Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 21-05-2007 19:14
Reçu la deuxième livraison du magazine promotionnel Hasseblad, « Victor » n°1/2007
http://victor.hasselblad.com
Les rédacteurs font une petite pause dans le genre « glacé et sophistiqué » des photos de mode et publicité qui remplissaient la quasi intégralité le numéro précédent. Bon, on avait compris ; le A3 sur papier glacé ne laissait guère de doute sur la capacité d'un capteur de la classe 20-40 Mpix à rivaliser avec une chambre grand format, on avai déjà compris avant de lire le magazine, mais la preuve par l'image imprimée est tout de même préférable.
Ensuite, un petit tour vers la photo d'architecture d'intérieur, çà change un peu, c'est un reportage sur le LAN Club à Pékin (Chine), designer : Philippe Stark. Le photographe, Hans Schlupp, fait une belle démo du H3D en grand angulaire ; les couleurs sont très étranges, mais après tout un LAN Club chez Mao avec un design de Starck, cela ne peut qu'être très étrange.
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Au passage pour faire contrepoids à ces images du nouveau luxe chinois, il n'est pas inutile d'aller voir le film « Still Life » de Jia Zhang Ke qui montre l'équivalent du LAN Club mais chez les ouvriers en train de démolir manuellement les maisons qui vont être englouties sous le barrage des Trois Gorges. De préférence, ne pas aller voir comme moi le film à la séance de 22h car le rythme du film est celui du fleuve en amont du barrage. Blague à part c'est un très beau film pour remettre un peu les idées en place sur ce qui se passe en Chine. Et foin de mes médisances habituelles, la critique de Télérama est parfaite (et pourtant je ne lis pas Télérama ! le cinéma le lit pour moi)
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Du coup les exercices en grand angulaire dans le LAN Club sont une très bonne introduction à différents articles techniques.
Passons rapidement sur l'article présentant un nouveau modèle de capteur à micro-lentilles : comme il ne faut pas désespérer les acheteurs qui vont découvrir que le capteur est plus petit, on dit que la profondeur de champ sera plus grande parce que le capteur est plus petit, et on fournit gratuitement une table de conversion (chez Hasselblad aussi, on mesure les angles de champ en millimètres) mais c'est le prix à payer pour gratter 2X en ISO de plus : de ISO 400 en sensibilité max on passe à 800. Un cran de diaph cela vaut bien quelques sacrifices. J'adore le jargon promotionnel lorsqu'il transforme une limitation d'un produit en un avantage : du grand art !
On en arrive à un excellent article sur le design d'un nouveau 28 autofocus, pour le H3D uniquement parce que l'objectif a besoin d'un coup de logiciel en sortie. Très intéressant. On relâche la contrainte de couvrir le film ( « nos clients H3d n'utilisent plus le film ») pour s'en tenir au 37x49. On accepte donc dans le design de départ de la distorsion qu'on corrigera après coup et on fait au mieux le chromatisme transversal en laissant là encore le logiciel peaufiner. Du coup ce rétrofocus couvrant nonante-cinq degrés reste d'un encombrement raisonnable. On pense évidemment à l'ancêtre distagon 4/40 première version et son énorme lentille frontale.
Ce nouveau 28 est inutilisable à pleine performance sur le H2, mais c'est de bonne guerre. Plombé vous êtes avec le dos du H3D, donc un peu plus un peu moins.
Est-ce que cela préfigure l'évolution des optiques photographiques, c'est à dire : moins de contraintes dans le design de l'optique, en laissant le logiciel corriger après coup ? Je ne vois pas pourquoi les fabricants se gêneraient. La distorsion et l'assombrissement naturel étant des défauts qui semblent faciles à corriger après coup.
On attend donc avec impatience la confrontation de ce nouveau 28 rétrofocus Hasselblad dûment corrigé par le travail de post-production automatique avec le nouveau 28 un peu plus symétrique de chez Rodenstock... il y a vraiment là deux options techniques en concurrence frontale pour la photo grand angulaire de haut de gamme : soit le 28 rétrofocus sur reflex sans bascule ni décentrement, soit le 28 « de chambre ». Que le meilleur gagne !
Enfin un très intéressant article sur la détection et reconstitution d'images « plénoptiques » en profondeur à partir d'un seul capteur (16 Mpix avec grille de mini-lentilles spéciale) et par calcul sans toucher la mise au point. On en avait parlé ici,
n2-f1-22096.html
L'article de la revue Hasselblad fait référence à une équipe de Stanford. Pour l'instant la capacité à reconstruire en profondeur tout le champ sans refocaliser est limitée dans le procédé de Stanford à un très faible nombre de pixels par image, de l'ordre de 0,1 Mpix, mais les arguments sur le prix la complexité du calcul et la difficulté de fabrication, ce sont des arguments que j'entends depuis 20 ans, qui sont mis en défaut par le rouleau-compresseur des procédés silicium, des puissances de calcul et des logiciels astucieux. Donc pourquoi pas !
Bref une revue de luxe au format de FMR, tout à fait passionnante à lire, et en plus : en français !
« Pourvou qué çà doure », comme disait Laeticia Bonaparte, car la version française de Hasselblad Forum, n'avait pas survécu au-delà d'un an ou deux.
Qui a dit : produits série V et film ?
Ben, le mot « film » apparaît tout de même deux ou trois fois : de quoi vous vous plaignez, les dinosaures ?
Et dans l'ancienne revue Hasselblad Forum il n'y avait pas de publicité autre, bien évidemment, que pour la maison Hasselblad. Presque aussi bien que Le Canard Enchaîné ;-)
La nouvelle revue Victor laisse tout de même quelques pages à des annonceurs, mais cela se limite aux pages 2, 3 et 4 de couverture. On appréciera la publicité en page 2 pour le Crédit Suisse. Vous avez dit : LUXE ? ;-);-)
Reste pour contrebalancer à se renseigner sur le prix du concurrent, le Hy6 de chez F&H et de chez Sinar :
http://www.pdnonline.com/pdn/prodtech/news/article_display.jsp?vnu_content_id=1003584386
Si vous trouvez que plus de 30000 dollars c'est cher, on vous rétorquera que c'est placé au même niveau que chez blad ! Ouf ! on respire !
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