Note ajoutée par l'un des modérateurs : Charles, we obey here a gentlemen's (and ladies's of course) agreement that we only include links to images by the [ u r l] [ / u r l] control. Thanks !

Est-ce beau? Etant par nature pragmatique, un Britannique dira que le Beau est défini comme étant ce que le public perçoit comme tel en moyenne. Il faudrait que je fasse un petit sondage pour répondre et savoir que j'ai atteint mon objectif. (Dès lors, la photo restée dans le tiroir a seulement le potentiel d'être beau.) Est-ce que je pense avoir atteint mon objectif? Oui. Ce qui importe dans cette discussion, c'est que je me compte parmi le public. Moi le spectateur juge et réagit à la photo prise par moi le photographe. Si je n'aime pas la diapo, personne ne la reverra. Je suis donc un membre-clé de mon public. Il faut que le résultat me plaise avant tout. Quand moi le photographe s'acharne à trouver le bon angle, c'est en pensant à la réaction du moi spectateur. Pour moi, il faut cette dialectique afin de trouver la meilleure représentation. Dès lors, je ne sais pas si on peut parler de photographie autiste dans mon cas.
J'irais même jusquà dire que le photographe n'évolue pas de manière autonome sans relation avec sa culture. Un exemple simple. En GB, il est traditionnel maintenant de ne pas mettre des personnages dans sa photo de paysage - retour à un Eden parfait et toutes ces idées - mais en Islande, c'est très bien vu. Là-bas, ils ont tellement de paysages brutes et non-domptés, qu'il ne ressente pas le même besoin de s'échapper de la marque de l'Homme - au contraire. Les deux approches se valent. Simplement la photo trahit le passé du photographe, son parcours culturel.
J'ai souvent réfléchi à la question de savoir si artiste = autiste, et pense que non. Le simple fait que vous êtes ici à me parler suggère que non. Le fait de partager ses photos permet une entraide, permet d'ouvrir les débats sur la représentation, permet de créer de nouvelles approches. Le fait de comparer nos attitudes GB et F nous instruit. Non, réellement, l'artiste doit s'ouvrir sur son monde.
Il y une autre idée qui mérite discussion: la relation du photographe à l'objet photographié est très semblable à la relation du spectateur alors qu'il regarde une photo. Il y a un moment de décryptage, une recherche de la signification, une mise en valeur, une comparaison avec nos connaissances. Je ne suis pas sûr que cela influe la prise de la photo, mais le parallèle entre les deux est remarquable (à mon avis).
Est-ce que mon ego est satisfait maintenant que j'ai montré la photo ci-dessus? Est-ce que mon ego est satisfait maintenant que j'ai soulevé ces questions? Non, j'attends les réactions.
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: thomas r. 
Date:   27-07-2007 21:49

Pourquoi Charles serait il absolument nécessaire que le spectateur partage totalement votre vision de votre photographie, pourquoi ne pas lui laisser le choix de son regard et de ses lectures ?

TR


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Gabriel 
Date:   27-07-2007 22:25

Mes excuses à Jean Louis Salvignol, la pièce est bien de Calderón.
Et rien que pour lui, un petit dessin; s'il est interessé j'ai le mode d'emploi....
voir ce site
(La critique officielle est encore un peu rétive, mais elle y vient peu à peu....)

Gabriel


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Alain-Marc 
Date:   27-07-2007 22:35

Charles,

tu soulèves un point qui n'est jamais discuté, que ce soit sur ces forums ou dans les revues photo françaises...

l'interpretation par le public, suivant sa culture, son passé, son vécu...

Toutes les images de bub sont par exemple totalement sous l'emprise judéo-chretienne standard catholique (références, sens de lecture, etc) alors que la clientele visée ne l'est pas forcement...Je ne parles pas des interdits, juste des valeurs dont on cherche a charger les images...

En europe même, bien des images artistiques issues d'un courant, d'une culture, de l'histoire personelle d'un artiste ou d'un photographe peuvent être interpretées à contrario suivant les lieux d'exposition par la population concernée...

