Auteur: Henri Peyre
Date: 07-11-2009 10:15
la liseuse a écrit:
> "La réalité n’existe sur une toile ou un mur que par le
> biais de conventions. Par conséquent, aucun artiste ne copie ce
> qu’il voit ; lorsqu’il reproduit un paysage, il le fait comme
> tous les artistes de son temps ; et nous autres, spectateurs,
> nous imaginons voir ce qu’en fait nous connaissons."
>
> Ernst Gombrich,
> The
> Gombrich Archive.
>
Il me semble que Gombrich insiste là sur l'impossibilité naturelle à toute communication. Nous ne sommes pas l'artiste, nous ne voyons pas ce qu'il a fait comme il l'a fait, faute d'être de son temps, de sa culture, faute d'être lui-même. Et d'ailleurs cet artiste ne représentait lui-même le paysage que comme il le voyait, avec les conventions de son temps...
L'art contemporain a fait grand usage de ces considérations, jouant même sur la fausse compréhension naturelle du spectateur. L'artiste contemporain peut ainsi provoquer le spectateur par une oeuvre vide, un pur cadre, dans lequel l'autre est invité à se projeter, à projeter ses fantasmes et ses interprétations.
Ainsi souvent l'oeuvre contemporaine plaît aux rêveurs qui s'y projettent, en "bon public". Elle nourrit moins les amateurs de chefs d'oeuvre pour lesquels seuls la richesse du sens, la qualité des matériaux et la virtuosité de l'artiste font la qualité d'une production artistique.
Une vieille opposition peut-être : les croyants et les laïques ?
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