Auteur: Gabriel
Date: 01-03-2006 00:29
Je doute bp que faire du portrait à domicile soit une voie rentable. En prenant pour base les chiffres de HG, 450 euros , je crois que le photographe va mourir d'ennui (et d'inanition) avant d'aller visiter le moindre client. A 50 euros la séance en studio on s'installe dans une mort lente. Plus que de l'argent, vous perdez votre dignité. Taper entre les 2.
Le concept du portrait a complètement changé ces 20 dernières années. Pour vous montrer l'ampleur du désastre il suffit de dire que une personne sur deux qui rentre au studio me demande combien je vais les payer pour daigner les photographier. Ils sont abasourdis quand je leur explique que les personnes qu'ils voient photographiées ONT PAYË!.
Puisque j'y suis, sur le sujet qui me tiens à coeur , autant dire des vérités ( pas toujours
agréables à entendre, mais bon...).
Les espagnols viennent me voir car depuis le temps qu'ils voient ma vitrine (la meilleure pub, certains ne viennent me voir qu'en espérant y figurer en bonne place.... ) La photo est pour eux une représentation sociale et pratiquement obligatoire. Ça se termine souvent par des 6x6 de gosses ou de groupes recoupés en 13x18 ou 15x20 qui finiront dans des cadres en argent sur des tables de salon et entourés d'horribles bibelots; pas grave, 300 euros ou + pour 10 petits tirages et la séance, on peut vivre. Pas un sur dix ne sait qu'il part avec des tirages barytés lavés selon les normes etc... Je pourrais aussi bien donner du RC .( Je mets un point d'honneur à essayer d'en donner plus que ce que l'on me demande. J'aime mon boulot et j'ai appris à ne jamais mépriser un client.). Parfois aussi je me demande ce qu'ils peuvent bien faire avec autant de tirages, 2 40x50 pour la tante, 3 pour les grands parents, il ne me viendrait pas à .)l'esprit de claquer autant
Les français: souvent connaisseurs , mais je n'en ai pas photographié depuis 10 ans. Parfois je me dis que si j'étais resté en France j'aurais crevé de faim. (Il faut dire aussi que pour venir en vacances aux Baléares il faut ètre allemand.)
Les allemands: carte blanche. Anxieux de savoir si ils m'inspirent, et comme j'aime qu'on m'aime...C'est le vertige car il n'y a d'excuses à rien, je suis libre. Le seul hic c'est qu'ils sont très conscients de leur intìme et que je n'ai pas toujours la liberté de montrer mon travail. (Je ne fais pas référence nécessairement à des images scabreuses.)
Voilà.
A partir du moment ou quelqu'un a franchi le pas et me fais confiance je fais tout pour ne pas le décevoir, parfois c'est lourd à assumer, mais un rendez-vous de 30 minutes
avec un ou une inconnue entre les 4 murs d'un studio est une expérience toujours aussi forte , mème après 25 ans de pratique.
Mais quand j'entends parler de "débuter" en portrait, je me demande s'il n'y a pas un malentendu pour une profession qui en fait n'existe plus vraiment. Je ne le conseillerais à personne, j'ai mis 10 ans à surnager, mais j'ai l'impression que maintenant ce serait encore plus difficile.
En vrac.
Gabriel
Gabriel
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