Mais on n'en parle pas, comme si chaque individu de l'Union Européenne interpretait tout de la même façon...

Belle Hypocrisie, car entre un anglais, un danois, un allemand, un polonais, un roumain et un italien réunis pour un jury sur la photographie contemporaine je suis certain que les sensibilités diffèrent autant que l'histoire respective de ces nations !
:-)
(j'ai évité de mentionner la france dont l'institutionnalisation des tendances pervertit les choix)
:-)


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   28-07-2007 08:25


1) "un Britannique dira que le Beau est défini comme étant ce que le public perçoit comme tel en moyenne" propose Charles.

La référence à une approche gaussienne de la beauté est plus qu'implicite dans les travaux du statisticien belge Adolphe Quetelet (1796-1874)

Là :

De ce PDF j'extrait ceci (Pour Henri Peyre) :

Jacques Bouveresse [1993] «L’homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’histoire», ce livre montre que le thème du roman de Musil
«L’homme sans qualités» (c’est-à-dire sans singularités spécifiques) a été fortement influencé par les débats allemands autour de l’homme moyen et de la liberté individuelle.

2) "La photo restée dans le tiroir a seulement le potentiel d'être beau." Le beau serait donc inclus dans le seul regard de l'observateur et non dans l'objet - photogramme ici - regardé ?

3) "Si je n'aime pas la diapo, personne ne la reverra. Je suis donc un membre-clé de mon public. "

Dans cette approche probabiliste, l'inférence est que je laisse dans le tiroir ce qui statistiquement ne plaira pas à un observateur moyen.

Je n'aime donc, suggère Charles, que ce qui a de bonnes chances (un coef de probabilité élevé, > 0,5 en tous cas) de "plaire" aux autres.

4) "En GB, il est traditionnel maintenant de ne pas mettre des personnages dans sa photo de paysage"

La conformité au gout gaussien conduit à "l'enfermement" du producteur d'images dans un système de contraintes normées, codifiées.

Cette autocensure est à l'opposé de la démarche de ce que l'on nommera en termes romantiques un artiste, la création étant par principe une déviation forte sur la courbe du gout moyen.

Cezanne, Duchamp, Picasso, ne pouvaient pas être britanniques.

Certes. Mais William Turner ?

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   28-07-2007 08:58

Ortografe du matin, chagrin...

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: ilo 
Date:   28-07-2007 09:47


( GB en musique : http://www.thresholdhouse.com/ vu d' outre manche )




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: vdh 
Date:   28-07-2007 09:58

J'aime beaucoup la réponse de Jean-Louis.

Finalement, Il me semble que vous partagés (Charles et Joanna) la même vision minimaliste de la photographie (la photo comme artisanat) .
Je suis, pour ma part, bien éloigné de cette conception. Je faisais de la peinture ; je continue avec l'outil photographique. Par ailleurs, l'avis supposé du public m'indiffère complètement, mais j'écoute la critique avisée.
Pour la beauté, je partage l'avis de votre compatriote David Hume : "La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente." ;-)




