Auteur: Delap
Date: 08-06-2007 09:34
J'abonde dans le sens du déclin de la photographie de presse: en tant que pigiste, j'ai -50% de commandes presse entre 2005 et 2006. En 2007, on ne fera pas mieux et les prévisions pour 2008 sont pour l'instant catastrophiques. Mais c'est peut-être parceque je ne suis pas assez bon :-(( ... ou trop exigeant: je n'aime pas travailler a perte, et si mes ambitions restent modestes, je n'accepte pas d'être sous-payé.
Mes clients habituels ont :
- disparu pour certains, rachat et fermeture du titre.
- pris comme habitude ne publier que des images et reportages gratuits ("mais on mettra ton nom sous les photos"...). Et certains ont quand même le culot de demander aux professionnels des images gratuites.
- font travailler plus leurs permanents, parfois au détriment de la qualité.
- font travailler un nombre grandissant d"occasionnels" parfois talentueux, mais qui n'ont généralement pas les mêmes préoccupations matérielles. Un bon boulot à coté, çà aide quand il faut financer un reportage ou acheter le matériel qui va bien. Le top: monter une association et facturer aux magazines. Dans un tel contexte, ce ne sont pas les plus exigeants pour essayer de faire monter les tarifs...
De nos jours, le photojournaliste professionnel n'est souvent là que pour boucher les trous en urgence, quelques jours avant le bouclage (quand le sujet gratuit commandé à l'amateur n'est pas arrivé ?), ce qui n'aide pas à gérer efficacement sa trésorerie. Annulations, report de publication, retards de payement aident bien sur a avoir de bonnes relations avec son banquier :--))
De plus, la pression est grandissante pour ne plus a avoir a payer en salaires ces pigistes professionnels, pourtant journalistes a part entière: tous fournisseurs, tous libéraux c'est l'avenir !
Ajoutez à cela des tarifs de pige qui n'ont quasiment pas varié depuis 15 ans que je publie, alors que les frais augmentent chaque année, et la frilosité des redacs chefs qui s'engagent de moins en moins sur des sujets a realiser, preferant faire leur marché dans les sujets déjà faits, réservant leur réponse au dernier moment, se gardant bien de toute approbation par ecrit et limitant le nombre de collaborations annuelles (pour ne pas risquer de se voir trainer aux prud'hommes).
Tout cela me laisse penser que le photojournalisme sera bientot un hobby dont on pourra dans le meilleur des cas tirer de quoi se payer des vacances :-))
Au final, je ne pense pas que la richesse de l'art photographique en souffrira tant que çà, il faudra juste accepter de ne plus gagner sa vie en vendant des images.
J'ose espérer que c'est une phase transitoire, qu'on reviendra bientot a une presse plus dynamique et entreprenante mais j'ai des doutes quand je vois de plus en plus de jeunes (de vieux aussi d'ailleus) pour qui lire sur du papier n'est pas naturel.
Pourquoi dépenser pour lire alors que sur le web tout est gratuit, grâce aux compétences des internautes: vive le web 2.0 ! Tous journalistes, tous photographes.
Je vous quitte, il faut que je trouve un vrai métier !
Journaliste photographe, montagne et neige.
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