Auteur: mougin
Date: 28-11-2009 20:04
Cantal, il n'y a pas là d'aporie (ce mot voulant dire que ne serions perdus dans une situation sans issue, poros se ditsant du pilote qui sur la mer sait trouver son chemin là justement où il n'y en a pas), mais une simple constation. Le mot esthétique bien que forgé sur un mot grec, n'existait pas avant le 18ème siècle.
On peut effectivement dire que le beau avant cette date est défini objectivement. Pour Platon par exemple ce qui fait qu'une fille est belle, est qu'elle est "canon" plus exactement canonique, c'est à dire qu'elle est au plus proche du modèle idéal de ce qu'est le jeune fille, et ce modèle idéal est mathématique, affaire de proportions ou de mensuration. 85/45/85 cela vous fait une belle fille 85/85/85, un poteau.
Cette idée de la divine proportion, ou de la musique des sphères s'est développée à la Renaissance avec l'invention de la perspective mathématique qui a donné naissance à l'optique et à la chambre noire, principes de géométrie selon lesquels sont encore construits nos objectifs et nos appareils photos. Cette histoire commence avec Brunelleschi et Peiro della Francesca dont vous n'avez vu ,il me souvient que l'aspect profane, et se termine avec Poussin et l'Académisme. Le Beau est anagogique disait Nicephore l'Iconodule, il nous élève des beautés terrestres aux beautés céleste (voire le Phèdre de Platon, le Banquet, Plotin, Marsile Ficin à la Renaissance.
Pour nous modernes, le beau met en jeu une subjectivité, c'est-à-dire une sensibilité particulière donc subjective. Ce jugement étant subjectif et désintéressé est un jugement réflexif qui part du particulier mais qui aspire à l'universel. Il a donc la forme de la nécessité. Comme l'a bien vu Peyre qui ici se montre très kantien, le beau est catégorique.
Annah Arendt va même plus loin puisqu'elle donne à ce jugement un caractère politique. Le Beau c'est ce sur quoi on devrait tous se mettre d'accord. Cela s'en doute n'est pas réalisé, faute d'éducation, C'est pouquoi Goethe, sans doute plus réaliste et plus empiriste que Kant, a sans doute raison: est beau ce que l'on a longtemps admiré, ou ce que l'on m'a appris depuis longtemps à admirer. il est plus facile de se mettre d'accord sur la beauté de la Joconde que sur la Beauté d'une boîte de M..... de Manzoni. Mais pourquoi pas à la longue. Comme on dit l'histoire fera le tri. Encore faut-il que les oeuvres se conservent et Il paraît que les dites boîtes mal stérilisées font problème de ce point de vue.
C'est ainsi que nous sommes encore très largement et sans le savoir tributaires des conceptions esthétiques mises en place par Kant dans la Critique du Jugement, mais je ne vais pas vous faire un cours de terminale sinon je vais être jugé pédant. Wikipedia je pense fera l'affaire et vous expliquera que le jugement esthétique comme le jugement de la science ont la même forme, c'est à dire sont nécessaires et universels., même s'ils n'ont pas le même contenu. Le jugement de connaissance va de l'universel au paticulier. Les roses sont de belles fleurs, donc cette rose est belle et tout le monde sera d'accord.
Comme Dali j'estime que l'Angelus de Millet et le chef d'oeuvre de la peinture, ce jugement est le mien et j'estime que tout homme devrait en juger de même. Bien sûr ce n'est pas le cas, mais j'estime que dans un avenir lointain, quand on l'aura longtemps admiré ce sublime tableau, il en sera de même pour tout homme. il en est à peu près ainsi pour la Joconde, celle qui n'a pas de moustaches.
Mougin
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