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   28-07-2007 10:11

Pourquoi Charles serait il absolument nécessaire que le spectateur partage totalement votre vision de votre photographie, pourquoi ne pas lui laisser le choix de son regard et de ses lectures ?
Ben justement, je dis qu'il ne le partage pas et que donc il faut faire selon le regard du moi spectateur autant que du moi photographe, et espérer qu'il y en ait au moins un ou deux des spectateurs (au sens large) qui tirent qqch de la photo, que ce soit une émotion, une information sur le lieu ou la date, ou une technique photographique (liste non exhaustive). Ce que le spectateur (au sens large) pense de ma photo, c'est son affaire.
Très personnellement, quand je photographie un objet, je cherche un objet intéressant à photographier, puis le moi technicien travaille l'image en respectant mon intérêt (intérêt au sens large: artistique, géologique, financier, philosophique, etc). La sélection de la photo (photo, pas image) que je diffuse, se fait ultérieurement par le moi spectateur. Dans les deux cas, je suis guidé par ma réaction (qui peut inclure l'émotion), mais en aucun cas je ne contrôle la réaction publique, bien que je puis la deviner en me fondant sur la mienne. (Je présume que je partage certaines idées avec les membres de mon public qui ont eu une éducation semblable à la mienne.) Pour répondre à une remarque faite ailleurs, dans ce sens, je n'introduis pas l'émotion dans ma photo: elle est en dehors, avec le spectateur. Peut-être est-ce là l'importance de diffuser?
Quand on diffuse la photo, le moi spectateur choisit la photo qui lui plaît selon les critères donnés dans mon précédent message. Ceci permet donc une double-sélection: choix de l'objet à photographier, choix de l'objet à montrer en public. Ceci laisse donc l'occasion au moi artiste de s'exprimer par deux fois. Diffuser permet un ajustement de sa vision. J'irais plus loin encore en disant que quand la photo reste dans le tiroir, elle a autant de signification que la photo dont on n'est pas fier.
Mon propos est de plus que l'on obtient une photo aussi si on ne se donne pas la peine de sélectionner la prise de vue, si l'on prend la photo au hasard, avec une technique approchée, assez pour laisser une impression sur l'émulsion. Et il y aura quelqu'un pour l'aimer, cette photo-là aussi. Mais peut-on diffuser cette photo sans que le moi photographe ne soit blessé dans son amour propre et son amour de la technique? La peur du vide me dit que la photo doit inclure ma vision. Et pareillement, la photographie rigidement pré-programmée avec protocole, empêche-t-elle la vision du photographe pour permettre l'expression méta-photographique/ philosophique/ etc? Il est indéniable qu'elle empêche l'expression libre du photographe, ce qui est peut-être aussi nuisible.
Fianlement, le non-professionnel qui n'est pas obligé de diffuser, doit avoir du courage pour exposer son oeuvre en public, car il ne peut prédire entièrement leur réaction et risque une raclée autant que l'approbation. Rien de tel que l'angoisse pour s'améliorer.
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: guillaume péronne 
Date:   28-07-2007 10:34

le non-professionnel qui n'est pas obligé de diffuser, doit avoir du courage pour exposer son oeuvre en public, car il ne peut prédire entièrement leur réaction et risque une raclée autant que l'approbation.

Il faut être intimement persuadé que la photographie permet d'exprimer une pensée sur le monde. En second lieu, il faut arriver à produire des images qui s'accordent à notre propre vision.
Ce n'est pas une question de cuisine (protocole ou technique), mais de pensée, de sens, de construction de l'image. A partir de là, on peut discuter avec un spectateur, et le risque est bien moins grand que si on s'en remet aux flou de l' "émotion" et aux "hasards heureux" !


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   28-07-2007 10:35

JLS, votre réponse est arrivée alors que je tapais la mienne, et elle est savoureuse. Certains points ont été discutés dans le message précédent.
(1) L'homme moyen n'existe pas en tant qu'individu (même si j'en ai connu des très moyens!).
(2) The eye of the beholder - comme dit vdh.
(3) La meilleure. N'étant pas l'homme moyen qui n'existe pas, ce que je pense être beau n'est pas la moyenne, mais a de grande probabilité qu'il corresponde à une notion dans la plage des p>0.5. Ce qui reste dans le tiroir a une grande probabilité d'être dans les plages correspondant à p<0.5. Mais ce n'est pas toujours vrai.
(4) Tout à fait d'accord, et ce qui est reproduit dans les magazines photo ici en GB est un désastre écologique. Aucune diversité, des idées surannées, etc.
Avec les moyens de diffusion moderne, les Turner de nos jours ont une plus grande probabilité d'être trouvés par un public qui apprécie leur travail. Ils ont donc une meilleure chance de survie. Verrons-nous une diversification de la pensée britannique (telle que caricaturisée ici)?
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   28-07-2007 10:46

"Étant par nature pragmatique, un Britannique dira que le Beau est défini comme étant ce que le public perçoit comme tel en moyenne"
My dear Charles, I strongly disagree with that...
Savez-vous ce qu'est une moyenne ? Si j'ai un pied nu posé sur un bloc de glace et l'autre tout aussi nu appuyé contre un poêle à charbon, en moyenne, je dois être bien.

