Auteur: Yves Tourmen
Date: 16-11-2009 17:19
un ami m'a raconté ça, j'ai masqué les noms de lieu pour respecter son anonymat :
Acte 1 :
L'histoire de ce lot d'autochromes est complexe et pas totalement élucidée ! Il faut dire aussi que la vie de Gervais-Courtellemont a été extrêmement compliquée.
Une première fois il y a une dizaine d'années, sur un vide-grenier, j'interroge un ancien ferrailleur des XXX qui vendait des tôles rouillées. Je voulais savoir s'il n'avait pas des objets cylindriques en laiton avec du verre dedans (je cherche toujours les anciennes optiques du XIX°). Il me répond négativement mais me montre deux longues boites noires remplies de plaques de verre.. Je reconnais des autochromes, il y en a une centaine que j'achète 500 francs, sans pouvoir les marchander. C'est en arrivant à la maison que je me rends compte qu'il s'agissait de Gervais-Courtellemont et que ça ne valait pas le coup de discuter !
A peine deux ans plus tard, je rencontre place XXX à XXX, un jeune homme qui me voit chiner des photos et qui me dit en avoir. Il retourne chez lui et me rapporte une boite d'une centaine d'autochromes sans verres protecteurs donc sans indications mais je reconnais très vite la veine de Gervais Courtellemont.. J'achète le tout.
Dans ce deuxième lot en moins bon état, je trouve une vingtaine de plaques de l'Ile XXX.. un vrai bonheur pour le collectionneur xxx. Certaines de ces vues représentent des bateaux de Concarneau qui allaient souvent à l'Ile XXX et on sait que Gervais-Courtellemont est allé plusieurs fois à Concarneau !
A part les vues de l'Ile XXX, comme ma collection est délibérément régionale, je n'ai jamais souhaité garder ce lot mais je n'étais pas pressé et ne voulais pas le vendre ou l'échanger avec n'importe qui. Comme je connais un certain nombre de marchands à Paris qui alimentent ma collection xxx, j'en ai parlé à celui qui m'inspirait le plus confiance et qui travaillait avec des commissaires priseurs. Il est donc venu cet hiver aux XXX de sa propre initiative, il m'a convaincu et a lancé l'affaire qui devrait se conclure bientôt.
C'est à partir de ce moment là que je peux répondre à ta dernière question.
Sans rien me dire, l'expert avait fait sa propre enquête et il a appris que vers 1950, une dame avait rencontré sur la plage des XXX un photographe ambulant de la région parisienne pour lui proposer les appareils photo de Gervais-Courtellemont dont elle se disait être une parente et l'héritière. Nous avons identifié la rue où elle habitait mais il y a un tel turn over de retraités aux XXX et les maisons sont tellement vite démolies et reconstruites qu'il sera difficile de trouver la vérité ! Je n'ai pas encore pris le temps de chercher d'une manière approfondie !
J'ai également revu le ferrailleur depuis. Je l'ai interrogé sur l'origine des photos... il m'a dit ne plus s'en souvenir et je le crois de bonne foi car il a vidé beaucoup de maisons !
Le vendeur de XXX, interrogé en son temps m'avait dit tenir ses plaques de son beau-père décédé qui les aurait lui même reçues d'un ami...
L'enquête n'est pas finie mais ce catalogue qui vient tout juste de sortir m'impressionne beaucoup... Cet hiver nous avions parlé d'un prix de réserve de trente euros par plaques ce qui me paraissait raisonnable et conforme à mon estimation mais les prix annoncés sur le catalogue me semblent un peu vertigineux !
Je reste serein et ne rêve pas trop. Comme on dit trivialement en XXX, "on comptera les bouses à la fin de la foire" mais quel que soit le résultat, je sais que je vais pousser plus loin mes investigations sur l'origine des plaques... aux XXX comme à XXX.
La collection photographique ressemble souvent à un vrai roman ! Je ne suis pas photographe mais je m'amuse bien en "prenant" les photographies de photographes inconnus, méconnus, et plus rarement ... très connus !
Acte 2 : les résultats de la vente chez Chayette et Cheval, le 8/10 :
http://www.chayette-cheval.com/html/index.jsp?id=5176&aff=1&npp=20&lng=fr&ordre=1&np=10#lot180
J'étais hier à l'hôtel Drouot pour assister à la vente du siècle !
Il y avait beaucoup de photos à vendre dans une petite salle avec bien peu d'acquéreurs potentiels...
La première partie était composée de photos de ballets russes qui ont été vendues bien en dessous des estimations...
Par contre mes autochromes ont atteint des records : une dizaine de lots ont dépassé les mille euros. Un portrait a atteint 4000 ? !
Deux musées (pour la grande majorité des lots) et quelques acheteurs étrangers au téléphone (l'assistante du commissaire priseur répondait en anglais !) se sont partagé les plus belles images (la fondation Albert Kahn et un musée de la ville de Paris).
Au bout du compte, il n'y a eu que quatre invendus (des paysages français) !
Le total des autochromes vendus a dépassé les 40 000 euros. C'est beaucoup plus que ce que je pensais (sincèrement, je n'espérais pas grand chose et j'aurais été heureux si les 2500 euros de mon estimation initiale avait été atteints !) mais je pense finalement que ces documents ont rejoint la destination qui leur convenait le plus. Bien sûr, après soustraction des frais et autres taxes.. il en restera moins.
Le bilan reste extrêmement satisfaisant mais il ne faut pas rêver.. on ne trouve pas tous les jours de tels lots.. même en chinant très assidûment comme je sais un peu le faire ! Quand nos petites photos de province atteignent quelques dizaines d'euros, c'est déjà un exploit ! (à la fin de la vente, des pochettes complètes avec des dizaines de photos intéressantes ont à peine atteint vingt ou trente euros).
Fabuleux, non ? J'ai le livre d'Albert Kahn et ai reconnu quelques vues : manifestement le photographe avait pris plusieurs fois le même sujet et avait gardé par devers lui pas mal d'images, qui sont réapparues comme le raconte mon ami.
Yves Tourmen
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