Si je vais dans ce sens, je deviens une "fashion victim". Si ce qui plait au public, ce sont les photos de la galerie les filles du calvaire (en minuscules, comme leurs images, un point partout !), dois-je faire des photos que je serai le premier à ne pas vouloir regarder ?

Être à l'écoute des attentes du spectateur "moyen", n'est-ce pas s'exposer à terme à fournir l'équivalent des émissions de télé-réalité du niveau de notre TF1, ou des journaux du niveau de votre très murdochien Sun ? La dictature du "best-seller" qui obéit à son tour à une autre dictature, celle du marché, est-elle la seule qui nous soit permise et promise ? Henri Gaud disait un jour ici avec sa délicatesse habituelle (je sais, j'ai presque la même) "Les téléspectateurs adorent ARTE, mais regardent TF1; on glorifie la gastronomie Française, mais la sortie de famille se fait au MacDo." Tristement vrai. La culture de l'égalité et du nivellement se fait toujours vers le bas.

Vous dites : "Si je n'aime pas la diapo, personne ne la reverra. Vous faites donc bien une sélection purement personnelle, qui n'est pas précédée d'un sondage d'opinion pour savoir si votre photo va plaire ou non. Pour cette photo que vous n'aimez pas, vous tombez bien dans une forme d'autisme, ou tout du moins d'égoïsme, non ? Et qui vous dit qu'elle ne plaira pas, justement celle-là, davantage que celles que vous aurez décidé de montrer ?

La photographie est plaisir solitaire, je le maintiens. La suite n'est qu'une tentative de satisfaction plus ou moins pressante de notre ego.

Dès lors que vous décidez de livrer une image au public, vous en assumez toute la paternité.
Et encore, qu'est-ce que le public, et surtout quel est son niveau de complaisance vis à vis de la photo ou de l'artiste ?
Un public, bien dressé, est prêt à accepter et à vanter n'importe quelle production de tel ou tel artiste célèbre. Picasso, pour revenir à une autre discussion agitée ici, n'a pas peint que Guernica. Il a probablement dû aussi peindre des croûtes. Mais du moment qu'elles étaient signées Picasso, tout le monde criait au génie.
En règle générale, souvent, moins on comprend une oeuvre, plus on crie au génie, de peur d'être taxé d'ignorant, de béotien ou de cul-terreux. Et plus il y a de gens qui crient en même temps au génie d'un artiste, plus ceux qui seraient tentés de dire que c'est un tableau ou une photo immondes sont marginalisés et réduits au silence. Le conformisme...
Je ferme la parenthèse. Quand vous décidez de livrer une image au regard des autres, c'est bien votre choix qui dicte cette décision, d'après vos critères culturels, votre vécu, votre sensibilité...

Un artiste, quel que soit son niveau de familiarité avec l'art, de l'artiste professionnel à l'amateur passionné, est seul lorsqu'il appuie sur le déclencheur. Et lui seul sait - peut-être - pourquoi il a appuyé sur le déclencheur à ce moment et pas dix secondes avant ou après...
Vous avez eu devant ce paysage "le moment de décryptage, la recherche de signification, la mise en valeur, la comparaison avec vos connaissances j'y souscris tout à fait. Mais vous avez oublié quelque chose : vous avez dû ressentir une émotion.
Peut-être que cette émotion est la résurgence ou la réplique – au sens sismique du terme - d'une émotion passée, que vous seul avez eue. Était-ce devant un paysage comme celui-ci que vous avez déclaré votre amour à quelqu'un, était-ce devant un paysage semblable que vous avez senti un jour un profond sentiment de quiétude, de paix, après une période chaotique de votre existence ?

Vous seul le savez - et encore, pas toujours. Vous pourriez aussi bien être incapable de dire pourquoi ce jour là vous avez éprouvé l'irrésistible pulsion de faire cette photographie. Quand nous photographions, nous refaisons à l'envers un parcours initiatique que nous avons déjà fait, une quête permanente de nos émotions passées, ou de quelque chose qui y ressemble, une recherche de ce qui satisfait notre aspiration au beau. Nous sommes décidément seuls avec nous même, avec notre passé, nos valeurs, notre culture et notre vécu.
Nous ne nous préoccupons pas de savoir si l'image va plaire. C'est la définition du mot "amateur" dans lequel il y a "amour".

Je ne nie pas qu'à l'autre extrémité, mais beaucoup plus bas, il y a l'image "vendeuse", complaisante, complice, dont on sait qu'elle va plaire. Quand on a l'assurance qu'elle va plaire, c'est que ce n'est déjà plus tout à fait une partie de nous. Mais pour ces images-ci, combien de photographes vendent tout ou partie de leur âme ?

Sur ce forum, comme dans la vie courante, j'ai un jour décidé il y a fort longtemps que désormais, je ne dirais strictement que ce que je pensais. C'est parfois peu poli ou "policé", bien que j'y mette les formes. N'étant pas doué pour le fayotage ni pour le populisme, si je considère quelqu'un comme un imbécile ou un fainéant, je le lui dirai, quoi qu'il puisse m'en coûter ensuite. (Je ne dis pas ce qu'effectivement cela m'a coûté, professionnellement et socialement parlant.)
Je ne dis jamais que "le repas était délicieux" ou "la réunion a été parfaitement menée", ou que "le dossier est parfait", si la bouffe était dégueulasse, la réunion n'avait pas atteint ses objectifs et dégénéré en foire de village, ou le dossier est inconsistant. Je me sens toujours bien dans ma peau. En contrepartie, je sais que, quand je fais un compliment, il est accueilli à sa juste valeur par ceux qui me connaissent.
Quand je dis que j'adore telle ou telle photo, ce que j'écrivais plus haut à propos des vôtres et de celles de Mrs Carter, j'ai réellement passé un excellent moment de pur plaisir à parcourir vos images. Cela me mène à un comportement excessif, passionné, mais authentique.


Contrairement au professionnel, l'amateur n'a pas de clients,. Il ne reçoit de commandes que de ses émotions, de son cœur, de sa conscience ou de son passé. Pas de cahier des charges, pas de certificat de conformité entre l'exigence préexistante du commanditaire et le négatif ou la diapo qui en sont le résultat. Pas de complaisance, pas de compromis non plus. Rien que l'honnêteté, l'authenticité. Je ne photographie pas pour prouver, ou pour démontrer, ni pour caresser les spectateurs dans le sens du poil. Je photographie pour figer un instant où j'ai éprouvé des sensations de plaisir ou de déplaisir, je photographie pour me sentir aimer et souffrir. Je photographie pour me prouver que je suis vivant.

Quel sentiment de liberté ! Mais quelle responsabilité, aussi, vis à vis de nous mêmes.

PS : ayant mis un certain temps à rédiger ce message - (le "Mane, Tecel, Fares" sur le mur du temple de Balthazar) il n'est vraisemblablement plus à jour, quelques réponses se sont intercalées entre le sujet et la réponse. Tant pis.




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: cartou 
Date:   28-07-2007 12:27

Bravo Jean-Louis !

Ça doit aller mieux après avoir dit tout cela....

patrick cartou



 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: guillaume péronne 
Date:   28-07-2007 12:34

vers 1890-1920, on a commencé à voir une peinture comme un objet décoratif plutôt que représentatif.

Pas certain que la recherche fût d'ordre "décoratif"… ; ) Plutôt dans la tendance moderne de pureté du medium : la peinture en soi.

A part ça, Georges Rousse pose intelligemment cette question du passage de l'espace aux surfaces…


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   28-07-2007 13:01

Patrick, tu l'assimilerais à de la diahrrée verbale ? D'où le soulagement ?
C'est ton droit, tu sais...




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   28-07-2007 14:51

Sur le beau, l'oncle Emmanuel est assez bien placé !

Là :

JLS




 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Salvignol 
Date:   28-07-2007 14:57

Pour creuser un peu plus :

Kant toujours

JLS


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: CharlesT 
Date:   31-07-2007 21:12

C'est pas aujourd'hui qu'on va définir la Beauté. Je crois que pour le commun des mortels, la notion d'une apparence qui plaît, quelles que soient les résonances et les consonnances pour chacun, suffira. Cette notion - comparable à l'ombre platonicienne - ne sera pas la même pour tous (Kant le dit, ça doit être vrai). Dés lors, si on le désire, on peut parler d'une moyenne dans la population, pour éviter l'arrogance par exemple. La contrepartie étant que ce n'est que beauté moyenne - une notion qui sera peut-être suffisant dans un premier temps pour nos débats: au moins, on ne tombe pas dans le grand laid. Autre idée: Se peut-il que l'on se trompe en croyant que sa notion individuelle de beauté est plus juste ou plus vraie que la moyenne?
Ceci ne m'empêche pas de choisir ce que je photographie et ce que je montre, selon mes propres critères. La photo que j'ai choisie pour illustrer mon texte, avait pour but d'être belle (on parlait de mérite pour faire de belles photos), dans le sens d'avoir une apparence qui plairait à une majorité de personnes. Ce n'est pas toujours le cas; ce que je cherche avant tout, c'est à me faire comprendre. Je tends vers ce but alors que ma vision évolue, alors que la culture du spectateur est imprévisible, alors que ma technique n'est pas parfaite. La recherche ne cessera pas de sitôt. A juger des messages sur ce forum (par exemple MOMA et Jeff Wall), je ne suis pas le seul à souffrir le problème de la communication.
Finalement, pour les Frenchies et autres Continentaux qui désirent parler directement avec les British, j'ai lancé ce message sur le site UK. Ca serait bien que vous partagiez vos pensées directement. Ca manque un peu de philo de notre côté. Il serait bien aussi d'entendre parler de photographes qu'on connaît peu ou pas ici. Les photos de G.Rousse sont saisissantes: merci pour le tuyau. On ne peut pas nier qu'il a du mérite...
Jean-Louis Llech: quelle fougue! Votre réponse est magnifique. J'aurais tendance à classer mes émotions passées parmi mes connaissances. Si l'émotion n'est pas passée, elle est toujours émotion. Tout à fait d'accord pour parler de solitude et de responsabilité, mais l'autisme suggère un renfermement que je réfute.
vdh: j'ai pris plaisir à visiter votre site, et je vous remercie d'avoir partagé ces photos. J'ai particulièrement aimé la série des Silences. Je présume que la série des Ouvertures a été influencé par votre passé de peintre. Je dois admettre avoir beaucoup de mal à les comprendre - pas ma tasse de thé, comme on dit ici.
M. le Modérateur: je prends note. C'est bien triste un site photo sans photos. Ca ne coûte pas grand' chose d'avoir un lien sur l'image de manière à l'insérer directement dans le texte. Mais je me plie.
A bientôt,
Charles

http://www.chtwist.com


 
 Re: Plutot, quoi, n'est-il pas?
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   01-08-2007 07:55

"J'aurais tendance à classer mes émotions passées parmi mes connaissances"
Oui... si ce n'est plus du présent, c'est du passé, on peut le voir comme ça. (Le futur étant du présent en conserve...)
Oui, mais alors, trié, et une partie rangé dans un petit compartiment à part, qu'on peut appeler "ressenti". Avec une zone tampon où, quand on rappelle un souvenir émotionnel, il provoque encore une émotion, atténuée certes, mais de même nature.
Pour l'autisme, il y aurait beaucoup à dire. Mais au moment de photographier, je veux dire de choisir un sujet (qui, quelque part, réveille quelque chose en nous) et de démarrer le processus de capture, je persiste à penser qu'il y a un temps plus ou moins long de repli sur soi, peut-être d'introspection, pendant lequel on se coupe de ce qui nous entoure, le "nous" étant élargi au sujet. Il m'arrive dans ces périodes de penser à haute voix, sans en être tout à fait conscient.



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